Quel essai ! @
Le retour des ULTRARELIGIEUX de @
Patrick Banon se lit comme un roman.
Son sous-titre « La guerre de la pudeur a commencé » m'a titillé l'esprit et très vite, je me suis mise à citer à mes proches avec beaucoup d'emphase et de Mais tu ne vas pas le croire ? C'est trop choquant ! des extraits d'oeuvres de
Plutarque, de Caton l'Ancien (ok, celui-ci n'est pas le plus sympathique de tous), de
Sénèque, de
Tite-Live, d'
Ovide et d'autres qui parlent de... la femme. Ce n'est pas à la fac que l'on aborde ces auteurs, ces grands penseurs et philosophes sous ce prisme-là. Allez, pour le plaisir, juste une citation d'
Ovide : « Qu'une femme craigne son époux, qu'elle soit bien gardée, c'est dans l'ordre. Ainsi le veulent les lois, l'équité et la pudeur. ». @
Patrick Banon nous fait remonter le temps, tous ses propos sont très sourcés, sa plume claire, son propos édifiant mais si logique ; jamais il n'est pontifiant, il ne manque d'ailleurs pas d'humour et nous ressortons de sa lecture avec une vue plus large, des préjugés déconstruits, enrichi de connaissances. le constat est effrayant mais non dénué d'espoir. À condition de savoir et ainsi, de ne pas se tromper de combat.
En France, les ultrareligieux (par définition, ennemis de leur propre religion, peu importe laquelle) sont principalement islamistes et utilisent, comme cela se fait depuis des millénaires et sous toutes les latitudes, le corps des femmes comme arme politique, ce qui est d'autant plus facile dans des sociétés qui n'ont jamais été autres que patriarcales. La pudeur devient un marqueur social.
Le climat ambiant est un climat de peur (fin du monde, pandémies etc.), de plus en plus de personnes se sentent sans repères et les plus fragiles vont adhérer (de la même manière que d'autres adhèrent de plus en plus massivement au populisme) à ce système de pensée. @
Patrick Banon nous en explique la raison : un bouleversement social et culturel inédit. Les circonstances du monde ont en effet changé. Auparavant, il y avait des territoires qui permettaient aux personnes de se forger une identité. La centralité de ces territoires la renforçait . le territoire, inscrit dans une géographie, était la garantie d'une identité, d'une culture. Avec la mondialisation et notre société pluriculturelle, cela n'est plus possible. Et les plus faibles vont exiger une visibilité plus grande pour se sentir exister et valorisés.
Voilà comment les ultrareligieux s'attaquent à la démocratie et ils bénéficient d'un succès certain. Comme dans tout système de pensée radicalisé, la vision « correcte » (LA vérité) est imposée, y compris par la violence et les règles de ce système sont considérées comme au-dessus des lois de la République. Il n'existe pas de radicalisation autre que politique. Et les mouvements radicalisés augmentent à mesure que la perte de confiance dans ce qui fait notre société, notre citoyenneté, s'accroît. Les ultrareligieux ont pris le train de l'époque. Leur volonté est de diviser le monde (profane contre sacré, pur contre impur... c'est toujours binaire et simpliste) comme tout communautarisme, toute pensée extrémiste.
Partout dans le monde s'opère un glissement vers le rejet et la radicalisation. @
Patrick Banon oppose les systèmes de pensée démocratiques et les systèmes de pensée totalitaires où les droits des femmes sont bafoués et les discriminations des personnes différentes totalement affirmées (homosexualité, handicap etc.).
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Le retour des ULTRARELIGIEUX nous offre des exemples (comme les Eglises évangéliques aux Etats-Unis) plus intéressants les uns que les autres et dont, en ce qui me concerne, je n'avais pas idée de la portée.
Ce que l'on retient, c'est que la vision de la femme est l'indicateur pour savoir si une société se porte bien ou non ; que partout, la pensée se radicalise, que les droits de la femme régressent et qu'il faut réagir en ne cédant pas un pouce de notre système démocratique (par exemple, ne pas laisser corrompre notre morale démocratique par stratégie électorale).
Lisez cet essai d'une richesse incroyable. Chaque paragraphe est une réflexion supplémentaire et nécessaire. Vous ne vous ennuierez jamais. Bien au contraire. J'ai adoré ce livre qui m'a appris énormément de choses et amenée à appréhender sous d'autres angles des sujets que je croyais connaître..
Je citerai @
Patrick Banon pour terminer avec l'espoir qu'il nous insuffle : « Le modèle français privilégie la fraternité. (…) le principe fondamental de laïcité n'est pas un système athée mais areligieux qui permet à une diversité de convictions de coexister dans un même espace. » C'est une chance que nous avons.
Mais attention, le danger est là. Cela dépend de nous d'être vigilants. Soyons le. Lisons. Instruisons-nous. L'éducation est primordiale.
Merci à BABELIO de m'avoir permis de découvrir cet essai bluffant, à @
Patrick Banon bien sûr et à Christine Bonneton, son éditrice.