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EAN : 9782752905765
256 pages
Phébus (12/01/2012)
3.67/5   12 notes
Résumé :
Dans le Paris de la fin du XIXe siècle, Le peintre Claude Zoret s'entretient avec son protégé, le jeune Tchèque Mikaël. Installés dans une vie de célébrité et de luxe, ils sont tout à la fois père et fils adoptif, maître et élève, peintre et modèle, et, sans que ce ne soit jamais dit, amants.Lors d'un dîner dans la demeure du maître, celui-ci apprend à ses invités qu'il peindra bientôt le portrait d'une célèbre princesse russe, Lucia Zamikov. Malheureusement, il ne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Vous connaissiez le Maître et Marguerite ? Laissez-moi vous parler du Maître et Mikaël.

Ce livre est une toile d'impressionnisme. L'ensemble apparait par petites touches de couleurs, en s'approchant de trop près on manque l'essentiel, au contraire, c'est un pas en arrière qu'il faut marquer sur cette oeuvre. Elle reste une “impression” poétique. Monet lui-même reconnaîtra un pair impressionniste dans l'opus de Bang.

“Nous avons conservé dans nos coeurs la tristesse de son chant”. Dans sa Préface, l'écrivain allemand Klaus Mann est bouleversé par le chant du cygne de Bang. le fils de Thomas Mann, homosexuel comme Bang, reste ébahi par “le roman d'amour le plus triste de tous les temps”. Mann, dans sa nouvelle « Ludwig » consacrée au non moins tragique roi de Bavière, fera après Bang le récit d'une “mort solitaire”, celle de Lohengrin… un autre chant du Cygne.

L'autrichien Robert Musil, dans son journal, notait la “rigueur de style”, la description subtile d'une relation. L'auteur danois a cherché à “représenter la loi qui règne entre deux êtres” se préoccupant moins des individus que de la relation in abstracto.
Outre le fait que les deux auteurs ont traité le thème des “amitiés particulières” à la même période (1904 pour Bang, et 1912 pour Musil) il y a une volonté d'extrême précision dans leurs oeuvres.
Mais là où Musil n'épargne pas au lecteur la moindre pensée de son personnage, Bang observe, souvent extérieur aux personnages, et nous indique leurs pensées par la moindre intonation de voix, la moindre crispation sur le visage, le moindre tremblement trahissant l'émotion.

Tout cela sans forcément entrer dans la tête de ses personnages, ce serait trop facile, trop grossier pour le lecteur, non c'est de l'extérieur qu'il va décrire trait par trait avec une incroyable palette de nuances, les façons de se parler, de se répondre, de rire un peu trop fort, de s'observer un peu trop longtemps, de retenir ses larmes, de déglutir, de pâlir, de jaunir, de dire une chose pour en faire comprendre une autre, mettant ainsi le lecteur à contribution.

Les dialogues, souvent équivoques, sont des flèches mondaines. Il suffit d'un vacillement des cordes vocales, d'une pensée obstruante et la flèche manque sa cible et trahît l'émoi de l'archer. La virtuosité des dialogues tient à la fine observation de cette pratique proprement humaine, avec ses quiproquos, ces interprétations, ses intonations enrouées, ses rires sardoniques et son masque facial, ce qui faisait dire au dramaturge italien Luigi Pirandello “on croit se comprendre, on ne se comprend jamais.”

L'oeuvre est toute tendue vers les dialogues y compris les dialogues orchestres, l'auteur maîtrisant l'art de réunir toutes les subtiles actions autour d'une seule unité de lieu. Reprenant une technique impressionniste, les peintres peignaient “in situ”, Bang qui fréquenta ce milieu parisien et metteur en scène lui-même, parvient à créer un visuel et un art du rythme presque théâtral.

La peinture du milieu de l'art et du théâtre parisien de la Belle Epoque (apparition de la célèbre Réjane) est très érudite, à grand renfort de noms contemporains, elle ancre le récit dans le réalisme.

C'est un roman de non-dits, d'équivoques, où les banalités délayées à table veulent dire, dans la tectonique souterraine des sentiments, je t'aime ou je te haïs (le seul petit reproche c'est l'expression répétée du mot “tremblement” à tout le moins ainsi traduite, est-ce un roman parkinsonien ?).

Les rapports entre le maestro français et son élève praguois rappellent le mélange des genres maître/disciple entre Rodin et Camille Claudel ou encore Léonard de Vinci et Salai avec son inavouable, son indécent et son malaise.

“Toi Mikaël, tu dévores l'argent.” La relation sibylline entre Claude Zoret et son élève, son fils adoptif, le « messager de la victoire », est abîmée par une querelle bassement pécuniaire, le bel éphèbe se joue de son mécène au profit de la Princesse Zamikof car, rétorque-t-il, “l'argent est nécessaire, lorsqu'on est heureux !”
Cela dit, nous n'avons que le point de vue du Maître, le récit de sa propre émancipation par le jeune homme fut sans doute bien différent et éclairant.

“Tu dois être le seul à ne rien savoir” lance le critique Charles Schwitt au maître au sujet de la liaison entre la Bohème et la Volga.
Ce à quoi Zoret répond : “c'est donc elle, finalement ? articula-t-il avant de s'abîmer dans le silence”, mais très vite, il se reprend et, à Schwitt critiquant le choix de Mikäel, il répond, “la personne qu'on désire est toujours le meilleur choix”.
Cette réplique est typique de l'équivoque des dialogues, à la lecture on a l'impression (encore…) que le Maître, impassible, défend le choix de Mikaël pour Lucia, mais ne serait-ce pas davantage son propre choix - Mikaël - que le Maître tente de justifier…

“Hélas, il y a des délits qui ne tombent pas sous le coup de la loi”. Ce roman intimiste emprunte ainsi aux codes de la tragédie, le Maître, stoïcien dans sa douleur, vacille implacablement vers le gouffre, trahison après trahison, son sort est scellé, et son étoile décline, il ne peut jouer sur le même tableau, malgré quelques tentatives, notamment celle du retour du Messager de la victoire en majesté, crépuscule éclatant et pathétique avant l'obscurité.

Qu'en pensez-vous ?
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BABELIO et sa masse critique reviennent sous la forme de ce roman qui je dois l'avouer m'a laissée perplexe.Je m'y suis reprise plusieurs fois pour aller au bout .

Herman BANG est un auteur Danois (né en 1857 mort en 1912) dont nous fêtons donc le centenaire de la mort.

J'ai toujours beaucoup de mal avec les auteurs Scandinaves alors que dire quand c'est un écrivain quand en plus il est de facture classique!

Mais progressivement je me suis laissée embarquer par cet auteur pas comme les autres.

La force de ce roman réside dans le style,par petites touches ,tout en légères impressions ce qui fera dire à Claude Monet que c'est "le premier impressionniste de la littérature".Pas de rapidité dans l'intrigue ,beaucoup de descriptions,des personnages artistes.Tel ce peintre vieillissant ,le Maitre,Claude Zoret (Herman Bang se serait inspiré de Claude Monet en fin de vie) et son jeune protégé ,Mikaël.Au début de l'histoire nous voyons ces deux personnages entourés d'admirateurs.

L'extrême culture qu'il faut avoir pour comprendre les dialogues a un peu ralenti mon interêt pour ce long passage (et les notes explicatives reléguées en fin de livre n'ont pas arrangé les difficultés rencontrées).Et puis je ne voyais que le coté mondain et artificiel de cette société qui m'ennuyait profondément.Le déclic est apparu un peu plus loin,quand l'histoire prend un léger essor.

Le Maitre a promis de réaliser le portrait d'une princesse Russe .Pour la 1ère fois de son existence de peintre ,il en est incapable,ne pouvant parvenir à peindre le visage de cette femme.

Or Mikael prend le pinceau et très rapidement réussi à le faire.C'est le début de la descente aux Enfers pour Claude Zoret.Le Pygmalion est dépassé par son élève et doit assister,impuissant,à l'amour qui nait entre ces deux êtres.

Ne pas s'y tromper.L'homosexualité est là, latente plus ou moins car rien ne montre qu'une relation amoureuse ait pu exister entre le Maitre et Mikaël.Mais dans le roman tout est emprunt de ce sentiment tres ambigu.Il faut savoir que Herman Bang était homosexuel à une époque où ce n'était pas accepté et son livre en porte la trace.Triangle amoureux très vite ressenti quand la princesse Russe entre en scène.

Style particulier car tout est dans l'immobilisme: Mikael est exposé nu sur des toiles au vu et su de tout le monde et est plein d'admiration pour son Maitre.

On ne sait jamais ce que ressent réellement toute la petite cour qui entoure les deux hommes.Là,pas là? Peu importe. Quelques idylles se nouent entre ceux qui viennent régulièrement squatter la table du Maitre

Herman Band ne s'investit jamais dans ses personnages,restant en retrait comme pour mieux décortiquer les actes et les paroles de ses personnages.Pas plus qu'il ne se livre à des démonstrations de passion quand son Maitre est trompé et surpassé par Mikaël.Passif.

Je dirais que Mikaël est passif quand il s'agit de peindre et actif pour sa vie amoureuse alors que c'est exactement l'inverse en ce qui concerne Claude Zoret.

Résultat,un livre dans lequel je ne suis entrée que sur la pointe des pieds.Ce n'est pas que je n'aie pas aimé toute cette description du Paris artistique du début du XX eme siecle mais il aurait fallu que j'éprouve plus d'interêt pour les personnages.Trop froid pour moi.

La chose de positive ce sont les articles de la préface qui expliquent qui est Herman Bang ,sa vie,son oeuvre,histoire que les lecteurs sortent de leur ignorance. A la lumière de ces lignes,j'ai pu mieux appréhender la suite de ma lecture.

Les critiques dans divers journaux sont dithyrambiques.Oui c'est un roman à la qualité littéraire indéniable. Oui c'est surement une oeuvre majeure chez Herman Band. Mais c'est trop distant,trop froid pour moi.

Je voudrais remercier Babelio et les Editions Phoebus de m'avoir permis de découvrir un auteur majeur de la littrature scandinave même s'il ne fait pas partie de mes coups de coeur.
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Dans le Paris bohème de la fin du XIXème siècle, virevoltant de fête et bouillonnant de création, le peintre Claude Zoret se comporte tel un Roi tout puissant au milieu d'une cour d'admirateurs. Son jeune protégé Mikaël, âgé d'une vingtaine d'années, est tout autant sa muse et son compagnon de vie. Installés dans une vie faite de privilèges et de luxe, le vieux peintre et le jeune homme ont une relation à plusieurs facettes : maître et élève, père et fils adoptif, peintre et modèle. Sans que jamais cela ne soit évoqué ouvertement, l'hypothèse d'un lien amoureux est en filigrane.
Lors d'un dîner donné dans la demeure du peintre, celui-ci apprend à son auditoire conquis qu'il va réaliser le portrait de Lucia Zamikov, une princesse russe. Claude Zoret, pourtant rompu à se genre de commandes ne va pas parvenir à l'honorer seul. S'il réussi à saisir les traits de la jeune femme, il en va différemment du regard dont il est incapable de rendre l'éclat. Alors, contre toute attente, c'est Mikaël qui parviendra à donner son expression au portrait. Ceci marque la rupture entre les deux hommes. Mikaêl s'émancipe artistiquement autant qu'il s'éloigne personnellement du Maître en tombant éperdument amoureux de la princesse. Claude Zoret n'ignore pas cette idylle et assiste impuissant à la trahison dont il est victime de la part des deux jeunes gens. Mikaël est, en somme, le vecteur de la chute de Claude Zoret.
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MiKaël est un livre écrit par Herman Bang.

Pour commencer, j'aimerais parler de la couverture. La peinture illustre parfaitement le contenue du roman. Elle es a la foie fluide et poignante.

Maintenant parlons du roman en lui même. Cette histoire est poignante et bouleversante. Je n'avais jamais lu un roman de German Bang, mais grâce a ce livre, j'ai envie de découvrir sont univers a nouveau afin de me replonger dans des écrits plus que magique.

Je le conseille a 100%
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Lors de l'écriture de ce livre, l'histoire était à peu près contemporaine, alors que l'auteur a habité à partir de 1893 à Paris, a fréquenté Paul Verlaine et des peintres, notamment les nabis. Ceci est important, car cette relation du peintre à son modèle, aux marchands, à ses visiteurs (amis, flagorneurs, clients potentiels), relèvent d'expériences vécues par l'auteur. le maître qu'il choisi ne fait pas partie de l'avant-garde de la peinture, à ce qui transparaît entre les lignes, il peint des scènes mythologiques sur ses grandes toiles... mais des femmes sur ses croquis, ou plutôt des femmes représentées par des parties de corps... Les princesses russes, à cette époque et encore plus après la Révolution de 1915, ont beaucoup fréquenté Paris, certaines ont aussi été modèles de peintre (voir l'exposition sur Misia, reine de Paris, au musée d'Orsay cet été 2012, et les études sur les égéries russes au début du 20e siècle). Une belle découverte, ce livre...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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critiques presse (1)
Lexpress
05 mars 2012
Bang ressuscite remarquablement le Paris artistique et bohème de la fin du XIXe siècle, jusqu'à ce qu'une princesse russe vienne semer le trouble.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Nous souffrons et nous faisons souffrir les autres. Nous n'en savons pas davantage."
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C'est le roman d'amour le plus triste de tous les temps, et nous avons conservé dans nos coeurs la mélancolie de son chant.
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