AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,65

sur 265 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà Balzac détonant, bucolique, politique et tragique tout à la fois!
Le roman flirte avec plusieurs genres avec une trame narrative qui vire sans crier gare de l'étude sociale à la confession intimiste, mais peu importe, l'ensemble est admirable de bout en bout.
Au centre du récit, un médecin de campagne qu'un vieux grognard revenu de toutes les guerres napoléoniennes s'en vient trouver au fond de la Chartreuse. Outre cette magnifique vallée montagnarde, peinte avec une beauté à vous tirer des larmes, on découvre ce fameux médecin dans le rôle d'un monsieur madeleine avant l'heure, qui par son action énergique et pétrie de ce capitalisme pré-industriel qui fait encore rêver de progrès, a transformé un fond de vallée moribond en une luxuriante vallée tournée vers l'avenir.
Les considérations politiques abondent sur ce travail de la part de Benassis, le médecin, et je m'attendais par la suite à une solide confrontation idéologique avec le soldat : que nenni, l'intrigue se déploie alors dans des eaux plus intimes, où l'on apprend le parcours de ces deux hommes qu'a lié spontanément une solide amitié.
Ce Balzac-là est différent des autres, touchant, délicat mais aussi dynamique et drôle: la bio express de Napoléon à la veillée est un morceau de bravoure!
Commenter  J’apprécie          395
Ce livre a pour épigraphe « Aux coeurs blessés, l'ombre et le silence ».
C'est en effet un roman sur le renoncement, incarné par deux hommes, le docteur Benassis qui s'est installé dix ans plus tôt dans cette vallée déshéritée du Dauphiné et Génestat, son hôte de passage dont il est dit que lorsqu'on l'interroge sur sa vie privée, il détourne la conversation.
Le commandant Génestat, vétéran de Napoléon est venu voir ce médecin dont il a entendu vanter les mérites. le docteur Benassis accepte de le prendre chez lui et l'emmène dès le lendemain dans sa tournée. C'est ainsi, au hasard des pérégrinations dans cette nature fort belle, et de ses visites ou rencontres que le docteur présente son action dans ce village autrefois très pauvre mais dont il a provoqué l'enrichissement autant en nombre de foyers qu'en termes de biens.
Car ce livre est essentiellement une longue conversation.
Nous avons donc la relation des changements entrepris par le médecin lorsqu'il découvre ce village, pauvre, peuplé en partie de crétins (au sens médical), qui végète sans industrie, et d'un commerce restreint avec la ville la plus proche Grenoble. Il commence par empêcher la reproduction des attardés mentaux, achète des terres qu'il amende, attire quelques artisans, créé une route reliant le village à la ville… Et chaque amélioration en entraine une autre dans un parfait enchainement. le médecin règne ainsi sur ces villageois qui le chérissent et le respectent mais avec lesquels il a des relations de maitre à élèves. Sauf avec les autres notables le juge de paix, le notaire, et le curé qu'il reçoit chez lui.
Au hasard d'une veillée nous avons aussi un conte et un ensemble de souvenirs sur Napoléon.
Enfin Génestat le connaissant mieux l'invite à expliquer sa retraite dans ce village. Et le médecin se livre. En retour le militaire parle aussi de ses blessures morales. Moment très touchant où chacun explique que n'ayant pu être heureux, pensant mériter de plus ses souffrances, il a choisi de se consacrer aux autres ou à un autre.
Je ne connais pas hélas, assez Balzac pour savoir dans quelle mesure les idées politiques présentées dans ce roman sont les siennes, et je le regrette. C'est pourquoi je pense qu'il fera partie des livres à relire dans quelques années.
Commenter  J’apprécie          100
Ce roman présente de nombreuses analogies avec« le curé de village » pus tardif : un personnage (ici un homme le docteur Benassis) devient le bienfaiteur d'un village pour expier une faute dans son passé. On évoque beaucoup Napoléon et la campagne de Russie (La Bérézina comme dans la nouvelle « Adieu ») . Enfin Balzac y met en scène certaines de ses théories sociales.
Commenter  J’apprécie          40
Le Médecin de campagne a des allures de pause narrative dans l'oeuvre De Balzac, qui fait couler sans éclats, comme un ruisseau de montagne, l'histoire qu'il raconte. Certes, ce roman ne se hisse pas à la hauteur des Père Goriot, Eugénie Grandet ou du diptyque Illusions perdues / Splendeurs et misères des courtisanes, mais il serait injuste de lui nier ses qualités intrinsèques, à savoir une ode à la vie simple et la nature. Car : « L'amour pour la nature est le seul qui ne trompe pas les espérances humaines », dit le texte.

Le lecteur progressiste d'aujourd'hui, friand d'anachronismes – au point, peut-être, d'exiger qu'on cause de la souffrance animale lorsqu'on évoque les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique ! –, verra sans doute dans ce récit une vision réactionnaire de l'existence. Car, ici, la fiction ne tend qu'à un but : exposer un idéal de société selon les convictions de l'auteur qui, je le rappelle, écrit son roman sous la Monarchie de Juillet. Une telle proposition aura donc de quoi faire bondir : « Les prolétaires me semblent les mineurs d'une nation, et doivent toujours rester en tutelle. […] La tutelle des masses me paraît donc une chose juste et nécessaire au soutien des sociétés. »

Le Médecin de campagne représente ainsi une mine d'or pour qui voudrait en savoir plus sur les convictions tant sociales, politiques que religieuses de l'auteur, qui en profite pour écorner son époque du désenchantement, sombrant dans l'individualisme, après les ouragans collectifs de la Révolution, du Consulat et de l'Empire : « Maintenant, pour étayer la société, nous n'avons d'autre soutien que l'égoïsme […] Nous sommes dans le siècle des intérêts matériels et du positif. Ce dernier mot est celui de tout le monde. Nous sommes tous chiffrés, non d'après ce que nous valons, mais d'après ce que nous pesons. » Étrange écho à notre société du XXIe siècle…

Dans ce livre du temps arrêté par les montagnes, qui entourent avec bienveillance le phalanstère du docteur Benassis, il est un souvenir qui plane, telle une divinité, c'est Napoléon, dont le plus bel hommage demeure celui d'un de ses soldats, un campagnard racontant, avec une familiarité touchante, l'épopée de son héros. le fantôme de Napoléon est encore doublement convoqué à travers Genestas d'une part, officier d'Empire qui n'a jamais renié son amour pour l'Aigle, et le docteur Benassis d'autre part qui, en sa qualité d'homme providentiel, est surnommé le « Napoléon de notre vallée ».

Lorsque le monde de Benassis est solidement établi dans le récit, les principaux protagonistes se découvrent alors en racontant leur passé, à commencer par le docteur. Ainsi, on découvre un tout autre Benassis, qui fut un temps la proie des tentations de la capitale, sachant que : « Les émotions de Paris sont cruelles pour les âmes douées d'une vive sensibilité. […] Tout est piège et douleur à Paris pour les âmes qui veulent y chercher des sentiments vrais. »

Autant de confidences qui convergent vers cette idée très chrétienne : la rédemption. Parce que les hommes et les femmes sincères dans leurs regrets cherchent le repentir par quelque action bénéfique aux autres. Raison pour laquelle Benassis deviendra « une soeur de charité pour tout un pays ».

Le Médecin de campagne pourra donc paraître simpliste dans ses développements. Toutefois, il n'en reste pas moins un roman attendrissant et fort bien écrit. Mais c'est De Balzac qu'il s'agit, pas du dernier prix Goncourt !






Commenter  J’apprécie          30
C‘est un récit atypique en marge de la Comédie Humaine où Balzac analyse la psychologie du monde paysan ( en particulier face à la mort) qui,pour sortir de la misère, a besoin d‘un homme providentiel qui va fédérer les énergies et en peu de temps faire prospérer toute une région.
Balzac nous décrit avec force détails purement économiques comment le docteur Benassis va avoir le souci de faire l'oeuvre de sa vie pour se racheter d‘une faute de jeunesse et se présenter devant Dieu la tête haute. Balzac veut montrer aussi comment une grande souffrance peut être à l'origine d‘une belle oeuvre .
Le capitaine Genestas, tout empreint de mystère a participé à l‘épopée napoléonienne et fascine les paysans qui ont la nostalgie d‘une époque qu‘ils auraient voulu vivre.
Dans ce récit chacun des personnages est aussi un narrateur si bien que le roman est une succession de souvenirs personnels civils et militaires.( le passage de la Bérézina par exemple)
Cependant, malgré la puissance littéraire de l'auteur et les sentiments nobles qui sont ici exprimés, l'oeuvre est austère et difficile à appéhender pour un lecteur du XXI ème siècle.
Commenter  J’apprécie          20
Du pont de la Berezina aux routes de Grenoble, les âmes s'affairent et s'entraident.

La solitude des uns s'offre en compagnie à ces autres en demeure de vie et de cicatrices.

Rencontres de parcours et de chapitres d'existences d'une comédie humaine s'offrant en tableaux d'époque.
Commenter  J’apprécie          20
Balzac m'a offert avec cet ouvrage un bel exemple de vertu.
M. Benassis, un brave homme, incarne le message de l'Evangile, et se met au service de son prochain, après avoir grandement souffert.
Il est certain que tous ceux qui voudront de nombreuses péripéties resteront sur leur faim.
Mais ceux qui cherchent à voir dans le coeur d'autres hommes des exemples, des inspirations, non pas angéliques et mièvres, mais réalistes, y trouveront leur bonheur.
Ce sont en effet des hommes qui souffrent qu'on voit ici, mais des hommes qui n'abandonnent pas. Qui transforment leur souffrance en une action juste, ils se dépassent.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (1010) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1299 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *}