Une fois n'est pas coutume, l'équipe du commissariat de Concarneau va s'offrir un weekend de détente. Nolwenn a prévu une excursion dans la forêt de Brocéliande, le Ber raconte des légendes, tous se lèchent déjà les babines en pensant au menu du restaurant gastronomique.
Avant de pouvoir profiter de toutes ces merveilles, Dupin a une petite formalité à accomplir pour son ancien collègue de Paris, qui l'a déjà aidé plus d'une fois. Il s'agit de recueillir le témoignage d'un scientifique de la région.
Hélas, dès le moment où il frappe à la porte, les ennuis s'accumulent : manigances, cadavres, disparitions... Pour le farniente, on repassera !
C'est vrai, je dois bien le reconnaître, je suis (un peu) maniaque en ce qui concerne mes livres. Les premières aventures de Dupin, je les ai achetées en format poche. Si je ne veux pas dépareiller ma collection, je suis bien obligée de continuer. Et donc, chaque année, j'attends impatiemment la sortie du nouveau volume, déjà paru en « grande édition ». Cette fois, ma patience a été mise à rude épreuve ! «
Les secrets de Brocéliande » promettaient de m'emmener dans la forêt magique que j'ai eu le bonheur de visiter, moi qui suis passionnée par le mythe arthurien.
Lorsqu'Yvain défie le mystérieux chevalier noir, gardien de la fontaine enchantée, il gagne le combat et devient le nouveau champion, mais surtout, il épouse la ravissante veuve. Malheureusement, bientôt, sa vie d'aventures lui manque. Avec sagesse, Laudine, sa femme, le libère pendant un an, au terme duquel il rentrera au bercail. Trop heureux de sauver la veuve et l'orphelin, d'affronter sorciers et dragons, Yvain perd le délai de vue. L'accès du château lui est désormais interdit. Il devient fou.
Dupin, lui, en dépit de ses vigoureuses protestations, se voit chargé d'une enquête dont il ne veut pas. Lorsqu'il appelle Claire, sa compagne, pour l'en avertir, a l'instar d'une moderne Laudine, elle lui lance : « Sois de retour demain soir (…) Demain soir, tu m'entends ? »
Certes, Dupin a l'habitude de mener ses investigations tambour battant. Il ne lui a pas fallu plus de quatre jours pour démêler de maléfiques imbroglios. Mais un malheureux petit weekend, c'est vraiment peu. Surtout s'il ne trouve plus ses lieutenants. C'est donc seul qu'il va affronter le cercle des érudits spécialistes d'Arthur, de recherche du Graal et de Table ronde. Ce ne doit pas être très compliqué. Ils vivent sans doute dans un cocon feutré, entourés de murailles d'archives poussiéreuses.
Eh bien, pas du tout. Dupin se trouve face à une horde de fauves prêts à tout pour leur quart d'heure de gloire, ou mieux, pour une prestigieuse chaire à la Sorbonne. Mais... à tout ? Vraiment ? Car, comme dans la comptine d'
Agatha Christie, s'
ils étaient dix au départ, leur groupe commence sérieusement à se réduire !
L'enquête est passionnante, mais pas seulement. L'auteur ne manque pas de nous faire visiter des lieux extraordinaires, sans oublier de nous glisser quelques bonnes adresses, si l'envie nous prend de suivre Dupin à la trace. Il ajoute d'intéressantes précisions historiques et laisse à le Ber le soin de nous régaler de quelques légendes. J'adore.
L'humour n'est pas absent. D'habitude, Dupin ne peut entamer une enquête sans acheter un carnet dont il couvre fébrilement les pages de notes. Ici, pas de matériel à portée de main. Tant pis. Il se servira du livret d'entretien de sa vieille Citroën. Ce qui a pour effet de laisser pantois les gendarmes qui doivent lui prêter main forte et de faire sourire le lecteur lorsqu'il recherche tel ou tel détail crucial consigné entre le fonctionnement de l'allume-cigare et la pression des pneus.
La magie règne évidemment sur les lieux. le ciel d'un bleu limpide se couvre en une seconde pour tremper jusqu'aux os les malheureux enquêteurs. Ne sommes-nous pas à côté de la fontaine de Barenton ? Renverser de l'eau sur son perron provoque une tempête instantanée, c'est bien connu.
Et quelle est cette ombre banche que Dupin entraperçoit ici ou là ? Un fantôme ? Une fée ? Un animal fabuleux ? Ou une simple hallucination due au manque de sommeil, à l'accumulation des ennuis et à la quantité astronomique de caféine qui circule dans ses veines ?
J'ai plongé dans cette aventure dès que le roman a atterri entre mes mains avides et l'ai lu avec passion, tout en pestant contre les interruptions imposées par les devoirs du quotidien.
Est-il utile de préciser que j'ai adoré ?