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Critique de AMR_La_Pirate


Habituellement, quand je lis un Balzac, surtout si c'est un gros format, j'alterne avec mes autres livres en cours. Eh bien, sachez que j'ai dévoré Ursule Mirouët d'une seule traite tant ce roman est captivant.

Balzac nous raconte une sordide histoire d'héritage : le vieux docteur Minoret, veuf, est venu finir ses jours à Nemours et ses héritiers potentiels, des neveux, passent leur temps à évaluer leur part d'héritage. Seulement voilà : Minoret a recueilli une orpheline, Ursule Mirouët, et l'a élevée comme sa propre fille… Les héritiers craignent d'être désavantagés à la mort du vieillard. Alors, ils manigancent, complotent, s'allient et se trahissent, vont jusqu'à voler les titres de rente au porteur destinés par le défunt à assurer l'avenir de la jeune fille et médire à son sujet…
C'est un roman où l'on compte beaucoup, où l'on parle de revenus à toutes les pages ; il est question de placements, de rentes, de titres, de ce fameux Grand Livre mais aussi de dettes, de traites, de prêts… J'ai beaucoup appris sur les règles en vigueur au XIXème siècle en matière d'héritage, notamment en ce qui concerne le mauvais sort fait aux enfants naturels et à leur descendance ; car, en ce qui concerne Ursule, c'est bien sa qualité de fille du fils naturel du beau-père du médecin qui pourrait rendre les dispositions testamentaires faites en sa faveur sujettes à contestation...
C'est aussi un livre où Balzac fait intervenir le surnaturel à la fois avec doigté et humour : « — Croyez-vous aux revenants ? dit Zélie au curé. — Croyez-vous aux revenus ? répondit le prêtre en souriant ». En effet, il faudra que le défunt revienne d'entre les morts pour aider sa pupille à faire valoir ses droits.

La première partie, dite d'exposition, intitulée « Les Héritiers alarmés » peint avec justesse la société bourgeoise de Nemours ; certains passages sont savoureux, satiriques et comiques parfois. L'antagonisme entre riche bourgeoisie et noblesse ruinée, les compromissions nécessaires donnent une certaine idée d'une époque charnière marquée par le retour à la royauté. Balzac démontre encore une fois ses grands idéaux sur la famille, la religion et la monarchie.
J'ai beaucoup apprécié le cocon protecteur organisé autour de la petite Ursule, que nous voyons grandir, entourée de son parrain, le docteur Minoret, et de ses meilleurs amis, un militaire, un juge de paix et un curé, formant un quatuor de belles âmes. Tous ces hommes âgés, marqués par la vie et l'expérience, sont profondément attachés à Ursule et recréent pour son bonheur une famille de coeur exemplaire : « cette famille d'esprits choisis eut dans Ursule une enfant adoptée par chacun d'eux selon ses goûts : le curé pensait à l'âme, le juge de paix se faisait le curateur, le militaire se promettait de devenir le précepteur ; et, quant à Minoret, il était à la fois le père, la mère et le médecin ».
La seconde partie, « La Succession Minoret », décrit les manoeuvres malhonnêtes des héritiers opposées à la grandeur d'âme d'Ursule devenue une belle jeune femme sensible et bonne. Sa piété est constante : elle est à la fois digne dans les épreuves, candide et lucide, capable de sacrifices et d'une grande humilité.
Tout le roman est construit sur un mode binaire opposant les personnages supérieurs et les matérialistes ; pour une fois, envers et contre toutes les adversités, cela finit bien pour l'héroïne…

Ursule Mirouët est une réussite sur tous les plans : un beau portrait de femme, une mise en lumière des valeurs balzaciennes, une description minutieuse des moeurs de la bourgeoisie de province, une histoire d'héritage mêlée à une belle histoire d'amour, une résolution à la fois logique et surnaturelle…
Un régal !

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