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Pierre Furlan (Traducteur)
EAN : 9782742722808
496 pages
Actes Sud (01/01/2000)
4.12/5   305 notes
Résumé :
Dans une petite ville du New Hampshire, Wade Whitehouse, la quarantaine passée, est un homme brisé. Abandonné par sa femme, en passe d'être quitté par sa maîtresse, alcoolique, violent à ses heures, dépressif, il rumine ses échecs et vivote en travaillant, tantôt en policier municipal, tantôt puisatier.
Mais un citoyen en vue est tué. Accident de chasse ou meurtre ? L'évènement fait basculer le fragile équilibre mental que Wade avait réussi à préserver. Dès l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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"Affliction" est un roman douloureux et magnifique. Russell Banks nous parle du fardeau dont nous héritons à la naissance et de notre capacité de résilience. Son récit oscille sans cesse entre déterminisme familial et liberté pour chacun d'essayer de tracer son propre chemin pour s'accomplir.

Wade est à la fois shérif d'un bled du Wisconsin et ouvrier du potentat local. C'est aussi un homme brisé par la violence paternelle qui tente de canaliser la sienne et de renouer avec sa fille après un douloureux divorce. de sa fratrie il est le seul fils à être resté dans son village natal. Ecrasé par le poids familial et incapable de se projeter ailleurs, il demeure enchaîné à cette terre qu'il aime et hait à la fois.

"Affliction" raconte la fuite en avant de cet homme à l'enfance sacrifiée et en mode survie qu'un drame va obséder et mener au point de non-retour. Après "De beaux lendemains", Russell Banks nous plonge à nouveau au coeur d'une souffrance humaine indicible mais qui ne ferme jamais complètement la porte à une possible rédemption.

Nick Nolte et James Coburn (oscarisé) ont incarné de manière magistrale Wade et son père dans la très belle adaptation de Paul Schrader.

Une livre sombre et touchant à la fois, une lecture intense qui m'a marqué durablement.




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Regarde un homme tombé.
Affliction c'est l'histoire de Wade Whitehouse, un homme meurtri, blessé qui tente malgré tout de rester debout. Mais dans ce nouvel hiver , Wade va progressivement atteindre le point de non retour.
Wade est un type humilié, par un père monstre de lâcheté, alcoolique et violent, par son ex-femme qui à réussit à monter leur fille contre lui (l'un des rares fils qui lui donne encore l'envie de se battre), un employeur qui le traite comme un moins que rien, en ce long hiver qui arrive et alors que la saison de la chasse aux cerfs démarre, tout les facteurs sont réunis pour que le drame prenne forme.
Je continue ma ballade dans l'univers de Russell Banks avec à chaque fois une admiration grandissante. (Excepté peut-être pour « La réserve »).
« Affliction » est un roman d'une noirceur absolue, on assiste à la déliquescence de cet homme, que la méchanceté et la bêtise des autres mène à ne plus discerner sereinement les évènements. Tous les voyants sont au rouge. Faits divers qui font la une des journaux sans en examiner les tenants et les aboutissants. Banks installe la tension avec une maestria impressionnante. Les éléments naturels rajoutent à l'angoisse qui s'installe irrémédiablement. Comment une vie maltraitée depuis l'enfance bascule dans une folie destructrice. Dérangeant, implacable la démonstration vous laisse KO, abasourdi par tant de cruauté gratuite. L'Humain n‘en sort pas grandi. Même si on s'en doutait déjà.


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C'est un roman âpre et lourd, sur un homme que personne ne peut sauver de lui-même.
Russell Banks raconte 15 jours de la vie de Wade Whitehouse, shérif d'un patelin perdu du New Hampshire, déchiré entre son ex-femme, sa fille, sa maîtresse, son patron, ses potes de bar, ses parents, et ses innombrables démons. Ca commence le soir d'Halloween, et tout va déjà de travers : sa fille ne veut pas rester avec lui, un homme est tué au cours d'une chasse, sa dent le fait souffrir... Wade a le chic pour pourrir tout ce qui peut être sauvé.
Mais ce roman n'est pas déprimant pour autant. Il est juste fataliste. Wade gâche tout car il est à moitié fou -mais quand même moins que son cinglé de père.
C'est l'Amérique des "hometowns" chères à Bruce Springsteen, ces petites villes peuplées de petites gens qui rêvent juste de normalité. Et même si le style est un peu lent, j'ai trouvé cela très beau.
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Un homme cherche à reconstituer la trame du drame arrivé à son frère Wade. Il revient sur les lieux, interroge, reconstitue les quelques jours ayant précédé l'effondrement de son aîné. Pour les scènes manquantes, il les suppose avec ce qu'il sait de sa psychologie, de leur enfance commune, de leurs parents, de leur communauté, de la violence avec laquelle ils ont été élevés et ont dû se construire. Nous voyons se dessiner le portrait d'un homme à l'équilibre fragile, battu et humilié par son père, négligé par sa mère impuissante et qui, malgré son désir d'amour, ne connaît que la violence et l'alcoolisme en réponse à la moindre douleur, la moindre contrariété. le tableau se répète de génération en génération.
"Affliction", c'est bien ce que l'on ressent à la fin de ce livre, un poids énorme sur la poitrine.
Un roman très noir,donc, mais à l'écriture si profonde et sensible qu'il vous marque pour longtemps. Immense talent de Russel Banks.

Merci Jean-Michel ;-)
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Dans une petite localité du New Hampshire, Wade Whitehouse, la quarantaine, est un homme en déliquescence. Divorcé deux fois de la même femme, devenu étranger à sa propre fille que pourtant il adore, il vit dans une caravane et travaille comme ouvrier d'une société de forage et policier municipal à temps partiel. Et petit à petit, il sombre dans l'alcoolisme et la violence (hérités du père) et la dépression, en ruminant ses échecs. L'arrivée de l'hiver et de la neige, qui prive les habitants de Lawford de tout loisir autre que la fréquentation du bar local, n'aide en rien Wade à remonter la pente. Il bascule définitivement le jour où un citoyen en vue est accidentellement tué lors d'une partie de chasse au cerf. Dès lors, dévoré par l'obsession de découvrir un hypothétique assassin, il s'enfonce dans un désert de solitude et de folie, toutes ses tentatives pour en réchapper l'entrainant inexorablement plus profondément vers la déchéance.

Le roman prend la forme d'une enquête rétrospective de Rolfe, le narrateur, frère de Wade, qui cherche à comprendre comment celui-ci en est venu à disjoncter. À travers les témoignages de ceux qui ont connu son frère, Rolfe va reconstituer son parcours et mettre en évidence le poids de la fatalité régionale, sociale et familiale. Avec cette question qui l'obsède en permanence : pourquoi a-t-il, lui, échappé à cette fatalité et pas son frère ?

Affliction est le récit de l'effondrement d'un homme ordinaire, pris au piège d'une vie ratée dès l'enfance, confisquée par la tyrannie paternelle. Pour Russell Banks, il s'agît de montrer l'envers du rêve américain, celui d'un pays où tout est possible, alors qu'ici, dans ce roman, rien ne l'est, et des personnages comme Wade ne pourront jamais se sortir de ce qui a été prédéfini pour eux. A partir d'un banal fait divers, Russel Banks construit un récit qui explore les zones d'ombre qui se trouvent entre l'acte volontaire et irréparable et la fatalité.

C'est sombre, c'est âpre, c'est sans espoir. À ceci près qu'une infime chance subsiste que le protagoniste puisse faire du désastre final sa libération...
Lien : http://descaillouxpleinleven..
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critiques presse (1)
Culturebox
10 janvier 2023
Sans doute son roman le plus autobiographique, Affliction (1989), raconte le destin de Wad Whitehouse, un homme brisé par la violence paternelle.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Etudiée sous un certain angle, la figure de Wade est l'exemple classique d'un type ancien, nord-européen. C'est un visage, au pommettes hautes et larges, au front lourd, qui est apparu sous cette forme il y a vingt ou trente mille ans, entre deux ères glaciaires, dans les marais bordant le sud de la Baltique. Il appartenait à des tribus vivant de la chasse et de la cueillette, qui se dirigeaient vers l'ouest et l'océan, chassées de leurs estuaires natals — des contrées fertiles — par un peuple plus grand, plus blond et plus redoutable qui possédait des outils et des techniques agricoles, des armes plus élaborées et des principes d'organisation sociale lui permettant de vaincre d'autres peuplades et de les réduire en esclavage.
Il m'en voudrait de le dire, mais je décris là mon propre visage autant que le sien. C'est à cela que nous ressemblons, nous les Whitehouse hommes et femmes, en tout cas la plupart d'entre nous. Notre figure est sculptée par des millénaires passés à scruter la lumière des feux, les brouillards glacés qui s'élèvent sur les marais salés, les eaux profondes où nagent lentement d'énormes esturgeons. C'est un visage crispé, sillonné et ridé à force de pincer les lèvres pendant les milliers d'années à étudier les traces des animaux et leurs excréments, ou à compter les graines sauvages une à une dans des paniers d'osier, ou à tailler dans la pierre des figurines de femmes avec de gros seins et des hanches larges.

[Russell BANKS, "Affliction", Harper & Row ed. (New-York), 1989 — traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Furlan pour les éditions Actes Sud (Arles, 1992 ; rééd. aux éditions Actes Sud, coll. "Babel", 2000 — pages 84-85]
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Mais nos histoires, celle de Wade et la mienne, retracent la vie de garçons et d'hommes telle qu'elle existe depuis des millénaires, celles de garçons, battus par leur père et dont la capacité d'amour et de confiance a été mutilée presque à la naissance.
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Notre mère s'appelait Sally, elle était alors enceinte de Lena, son quatrième enfant, et je n'étais pas encore né. Sally avait tout juste trente ans. Son mari, notre père, Glenn, était un homme agité qui buvait. Bien qu'il aimât Sally, il la frappait de temps à autre et il lui était arrivé de battre aussi les garçons – pas Wade, bien sûr, qui était trop petit, mais les aînés, Elbourne et Charlie, qui pouvaient être exaspérant (même Sally l'admettait) surtout lorsque Glenn rentrait tard le vendredi soir, un coup dans le nez, et d'humeur massacrante. Ce n'était évidemment pas une raison pour les brutaliser, elle ou les enfants – Glenn n'avait aucune excuse et c'est pourquoi ensuite il était toujours désolé.
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On lit cette dépêche et on passe aussitôt à d'autres nouvelles sur le Moyen-Orient, ou sur une inondation subite avec déraillement de train au nord de Mexico, ou sur une énorme saisie de drogue à Miami, et, à moins qu'on ne soit de Lawford ou qu'on ne connaisse l'une des victimes ou le suspect, on oublie tout. On oublie parce qu'on ne comprend pas : on ne peut pas comprendre comment un homme, un homme normal, un homme comme vous et moi, peut faire une chose aussi horrible. Il ne doit pas être comme vous et moi. Il est évidemment beaucoup plus facile de comprendre les manœuvres diplomatiques en cours en Jordanie, les calamités naturelles qui affligent le tiers monde ou l'économie de la drogue qu'une explosion homicide isolée dans un village américain.
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Il arrive souvent qu'en grandissant les enfants obligent leurs parents à murir.
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Videos de Russell Banks (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Russell Banks
Avec François Busnel, Pierre Furlan, Stéphanie Janicot & Françoise Nyssen Lecture par Pierre Baux
Russell Banks (1940–2023), deux fois finaliste du prix Pulitzer, était assurément l'un des écrivains majeurs de sa génération et l'un des plus engagés. Il n'a eu de cesse pendant plus de quarante ans de mettre en scène des personnages issus de l'Amérique profonde, confrontés à l'adversité de la vie. Son oeuvre, composée d'une vingtaine de textes de fiction et de non-fiction, a obtenu de nombreuses distinctions internationales. Deux de ses oeuvres ont été adaptées au cinéma : de beaux lendemains (réalisé par Atom Egoyan) et Affliction (réalisé par Paul Schrader). Russell Banks fut également président du Parlement international des écrivains chargé de défendre les écrivains victimes de persécution. Pour l'évoquer ce soir : des témoignages, souvenirs, analyses, extraits de documentaires et moments de lectures.
À lire – Russell Banks, Oh, Canada, éd. Actes Sud, 2022. le reste de son oeuvre est publié aux éditions Actes Sud.
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