Reprenons le chemin de l’école, veux-tu ? De grands mystères nous attendent.
– Les grands mystères se cachent dans la lumière des choses simples, ajouta le saint homme avec ce ton agaçant que les derviches affectionnent. Mais reprenons notre route. »
Ils marchèrent jusqu’à la nuit puis s’endormirent sous les étoiles dans la chaleur d’un feu de braises. Au matin, les cris de joie d’un paysan qui encourageait son âne les tirèrent d’un sommeil profond. Deux énormes jarres se balançaient sur les flancs rebondis de l’animal.
« Où vas-tu donc, si joyeux ? demanda le derviche.
– Hier, répondit le paysan, j’ai entendu qu’un essaim bourdonnait dans un tronc creux. J’ai cassé une grosse branche. L’écorce s’est fendue, les abeilles se sont envolées dans les rayons d’un soleil neuf. Dans leur fuite, elles m’ont piqué, j’étais endolori de partout ! Mais à l’ouverture de ce tronc s’est écoulé un miel doux si abondant qu’il remplit mes deux jarres maintenant ! Hier, j’étais pauvre à manger mes semelles de cuir. Ce soir, je serai riche, grâce à cet or ruisselant que je vais vendre au marché. »
Le Guerrier & la rose - Une histoire d'amour touarègue