AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 840 notes
5
24 avis
4
20 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
Splendeurs et misères des courtisanes est un roman d' Honoré de Balzac .Ce
livre fait suite à "Illusions Perdues". Dans ce livre, l' auteur met en scène les
aspects souterrains ( les bas-fonds) de la société, en explorant le monde du
crime et de la prostitution .
le monde du crime est dominé par un personnage diabolique et satanique du
forçat évadé, Don Carlos Herrera qui connaîtra une forme de rédemption sociale
dans sa dernière incarnation.
Dans le monde de la prostitution, on trouve une jeune prostituée, Esther, rache-
-tée par son amour pour Lucien de Rubempré.
Commenter  J’apprécie          160
Cela faisait bien longtemps que je voulais me plonger dans ce roman De Balzac: le titre fait en effet référence aux courtisanes du XIXème siècle qui me fascinent tant, et dont je découvre les différentes facettes à travers mes lectures (Ma cousine Bette", "La dame aux camélias", ...).Je ne sais pas exactement ce qui me fait aimer cette période, si ce n'est le fait de savoir que des personnes ne pouvaient vivre que de délices et de divertissements, sans autres soucis que de faire partie de l'élite parisien, entourés de soieries et de dentelles... Phénomène que l'on retrouve d'ailleurs largement chez Proust...

Quoi qu'il en soit, pour parvenir à ce roman, j'ai dû passer par l'étape des "Illusions perdues", qui plante bien le décor et les personnages de "Splendeurs...". Cependant, les "illusions..." m'ayant quelque peu déçue, j'appréhendais de me lancer dans ce nouvel épisode. La présence d'Esther m'a largement rassurée, bien que je n'ai pas cependant retrouvé cette verve qui m'avait emporté avec la "Cousine Bette". Par contre, les références continuelles au personnage ambigu que de Vautrin m'engagent à me tourner vers "Le père Goriot", ce qui me parait en plus être une bonne manière de poursuivre ma lecture De Balzac.
Commenter  J’apprécie          150
Je conclus avec Splendeurs et Misères des courtisanes la lecture de "La trilogie (non officielle) Vautrin", débutée par le père Goriot et poursuivie avec Illusions Perdues.

Si le lien entre les deux précédents livres m'avait paru assez ténu, Splendeurs et Misères des courtisanes permet de jeter des ponts bien plus solides entre ces trois ouvrages. Et c'est évidemment le personnage de Jacques Collin, alias Vautrin, alias Trompe-la-Mort, alias don Carlos Herrera qui établit ces liaisons.
Son importance est telle que Balzac en fait le véritable "héros" de Splendeurs et Misères des courtisanes, sans qui rien de toute l'action du livre n' aurait été possible. D'où une légère déception de ma part, puisque ma lecture était avant tout motivée par mon envie de retrouver Lucien de Rubempré. En effet, bien qu'étant le personnage qui motive tout ce qui se passe dans le livre, il n' apparaît réellement que par petites touches.

C'est que le petit Lucien est devenu un de mes péchés mignons, un personnage que, malgré (mais c'est sûrement plutôt à cause de) ses faiblesses et sa lâcheté, je n'ai pu m'empêcher d'adorer ! (Décidément ce Lucien ne laisse indifférente aucune femme croisant son chemin^^)
C'est pourquoi il peut sembler paradoxal que j'aie savouré la fin de mon petit Lucien. Quel moment ! Alors même qu'il n'y avait pas le moindre effet de surprise pour moi puisque je connaissais déjà sa destinée, je me suis délectée de ses derniers instants. Balzac a su donner un dénouement juste parfait, à la hauteur du personnage et faisant miroir à la rencontre de Lucien avec le faux abbé Jacques Collin dans Illusions Perdues.
En résumé, j'aurais aimé passer plus de temps en compagnie de Lucien avant le grand adieu néanmoins digne de lui.

Il n'était cependant pas désagréable de suivre Jacques Collin dans ses machinations. le personnage gagne en consistance par rapport à sa première apparition dans le Père Goriot. Quant à l'autre personnage essentiel du roman, Esther van Gobseck, je dois avouer qu'elle m'a laissée malheureusement assez insensible malgré les efforts De Balzac pour nous la rendre sympathique, au contraire du banquier Nucingen, vieil homme qu'il nous décrit comme ridicule et par ailleurs détestable, mais qui m'a pourtant touchée par son amour infortuné.
De manière générale, ce roman est une mine d'or pour ceux qui aiment disséquer le tissu complexe des relations qu'entretiennent les personnages entre eux. La description faite du milieu judiciaire et pénitentiaire de la 1ère moitié du XIXe siècle est également intéressante.

Je vous laisse sur ces mots d'Oscar Wilde qui sont absolument délicieux : " Une des plus grandes tragédies de ma vie est la mort de Lucien de Rubempré. C'est un chagrin qui ne me quitte jamais vraiment. Cela me tourmente dans les moments de ma vie les plus agréables. Cela me revient en mémoire si je ris. "
Commenter  J’apprécie          136
Splendeurs et misères des courtisanes…d’abord splendeur et misère du romantique Lucien de Rubempré, créature mélancolique par excellence, doué pour le malheur.
Lucien, nouvel espoir d’un Vautrin ne faisant pas mystère de sa déception d’avec Rastignac – cet ambitieux plein de promesses et devenu un vulgaire mondain de la capitale –, réapparait en majesté, alors qu’il avait quitté Paris sans gloire à la fin d’Illusions perdues et rencontré sur une route, en pleine errance, cet individu protéiforme qui se proposait d’être son protecteur, le même Vautrin. Car Vautrin cherche absolument à vivre par procuration une grandeur qu’il aurait façonnée pour un autre que lui, définitivement banni du monde de la lumière.
Mais Lucien, nouveau protégé de ce criminel dont le pouvoir en place s’accommodera finalement en s’adjoignant ses services – à la manière d’un Vidocq –, ne peut éternellement faire le jeu fourbe de son mentor tyrannique, et c’est ce qui le perdra. On ne façonne pas aisément les cœurs entiers ; Vautrin l’apprendra à ses dépens et cela le conduira à une sorte de rédemption.
Il y a aussi la tragique Esther, courtisane moquée et devenue le jouet d’ambitions qui ne lui sont pas destinées à elle non plus. Une figure de femme balzacienne attendrissante, comme le sont la duchesse de Langeais ou Henriette de Mortsauf. Dit autrement, ce sont des proies pour l’amour, avec ce que cela implique de souffrances.
Une fois de plus, le Paris de Balzac étale ses grandeurs et ses bassesses, ses machinations fangeuses et ses apparences propres, avec une maestria inouïe, ce qui fait de ce roman l’un de ses plus réussis. Les bas-fonds, ici, sont même restitués avec une justesse à la Dickens.
Les âmes les plus innocentes sont emportées ; leur survit les plus viles. L’auteur, qui se voulait réaliste, ne peut mentir sur son temps – si peu éloigné du nôtre, quand on y pense !
Les illusions s’évaporent, et la misère des uns n’empêche pas la splendeur des autres. Le scandale est évité, le spectacle de la société peut continuer, qu’importe les victimes. Cela laisse un goût amer.
La fin est-elle morale ? A chaque lecteur d’en juger. Toutefois, si la morale gouvernait le monde, ça se saurait…depuis le temps !
Commenter  J’apprécie          120
Mon prof de français au lycée avait coutûme de classer ce Balzac-là comme le plus beau roman de la langue française.
Peut-être, après tout..
Pour moi, c'est avant tout un grand polar, le plus grand de tous.
Ce roman permet de vivre les personnages, d'habiter la peau de certains, d'en mépriser voire violemment détester d'autres.
Si Esther est délicieuse, Lucien de Rubempré est un être profondément vil, lâche, abject..
Nucingen m'interesse: il sait, au fond, qu'on se joue de lui. Mais il aime, il veut donner pour donner, aimer pour le plaisir d'aimer, seul éclair de génerosité dans une vie vouée à l'accaparement.
Vautrin, ah Vautrin ! Vautrin est LE personnage par lequel Balzac se met lui-même en scène, l'homme des combinaisons diaboliques et des amours homosexuelles contrariées.
Les deux pour lesquels j'ai du respect sont Rastignac, un roué nettement plus intelligent mais aussi humain que celui un peu énervant d'Illusions Perdues, ainsi que le marquis de Sérizy: en voilà un qui est digne, sait souffrir en silence, fait preuve de bonté et d'abnégation, sans toutefois ni se renier ni jouer le brin de moquette... Digne, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          120
Lucien de Rubempré de retour dans la capitale après Les illusions perdues s'affiche au bras d'une courtisane, Esther, mais celle-ci sous les critiques décide de mettre fin à ses jours. Sauvée in extremis par l'abbé Herrera, elle est envoyée dans un monastère où elle découvre la religion, puis retourne dans la société pour devenir la maîtresse cachée de Rubempré. Car celui-ci doit convoler en justes noces avec une héritière aristocrate et richissime, sous la houlette de l'abbé (qui n'est autre que Vautrin, l'escroc vu dans le père Goriot notamment).

Escroquerie en passe de réussir, si le baron de Nucingen ne tombait pas amoureux d'Esther, devenant la proie de l'abbé qui veut en profiter pour spolier l'homme d'affaires. Et n'envoyait pas Contenson, vite aidé des policiers Corentin et Peyrade à la recherche de la belle. Ceux-ci sont vite conscients que rien n'est clair : Rubempré n'a pas de fortune personnelle et le baron se fait rouler dans la farine (avec un plaisir manifeste, il faut le dire, le vieil homme n'avait jusque-là pas connu l'amour).

Écrit sur presque 10 ans, Splendeurs et misères des courtisanes est sans aucun doute le roman le plus feuilletonnesque De Balzac, comprenant quatre parties bien distinctes et 273 personnages (j'avoue, ce n'est pas moi qui les ai comptés). Si le roman comporte quelques longueurs, Balzac navigue avec aisance entre les différents milieux décrits dans le livre : l'aristocratie, le monde des affaires, la bourgeoisie parisienne et celle de province, la police et les services secrets, les bas-fonds parisiens et bien sûr le monde des demi-mondaines même si celles-ci sont la portion congrue du livre, puisque l'auteur s'intéresse plus à la lutte entre Vautrin/Herrera et les policiers qu'aux jeunes femmes de petite vertu.
Commenter  J’apprécie          110
« Splendeurs et misères des courtisanes » se présente comme la suite des « Illusions perdues », en nous proposant la fin des aventures de Lucien de Rubempré. Toute l'action se déroule dans la capitale. Nous ne verrons donc pas (ou très peu) David et Eve Séchard, mais nous retrouverons des personnages déjà bien présents comme Vautrin, alias l'abbé Herrera, et ces figures de la vie parisienne qui de roman en roman apparaissent et disparaissent, parfois intervenant dans l'intrigue, parfois tenant seulement le rôle de figurants.
Le roman s'articule en quatre parties : I : Comment aiment les filles. II : A combien l'amour revient aux vieillards. III : Où mènent les mauvais chemins. IV : La dernière incarnation de Vautrin.
De retour à Paris, Lucien de Rubempré emmène à l'Opéra sa maîtresse Esther Gobseck . Ancienne courtisane surnommée « La Torpille » elle est reconnue par d'anciennes pratiques. Au bord du suicide elle est sauvée in extremis par Vautrin. Cherchant à la séparer de Lucien, celui-ci l'enferme dans un couvent, puis chez lui sous la surveillance de sa tante, Asie, laissant aux deux amants de rares moments d'intimité. Entretemps le baron de Nuncingen et tombé amoureux d'Esther. Vautrin voit là l'occasion d'une nouvelle malversation : il manque juste un million pour marier Lucien à Clotilde de Granlieu et accéder au grand monde.
Nucingen envoie des policiers (Corentin, celui des « Chouans », Contenson et Peyrade) à la recherche d'Esther. Enquêtant simultanément sur Lucien, ils découvrent que la source de sa fortune est plutôt trouble. Esther sous la coupe de Vautrin, comprend qu'elle ne pourra pas aimer Lucien et qu'elle sera obligée de céder au baron, elle s'empoisonne. Ironie du sort, dans le même temps elle faisait un important héritage, qui aurait sauvé tout le monde. Vautrin, qui s'est débarrassé de Peyrade et de Contenson, est rattrapé par ses malversations et ses crimes, et Lucien par les doutes sur sa fortune. Tous deux sont arrêtés.
Vautrin, vieux roublard, nie habilement et est à deux doigts de s'en sortir, mais Lucien, sous la pression du juge, finit par avouer sa véritable identité. Désespéré d'avoir trahi son bienfaiteur et d'être indirectement la cause du suicide d'Esther, il se pend dans sa cellule.
Vautrin, grâce à des lettres compromettantes négocie sa propre libération et celle de plusieurs de ses complices. Mieux, il entre dans la police où il devient chef de la Sûreté.
Comme on le voit l'histoire tourne autour des trois personnages principaux (sur les 273 qui figurent dans le roman, record absolu de la Comédie humaine !), Lucien, Esther et Vautrin, avec un coup de projecteur spécial sur la destinée de la pauvre Esther, courtisane déchue qui cherche à se réhabiliter dans la mort (thème romantique s'il en est). On peut voir aussi dans Esther un miroir de Coralie (dans les « Illusions perdues ») (il n'a vraiment pas de chance ce pauvre Lucien !)
On peut considérer « Les Illusions perdues » et « Splendeurs et misères du courtisanes » comme un diptyque consacré à Lucien de Rubempré ; ou bien en y adjoignant « le Père Goriot », un triptyque consacré à Vautrin.
Quoi qu'il en soit trois oeuvres majeures de la Comédie Humaine, et donc de notre patrimoine littéraire.

Commenter  J’apprécie          110
« Relire Balzac. Cela ne se décide pas, en fait. Chaque fois, c'est comme d'avoir trop mangé. On met longtemps à y revenir. Seulement, une fois par an, c'est reparti pour trois semaines. On en relit un, et c'est celui-ci qui vous commande lequel suivra, on déroule un fil, qui d'année en année ne sera jamais répété à l'identique. » François Bon « Notes sur Balzac » tiers livre éditeur (2016).

François Bon décrit parfaitement ce qui m'arrive tous les ans. Dans mes étagères il y a plusieurs endroits réservés à Balzac, dans mon bureau trônent les seize volumes de l'oeuvre De Balzac dans la collection « Le club français du livre » des années 1970. J'ai au moins trois étagères consacrées aux biographies De Balzac et à l'étude de ses oeuvres. À l'étage une autre édition de la Comédie Humaine celle de France loisirs et dans une autre pièce tous les romans De Balzac en poche. J'ai donc des doublons, mais c'est sans importance, chaque édition présente un intérêt particulier, soit pour la typographie, soit pour les illustrations soit pour les préfaces, ou encore pour la taille du livre. Ainsi, suivant mes besoins et mes envies je pioche dans l'une ou l'autre de ces réserves pour lire ou relire Balzac. le mois dernier j'ai acheté une nouvelle édition du Père Goriot et j'ai eu plaisir à lire sur du papier neuf. J'ai eu envie de poursuivre avec « Illusions perdues » qui fait une excellente suite au « Père Goriot » et naturellement il me fallait compléter avec Splendeurs et misères des courtisanes pour clore ce que l'on appelle le « Cycle de Vautrin ». Ces trois romans forment un ensemble très cohérent pour prendre la mesure de l'oeuvre De Balzac. On y retrouve tous les personnages principaux dont on peut suivre les histoires d'un livre à l'autre. Ces trois livres couvrent la période d'écriture la plus féconde De Balzac située entre 1834 et 1847. Splendeurs et misères des courtisanes est considéré comme le couronnement de la Comédie Humaine, Balzac n'a pratiquement plus écrit après. Il n'est pas conseillé d'aborder Balzac en commençant par Splendeurs et Misères, il rebutera sans doute les néophytes à cause de son volume (plus de 600 pages en édition de poche) et du nombre important de personnages plus d'une centaine. C'est un véritable volcan en éruption, Balzac reprend les principaux personnages du Père Goriot et d'Illusions perdues et les fait évoluer dans le Paris des années 1820-1830 dans les milieux les plus éloignés les uns que les autres, la haute bourgeoisie, la banque, la police, la justice, le milieu carcéral et les criminels en tout genre qui peuplent les quartiers les plus malfamés de la capitale. Balzac passe de l'écriture la plus raffinée à l'argot en passant par les patois dont l'auteur reproduit les accents avec humour et un évident plaisir. C'est le roman de l'ascension sociale et de la déchéance, de l'ambition, de la bourgeoisie, des ducs et des duchesses, mais aussi des criminels, de l'amour, de l'argent le tout dans une ambiance de roman policier ou les déguisements, les fausses identités, les rebondissements rendent ce livre particulièrement vivant. Les personnages centraux sont Lucien de Rubempré, le jeune ambitieux au talent certain, mais dépourvu de volonté et de caractère qui va bénéficier de l'aide de l'intriguant et énigmatique Vautrin, ancien bagnard qui prend de multiples identités, pratique la chirurgie esthétique, imite les accents, baragouine en plusieurs langues pour construire ces différentes personnalités : il est tantôt l'Abbé Carlos Herrera envoyé du roi d'Espagne, Jacques Colin alias Trompe-la-mort, le bourgeois Vautrin etc. Il se sert de Rubempré, dont il est secrètement amoureux, pour assouvir sa revanche sur la société.
"Pour lui (Vautrin), Lucien était plus qu'un fils, plus qu'une femme aimée, plus qu'une famille, plus que sa vie, il était sa vengeance; aussi comme les âmes fortes tiennent plus à un sentiment qu'à l'existence, se l'était-il attaché par des liens indissolubles".
Ce qui est étonnant aussi dans ce roman ce sont les multiples références que Balzac fait à ses autres livres sous la forme de courtes indications comme (Voyez le Père Goriot), (Voir Scènes de la vie Parisienne, l'Interdiction) etc.. Dans le court du récit il nous donne des indications sur son oeuvre "Jacques Collin" (Vautrin), espèce de colonne vertébrale qui par son horrible influence relie pour ainsi dire le Père Goriot à Illusions perdues et illusions perdues à cette études". Ce renvoi à la fiction au milieu d'un récit qui se veut réaliste est caractéristique de l'écriture et de la pensée De Balzac.

Balzac nous invite dans tous ses livres à un véritable festin historico-littéraire, il y a d'abord l'histoire des moeurs de son époque mise en scène avec une galerie de personnages extraordinaires. Un texte émaillé de citations latines, de calembours, de mots rares, de rappels historiques, de références à l'antiquité, à la littérature de tous les temps, à la philosophie, à la politique, un assemblage vertigineux d'informations au point parfois d'inciter le lecteur à recourir à internet pour mieux comprendre encore la pensée de l'auteur. Ceci donne parfois le vertige lorsque l'on sait que, pour écrire (3 à 4 romans par an), Balzac ne disposait d'aucun des moyens modernes de traitements et de diffusions de l'information (internet, iPhone, etc.), moyen bien pratique pour retrouver le rappel d'un fait historique, un nom, un synonyme, une définition. Sa bibliothèque ne comportait que quelques centaines de livres et Pierre Larousse n'avait pas encore publié son Grand Dictionnaire du XIXe siècle. Autrement dit Balzac ne disposait que de sa plume d'oie, d'un encrier et de son prodigieux cerveau capable de mémoriser sans effort la totalité de ce qu'il voyait, lisait ou entendait.

Il y a pourtant des moments où l'attention du lecteur peut retomber, je dois avouer que moi-même pourtant passionné par Balzac, j'ai quelquefois eu du mal à suivre les intrigues dans le détail et je me suis un peu perdu dans la multitude des personnages. D'autres lecteurs trouveront sans doute un peu superflue les nombreuses digressions explicatives De Balzac, pour ma part j'ai beaucoup apprécié quand Balzac nous décrit les corridors, les bureaux, les escaliers des prisons et du palais de justice avec une précision telle que nous ne pouvons pas douter du fait qu'il connaissait parfaitement les lieux et qu'il avait tout mémorisé. Plus loin il nous explique le fonctionnement de la justice, le rôle des huissiers, des greffiers, des juges, de la police et déroule avec minutie la procédure pénale tout en portant un jugement sur ces institutions et en proposant des améliorations. Balzac s'emporte peut-être un peu en multipliant les intrigues et en exagérant l'extravagance de ses personnages, il est emporté lui-même par la puissance de son imagination et il a le sentiment de pouvoir donner la vie à tout ce qui sort de sa plume. Un roman De Balzac c'est comme un torrent qui vous entraîne et il faut du souffle pour se laisser emporter sans sombrer, mais on n'est jamais déçu du voyage. Et tant pis si l'on a bu la tasse, car même si l'océan est trop profond, on y revient toujours.

— « Splendeurs et misères des courtisanes », tome XIII et XIV de l'édition « La Comédie Humaine » France loisirs (1986).
Commenter  J’apprécie          100
Ce roman clôt la trilogie formée par le Père Goriot et Illusions Perdues, et parachève le tableau de la conquête de la vie par l'argent. Il a dévoré l'amour filial, la poésie et la créativité et ici, le tour de l'amour est venu. On trouvera de très belles figures féminines, des intrigues poignantes et une tragédie moderne, divisée en brefs chapitres (Balzac publiait ce roman en feuilletons dans la presse). Il est donc plus facile au lecteur de le lire à petites doses, qu'Illusions Perdues, composé de gros blocs narratifs malaisés à diviser.
Commenter  J’apprécie          100
Un pavé balzacien, ça contient forcément des longueurs. Il veut trop tout dire, tout expliquer, tout maîtriser. Fort heureusement, il y a les personnages, à commencer par Jacques Collin, alias Vautrin, alias Trompe-la-Mort, alias l'abbé Carlos Herrera, le roi des forçats qui, par amour pour son protégé le faible Lucien de Rubempré, tourne sa veste. Balzac, c'est un monde complet, avec ses hauts et ses bas, sa pègre et ses duchesses, qui bien sûr se ressemblent comme deux gouttes d'eau; c'est une société dont tous les rouages sont décortiqués, démystifiés, scrutés; ce sont des personnages broyés par la société ou, quand ils sont des Trompe-la-Mort, qui venge la société. Autre bémol pourtant : le sentiment de lire du Victor Hugo sans le souffle. Quand Balzac évoque la peine de mort ou parle l'argot, on n'y retrouve pas, alors que c'est le même monde à la même époque qui sont décrits, le cri d'Hugo, son emphase, son indignation, sa présence. Balzac est extérieur, narrateur omniscient d'un monde dont il se veut le descripteur pas tout à fait froid, mais non engagé. Hugo entre de plein pied dans ce monde, devient le condamné à mort, entre dans la tempête du crâne du forçat et dans l'amour niais et sublime du poète. Balzac laisse donc un peu sur sa faim le lecteur romantique.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (3941) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1299 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *}