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EAN : 978B009FC6SFU
Ulan Press (02/09/2012)
3/5   2 notes
Résumé :
Editeur : G. Charpentier (Paris)
Parution : 1890
267 pages
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Le charme de la voix

Quand s’élancent leurs strophes d’or,
Il faut aux Odes qu’on admire,
Pour leur faire prendre l’essor,
Les instruments et leur délire.
Mais toi, mais toi, tu peux les lire !
Car la Muse t’aime, et tu vois
Qu’elle n’a plus besoin de lyre
Avec les chansons de ta voix.

Ta grave, ta charmante voix,
Pure comme un cristal féerique,
Est parfois si douce ! et parfois
Brûlante comme un vent d’Afrique.
Telle, à son rhythme symétrique
Prêtant les colères des Dieux,
Sappho, la déesse lyrique,
Parlait aux flots mélodieux.
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Les petits Lapins, dans le bois,
Folâtrent sur l’herbe arrosée
Et, comme nous le vin d’Arbois,
Ils boivent la douce rosée.

Gris foncé, gris clair, soupe au lait,
Ces vagabonds, dont se dégage
Comme une odeur de serpolet,
Tiennent à peu près ce langage:

Nous sommes les petits Lapins,
Gens étrangers à l’écriture
Et chaussés des seuls escarpins
Que nous a donnés la Nature.

Près du chêne pyramidal
Nous menons les épithalames,
Et nous ne suivons pas Stendhal
Sur le terrain des vieilles dames.

N’ayant pas lu Dostoïewski,
Nous conservons des airs peu rogues
Et certes, ce n’est pas nous qui
Nous piquons d’être psychologues.

Exempts de fiel, mais non d’humour
Et fuyant les ennuis moroses,
Tout le temps nous faisons l’amour,
Comme un rosier fleurit ses roses.

Nous sommes les petits Lapins,
C’est le poil qui forme nos bottes,
Et, n’ayant pas de calepins,
Nous ne prenons jamais de notes.

Nous ne cultivons guère Kant;
Son idéale turlutaine
Rarement nous attire. Quant
Au fabuliste La Fontaine,

Il faut qu’on l’adore à genoux;
Mais nous préférons qu’on se taise,
Lorsque méchamment on veut nous
Raconter une pièce à thèse.

Étant des guerriers du vieux jeu,
Prêts à combattre pour Hélène,
Chez nous on fredonne assez peu
Les airs venus de Mitylène.

Préférant les simples chansons
Qui ravissent les violettes,
Sans plus d’affaire, nous laissons
Les raffinements aux belettes.

Ce ne sont pas les gazons verts
Ni les fleurs, dont jamais nous rîmes
Et, qui pis est, au bout des vers
Nous ne dédaignons pas les rimes.

En dépit de Schopenhauer,
Ce cruel malade qui tousse,
Vivre et savourer le doux air
Nous semble une chose fort douce,

Et dans la bonne odeur des pins
Qu’on voit ombrageant ces clairières,
Nous sommes les tendres Lapins
Assis sur leurs petits derrières.
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Rire

Rions sur la terre en délire
Où la lumière aime et fleurit,
Puisque le clair, le divin Rire
Nous appartient, comme l’Esprit.

Rions sous la clarté qui tombe
Parmi les rameaux chevelus;
Car, amis, la blanche colombe
Ne rit pas, le tigre non plus.

Oui, rions sous les flammes vives,
Puisque c’est notre beau destin
D’être les glorieux convives
Assis à l’immortel festin;

Puisque la Vie âpre et sévère
Aura son éclatant réveil;
Puisque brillent dans notre verre
Les rouges vins, pleins de soleil;

Puisque l’Homme, cueillant des roses,
Peut dire au divin Rabelais:
Tu sais toutes sortes de choses
Amusantes, conte-moi-les!

Puisque le sommelier Prodige
Est notre docile échanson;
Puisque c’est, lorsque je l’exige,
Hugo qui chante une chanson,

Et puisque, auprès du bleu pilastre,
Le diamant aux cieux cloué
N’est certes pas un plus bel astre
Que la prunelle de Chloé.

22 septembre 1888.
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V/6 - Soleil


Lorsque Juin fait même sourire
Le noir cachot,
Je n'aime pas entendre dire
Qu'il fait trop chaud.

Non. Pas assez chaud. Que notre âme
Au jour vermeil
Renaisse, prenne un bain de flamme
Et de soleil !

O Zéphyr, tandis que tu bouges
Dans le ciel bleu,
Que toutes les lèvres soient rouges
Comme du feu !

Que hors du corsage, sans honte
Les jeunes seins
Tressaillent, sans rendre nul compte
De leurs desseins !

Je veux dans les apothéoses
Entendre, autour
Du jardin, les bouches des roses
Crier d'amour !

Oublions les matins livides,
Flore aux abois,
La malignité des avides
Marchands de bois,

Et voulant que l'azur nous voie
Contents, ayons
Les prunelles pleines de joie
Et de rayons !

16 juin 1888.
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Les petits Lapins, dans le bois,
Folâtrent sur l’herbe arrosée
Et, comme nous le vin d’Arbois,
Ils boivent la douce rosée.

Gris foncé, gris clair, soupe au lait,
Ces vagabonds, dont se dégage
Comme une odeur de serpolet,
Tiennent à peu près ce langage :

Nous sommes les petits Lapins,
Gens étrangers à l’écriture
Et chaussés des seuls escarpins
Que nous a donnés la Nature.

Près du chêne pyramidal
Nous menons les épithalames,
Et nous ne suivons pas Stendhal
Sur le terrain des vieilles dames.

N’ayant pas lu Dostoïewski,
Nous conservons des airs peu rogues

Et certes, ce n’est pas nous qui

Nous piquons d’être psychologues.
[…]
Nous sommes les petits Lapins,
C’est le poil qui forme nos bottes,
Et, n’ayant pas de calepins,
Nous ne prenons jamais de notes.

Nous ne cultivons guère Kant ;
Son idéale turlutaine
Rarement nous attire. Quant
Au fabuliste La Fontaine,

Il faut qu’on l’adore à genoux ;
Mais nous préférons qu’on se taise,
Lorsque méchamment on veut nous
Raconter une pièce à thèse.
[…]
Préférant les simples chansons
Qui ravissent les violettes,
Sans plus d’affaire, nous laissons
Les raffinements aux belettes.
[…]
En dépit de Schopenhauer,
Ce cruel malade qui tousse,
Vivre et savourer le doux air
Nous semble une chose fort douce,

Et dans la bonne odeur des pins
Qu’on voit ombrageant ces clairières,
Nous sommes les tendres Lapins
Assis sur leurs petits derrières.
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