Une seule chose dérange, après avoir fermé l'ouvrage. L'idée qu'en dehors du drame qui a poussé Tristane Banon sous le feu des projecteurs, elle n'est peut-être pas si étrangère à ce système qu'elle dénonce - justement, légitimement et talentueusement - avec tant de véhémence.
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Son éditrice n'exagérait pas: c'est bien un livre d'écrivain. Car Le Bal des hypocrites se lit d'une traite. On pouvait s'attendre à un texte revanchard, pleurnichard. Mais à travers les épreuves, enfin contées de sa propre voix, Tristane Banon est restée digne et lucide. Sa plume fluide, rythmée, parle pour elle.
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« Le Bal des hypocrites » n’est pas le chef d’œuvre que personne n’attendait; mais il n’est pas non plus l’indigne prostitution de la littérature à fins médiatico-judiciaires qu’on pouvait – à bon droit – craindre. Certes, la petite blonde qui a divisé la France en deux prend le risque d’agacer à force de régler ses comptes. Mais le lecteur qui ne s’est pas fait une religion sur l’affaire Banon-DSK comprendra qu’elle a vraiment des comptes à régler.
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Mon téléphone sonne, ne fait que sonner, je vis dans le sas d'entrée d'un magasin. Le jour, la nuit, ça ne s'arrête pas. Les amis soutiennent, certains s'en vont, comme celui qui m'écrit, alors que je n'ai rien fait, rien dit : "Que ce soit vrai importe peu, faire ça est honteux, c'est une flèche plantée dans le dos de la gauche, tu n'en sortiras pas grandie"... L'ancien ami est journaliste. Il y a encore quelques jours, il déjeunait chez moi, s'asseyait sur ma chaise, caressait mon chien, appréciait un repas que je lui avais cuisiné. Alors quoi ? De quoi suis-je responsable ? Je me suis juré le silence, pourtant je l'appelle, je ne peux pas croire ce que je lis. Comme il ne répond pas, je laisse un message, m'insurge, faire " ça ", c'est faire quoi ? Rester terrée chez soi, un " chez-soi " qui n'est même pas chez moi ? Ne pas répondre aux sollicitations ? Se taire ? Refuser les interviews, les directs, les semi-directs, les différés, les enregistrés, les d'ici, les d'ailleurs, les du monde entier ? Faire " ça ", c'est faire quoi ? Ne rien faire, se faire toute petite, minuscule, une poussière ? Tu t'en fous de la poussière, comme de l'amitié que tu balayes au nom de la gauche qui souffre. Et moi ? As-tu pensé que je pouvais souffrir de tout ce cirque, que j'étais innocente ? Que je n'avais rien demandé, ni il y a huit ans, ni depuis deux semaines, pas même répondu que je ne voulais pas répondre, pas même confié un morceau de mot sur lequel un journaliste pourrait prendre appui pour écrire ? Faire " ça ", c'est faire quoi ? Exister ? Depuis le 15 mai, c'est la seule chose que j'ai tenté de continuer à faire. Vivre, ou plutôt survivre. Pardon.
Puis il y a eu l'accident, le trois tonnes qui percute mes certitudes, l'homme qui devient méchant. C'est celle d'après ça qu'ils appellent catin, celle qui apprendra à dissocier le corps de l'esprit, car c'est le seul moyen de s'en remettre, peut-être, de supporter en tout cas.
J'ai fait le vœu de silence, pourtant, je voudrais tant le voir, face à l'une de ces caméras qu'il chérit, me redire ses accusations droit dans les yeux. Je ne pensais pas qu'il serait si difficile de me taire, que les vautours mangeraient ma vie comme des charognes, transformeraient les contours de la vérité, la modèleraient selon leurs envies et leurs besoins, dès lors qu'ils ont compris que, même s'il fallait que je me ronge les doigts jusqu'au sang, je ne leur ferais pas la joie de me prêter à leur cirque ridicule. Les jugements ne doivent pas être rendus devant les caméras. Seuls les juges condamneront les coupables. Je sais que l'on peut se perdre à ce jeu-là, et je n'ai d'autre excuse, pour avoir parlé lors de ce dîner cathodique, que la volonté de me décharger auprès de ceux qui avaient le pouvoir de faire le travail à ma place, d'empêcher le bourreau de nuire en creusant ce que je me sentais incapable de dévoiler moi-même. C'était lâche, je le sais. Je n'ai pas honte de cette lâcheté-là, j'étais juste une jeune femme de vingt-sept ans qui voulait se reconstruire, sans pour autant laisser le crime impuni. Mon erreur a été de croire qu'il y avait peut-être des super-héros autour de la table, ou devant l'écran. Des super-héros pour combattre les forces du mal. Je me suis trompée.
Au bas de mon immeuble à Boulogne, il y a déjà du monde. Un ami passe me prendre, je déménage. Je n'ai pas le choix. Je fuis, je pars me cacher, m'enterrer. Ma mère m'appelle, elle hurle dans mon répondeur, les journalistes sont chez elle, la suivent, l'attaquent de questions. Elle répond, ne fait que répondre, maman qui ne sait plus se taire. Je ne lui réponds pas, je ne réponds à personne.
Il me faut six heures pour trouver une nouvelle adresse. Je ne prends que mon sac, mon chien, ma peur et mon ordinateur. Je ne sais pas pourquoi l'ordinateur, peut-être parce que je n'ai pas d'homme auprès de moi pour m'accompagner. Ma cachette est petite, mais discrète. Flaubert s'adapte, compagnon de galère. Les journalistes ne savent pas encore cet endroit, les amis et maman non plus.
Ce dimanche n'en finit pas, c'est le dimanche le plus long du monde. Le train de David prend son temps, ma messagerie rend l'âme, je sens mon courage s'émietter. Déjà, la réalité me dépasse.
L'ancien gros a pris de la hauteur. Il s'est glissé dans un costume de presque président. Il dit qu'il pense à "l'homme" et là, je pense qu'il oublie babouin... l'homme-babouin. C'est plus exact et il le sait.
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Invitée : Tristane Banon - Romancière & essayiste
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