Clinton Road

New Jersey, 1978. John, ranger du comté de Passaic, se rend, comme tous les matins, avant d'entamer sa journée de travail, chez son ami, tenancier d'un bar, Sam. Alors sur les traces de braconniers, un certain Ted le rouge vient de l'informer que ses deux chevaux et son chien ont disparu. Espérant trouver une piste, John se rend du côté du lac et échappe de peu à l'attaque d'un ours grâce à une connaissance, Lincol. Ce vieil ermite lui apprend d'ailleurs qu'il entend parfois des voitures aller et venir en pleine nuit. Après avoir noté dans son carnet tous ces étranges événements, il décide de rentrer chez lui en empruntant la Clinton road. Il remarque une voiture arrêtée sur le bas côté. Les deux jeunes hommes lui demandent où se trouve le Clinton Furnace, un temple mystérieux. Qui, aux dires de John, n'est plus qu'un vieux four délabré aujourd'hui. Il se propose de les aider à retrouver leur route chez Sam. Qui, aux dires des deux amis, est à moitié carbonisé. Quelle drôle de journée pour John qui s'empresse alors de rentrer chez lui retrouver son fils, Benjamin...

Dès les premières pages, Vincenzo Balzano nous plonge dans une ambiance très mystérieuse, presque inquiétante, et onirique. Qui sont ces braconniers ? Ces hommes vêtus d'une autre époque ? Ces endroits étranges ? Ce fils qui semble venir d'un autre monde ? Cette maudite Clinton road ? Et c'est dans une atmosphère fantomatique que peu à peu tout se dévoile. Tour à tour ésotérique, surprenant, déconcertant et émouvant, cet album est d'une incroyable imagination. Partant de la légende de la Clinton road, surnommée "la route la plus hantée des États-Unis" (observations de fantômes, de créatures étranges, de sorcières, de satanistes, légende du camion fantôme et du pont de l'enfant fantôme), l'auteur tisse une histoire palpitante, envoûtante et terrifiante. Graphiquement, il fait montre d'un travail absolument remarquable : des aquarelles de toute beauté, tantôt opaques, tantôt diluées ; des juxtapositions, des pleines pages magnifiques, des couleurs tantôt ternes tantôt douces, un trait très anguleux, un découpage original...
L'auteur a eu la bonne idée de commencer et terminer cet album par des articles de journaux relatant de mystérieuses histoires.

Les légendes urbaines pullulent.
La Clinton Road en est une parmi tant d'autres.
Elle évoque un fantôme.
Un gamin retrouvé mort près d'une citerne d'eau, percuté par une bagnole.
L'histoire raconte qu'en posant son oreille sur la paroi du réservoir, on entendrait la voix du marmot appeler son paternel.
Bienvenue dans le New-Jersey.

Partant de ce postulat, Vincent Balzano va évoquer la quête désespérée d'un père, John, pour retrouver son Benjamin de fiston justement aux abonnés absents après avoir foulé de son empreinte adolescente cette fameuse Clinton Road.

Bienvenue en un monde où réalité et onirisme cohabitent tout en s'ignorant royalement.
J'ai adoré ces coups de crayon éthérés parfaitement raccord avec le propos final.
Des aquarelles d'une beauté saisissante pour instaurer une ambiance des plus glauques et oppressantes.
Pour m'avoir perdu plus souvent qu'à son tour, ce récit aura soufflé le chaud et le froid sur mon curseur plaisir peu amateur des dérèglements climatiques.

Bienvenue en aliénie.
Le New-Jersey, un jour j'irai...où pas car en arpentant cette Clinton, tu risques bien de payer la Bill!

Pour les plus curieux :
http://www.paranormal-sequence.com/pages/la-sequence-d-analyse-paranormal-1/la-clinton-road.html

Bande dessinée d'ambiance.
Il est parfois difficile de discerner la réalité du rêve ou ce qui s'y apparente (l'esprit peut être dérangé du héros).
Les dessins sont vraiment très beaux, faisant de ce récit brumeux quelque chose de visuellement palpable.
Une proposition originale.

Bon déjà, il faut dire une chose : cette couverture est une oeuvre d'art. Tout à fait à l'image de ce que renferme le livre. Ensuite, je dois avouer que les planches sont magnifiques. Mélange de minimalisme et de traits rapides qui apportent un côté volontairement confus totalement en adéquation avec le texte. Pendant que les couleurs, façon aquarelle, se déclinent justement en teintes brumeuses, grises et diluées qui s'accentuent autour de certains éléments pour souligner leur importance.

J'ai tout de suite adhéré à l'atmosphère pesante, un peu poisseuse et glauque, de cette histoire située entre lac et forêt (rappel d'Eden de Monica Sabolo qui m'a tant marqué) où le passé alourdit les esprits. J'ai surtout apprécié le personnage principal, paumé, hirsute, trimbalant son carnet partout avec lui pour ne pas oublier. Ranger, il cherche à lever le voile sur des disparitions inquiétantes, dont celle de son fils survenue quelque temps auparavant, et parcourt ainsi cette route mythique, l'une des plus hantée des États-Unis. Que se passe t'il réellement sur la route de Clinton ? Où disparaissent les gens et les bêtes ? Qu'est-ce qui rend cet endroit si mystérieux ?

Au hasard des rencontres, la quête de John acquiert très vite un souffle haletant, entre thriller et angoisse. Au cours d'une nuit étrange où rêve et réalité se mélangent, il va découvrir une partie de la vérité.

On sent confusement où l'auteur souhaite nous mener, mais on se laisse porter par une succession d'actions et de dessins où le texte devient inutile. Les impressions sont là et bien réelles : la neige, le froid humide des lieux, la forêt et l'ombre menaçante du Clinton Furnace, ce four abandonné vestige d'anciennes croyances, qui pèse sur les personnages et le récit.

Cette bande-dessinée est une perle d'angoisse visqueuse dont la force réside dans son dessin brut et minimaliste et sa palette d'aquarelles délavées.

À découvrir absolument.

Le graphisme est vraiment très élégant, frisant avec le carnet de voyage, aquarelles, trait brut, prise de notes sur le vif, arrières plans suggérés par de la peinture très diluée, cela crée une ambiance humide, brumeuse, inquiétante, tout à fait en accord avec le propos.
Les quelques rares touches de couleurs vives, rouges, oranges viennent ponctuer le récit et renforcer les moments inquiétants. “On dit que des fantômes rôdent sur la Clinton Road…” John est garde forestier, il enquête sur des braconnages, et des histoires de fantômes. le récit fait quelques dérapages avec la réalité, on s'y perd parfois, le héros aussi, entre passé et présent, entre vivants et morts… on s'y perd pour se faire surprendre, se faire secouer, c'est parfaitement rythmé pour nous happé, l'histoire se met en place par petits bouts, ce n'est qu'à la fin que la construction se dévoile vraiment. Voici une histoire de fantômes qui fait peur, qui réserve son lot de surprises, traitée avec un talent à la hauteur du propos.