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Lucien est un poète en herbe, il court après la gloire vaine et facile. Esther est jeune et belle, elle court après l'amour et Lucien. Nucingen est riche et vieux, il court après le temps perdu à combiner en Bourse et la jeunesse d'Esther. Vautrin est un paria honni, il instrumentalise Lucien, Esther et Nucingen en vue d'accomplir sa rédemption sociale.
La boucle est bouclée, dans ce petit monde rempli de passions, tout le monde court après tout le monde et finit par se neutraliser dans un jeu de poker menteur à somme nulle.
Faut-il dès lors se détourner des passions pour agir selon des raisons supérieures à l'instar de cette aristocratie de la pensée regroupée, dans le roman, sous le nom de Cénacle ? Balzac soulève la question sans y répondre et d'ailleurs, je me méfierais de ceux qui ont cette prétention.
On ne devrait pas faire lire du Balzac au collège ou au lycée, il faut avoir un peu vécu pour apprécier son propos, amer pour de jeunes âmes qui ne se seraient pas encore frotté aux réalités de la comédie humaine.
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Comme le révèle obligeamment la quatrième de couverture, ce livre est le troisième de la trilogie Vautrin :
-il apparaît dans le Père Goriot parmi les résidents de la Pension Vauquer. C'est dans ce même volume qu'apparaît Eugène de Rastignac, venu d'Angoulême dont le bon Balzac s'obstine à faire une ville du Midi. C'est là aussi que Rastignac prononce son fameux"à nous deux, Paris". Au delà du drame du Père Goriot, ce livre est surtout un excellent document sur la petite bourgeoisie parisienne sous la Monarchie de Juillet
-Viennent ensuite "les illusions perdues" consacrées à Julien dit de Rubempre. Poète à Angoulême, il part à la conquête de la capitale. Il y réussira moins bien que son compatriote Rastignac. Mais il permet à Balzac (qui, on ne le dira jamais assez, est le plus grand sociologue du dix neuvième siècle) de brosser un tableau magistral des milieux du journalisme et de l'édition. Lucien echoue, ruiné il rentre à Angoulême où il retrouve sa soeur et son beau-frère, qu'il a également ruinés. Au bord du suicide, il est sauvé à temps par Vautrin, déguisé en prêtre espagnol, qui décide d'en faire sa créature dans sa lutte contre la société. On nous dit qu'il est amoureux de Lucien ? Je veux bien, mais je n'y crois guère. Un homme comme Vautrin n'a guère de place pour cela dans sa vie.
-et puis, bien sûr, Splendeur et Misères des Courtisanes, meilleur roman de la Trilogie, meilleur roman De Balzac tout court, où Vautrin paraît enfin en majesté. Ses projets basés sur Lucien semblent échouer ? Il en tire quelque chose de plus fort. Cela se termine mal pour Lucien ? Profits et pertes. Vautrin aura le plaisir accessoire de le venger, en sus de sa propre vengeance. Parce que qui est Vautrin ? Comme Jean Valjean, comme Monte-Christo, c'est un ancien bagnard. Vous me direz que lui est coupable. Mais de quoi ? D'un faux en écriture, et pour cela il se retrouve au bagne.
Mais lui, à la différence de Valjean, qui ne se venge pas, ou de Dantès, qui se venge à peine, est bien décidé à avoir sa revanche sur la société. Il l'aura. Il l'aura. Après avoir écrasé au passage quelques honnêtes crapules des élites sociales qui le méritent bien, on sait qu'il devient chef de la police. Désormais il les tient tous dans sa main. Et c'est lui le vrai héros de l'histoire, même si Balzac, tenu par la bienséance, n'ose pas le dire. Car finalement, à sa manière, c'est peut-être lui le plus honnête du roman.
Et c'est aussi un héros de l'énergie, sans doute le personnage le plus positif (ou l'un des plus positifs) de la Comédie humaine, tellement plus que les bourgeois, ministres, financiers, commerçants, journalistes, affairistes, usuriers, qui s'agitent dans les coulisses de la triste société que nous peint Balzac. Nommez-moi n'importe quel volume de la Comédie humaine, laissez moi le temps de le relire ( ou de le lire, pour certains, soyons honnêtes) et je vous trouverai au moins un, et en général beaucoup plus, personnage bien pire. Et pas seulement parmi les nantis, d'ailleurs, voyez La Cousine Bette !
Car, dans cette société-la, comme d'ailleurs dans d'autres, on a envie de s'ecrier comme Claude Lantier à la fin du Ventre de Paris :"Quelles canailles que les honnêtes gens !"
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Ce roman est considéré comme un chef d'oeuvre De Balzac mais personnellement je n'ai pas du tout aimé. Peut-être était ce en grande partie la faute à un état d'esprit non propice mais je me suis profondément ennuyée. Certains passage du début avec Esther sont beaux et certaines descriptions des prisons intéressantes mais ce livre complexe et bavard ne m'a décidément pas touchée. Une déception.
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Forcément, se lancer dans une telle lecture suppose que l'on ait des appréhensions. Compréhensibles d'ailleurs. Pourtant, Balzac se montre plus qu'intéressants !

On suit ici plusieurs personnages. Essentiellement Lucien de Rubempré et Elisabeth Godseck. Cette dernière, ex courtisane, s'est éprise du premier. Mais elle va être entrainer dans une suite d'événements dont l'issue semble rapidement inéluctable…

Ce roman fait suite à « Illusions perdues » mais tout à fait se lire de façon indépendante. Evidemment, certains événements seront liés au premier roman mais c'est précisé et il n'est pas forcément nécessaire de les connaitre dans les détails. ici, Balzac va parler de la prostitution, mais aussi du systéme judicaire, et ce assez longuement. Et ceci en faisant preuve d'une humour assez surprenant. D'ailleurs, si la premiére moitié du roman peut causer quelques problémes de compréhensions à cause des accents qui sont retranscrit, Balzac l'assume avec humour dans la suite.

Et de l'humour, il y en aura tout au long de ce roman décidemment tout sauf chiant. Et ce malgré une longueur et un découpage en 4 parties qui auront tendance à le rendre un peu longuet par moment. Parce que des chapitres de plus de 100 pages, c'est toujours un peu long. Mais s'il se montre aussi parfois un peu trop « didactique », donnant l'impression d'un manuel, cela n'est que pour mieux comprendre le systéme de l'époque. Comme si le bonhomme avait prévu qu'onle lirait encore prés de 200 ans plus tard. Au final, si le livre est trés bon, il a parfois les qualités de ses défauts !

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Les éditions modernes de Splendeurs et misères des courtisanes présentent ce texte comme un ensemble suivi et homogène, et c'est certainement un des plus saisissants tours de force De Balzac que d'être parvenu à faire, d'un roman rédigé sur neuf ans (1838-1847), publié sous toutes les formes de support disponibles à l'époque (feuilletons, volume séparé, oeuvres complètes), et soumis à tant de réécritures, de corrections et de rectifications, l'assise centrale cohérente du monde fictionnel de la Comédie humaine.

L'auteur a souvent décrit une société masculine. Cette fois il parle de la femme. Quelle est la définition du terme COURTISANE. Non la courtisane n'est pas une dame de la cour royale qui cueille les fleurs pour en faire de jolis bouquets. le mot de l'époque était plutôt le moins discourtois pour dire "prostituée". Je pense que l'idée De Balzac est plus sympathique : la courtisane serait la jeune femme seule, c'est à dire « courtisable ». Elles sont lingères, domestiques, danseuses, se livrant à une prostitution légère afin de survivre et de pouvoir avoir des contacts sociaux. Elles sortent ainsi de leur misère en attendant.... ? Entretenue, en passe de l'être ou rejetée, la courtisane sait calculer et surtout sait demander.

Nous retrouvons donc Lucien de RUBEMPRÉ, celui là-même qui avait ruiné sa soeur et son meilleur ami d'Angoulême, en signant de faux billets à ordre pour payer ses dettes de jeu et de sa vie parisienne. Recueilli au bord du suicide dans ILLUSIONS PERDUES par un mystérieux prêtre espagnol.
Ce Lucien nouvelle mouture est plus assuré et semble entouré d'appuis mystérieux et de ressources sûre. Mais un chat reste un chat ; sa lâcheté et son égoïsme font de lui un être fade,
Elle, la courtisane, c'est Esther alias LA TORPILLE. D'une beauté à couper le souffle elle développe un amour sans faille à Lucien. Mais elle sait où est sa place. Lucien doit faire un grand mariage avec une fille de la noblesse pour dorer sa toute neuve particule d'un titre et elle l'aidera, la mort dans l'âme, déchirée entre l'amour inconditionnel qu'elle lui voue et le désir de son bonheur.

Les grandes tragédies de Balzacienne ont une recette immuable : l'amour, la vilenie, l'argent, le pouvoir, la haine et la mort. SPLENDEUR ET MISERES est un des exemples les plus touffu de ce mélange. Publié en primeur dans un journal en épisodes, il a fait un monument du suspens dont tout le monde parlait. On s'arrachait Balzac et il alimentait toutes les tables en entrée comme au dessert.

Le texte se relit avec bonheur à condition de se plonger dans l'ambiance de l'époque. Les longues descriptions insérées sont judicieuses mais parfois pesantes. N'oublions pas que le grand homme était payé au mot et la multiplication des pages était tout bénéfice pour ce pondeur invétéré.

A ce stade de la lecture de la comédie humaine, les personnages deviennent familiers et il devient plus facile de se localiser dans les intrigues










PERSONNAGES

Dans un roman comme Splendeurs et misères des courtisanes, le nombre des acteurs n'est pas sans incidence sur le statut du personnage romanesque. Car, au-delà des quatre principaux héros, Vautrin, Lucien, Esther, Nucingen, il faut compter avec le cercle de leurs proches, comme Asie, ou de leurs antagonistes, comme Corentin ou Peyrade.

– ASIE : voir Collin, Jacqueline.

– William BARKER : voir Collin, Jacques.

– BIBI-LUPIN : chef de la police de Sûreté depuis 1820 ; a participé à l'arrestation de Vautrin dans le Père Goriot.

– CAMUSOT DE MARVILLE (M. Camusot, dit) : magistrat ; fils de « papa Camusot », le protecteur de Coralie dans Illusions perdues ; successivement juge à Alençon, à Mantes et à Paris, puis président de Chambre à la Cour royale. Pour ses débuts voir le Cabinet des Antiques, où il « a le nez de son nom ». C'est Amélie, son épouse qui a fait sa carrière.

Jacques COLLIN : ancien forçat ; a pris les noms de Vautrin, Trompe-la-Mort, M. de Saint-Estève, Carlos Herrera, William Barker ; est le maître d'oeuvre de la destinée parisienne de Lucien de Rubempré ; voir le Père Goriot, Illusions perdues.

– Jacqueline COLLIN : tante du précédent ; sa complice, connue sous les désignatifs d'Asie, de Mme de Saint-Estève ou de Mme Nourrisson.

– CONTENSON (baron Bryon des Tours-Minières, dit) : ancien espion, membre de la police politique. Pour son passé voir L'Envers de l'histoire contemporaine. Mais il y a évidemment des zones d'ombre dans sa carrière.

– CORENTIN : policier, principal adversaire de Vautrin, l'un et l'autre étant « d'atroces canailles » ; use parfois de fausses identités, se faisant appler M. de Saint-Estève ou M. de Saint-Denis. Pour ses origines et ses premières activités voir Les Chouans.

– EUROPE : voir Servien, Prudence.

– Esther van GOBSECK (Fanny Vermeil, lors de la toute première mention, en 1835, du projet qui deviendra La Torpille) : ancienne prostituée, dite « la Torpille », maîtresse de Lucien de Rubempré ; chargée par Vautrin de séduire Nucingen ; ne reparaît pas directement dans La Comédie humaine mais est fréquemment mentionnée, dans La Maison Nucingen, Les Secrets de la princesse de Cadignan, Les Comédiens sans le savoir, La Cousine Bette, le Cousin Pons. Voir aussi Gobseck. Elle est la petite nièce du génial usurier.

– Clotilde de GRANDLIEU : fille du duc et de la duchesse de Grandlieu (Béatrix, le Cabinet des Antiques) ; sa main est l'objet des ambitions de Lucien de Rubempré.

– Comte de GRANVILLE : magistrat respecté ; son mariage est un échec (Une double famille).

Carlos HERRERA : voir Collin, Jacques.

– Mme NOURRISSON : voir Collin, Jacqueline.

– Baron de NUCINGEN : banquier, l'homme fort de la vie financière à Paris.

– PEYRADE : policier formé par Corentin, expert en déguisement. Sa fille Lydie Peyrade est l'innocente victime de la vengeance de Vautrin.

– Lucien de RUBEMPRÉ : né Chardon ; poète de province qui, par son alliance mystérieuse avec Vautrin, a réussi un moment à s'imposer dans la vie parisienne ; son histoire est le sujet d'Illusions perdues et du présent roman.

– M. de SAINT-DENIS : voir Corentin.

– M. de SAINT-ESTÈVE : voir Corentin.

– Mme de SAINT-ESTÈVE : voir Collin, Jacqueline.

– Comtesse Hugret de SÉRIZY : née Clara-Léontine de Ronquerolles ; maîtresse passionnée de Lucien de Rubempré. On la rencontre d'un bout à l'autre de la Comédie humaine, où elle compte divers amants. (Ferragus, Un début dans la vie, le Cabinet des Antiques, Ursule Mirouët)

– Prudence SERVIEN : femme de chambre d'Esther, créature de Vautrin.

– TROMPE-LA-MORT : voir Collin, Jacques.

VAUTRIN : voir Collin, Jacques.
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Dès que j'ai eu achevé Illusions perdues, je me suis jetée sur Splendeurs et misères des courtisanes, le 3ème roman de la trilogie Vautrin.
J'ai retrouvé avec plaisir une bonne partie des personnages de Illusions perdues, même si l'atmosphère est plus pesante avec l'omniprésence oppressante de Vautrin.
Elément étonnant, à la 543ème page, on sait que l'on ne parlera plus de 2 des personnages principaux...
Reste plus de 180 pages pour parler de qui ? de Vautrin, personnage auquel, à mon grand étonnement, on finit par s'attacher.
On peut aussi prolonger le plaisir avec le film Vautrin de 1943.
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Malgré tout le talent De Balzac et l'intérêt certain de ce grand roman, j'ai un peu calé sur Splendeurs et misères des courtisanes.
Pas par manque d'intérêt: la lutte à mort que se livrent Vautrin, sous son habit d'abbé, et les trois espions/commensaux de la police, est fascinante, et la double amour de Vautrin et d'Esther pour le pourtant fort falot Lucien, mériterait des études à lui tout seul, et en a sûrement généré.
Non, ce qui m'a fait calé et m'a incité à abandonner ce roman le temps d'en lire quelques autres pour me calmer avant d'y revenir, c'est

Ce vilain défaut mis à part, c'est une fresque époustouflante, mais ne commencez pas Balzac par ce versant là, vu le nombre de personnages déjà connus qu'on y retrouve.
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Longtemps je me suis cru lecteur. J'affichais à mon tableau d'honneur le Père Goriot dès 12 ans ; et j'avais su l'aimer. Je le relus, plus tard, et l'aimai tout pareil. De la Comédie humaine je n'avais pourtant perçu que quelques pièces dans ma jeunesse : une Eugénie Grandet, un Chef-d'oeuvre inconnu, tout au plus, sans savoir qu'elles formaient des étages et bien plus : un monument. Aussi ai-je pensé, après avoir une nouvelle fois franchi la grande et belle entrée du Père Goriot en ces semaines d'assignation à résidence, que je pourrais peut-être m'aventurer plus avant, et plus méthodiquement, monter quelques marches et visiter quelques salles. Bien m'en a pris.
Après avoir été subjugué par les ors, les lustres et les nombreux portraits de la grande salle des illusions perdues, la plus vaste, dit-on, je croyais avoir vu le joyau de la demeure. Pourtant, plein de confiance, porté par l'enthousiasme, débordant de curieuse envie, j'ai pris un couloir qui mène à d'autres chambres (à coucher et judiciaires) : celles des Splendeurs et misères des courtisanes. Sans penser que ce fut possible, croyant avoir atteint déjà l'étage supérieur, j'ai dû continuer de monter… Mon émerveillement a été tel que j'ai bien des fois dû m'arrêter pour réaliser l'étendu des trésors qui s'offraient à mon regard.

Balzac nous a offert, avec Splendeurs et misères des courtisanes, un roman digne de se classer parmi tous les registres et, dans chacun, d'y briller. On s'y promène, des loges de l'Opéra Garnier aux cellules de la Conciergerie, profitant de la visite pour s'enrichir de de notices sur les hauts lieux de Paris comme de plongées dans ses bas-fonds. On s'y informe des règles et des usages, des pratiques et des langages, des procédures légales et des astuces des initiés. Ce n'est pas seulement une véritable histoire des moeurs du XIXe de la Monarchie de Juillet, qui soulève ici et là le voile sur des pages plus anciennes de notre passé ; c'est une monographie de la société que forment les français, des populos jusqu'au gratin. On s'amuse (du parler populaire des uns, de leur argot, des accents à couper au couteau des invités autant que des chichis des guindés) tout comme on s'extasie devant les tournures les plus élégantes, les mieux senties car parfois vraies, les loyautés les plus solides que partagent petits et grands parfois, les fidélités qui seules rendent nobles. Les réflexions les plus fines (même si, parfois, Balzac « le visionnaire » reste de son temps) et les observations les plus pénétrantes foisonnent sans jamais ennuyer. Car l'amour côtoie l'aventure et le suspens, le frisson succède aux émotions, l'intrigue alterne avec la romance. La politique en redonne aux affaires et celles-ci rendent sa monnaie à la passion. Par deux fois, puis trois, puis quatre, l'enthousiasme de la découverte se renouvelle complètement : on ne lit toute une série en une seul roman. Des dizaines de personnages pour choisir son héroïne, son modèle, et détester tout autant.

Mais ce spectacle n'a rien d'un gentil amusement.
La comédie humaine, où chacun se donne tant
De mal pour une place, du pouvoir, de l'argent,
C'est le drame des misères auxquelles l'on consent :
Celle des autres, qui ne compte pas, comme celle de son sang.
Non pour vivre, mais briller, l'espace d'un instant…
Que cette farce est triste : une tragédie d'entant.

Je poursuivrai ma visite pourtant ;
Irai encore au spectacle : c'est un enchantement.
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J'avais laissé Lucien Chardon au bord du chemin, désillusionné, accablé de remords, déterminé à se suicider mais miraculeusement sauvé par un mystérieux abbé espagnol nommé Carlos Herrera. Je l'ai retrouvé quelques mois plus tard, arpentant le foyer de l'Opéra de Paris au bras d'une belle femme, élégamment vêtu et d'une beauté suscitant la jalousie des hommes et faisant chavirer le coeur des femmes. Lucien semble s'être enrichi et a réussi à anoblir son nom d'une particule. La Fortune lui sourit, mais la femme dont Lucien s'est épris est une ancienne prostituée, Esther, surnommée la Torpille, qui vient d'être identifiée par les camarades de Lucien, anciens clients de la courtisane. Pour l'abbé Carlos Herrera, ce coup du sort peut mettre un terme à l'ascension sociale qu'il est en train de bâtir brique après brique pour son protégé. Esther doit être sacrifiée pour préserver la réputation et les intérêts de Lucien.

Cette suite des Illusions perdues se lit beaucoup plus aisément : d'une facture peut-être moins classique mais bien plus feuilletonesque, Splendeurs et misères des courtisanes se dévore, Balzac prenant plaisir à enchaîner les rebondissements et les retournements de situation pour nous accrocher jusqu'à la fin du roman. Le roman se divise en 4 parties dont les deux premières sont consacrées à Esther et à Lucien et les deux dernières sont centrées sur le véritable personnage principal du roman, l'abbé Carlos Herrera, dont on découvrira la véritable identité et les multiples avatars au cours du roman. Au fil des pages, on retrouvera bon nombre de personnages de la Comédie Humaine, comme Rastignac, Delphine de Nucingen (l'une des filles du Père Goriot), le baron de Nucingen, et bien d'autres, certains juste esquissés comme Joseph Bridau (La Rabouilleuse) dont on apprend avec plaisir qu'il est devenu un peintre reconnu...

Dans la première partie qui nous raconte l'histoire tragique d'Esther, Balzac ne peut s'empêcher d'y mêler des scènes de théâtre et même de pur vaudeville avec tromperie, farce et substitution de personne dont la victime est le baron de Nucingen. Avec la prononciation et l'accent ridicules du baron (d'ailleurs assez pénibles à lire et à comprendre parfois), cette partie serait presque du registre de la comédie si elle n'était pas si dramatique sur le fond.

La dernière partie se veut plus policière et se consacre à la figure magistrale de Carlos Herrera, réincarnation de Vautrin, ex-locataire de la Maison Vauquer dans le Père Goriot, mais aussi plus connu de la police sous le nom de Jacques Collin. Balzac s'est inspiré de Vidocq et de ses lectures sur le bagne pour décrire cet homme terrible, d'une dimension hugolienne, qui gouverne les bas-fonds de Paris, celui des voleurs et des assassins, aidé par des comparses experts dans l'art du déguisement. Il y a du Eugène Sue et du Adolphe d'Ennery dans ces pages-là ! Tout au long du roman, l'abbé manipule son monde : la pauvre Esther, Lucien - cet être lâche capable de trahir son amour et ses principes pour la fortune et un titre -, mais aussi les grands seigneurs, les hommes de loi et de la police, les voleurs, les prisonniers et les condamnés à mort. J'ai beaucoup aimé ce jeu du chat et de la souris auquel se livre l'abbé avec la Sureté, même si les retournements de situation flirtent avec une invraisemblance assumée par le romancier qui la justifie en arguant que la réalité dépasse souvent la fiction. Avec l'exemple du fabuleux parcours de Vidocq, on ne peut guère le lui reprocher ! Cette dernière partie est l'occasion pour Balzac de nous décrire si minutieusement la Conciergerie qu'il arrive à nous la faire voir et qu'il m'a donné l'envie de la visiter dès que possible.

Mais les passages les plus délectables du roman sont peut-être les belles études psychologiques de l'âme féminine que Balzac brosse à travers les portraits d'Esther bien sûr mais aussi de Mme de Sérizy, de la duchesse de Maufrigneuse, de la marquise d'Espard et de Mme Camusot. Le romancier excelle à analyser finement les remous de l'esprit qui agitent ces dames par l'interprétation d'un soupir, d'une contraction de la bouche, d'une syllabe accentuée ou d'un regard éperdu. A cet égard, toutes ces figures féminines peuvent paraître secondaires mais c'est bien elles qui seront la cause involontaire de l'inflexion étonnante du parcours de Carlos Herrera. Alors feront-elle triompher la morale et la vertu ? Vous ne le saurez qu'à la dernière page du roman...

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Balzac dans une histoire tortueuse et glauque d'escroquerie qui ne m'a pas passionné.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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