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EAN : 9782243030549
Éditions Saint-Germain-des-Prés (01/01/1987)
3/5   1 notes
Résumé :
Elle dit l'amour, comme peu de femmes ont su le dire : sans les trémolos grandiloquents d'une poétesse de 1820 ni le désespoir d'une fantasmagorie en mode chez les surréalistes. Sa nature la porte à un point de sensibilité où l'émotion se transmet au lecteur, qui l'assume parce que, sans effort, il peut s'y retrouver. Elle est originale dans ses élans, en permettant à l'autre de les partager sans peine. Le cœur a ses déraisons et ses attaches, qu'il faut exprimer, m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans le volume IV de l'anthologie "Littérature roumaine" d'Andreia Roman et Cécile Folschweiller figure Maria Banuș, dans le paragraphe consacré aux thuriféraires du régime (avec Beniuc, Veronica Porumbacu et Breslașu, je remarque qu'autant les femmes sont globalement peu représentées dans les histoires littéraires roumaines ou d'ailleurs, autant dans les catégories compromettantes [deux sur quatre !] on trouve à en caser sans problème). Elle est qualifiée de déjà contestée ou tombée dans l'oubli dans les années 1960. La conclusion du paragraphe relève qu'il n'a pas été "nécessaire d'attendre la chute du communisme et le démembrement de l'Union soviétique pour saisir le ridicule de ces productions" avec un point d'exclamation !
Cette affirmation n'est pas fondamentalement fausse, cependant, dès la couverture, les choses se compliquent : ce livre a été édité en France en 1987 sous l'égide de l'UNESCO. Pour du contesté ou du tombé dans l'oubli dès les années 60… En 1994, les poèmes de Maria Banuș ont même été traduits en anglais avec une préface de Nicolae Manolescu, un des critiques les plus célèbres de Roumanie dont je lis en ce moment même « des souvenirs d'un lecteur au long cours ». de plus, le fils de Maria Banuș, Tudor, auquel un poème est dédié, est illustrateur, en France, à Nogent, et a notamment travaillé avec Mircea Cartarescu, encensé un peu plus loin dans la même "Littérature roumaine". Ici, Horloge à Jaquemart malgré quelques coquilles, en français les poèmes sont plutôt mieux traduits et il y en a plus. Il y a même une « Table des traducteurs » (p. 247 à 254) qui nous renseigne notamment sur le fait que Maria Banus a traduit elle-même plusieurs de ses poèmes.
Sur la question du ridicule des poètes adeptes du "proletkoult", la chose me paraît également un peu plus complexe : a-t-on retiré Aragon, Anna Akhmatova, Wolf Biermann ou même Bertolt Brecht des manuels scolaires ? Pourtant… Ou faut-il partir du principe que les auteurs roumains sont d'office plus mauvais qu'ailleurs ? de même, le ridicule est loin d'être une chose évidente : même les poèmes de Mihai Beniuc, qui fut bien plus encore un poète en vue sous le communisme, restent trouvables en français et lisibles, Adrian Păunescu est toujours publié en Roumanie.
Quant au présent recueil, c'est une sorte d'anthologie, qui reprend y compris des poèmes des débuts : 1938, tout de même. J'ai tendance à penser que les poèmes les plus compromettants ont été retirés, la poétesse évoque tout de même assez clairement son passé dans "Emploi", poème de 1981 : "Apprenti chez l'oiseau/me suis voulu/au service du serpent/suis entré". La préface d'Alain Bosquet (un des traducteurs également) insiste sur le caractère féminin de sa poésie et son évocation de la passion. Pour être sincère, au-delà du caractère un peu sexiste de ce genre de considérations, certes on trouve de la passion, mais aussi des considérations intellectuelles, politiques ou l'évocation, assez fréquente, de la nature, voire, en mode postmoderne, de la littérature et de l'art (en vrac, Matei Caragiale, Homère, Shakespeare, Else Lasker Schüler, de Chirico, Rembrandt). Certains poèmes se sont aussi démarqués du régime : "Les moulins grinçaient pour moudre du journal/pour empêcher de voir comment les gens mouraient" (1967), ou, décrivant les apparatchiks en forme d'hommage à François Villon : "Ruses, demi-mesures/Pour nous en absoudre, personne" (1965). Dans l'ensemble la forme est plutôt symboliste, parfois un peu hermétique, mais moins que beaucoup d'autres poètes même antérieurs (Paul Valéry, Marina Tsvétaieva, entre autres).
En somme, je n'irai pas jusqu'à crier au génie injustement oublié, loin de là, mais dans l'ensemble, l'oeuvre se défend. Sauf erreur de ma part, il n'y a aucune indication sur l'auteur de l'image de couverture que je trouve très réussie. S'il (ou elle) se reconnaît, qu'il soit assuré de mon entière admiration, qui se veut petite annonce de recrutement par la même occasion.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
GEMÜTLICH

Gemütlich –un mot allemand–
Traduit, il pâlit.
Agréable ? Intime ? Débonnaire ? Commode ?
Ce n'est pas comme en allemand.

Gemütlich –brise-bise, fleurs
Et serviettes en dentelle.
Le tic-tac de la vieille horloge,
Dans les tasses, le café.

Gemütlich –après une marche virile
Par vent et brouillard,
Se retrouver chez soi,
Dans la forteresse.

Ils t'ont conmmandé. Tu leur as obéi.
Ici tu es le Maître.
Canari, chien, épouse se taisent.
Tu fais ton somme…

Gemütlich –le petit cimetière
Sur la colline,
Avec les anges et les vieux saules,
Traversé par la lumière.

Tu entends le tic-tac de l'horloge,
Le bourg est proche.
Au marché on démonte les étalages
Dans l'annonce du crépuscule.
...................................................;

Je parcours les villes allemandes
Et me secoue
Une pensée –pour ceux qui dorment perdus,
En un autre pays.

Sous un ciel étranger, ils ont fondu,
Terrassés sous la botte.
Aujourd'hui, sur la tombe, seul le vent étranger
Et la menthe amère.

Leur sommeil est mauvais, sous les mottes froides,
Et ils n'ont pas de masure,
Et ils n'ont pas de canari aux fenêtres,
Pas de brise-bise.

Ils ont conmandé. Ils ont obéi.
Ils sont allés loin.
Ils ont tué. Ils sont entrés
Eux aussi dans la mort.

Gemütlich –une peinture de genre
Comme une faïence.
La lumière vacille sur les tasses,
Sur la vitre, sur le loquet.

La femme moud le café.
L'horloge frappe.
Dans l'émail blanc passent de grandes ombres
Ensanglantées.
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Elle approchait
et sa plume légère
au chapeau d'ombre,
se penchait sur moi
m'effleurant la joue.
(extrait de « La Dame au petit chien », p.161, revu par Alain Bosquet)
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