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Critique de Ys


Ys
15 janvier 2017
C'est au collège que le narrateur rencontre Louis Lambert, et pendant quelques années les deux garçons seront inséparables - deux garçons à l'intelligence remarquable, avides de lectures dépassant de très loin ce qu'on attendrait de leur jeune âge, épris d'un même goût pour le monde des idées, d'un même désir d'idéal. Etouffant tous deux dans l'atmosphère étriquée, crasseuse, viciée, d'un minable internat de province. Mais l'esprit de Louis va déjà bien plus haut que celui de son très cher compagnon, il se passionne pour les doctrines de Swedenborg, s'interroge sur les rapports de la matière et de l'esprit, entreprend la rédéction d'un traité de la Volonté où éclate un évident génie que leurs professeurs, évidemment, ne verront pas.
Il pourrait devenir un immense penseur, Louis, de ces hommes dont les idées bousculent la société, révolutionnent le monde, révèlent l'humanité à elle-même. Il pourrait - si son esprit n'allait décidément trop haut, trop loin, jusqu'à n'être plus de ce monde.

Assez pénible lecture que cette longue nouvelle, pourtant riche et théoriquement intéressante.
La description des premières années de pensionnat est assez séduisante, avec cette ambiance poussiéreuse, mesquine, cruelle pesant sur les épaules encore frêles des deux adolescents, avec cette amitié superbe faite de souffrance commune, d'intime compréhension et de tendresse presque amoureuse. Mais Swedenborg, même réinterprété par un personnage romanesque et résumé en quelques pages, j'ai déjà beaucoup plus de mal - c'est intrigant, sans aucun doute, il y a même là à quelques petites choses qui ont assez vivement titillé mon intérêt, cette idée de la volonté comme force vive, agissante, susceptible de s'arracher aux contraintes de la matière, interrogeant bien des mystères, cette ambition de réunir le mysticisme et la science... C'est intellectuellement assez accrocheur, mais c'est évoqué de manière assez confuse, suivant l'évolution d'un esprit en formation, un esprit formidable toujours avide de bondir plus loin et que j'ai bien du mal à suivre, moi, ne connaissant pas grand chose des sujets auxquels il s'intéresse. Et puis surtout, ce mysticisme m'est définitivement étranger, il y a dans tout cela un fond d'idéalisme romantique qui m'agace bien plus qu'il ne me séduit, et l'angélisme qui sous-tend toute l'affaire, même pris dans un sens plus intellectuel que proprement religieux, a franchement tendance à me rebuter. Rien à faire : aux anges, je préfère de longue date les démons.

Reste tout de même l'essentiel, au fond assez fascinant : le destin ambigu, affreusement malheureux ou parfaitement idéal, d'un homme trop spirituel pour ce monde, l'interrogation irrésolue sur la frontière si mince qui sépare le génie pur de la folie.
Les ambitions philosophico-scientifiques du texte le rendent inévitablement assez daté et la lecture en est parfois ardue, mais on y découvre un Balzac relativement méconnu, dont l'extrême curiosité intellectuelle mérite le détour.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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