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Critique de AMR_La_Pirate


L'expression « fille d'Ève » désigne généralement de manière péjorative une femme incarnant la tromperie ou la luxure, une femme curieuse ou frivole.
Il s'agit ici pour Balzac d'analyser l'éducation des filles de la bonne société puritaine et d'étudier les causes et les conséquences d'une liaison extra-conjugale (non consommée cependant) entre une jeune comtesse qui s'ennuie un peu dans son mariage et un écrivain-journaliste en vue dans la société mondaine, plus ou moins en ménage avec une actrice. C'est aussi l'occasion de dépeindre les travers mondains parisiens quand les unions et les trahisons se font et se défont au gré des intérêts de chacun.
Ce petit roman est dédicacé à la Comtesse Bolognini dont Balzac a intimement fréquenté le salon, à Milan, à une époque où il était quelque peu désargenté et où il risquait même la prison pour dettes ; nous pouvons y lire aussi une source d'inspiration biographique.

Nous suivons donc les destinées de deux soeurs, Marie Angélique et Marie Eugénie de Granville, élevées de manière stricte par leur mère, épouse délaissée (ce sujet est traité dans Une double Famille) ; tandis que la première est assez bien mariée au Comte Félix de Vandenesse, plein de délicatesse et d'attentions, la seconde est littéralement vendue à Ferdinand du Tillet. Afin d'échapper à la dictature maternelle, les deux jeunes filles se jettent dans le mariage sans rien connaître de la vie.
Si la jeune comtesse de Vandenesse est troublée par sa rencontre avec Raoul Nathan, c'est cependant tout un complot féminin qui va faciliter leur rapprochement. Encore une fois, la plume De Balzac est savoureuse dans le détail des manigances mondaines et dans la peinture des sentiments. Quand l'ambition de Raoul Nathan et ses projets journalistiques et politiques lui occasionnent de graves ennuis financiers, l'imbroglio de ses dettes diverses, des prêts consentis, des lettres de changes signées et contresignées (un peu compliqué pour la littéraire que je suis) prend des proportions telles que pour le sauver du suicide, la jeune comtesse risque fort de se compromettre…

Eh bien, le talent De Balzac fait que, prise par le récit, j'ai dévoré très rapidement ce petit roman, à la fois pressée d'en connaître l'issue et fascinée par la recherche du détail dans les réflexions de l'auteur non seulement sur l'éducation des jeunes filles et sur le mariage, mais aussi, en filigrane, sur le pouvoir de la presse et sur les tensions entre personnages venant de milieux différents (noblesse, bourgeoisie, banquiers, artistes…).
De plus, je suis de plus en plus en admiration devant l'édifice de cette Comédie Humaine, au fur et à mesure de l'évolution de personnages que l'on retrouve de roman en roman.
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