AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CDemassieux


Splendeurs et misères des courtisanes…d’abord splendeur et misère du romantique Lucien de Rubempré, créature mélancolique par excellence, doué pour le malheur.
Lucien, nouvel espoir d’un Vautrin ne faisant pas mystère de sa déception d’avec Rastignac – cet ambitieux plein de promesses et devenu un vulgaire mondain de la capitale –, réapparait en majesté, alors qu’il avait quitté Paris sans gloire à la fin d’Illusions perdues et rencontré sur une route, en pleine errance, cet individu protéiforme qui se proposait d’être son protecteur, le même Vautrin. Car Vautrin cherche absolument à vivre par procuration une grandeur qu’il aurait façonnée pour un autre que lui, définitivement banni du monde de la lumière.
Mais Lucien, nouveau protégé de ce criminel dont le pouvoir en place s’accommodera finalement en s’adjoignant ses services – à la manière d’un Vidocq –, ne peut éternellement faire le jeu fourbe de son mentor tyrannique, et c’est ce qui le perdra. On ne façonne pas aisément les cœurs entiers ; Vautrin l’apprendra à ses dépens et cela le conduira à une sorte de rédemption.
Il y a aussi la tragique Esther, courtisane moquée et devenue le jouet d’ambitions qui ne lui sont pas destinées à elle non plus. Une figure de femme balzacienne attendrissante, comme le sont la duchesse de Langeais ou Henriette de Mortsauf. Dit autrement, ce sont des proies pour l’amour, avec ce que cela implique de souffrances.
Une fois de plus, le Paris de Balzac étale ses grandeurs et ses bassesses, ses machinations fangeuses et ses apparences propres, avec une maestria inouïe, ce qui fait de ce roman l’un de ses plus réussis. Les bas-fonds, ici, sont même restitués avec une justesse à la Dickens.
Les âmes les plus innocentes sont emportées ; leur survit les plus viles. L’auteur, qui se voulait réaliste, ne peut mentir sur son temps – si peu éloigné du nôtre, quand on y pense !
Les illusions s’évaporent, et la misère des uns n’empêche pas la splendeur des autres. Le scandale est évité, le spectacle de la société peut continuer, qu’importe les victimes. Cela laisse un goût amer.
La fin est-elle morale ? A chaque lecteur d’en juger. Toutefois, si la morale gouvernait le monde, ça se saurait…depuis le temps !
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}