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Cette longue nouvelle, est un peu la chronique d'une ruine annoncée. Paul de Manerville, fils du duc de Manerville a hérité d'une belle fortune due à la gestion plus qu'économe des biens familiaux par son père et par le notaire Mathias. Paul a souffert de la ladrerie et de l'autorité de son père et en a développé une personnalité peu assurée et fermée.

A la mort de son père il fuit la province natale de Bordeaux, fait le tour de l'Europe et s'installe un temps à Paris dans le faste, il revient finalement à Bordeaux. Menant toujours grand train et pressé de se marier, il rencontre la belle et célèbre Mademoiselle Evangelista. C'est la fille d'un riche espagnol établi à Bordeaux et d'une créole par ailleurs affiliée à la monarchie espagnole. Alors veuve, elle a, avec insouciance et volonté de paraître pratiquement dilapidé la fortune immense laissée par son mari. Paul de Manerville apparait alors comme le gendre idéal, le sauveur (ou devrais-je dire comme le pigeon idéal) d'autant plus que sa passion pour la demoiselle Evangelista le rend aveugle. Alors qu'il propose le mariage, un contrat de mariage doit être établi pour définir ce que les deux époux vont mettre dans la corbeille de mariage.

C'est le vieux notaire Mathias qui va se charger de négocier fort habilement le contrat pour Manerville avec le notaire de Mme Evangelista. La négociation et la rédaction du contrat prendra des semaines et nous sera largement décrite par Zola. A l'issu de la signature du contrat Madame Evangelista se sent flouée et en conçoit un terrible sentiment de vengeance.

Une longue nouvelle qui a pour intérêt de nous faire découvrir les moeurs des gens fortunés en matière de mariage, chacun des intéressés cherchant à tirer le meilleur parti de l'autre tout en protégeant les intérêts d'éventuels héritiers. Cette négociation décrite en détail par Balzac et dont les finasseries légales nous échappent en partie tient d'ailleurs une grande place dans le texte. La minutie mise à élaborer ce contrat censé protéger chacun des époux ne suffira pas face à l'insouciance des deux époux et à la détermination de Mme Evangelista à tenir un rang et à mener un train de vie dans lequel elle entraîne sa fille. Par ailleurs, c'est aussi une façon de se venger que de ruiner son gendre.

Au-delà de la fable morale, c'est un des aspects du mariage bourgeois qui est évoqué ici, son côté contractuel, financier, légal qui soupèse les avantages que chacun des époux peut en retirer. Evidemment, chez Balzac, l'aspect humain et psychologique n'est jamais absent et le portrait du jeune homme, plus si jeune qui se fait prendre dans les filets des deux femmes est à la fois prévisible mais passionnant.
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Le couple et l'argent sont les piliers de la Comédie Humaine et ce n'est pas le contrat de mariage qui fait exception, bien au contraire.
Les dames Evangélista mère et fille aussi séduisantes qu'intéressées ont mis la main sur le jeune comte Paul de Manerville. Dans la bonne société bordelaise Paul est un parti enviable et Natalie Evangelista une remarquable beauté qui fait chavirer les coeurs. le mariage du riche et de la belle parait une évidence pour tous. D'autant que Paul est amoureux fou de Natalie, qui si elle ne brille pas d'intelligence, a bien compris que son avenir est d'épouser une fortune. Car les dames sont dépensières et l'héritage de la veuve mère se réduit comme peau de chagrin.

Comme dans un thriller financier les deux camps vont s'affronter par notaires interposés pour établir un contrat de mariage favorable. le naïf Paul a la chance d'avoir à ses côtés le madré maître Mathias pour tenter d'éviter de se faire plumer. le suspens est total mais le contrat sera signé, une des deux parties s'en sort à son avantage mais le combat n'est pas terminé. le mariage peut réserver bien des surprises et la vengeance se dégustera froide.

Balzac est à son affaire, les montages financiers n'ont pas de secret pour lui et le lecteur doit admettre qu'il est aussi peu compétent que le malheureux Paul et que les arcanes juridiques lui font tourner la tête. Quant au mariage le tableau qu'il en fait dégouterait tous les Roméo et Juliette de la planète. Ce rapport de force qui commence au lendemain de la nuit de noces, est fait de fourberies, mensonges et autres caprices où le plus faible est châtié. L'amour bien sûr n'a rien à faire là et devient même un grave handicap pour celui qui en est frappé. le malheureux Paul n'y verra clair que lorsqu'un ami lui aura ouvert les yeux.

Roman noir d'un grand pessimisme sur la nature humaine dans une société riche et brillante mais d'une méchanceté implacable.
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[Livre audio lu par Jean Debucourt]

Cette histoire a bien dû faire rire les gens de l'époque. Et faire grincer les dents ou faire couler les larmes de certains autres. Pour nous autres, pauvres habitants du vingt-et-unième siècle, les tenants et les aboutissants de ce récit sont plus obscurs. Que de tractations aux termes malaisés à saisir ! On comprend tout de même qu'en gros, un couillon amoureux aux poches bien garnies se fait pigeonner en beauté malgré les conseils avisés de son vénérable notaire. Je reste curieuse de savourer les subtilités de cette entourloupette, je suis frustrée d'être passée à côté. Il faudra que je réécoute ce livre, un dictionnaire encyclopédique sous la main.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Dans une lettre à Madame Hanska, Balzac présentait ainsi le sujet de cette longue nouvelle qui devait à l'origine s'intituler La Fleur des Pois :
« J'ai peint toutes les infortunes des femmes ; il est temps de montrer aussi les douleurs des maris. »
Paul de Manerville est un noble de Bordeaux, diplomate de son état et comte par son titre, il possède une fortune importante et cherche à se fixer dans son domaine de Lanstrac pour vivre de ses rentes en gentilhomme campagnard après avoir vécu dans diverses parties du monde et à Paris en particulier. Paul est aussi l'ami d'Henri de Marsay. Il lui confie qu'il souhaite se marier. Aussi tombe-t-il entre les mains de la veuve Évangélista, ambitieuse pour sa fille Natalie et surtout ne souhaitant pas réduire son train de vie, qui est fort grand. Elle trouve donc en Paul, le gendre idéal à plumer. La première partie du roman consiste à présenter les deux parties, par notaires interposés. Ainsi Solonet, jeune notaire ambitieux représente les Évangélista tandis que Mattias, vieux notaire aguerri agit pour la cause de Paul. le narrateur se fait juge et parti dans ces tractations où tous les détails comptent, n'échappent aucunement à Madame Évangélista alors que les jeunes fiancés semblent roucouler et s'ennuyer de ces formalités. de nombreuses références juridiques du droit du XIXème siècle, montrent si besoin était que Balzac n'a pas fréquenté pour rien la faculté du même nom et le contrat se joue à la fois sur l'établissement d'un majorat par Matthias pour protéger Paul et dans le don de diamants de la part de Madame Évangélista à son gendre qui, aveuglé d'amour, transmet à sa fiancée mais qui causeront en grande partie sa perte.
La deuxième partie que Balzac appelle « conclusion » voit Paul ruiné, six ans plus tard, partant pour l'Inde afin de refaire fortune et lisant deux lettres- une de sa femme et une de de Marsay - qui révèlent toute l'hypocrisie et la supercherie du mariage. La plus importante de ses lettres est certes celle de de Marsay qui révèle les considérations de celui-ci sur le mariage qu'il envisage avec un certain cynisme calculateur mais qui en même temps donne une perspective intéressante sur le mariage et l'amour dans l'aristocratie de l'époque, tout en dévoilant probablement en partie les propres vues De Balzac.
Le style reste celui d'un « observateur » de son temps qui prend une histoire pour inscrire l'Histoire de son époque avec accumulations de détails techniques, surtout en ce qui concerne l'argent, les rentes et les revenus rendus par les terres. L'auteur connaît son sujet. Son art consiste, à travers les dialogues, à déceler toute l'hypocrisie des jeux de Madame Évangélista qui se donne corps et âme à l'établissement de sa fille habituée à vivre dans un luxe pharaonique. A chaque épisode de ce contrat, le narrateur intervient toujours pour assener une espèce de morale générale, il prend toujours ses distances, crée une perspective par des réflexions plus ou moins philosophiques, un peu comme s'il prévenait son lecteur tout en le faisant complice. C'est certes là un des charmes De Balzac, avoir l'air de s'égarer pour mieux relancer sa machine narrative.
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Très beau roman, dont il ne faut pas se laisser rebuter par l'aspect parfois trop juridique (tout le monde n'est pas passionné par les régimes matrimoniaux au 19e, je n'ai personnellement pas compris grand chose à cette histoire de majorat). Ce pauvre garçon un peu fat, roulé dans la farine par sa belle-mère, est sauvé, in fine, dans l'estime du lecteur, par la magnifique lettre d'amour qu'il adresse à son épouse, laquelle s'en soucie pourtant comme d'une guigne. A tel point qu'en refermant le bouquin, je me suis dit qu'à choisir, j'eus préféré être à la place de celui-là que de celle-ci.
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Voici un Balzac peu connu et pour pourtant parfaitement ficelé. Il y a peu de personnage et finalement peu l'intrigue, tout tourne autour de la rédaction du fameux contrat. C'est avec des termes de médecin légiste que Balzac vide le mariage de toute forme d'amour et le remplit de termes techniques, rentes, placements, gros sous. le roman est très moderne car c'est bien l'homme qui est doux et rêveur et se trouve ruiné par sa femme et sa belle mère, cupides et vaniteuses. Mais ont elles réellement le choix ? Aucune autre alternative ne s'offre à elles pour survivre dans la société de l'époque. Un roman complexe donc, très condensé, je relirai !
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Encore un roman à thèse peu subtil dans ses conclusions :) . Balzac avait étudié le droit et fréquenté les études de notaire mais il fallait du génie pour parvenir à créer un suspens autour de la négociation d'un contrat de mariage par notaires interposés. Ce n'est pas un roman haletant mais c'est un tour de force qui laisse admiratif. La naïveté du pauvre mari fait peine, mais les enjeux n'existant plus de nos jours, on peut se contenter d'apprécier le travail du créateur.
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