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EAN : 9782913661554
300 pages
L' Oeil d'Or (01/05/2013)
4.14/5   14 notes
Résumé :
Une femme nullement humaine, une autre qui s’entête à porter son nom d’homme, un militaire huit puis sept fois mort, un enfant au verbe parti- culier – tels sont les héros qui doivent sauver la Terre. Ils rencontreront, aux cours de leur quête, des vivants comploteurs, des morts biens renseignés, une fourmi farceuse, quelques paresseux chuinteurs et nombre d'oiseaux bavards et d'outre-cieux. Sans compter un roi voyeur, ses sbires évidemment cruels, des êtres numériq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Subtile et drôle construction polyphonique. L'un des Banks les plus aboutis, de l'aveu de l'auteur.

Publié en 1994, au moment où Iain M. Banks se demandait s'il allait poursuivre ou non le cycle SF de la « Culture » alors composé de trois tomes, après avoir réalisé une première incursion en dehors avec « Against a Dark Background » (« La plage de verre »), et entre l'écriture de « Complicity » (« Un homme de glace ») et de « Whit » (non traduit), sous son nom « sans M » réservé à ses romans « mainstream », « Feersum Endjinn » est certainement l'un des romans les plus « joueurs » du formidable Écossais, l'un des plus magiques, celui où l'hommage à ses maîtres et confrères respectés est le plus achevé (avec « The Bridge » - « Entrefer » – pour Alasdair Gray, et « The Business » - pour Ken McLeod), et enfin l'un des généralement moins bien saisis par son lectorat « habituel »…

La publication chez l'Oeil d'Or en ce mois de mai 2013 d'une magnifique traduction par Anne-Sylvie Homassel, sous le titre habile d' « Efroyabl Ange1 », constituait une belle occasion de relecture, et de vérification que, presque 20 ans après, la magie en était intacte.
Comme presque toujours avec Banks, on se gardera de dévoiler les fils de l'intrigue (ou des intrigues), fins et rusés (même si l'auteur use ici de quelques « coups de théâtre » semi-parodiques, délectables, en hommage notamment à Mervyn Peake), qui prend place sur une Terre du futur lointain où, après avoir atteint un impressionnant niveau technologique, les humains ont massivement émigré vers les étoiles, laissant leurs descendants demeurés sur le monde natal retomber lentement mais inexorablement dans une société techno-militaro-féodale, où la science demeure, en grande partie, mais ne progresse plus du tout, et voit s'effacer la compréhension de ses principes, les ingénieurs et les chercheurs étant devenus des castes presque antagonistes, au plus grand profit du pouvoir en place… Les états de conscience des vivants et des morts sont depuis longtemps « captés », permettant à la fois de « vivre plusieurs vies » dans les limites fixées par les lois, et de disposer, avec la « Crypte » virtuelle où séjournent ces entités, d'un vaste espace où dorment intrigues et connaissances, de plus en plus chaotiques. Lorsque le monde doit affronter la menace de l'oblitération par un nuage de poussière galactique voué à occulter le soleil pour quelques centaines ou milliers d'années, la possibilité, semi-mythique, de l'existence d'un « effroyable engin », sécurité léguée par les ancêtres pour faire face à semblable situation, déclenche une crise paroxystique et peut-être salvatrice…

Les hommages ici glissés par Banks, et qu'il commentait volontiers à l'époque de sa plus grande activité sur les newsgroups de l'internet naissant, entre 1994 et 1997, sont nombreux et jouissifs : l'admiration (réciproque) pour William Gibson et Bruce Sterling bien entendu, et donc la recherche d'une atmosphère authentiquement « steampunk » avec le gros clin d'oeil du « Fearsome Engine » à leur « Difference Engine » de 1990, la nostalgie du « Gormenghast » de Mervyn Peake, magnifiquement exprimée en toile de fond dans cette vision d'un immense édifice, à l'échelle hors normes, tortueux, devenu au fil des siècles largement « inexploré », dans lequel vivent et se développent civilisation principale et communautés disparates ou en marge, et bien sûr la fascination pour le Russell Hoban de « Riddley Walker », et pour son usage d'un langage transformé, amoindri, rénové, reflétant avec précision l' « état » de son locuteur, l'adolescent Bascule de Banks faisant bien figure de petit frère d'Enig Marcheur, un petit frère dont la civilisation a pour l'instant échappé à l'apocalypse, mais dont le langage phonétique, attribué à la dyslexie, traduit avec exactitude l'état des lieux d'une société qui s'est en effet recroquevillée sur elle-même, et dont la puissance d'inventivité s'inscrit désormais dans le virtuel de la Crypte et de la fréquentation des morts et des animaux « améliorés »…

La construction et l'écriture sont à la hauteur de ce roman baroque, oscillant à chaque instant entre la grande construction flamboyante et le pur plaisir ludique du récit : d'où la nécessité de ces quatre voix, bien marquées, qui font aussi de cette traduction un tour de force, pour refléter tour à tour la puissance désabusée de Sessine, un « grand » de ce monde, qui s'est refusé au cynisme profiteur de nombre de ses pairs, et qui est cruellement exposé à en payer le prix, le courage, l'opiniâtreté et le rationalisme inaltérables de la scientifique Gadfium, la fraicheur et la naïveté apparentes d'une créature sans véritable nom, « nouvelle-née », créée spécifiquement pour permettre l'accès à la technologie oubliée, et enfin le langage phonétique cru, grossier, brutal, et pourtant tout en gentillesse et en attention, du dyslexique Bascule la Crapule, adolescent emblématique, explorateur en immersion des profondeurs de la Crypte, dont la quête de son amie disparue la fourmi « augmentée » Ergates constitue le véritable fil conducteur du roman.

En prime, une lumineuse postface de l'éditeur Jean-Luc d'Asciano met joliment en perspective ce roman atypique, tant du point de vue de la pure joie du récit que de celui de la construction intellectuelle complexe.

Ce n'est certainement pas par hasard que Iain M. Banks considère « Feersum Endjinn » comme l'un de ses romans les plus aboutis.
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Il était une fois, dans un futur lointain, Efroyabl Ange1.

Et dans ce futur, la terre a été en partie désertée par une vague d'émigration humaine vers les étoiles, et les connaissances scientifiques des Anciens sont à présent largement oubliées ou incomprises. Les hommes restés ici-bas vivent dans une forteresse gigantesque, cité, usine et palais, surmontée de tours de plusieurs kilomètres dont les hauteurs mystérieuses se perdent dans les brumes, mais aussi château en partie effondré, et envahi par une végétation endémique. Dans cette société, la crypte, un espace virtuel structuré en couches multiples, contient en mémoire les consciences des êtres vivants ou morts ; cette mémoire virtuelle permet aux hommes de vivre plusieurs vies mais, elle semble menacer l'équilibre de la société par le chaos qui s'y développe dans ses couches profondes.

Menace grandissante, un nuage de poussière interstellaire a commencé à voiler le soleil et risque d'anéantir toute vie sur terre : les effets de cette catastrophe, la Dévoration, sont déjà palpables. Peut-on sauver l'humanité ? Les humains ne maîtrisent plus le chemin vers les étoiles, et le roi Adijine VI, souverain cynique et vicieux sous des dehors débonnaires, ainsi que ceux qui le soutiennent, semblent plus préoccupés de se maintenir au pouvoir et d'assurer leur propre survie, que de la survie de l'humanité (toute ressemblance etc. …).

Iain M. Banks est un géant : il donne l'impression que l'imagination humaine, et en tous cas la sienne, ne connaît pas de limites. La Grande Tour du château d'Efroyabl Ange1 atteint les étoiles à travers les nuages, et c'est ainsi que Iain M. Banks nous entraine dans son récit, vers une destination inconnue et sur un chemin extraordinaire ponctué de multiples rebondissements.

Quatre narrateurs aux voix très distinctes construisent successivement la trame de cette histoire. Ils ont sans doute un rôle à jouer pour sauver le monde, mais ne connaissent rien de leur but : une femme non-humaine apparemment amnésique, vrai personnage de conte dénommée Asura ; Gadfium la savante en chef à l'esprit rationnel ; le comte Sessine, personnage incarnant une combinaison rare de pouvoir et de courage, dont le rôle principal ici est de mourir et de renaître ; et enfin l'attachant Bascule, jeune moine naïf et courageux et qui peut communiquer avec la Crypte pour capter les états de conscience qui y sont enfouis.

Les quatre voix de ces personnages, naïfs dans l'ignorance de leur destinée, construisent un récit fantastique, un conte foisonnant, qui vient rejoindre dans mon panthéon personnel (très parcellaire il faut bien l'avouer) de la science-fiction, Enig marcheur et Demain les chiens.

Le plaisir de lecture atteint des sommets avec la voix du jeune moine Bascule, atteint d'un trouble qui le fait écrire en phonétique – texte magiquement traduit par Anne-Sylvie Homassel.
Efroyabl Ange1, à peine refermé, retournera dans la pile à lire, pour une relecture, dont je sais déjà qu'elle sera aussi jubilatoire que la première.
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Il est possible que ce soit le dernier roman que je lise de cet auteur, non pas que j'arrête de suivre ses oeuvres, mais du fait de son décès.Et, je regrette de l'écrire, ça n'est sans doute pas son meilleur.Dans ce roman, on suit quatre narrateurs dans une terre du lointain futur qui vont évidement se croiser et collaborer pour sauver le monde d'une menace extra-terrestre indicible.Evidement, quand vous le lirez, vous n'y verrez pas ça, parce que l'auteur joue avec son lecteur ... de plusieurs façons.La première façon, c'est bien sûr le mode d'écriture du nommé Bascule, qui ressemble énormément à ce qu'on a pu lire dans [b:ENtreFER|12011|Entrefer|Iain Banks|https://i.gr-assets.com/images/S/compressed.photo.goodreads.com/books/1454556150i/12011._SY75_.jpg|1494168] : une espèce de bouillie d'écriture phonétique à peine lisible.La seconde façon, c'est ce qui arrive au second narrateur, qui meurt/revit/disparaît avant d'être transformé d'une façon inimaginable.Il y a encore d'autres jeux, en particulier le classique consistant à mettre en place un décor d'une échelle ... différente, ou globalement à jouer au chat et à la souris avec son lecteur.Et en fait, je trouve que Banks en fait trop : je n'ai pas compris la moitié de l'intrigue, qui était sans doute trop sophistiquée pour moi.Je n'ai pas non plus compris la moitié des motivations des personnages.Autrement dit, et ça me fait mal de l'admettre, je n'ai pas compris grand chose.En fait, j'ai surtout compris la postface, dans laquelle le directeur de collection explique bien à quel point il est content de ce récit de l'ordre du rêve..Je me posais des questions ... beaucoup ... et puis j'ai jeté un oeil à la fiche wikipedia : le roman est initialement paru en 1994 ! Et contrairement à ENtreFER, il n'a pas été paru avant 2012. C'est peut-être un signe, ou pas.En tout cas, c'est un roman très différent. Même par rapport aux romans non SF de l'auteur que j'aie pu lire.
9782413007784"
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Vous le savez depuis le temps, j'adore le Cycle de la Culture de Banks. Chaque livre apporte quelque chose de frais et de nouveau, avec différents thèmes à chaque fois. Feersum Endjinn ne fait pas exception.

Déjà, vous l'aurez peut-être remarqué, mais le titre signifie en fait Fearsome Engine (Moteur Terrifiant ?), et est écrit comme ça car une bonne partie du livre est du point de vue d'un personnage sachant peu écrire, et donc fait beaucoup de fautes (ce qui est assez délicat à lire en anglais, je vous avoue). Cela mis à part, l'histoire est principalement celle du Comte Alandre Sessine, venant de se faire tuer, et utilisant le peu de temps qui lui reste à vivre dans le monde virtuel pour découvrir qui est son assassin, découvrant en même temps un vaste complot qui s'étend bien au delà de son meurtre.

Feersum Endjinn, bien qu'assez court, est un livre bourré d'idées très originales. Même si ce n'est pas mon préféré du Cycle, je l'ai plutôt bien aimé, notamment dans son approche de la mortalité, de la renaissance, et de la vie virtuelle - des thèmes trop peu souvent abordés ensemble de cette manière.
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Ce roman est à l'ensemble de l'oeuvre de fiction de Banks ce que serait une sculpture de Modigliani au milieu d'une expo de Rodin. On aime ou on n'aime pas. Mais on est bien obligé d'admettre que ça dénote sauvagement. Si vous n'avez jamais lu de cet écrivain, ne commencez pas par celui-là. Et si vous n'avez lu que celui-là et l'avez aimé, je ne sais pas si vous aimerez ses autres romans.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le comte Alandre Sessine VII, commandant en chef de la deuxième force expéditionnaire, détourna le regard du lent convoi d’hommes et de machines confié à sa charge pour contempler la coquille aux parois béantes qui les encerclait et le paysage au-delà, tout en méga-architectures nimbées de nuages.
Le comte était debout, encastré jusqu’à la taille dans la tourelle de son tank d’éboulis, ballotté en tout sens par les cahots du véhicule sur un terrain dépourvu de la moindre piste, son armure heurtant de temps à autre avec un choc sourd le rebord interne du sas : et ce n’était pas sans effort qu’il parvenait à se concentrer sur la grandeur morose du décor, effort qu’il lui fallait redoubler lorsqu’il s’arrachait à la contemplation de ce paysage à l’imbécile démesure pour en venir aux mains (ou plutôt aux pieds, aux pattes, aux roues, aux chenilles) avec la mission en cours.
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Mé jsui Bascule la Crapule, C kom sa kon mapel ! 1 gamin enkor & C ma tout premier vi, jluidi an rian ; Bascule le Rakontör zéro, C moi ; inia pa de I ou de II ou de VII ou de tout C annri âpre le non 2 votr servitör ; C kom si jeté immortel, an fèt & franchman, si on pö pa fèr un pö le fou kant on nè jamè mor ne sérés kunn foi, alor kan le fra ton ?
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Gadfium, eu égard à sa position supérieure, n’avait pas besoin d’un implant : elle était de ces âmes dont l’esprit doit être protégé des distractions constantes de l’intercommunication, afin de pouvoir se concentrer sur les pensées les plus pures, à moins, bien sûr, qu’elles ne souhaitent explorer les corpus de données par des moyens externes. Gadfium s’y était résignée, écartelée cependant entre la fierté coupable que lui donnaient ses privilèges et la frustration intermittente d’avoir à recourir aux autres pour nombre d’informations nécessaires à son travail.
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Bzzz. Bourdonnements. Couché sur une surface molle. Fait noir. Essayer d’ouvrir yeux. Ca colle. On essaye encore. Une lumière vive qui fait deux 00. Les yeux ouverts, on sent bien, décollés. Fait noir encore. Odeurs ; à la fois vivantes et décrépites, riches de vie morte, ranimant des souvenirs, récents et à jamais lointains. La lumière s’allume, une petite… on cherche le nom de la couleur… petite et rouge suspendue dans les airs. Bouger le bras, lever la main, bras droit, crissement de la peau sur la peau et sensation qui vient avec.
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Video de Iain M. Banks (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Iain M. Banks
Hélène Collon, c'est LA traductrice de Philippe K.Dick, qui vient d'achever la nouvelle traduction d'Ubik paru aux Éditions J'ai Lu dans la collection « Nouveaux Millénaires ».
Hélène Collon est avant tout une grande lectrice qui porte haut les couleurs de la science-fiction avec l'imagination comme horizon.Embarquement immédiat pour un cours magistral de SF !
NB : Hélène Collon a reçu le grand prix de l'imaginaire de la meilleure traduction en 1994 pour L'Homme des jeux de Iain Banks.Elle a également été lectrice à de nombreuses reprises pour le Centre national du livre, qui se fie à son regard acéré.
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