Plaisir. Immense plaisir à lire
Russel Banks. Formidable découverte pour moi. Et bien non, je n'avais jamais lu
Russel Banks. Et donc voilà : ma vie est augmentée.
Chacune des 12 nouvelles qui composent ce recueil est un bijou.
Russel banks est un maître de la construction narrative.
Il est un grand « origamiste ». Je m'explique ( si pour une fois j'y arrive... ) .
Il a cette faculté de plier, de sculpter, de modeler, de construire les histoires.
Dès la première nouvelle, « ancien marine », je me suis dit : là tu es devant un grand meneur . Il sait planter le décor, donner l'étoffe à ses personnages. Tout en taillant des récits extrêmement différents il arrive à donner sujet à son recueil. Pièce par pièce il monte le récit.
Le sujet : la place. La place que l'on tient, qu'on nous donne, qu'on s'impose. La place que l'on perd, que l'on gagne, celle qui nous revient, celle qu'on mérite ou pas. Cette place qui nous détermine, cette place « refuge » ou « planque », place premier ou de dernier.
Tous les personnages de
Russel Banks sont profondément humains. Aussi touchants, énervants, affligeants, déroutants, fragiles que nous . Par « nous », j'entends par là, La réalité pour
Russel Banks est une matière vivante. Elle est faite d'os et de chair. A repousse ou rebrousse poils. Ça dépend d'où vient le vent.
Il crée à partir de cette matière des fictions extraordinairement fortes.
Une Amérique non pas rêvée mais une Amérique de proximité, de voisinage. Une Amérique amie.
Voilà ce que nous permet d'approcher les écrits de
Russel Banks. Pas de héros, pas de super triomphants, seulement des femmes , des hommes
survivants. du sensible, du touchant en somme. Construire des récits de toute cette vie qui coule de soi, c'est ...impressionnant. Et on se dit qu'après tout, même si dans ce monde tout va un peu trop souvent de guingois, de travers, et bien pour qu'un
Russel Banks y trouve matière à oeuvrer, c'est que quelque part, nous les
survivants, nous tenons une place pas si ordinaires que ça.
Publié en 2013 aux Usa, « A permanent member of the family » a été traduit en France par
Pierre Furlan pour les Editions
Actes Sud en 2015.
Russel Banks : un grand nom de la littérature et un énorme talent.
Astrid Shriqui Garain