AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 427 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Du grand art. de l'humain saisi sur le vif. Des tranches de vie capturées en direct, en quelques mots. Je suis sciée, touchée, bouleversée, et cela ne m'arrive pas si souvent. Comment cet écrivain arrive-t-il, en 12 récits très courts, à toucher l'indicible? L'essentiel de nos vies ? Russell Banks nous dit exactement ce que nous sommes, ce qui nous construit, ce qui nous défait, ce qui nous angoisse et il le fait avec empathie et pénétration, et avec cette espèce de, oui, j'ose le dire, de grande bonté qui doit être la sienne pour réussir à embrasser d'aussi près la vie, toutes nos vies. Russel Banks maîtrise l'art de se faire oublier pour donner au lecteur le sentiment d'être plongé dans l'existence même de ses personnages, au plus près de leurs émotions et de leur vulnérabilité. Il met en scène des tranches de vie banales, des couples qui se séparent, des sentiments qui se fanent, des maladresses, des rêves perdus, des êtres qui se frôlent et se manquent. Il parle du temps qui passe, la cruauté de vieillir. Il rejoint nos faiblesses, nos blessures, nos solitude, nos détresses. Il appréhende ses personnages durant un moment très court mais très intense de leur vie, et à la fin du récit on les garde en soi longtemps, tant on s'est senti proches de leurs rêves, de leurs désarrois, et de leurs doutes. Un très grand moment de lecture que l'on savoure lentement et intensément, et qui dure bien après avoir refermé le livre
Commenter  J’apprécie          400
De Russell Banks, j'ai lu il y a quelques années, de beaux lendemains. J'avais beaucoup aimé son écriture. A l'occasion des Assises Internationales du Roman, je l'ai rencontré d'abord lors d'un repas à la Villa Gillet pour parler de son livre Un membre permanent de la famille. A ce moment, je n'avais lu que la première nouvelle qui m'avait fait grande impression. Monsieur Banks de même, il parle aussi bien qu'il écrit ! Il m'a donné envie de lire toute son oeuvre…
Le reste de son recueil, je l'ai lu, doucement, une nouvelle par-ci, une nouvelle par-là. Difficile de critiquer un recueil de nouvelles mais globalement, j'ai beaucoup aimé. Ces petites histoires plantent très bien le décor en quelques pages pour donner l'ambiance voulue. C'est en général ce que je reproche aux nouvelles, des petites histoires qui ne marquent pas par ses personnages et ses intrigues. La plupart laisse un sentiment de malaise (Ancien marine, la nouvelle éponyme Un membre permanent de la famille), d'horreur (Blue) et parfois donne à réfléchir (A la recherche de Veronica, La porte verte). Russell Banks sait donner vie à ses personnages, des hommes, des femmes, souvent âgés, divorcés, parfois sans enfants… On retrouve même l'auteur dans une de ses nouvelles !
C'est Blue, la nouvelle qui m'a le plus marquée. La vie de Ventana, sa situation incongrue et son final m'ont longtemps hanté. Chaque nouvelle a sa particularité, sa saveur. Bref, il faut que je lise tout de Russell Banks, j'aime sa façon d'écrire, de marquer les esprits. le prochain : American darling.
Commenter  J’apprécie          391
Plaisir. Immense plaisir à lire Russel Banks. Formidable découverte pour moi. Et bien non, je n'avais jamais lu Russel Banks. Et donc voilà : ma vie est augmentée.
Chacune des 12 nouvelles qui composent ce recueil est un bijou.
Russel banks est un maître de la construction narrative.
Il est un grand « origamiste ». Je m'explique ( si pour une fois j'y arrive... ) .
Il a cette faculté de plier, de sculpter, de modeler, de construire les histoires.
Dès la première nouvelle, «  ancien marine », je me suis dit : là tu es devant un grand meneur . Il sait planter le décor, donner l'étoffe à ses personnages. Tout en taillant des récits extrêmement différents il arrive à donner sujet à son recueil. Pièce par pièce il monte le récit.
Le sujet : la place. La place que l'on tient, qu'on nous donne, qu'on s'impose. La place que l'on perd, que l'on gagne, celle qui nous revient, celle qu'on mérite ou pas. Cette place qui nous détermine, cette place « refuge » ou « planque », place premier ou de dernier.
Tous les personnages de Russel Banks sont profondément humains. Aussi touchants, énervants, affligeants, déroutants, fragiles que nous . Par « nous », j'entends par là, La réalité pour Russel Banks est une matière vivante. Elle est faite d'os et de chair. A repousse ou rebrousse poils. Ça dépend d'où vient le vent.
Il crée à partir de cette matière des fictions extraordinairement fortes.
Une Amérique non pas rêvée mais une Amérique de proximité, de voisinage. Une Amérique amie.
Voilà ce que nous permet d'approcher les écrits de Russel Banks. Pas de héros, pas de super triomphants, seulement des femmes , des hommes survivants. du sensible, du touchant en somme. Construire des récits de toute cette vie qui coule de soi, c'est ...impressionnant. Et on se dit qu'après tout, même si dans ce monde tout va un peu trop souvent de guingois, de travers, et bien pour qu'un Russel Banks y trouve matière à oeuvrer, c'est que quelque part, nous les survivants, nous tenons une place pas si ordinaires que ça.
Publié en 2013 aux Usa, «  A permanent member of the family » a été traduit en France par Pierre Furlan pour les Editions Actes Sud en 2015.
Russel Banks : un grand nom de la littérature et un énorme talent.
Astrid Shriqui Garain



Commenter  J’apprécie          243
Ce recueil de nouvelles est une tranche de vie de quelques américains plus ou moins moyens, vieux ou d'âge mûr qui, dans un environnement ordinaire, se retrouvent à vivre quelque chose qui les sort de leur petite vie. On dirait presque des scènes, parfois très courtes, coupées au montage, de romans plus vastes.
C'est particulièrement juste et la capacité de l'auteur à nous représenter les personnages, autant que le décor, à quelques traits bien choisis, est remarquable.
C'est savoureux et chaque fin nous ouvre plein de possibles ! Écrit très simplement et avec humour c'est un bijou d'écriture.
Commenter  J’apprécie          180
Douze nouvelles qui nous emmènent à la rencontre de personnages en proie à la solitude, à l'exclusion, dont la vie peut basculer à tout moment.
Des instants forts qui décrivent la fragilité humaine à travers des jalousies, des rancunes, des désarrois, des humiliations...
Ces petites histoires sombres mais intenses sont écrites avec beaucoup de finesse et de compassion mais sans fioritures.
j'ai une préférence pour "un membre permanent de la famille", "oiseaux de neige" et "transplantation"
Commenter  J’apprécie          173
Whaouh.

Je suis assez fan de Russel Banks, surtout de ses premiers romans : Sous le règne De Bone, Affliction, de beaux lendemains font partie de mes livres-jalons. Mais c'est aussi un grand nouvelliste, et ce recueil est particulièrement saisissant. Vous serrant d'une main le coeur, de l'autre les tripes, à travers les destins aussi accidentés que variés de ses personnages (une Noire poursuivie par un Pitbull, un ancien Marine confronté à la pauvreté, état qu'il cache à ses enfants devenus adultes, un transplanté cardiaque qui rencontre l'épouse de son donneur, un mari trompé invité chez son ex-femme et son nouveau mari… en passant par la bouleversante Un membre permanent de la famille, sur laquelle je n'aurais pas parié un kopek au vu de son argument), ce recueil de douze nouvelles, d'une lucidité terrible, règle son compte à l'espoir dans une écriture sèche et directe, et lessive le lecteur.
Commenter  J’apprécie          140
"Un membre permanent de la famille" est le dernier recueil de Nouvelles de Russell Banks. Il est composé de douze histoires où les personnages principaux sont ébranlés par un événement dans leur quotidien : un divorce, le deuil d'un conjoint, une promotion, le décès d'un animal de compagnie, une rencontre amoureuse...
Dans son process d'écriture, Russell Banks part parfois d'une actualité sociale ou historique, d'un article dans un journal (comme pour "Lointain souvenir de la peau"). Cependant, généralement, le point de départ de son travail, c'est une réflexion sur un personnage aux prises avec un événement dans un contexte social compliqué ou difficile.
Que pense le personnage à ce moment, comment en est-il arrivé là, comment compte t-il s'en sortir...autant de questions qui lui permettent de construire des fictions, sombres le plus souvent ici, auxquelles on croit. La grande force de Banks dans ce recueil (mais aussi dans ses romans), c'est de happer le lecteur grâce à une psychologie bien étudiée de chacun de ses personnages. Et tour de force : dans une écriture fluide, sans tournure de style. Car selon Banks, quand l'écriture est trop recherchée, l'attention du lecteur se reporte sur la forme au détriment de la magie dégagée par l'histoire.
De la magie, il y en a dans ce recueil, témoin d'une Amérique inégalitaire, dans lequel on voyage de Lake Placid à Miami,qu'on savoure et qu'on referme en se disant juste : vivement le prochain.
Commenter  J’apprécie          140
J'ai retrouvé dans ces nouvelles l'auteur que j'ai tant aimé dans de beaux lendemains, et heureusement pas celui de la réserve qui m'avait déçue. Dans ces textes, parus d'abord dans différents magazines, dont un dans Télérama, Russell Banks ausculte l'Amérique des laissés-pour-compte, des déshérités, des familles éclatées, des pères désespérés, des mères déprimées, des enfants perturbés… Mais non, ne fuyez pas, c'est écrit avec tellement de brio, et en même temps, tellement d'humanité et d'espoir, que ce n'est pas aussi plombant qu'on pourrait le croire.
Un vieil homme tente de joindre les deux bouts en braquant des banques, un chien maintient le lien ténu entre les membres d'une famille éclatée, un homme a du mal à accepter la nouvelle vie de son ex-femme, le récipiendaire d'une transplantation cardiaque fait une rencontre, une veuve toute fraîche déploie ses ailes, un artiste partage avec ses amis l'annonce d'un prix prestigieux, une femme rassemble ses économies pour acheter une voiture… voici quelques résumés sommaires, et si vous croyez savoir où cela peut vous mener, renoncez à cette idée, et laissez vous prendre par la virtuosité de Russell Banks.
L'auteur reprend dans plusieurs de ses textes l'idée, qui semble très répandue aux Etats-Unis, qu'il est possible de changer de vie en déménageant, ou en changeant de métier ou de statut, qu'il suffit de le vouloir pour prendre un nouveau départ, dans le sens de changer presque totalement de personnalité par cette nouvelle vie. Cela semble plus fort que chez nous, l'impression de cette possibilité, et c'est assez surprenant, mais il ne faut pas attendre de ces nouvelles une réponse tranchée…
Rarement j'ai approché d'aussi près l'Amérique des petites villes, des retraités, des travailleurs pauvres, que dans ces nouvelles. Peut-être dans Zeitoun de Dave Eggers, ou dans Son of a gun de Justin St. Germain, mais ce ne sont pas des fictions.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          120
Je place ce livre très haut dans ma hiérarchie littéraire personnelle.

Car ce recueil de douze nouvelles est véritablement exceptionnel.

Russell Banks y exprime la perfection de son écriture.
Et signe au passage un véritable hymne au genre littéraire, parfois boudé, de la nouvelle.

Car en proposant des textes courts, décrivant des histoires, réalités et atmosphères très différentes, Russell Banks nous offre des instantanés et tranches de vie dans l'Amérique d'aujourd'hui, des Adirondacks à Miami en passant par Wounded Knee.

C'est juste, fort, humaniste, sensible.

Magistral !

Précipitez-vous sur ce bijou. Comme tous les livres de Russell Banks d'ailleurs.
Commenter  J’apprécie          110
Toujours aussi merveilleux écrivain de nouvelles. Chaque texte de ce recueil est excellent. Certains laissent une profonde trace ensuite. Par exemple, mais ce pourrait être une autre, "Les Outer Banks", ce couple de retraités qui a tout quitté pour parcourir les USA en camping-car. Un matin, ils découvrent leur chien morte. C'est évidemment sans que cela ne soit dit entre eux à leur propre mort à laquelle ils sont confrontés. "La pluie est arrivée de l'Atlantique en rideaux qui se succédaient comme les vagues sur le sable, sauf qu'elle tombait plus lentement sans gagner en force ni faiblir. Le couple regarda la pluie et les vagues à travers le pare-brise large et plat. Il n'y avait pas d'autres véhicules dans ce parking, et on en voyait pas non plus sur la route le long de la côte derrière eux. On était à la fin de l'automne, les maisons et les cottages loués pendant l'été étaient fermés en cette saison.
"Je ne sais pas pourquoi. Ou plutôt, si, je sais. À cause de la chienne." Il entrouvrit sa vitre et ralluma son bout de cigare devenu froid. Pendant un long moment, le couple resta assis en silence.
À la fin, ce fut elle qui dit : alors, c'est ça, et c'est ça, les célbres Outer Banks de Caroline du Nord ?
— Ouais. Désolé pour le temps, dit-il. Le cimetière de l'Atlantique, Alice.
— Oui. Je sais.
— Une blague, Alice ? Une blague ?
Elle ne répondit pas. Un moment passa, et Ed dit : "Il faut qu'on s'occupe de la chienne. Tu le sais.
Du grand Russel Banks toujours à son meilleur lorsqu'il écrit des nouvelles.
Commenter  J’apprécie          71




Lecteurs (846) Voir plus



Quiz Voir plus

Sous le règne de Bone; RUSSEL BANKS

Quel est le nom réel de Bone ?

Bone
Charlie
Chappie

4 questions
52 lecteurs ont répondu
Thème : Sous le règne de Bone de Russell BanksCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..