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EAN : 978B08RZC7XHF
181 pages
(03/01/2021)
4.17/5   29 notes
Résumé :
1944. Un bébé est abandonné. Pourquoi ? Qui sont ses parents ?

Hantée par le mystère de ses origines, Capucine pense qu’elle ne pourra jamais répondre à ces questions. Placée dans un foyer puis dans une famille d’accueil, elle croise la route d’autres enfants : Lucie, Samuel et Chris. Issus d’horizons très différents, ils nouent une solide amitié qui leur permet d’oublier momentanément la perte ou l’absence de leurs parents respectifs.

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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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LES ENFANTS DU MAL - Laure Barachin - Roman 2021 - Lu en février 2021

Petite fille abandonnée à la naissance en 1944, Capucine aura un parcours de vie particulièrement difficile ainsi que ses amis Chris, Samuel, et la petite Lucie, tous enfants en absence de parents pour différentes raisons et placés de foyer en famille d'accueil et famille adoptante.

Capucine est la narratrice de l'histoire. Devenue adulte, elle va découvrir le secret de sa naissance qui va bouleverser encore sa vie déjà bien pleine d'événements loin d'être très gais. Elle décide de mettre ses mots (maux) sur papier dans un cahier destiné à sa fille Aurore.

J'ai suivi le parcours de chacun de ces enfants en mal d'amour, toute la détresse du monde se lit dans les yeux de Lucie qui n'a que 5 ans et Capucine qui fait son possible pour l'aider dans ce foyer Les Lilas dans lequel ils vivent n'arrive pas à la faire parler," Lucie ne parle pas, ne pleure pas et ne rit pas non plus".

Capucine a une maturité qu'une enfant de 10 ans ne devrait pas avoir, pas d'insouciance dans sa vie, dans ses réflexions amères on sent qu'elle n'est pas dupe de l'hypocrisie des adultes qui l'entourent.

Qu'est-il arrivé à Lucie ?
Qu'est-il arrivé à Samuel ?
Qu'est il arrivé à Capucine et Chris ?

Les enfants doivent-ils payer les fautes de leurs parents ?

C'est la question que je me suis posée après la lecture du roman de Laure Barachin et j'ai pensé à cette magnifique chanson de Jacques Brel "Fils de..."
lien : https://www.youtube.com/watch?v=X70pqMQ9kg0

Une lecture pas toujours facile, toutes ces souffrances, mentales ou physiques que certains adultes font aux enfants sont difficilement supportables.

Merci Laure Barachin pour l'envoi de votre roman qui m'a fort touché.

Surtout continuez à prendre soin de vous et de ceux qui vous entourent




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Je suis encore sous le choc en refermant Les Enfants du mal, sous le choc des dernières pages en même temps terribles et pleines d'espoir et d'amour.
Dès le début, Laure Barachin qui en est à son quatrième roman, m'a fait vivre le quotidien des enfants adoptés, placés, car abandonnés par leurs parents ou bien encore enlevés à leurs géniteurs devenus dangereux. Difficile pour eux d'être pleinement heureux car les questions qu'ils se posent ne trouvent pas de réponses.
Ici, Capucine raconte son histoire qui débute au Foyer des Lilas où elle partage sa chambre avec Lucie (5 ans) qui était violée par son père. Elle ne parle pas, ne va pas à l'école mais Capucine tente de lui apporter un peu de réconfort.
Au Foyer ou dans une famille d'accueil, Capucine (10 ans) côtoie Chris, un peu plus âgé, et Samuel (6 ans), enfant de parents juifs qui se sont suicidés après avoir échappé à la Shoah. Capucine a un père adoptif qui peut enfin la recueillir mais elle est obsédée par la réalité de ses origines qu'elle ignore et veut absolument connaître.
Le thème des Enfants du mal est bien posé car ces gosses héritent malgré eux d'un lourd passé que certains adultes n'ont de cesse de leur rappeler. Les années passent, les événements heureux ou malheureux se succèdent mais les révélations et les explications arrivent petit à petit. Laure Barachin maîtrise parfaitement son sujet et mène son roman jusqu'à la révélation choc qui transcende les dernières pages.
Nous sommes dans les années d'après-guerre car Capucine est née en 1944 et fut abandonnée, tout bébé, sur les marches d'une église. Adolescente rebelle, elle retrouve Chris avec qui elle se sent profondément liée depuis les années vécues au Foyer ou en famille d'accueil. Lui aussi a été repris par un beau-père alors qu'il sait que sa mère avait tenté de l'empoisonner alors qu'il était enfant.
Après Marseille, ces jeunes gens se retrouvent à Paris où ils font tous les deux des études de médecine, retrouvent Moshé Vigotski, père adoptif de Samuel qui, hélas, est devenu accro à la drogue. À partir de là, Laure Barachin entre dans une deuxième phase du roman qui monte énormément en intensité.
C'est palpitant, poignant surtout et il est tellement important de lire ce qu'elle écrit, ce qu'elle fait dire à ses personnages, malgré leurs doutes, leurs faiblesses et leurs colères. L'éclairage porté sur les anciens responsables nazis qui ont réussi à se faire oublier après la guerre est très instructif.
Au travers de ce que vivent Capucine et Chris, l'autrice fait passer un formidable message d'amour en faveur de tous les enfants, quels qu'ils soient. le drame vécu par Capucine combat les préjugés, la fatalité, l'atavisme.
Je me souviens que certaines institutions religieuses, au moment d'inscrire un pensionnaire, se renseignaient sur la famille, les antécédents, le passé des parents, voire des grands-parents. À juste titre, Laure Barachin dédie son livre à tous ces enfants « persuadés d'être irrécupérables parce qu'ils sont des enfants du mal : d'assassins, de violeurs, de pédophiles et de tout ce que le monde peut contenir d'horreurs et de laideurs. »
Ce livre se termine par un grand message d'espoir et d'amour et j'en conseille vraiment la lecture.

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Durant la fin de la guerre et après 1945 des milliers d'enfants ont été laissés-pour-compte qu'ils soient issus de viols ou de relations franco-allemandes durant l'occupation. Devenus adultes ils sont nombreux à partir en quête de leurs origines. C'est sur les traces de ce passé, de leur histoire douloureuse que Laure Barachin nous emmène.
On recense pas moins de 55000 enfants recueillis par l'Assistance Publique de Paris entre 1940 et 1944. Un chiffre qui fait froid dans le dos.

Dans son roman Laure Barachin donne la parole à ces enfants, les laissés-pour-compte, pupilles de la Nation, orphelins de guerre, qui en grandissant, comme Capucine le personnage principal du récit, doivent vivre avec la blessure profonde de ne pas savoir qui ils sont ni d'où ils viennent. C'est son histoire mais aussi celle de tous les autres, les anonymes, que Capucine a voulu transmettre à sa fille. Cette histoire et ses espoirs qu'elle a couchés sur les pages de son cahier, jour après jour, sous la forme d'une longue lettre adressée à Aurore qu'elle commence à rédiger en 1953 alors qu'elle est une petite fille de 9 ans, placée temporairement au foyer des Lilas après avoir été retirée à son père adoptif.

De ses premières années Capucine ne sait rien si ce n'est qu'elle a été abandonnée alors qu'elle n'était qu'un bébé devant le parvis de l'église d'Isigny-les-eaux. Pas de photos, pas de souvenirs, une page blanche sur laquelle seul subsiste un sentiment d'abandon et d'indifférence qu'elle tente de compenser en donnant de l'amour, beaucoup d'amour à Lucie, petite puce de 5 ans qui est devenue muette suite à un choc post-traumatique, déplorable conséquence des sévices monstrueux que lui ont infligés ses parents. Toutes les deux sont placées en famille d'accueil chez les Legrand, elles y rejoignent Christopher et Samuel avec lesquels elles vont former la fratrie, la famille qui leur manque tant.

Un récit divisé en trois parties dans lequel l'autrice a pris soin d'insérer citations et poèmes de grands écrivains tels que Victor Hugo (qui démarre magistralement la préface avec "Il fait froid"), Honoré de Balzac, Fiodor Dostoïevski, Emily Brontë et d'autres encore suivent pour faire écho à l'histoire. Dans la deuxième partie qui se déroule au début des années 70 à Paris nous retrouvons une Capucine plus apaisée et plus mature qui vient de décrocher brillamment son doctorat en pédiatrie et qui semble bien décidée à lever le voile sur le mystère qui entoure ses origines, quitte à déterrer les secrets effroyables qui sont enfouis depuis mai 1943 dans l'imposant manoir anglais où vivent la vieille Elizabeth de Chesterfield et sa fille aliénée, Rose-Mary. Mais ne vaut-il pas mieux parfois laisser les secrets bien gardés tant la vérité peut être inconcevable ?

Un roman fort et sensible, dont la narration va crescendo jusqu'au dénouement final, qui nous parle de l'héritage familial, celui que l'on ne choisit pas, les liens du sang. Quand on a que le poids du silence en héritage encore faut-il être capable de vivre avec. Un roman qui pose question quant au bien-fondé des protocoles d'éloignements abusifs entre l'enfant et le parent (adoptif ou non) et qui évoque également la difficulté de placement en famille d'accueil ou à l'adoption des enfants souffrant de handicaps comme la petite Lucie dont l'histoire terrible m'a énormément touchée car la différence fait peur et encore aujourd'hui en 2021 il est difficile de faire adopter un enfant différent et ces enfants en payent malheureusement le lourd tribut puisqu'ils se sentent doublement abandonnés et n'ont pour horizon que celui d'être ballottés de famille d'accueil en famille d'accueil et aussitôt qu'il y a un tant soit peu d'amour, on le leur reprend en les déplaçant pour ne pas qu'ils s'attachent.

Les enfants du mal, les enfants de personne, les laissés-pour-compte, les non désirés, les mal aimés, les rejetés, les abandonnés : Capucine, Christopher, Samuel, Lucie, ils n'ont pas ou si peu connu la guerre et pourtant ils portent malgré eux le lourd fardeau de la Shoah sur leurs frêles épaules. Les enfants du mal, les déportés, les massacrés, les torturés, les assassinés : Émilie, Maria, Schlomo, Jacob, décédés dans les camps à Auschwitz ou en chemin. Ces enfants d'Israël qui n'auront pas eu la chance de connaître la terre promise de leurs ancêtres, la terre de celui qui fut leur père, leur frère, Moshé Vigotska, qui lui devra finir ses jours avec le pire des traumatismes, celui d'avoir survécu aux siens. Son histoire m'a aussi bouleversée.

"Vous auriez sûrement préféré ne pas venir au monde mais vous avez tort car chaque vie est nécessaire. Tout être humain est libre de choisir entre le bien et le mal, vous y compris, loin des déterminations de l'hérédité. Vous êtes vous et non un mélange des caractéristiques de votre père et de votre mère. Votre existence sera ce que vous en ferez, vous serez ce que vous voudrez être". (p 206)

Un très très beau roman que je vous invite à lire pour ne pas oublier...
Merci infiniment Laure pour ta confiance.

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Les Enfants du mal, peut se lire comme un roman d'aventures mais il est bien plus que cela. C'est un ouvrage qui amène à se poser de nombreuses questions sur le poids de l'hérédité, de l'éducation, du hasard des rencontres, sur l'objectivité de nos choix et c'est également un grand livre sur l'amitié, sur l'amour mais aussi sur la haine. Y est traité aussi et avant tout le thème de la quête des origines pour les enfants abandonnés, sans oublier et c'est le comble, ce sentiment de culpabilité que peuvent ressentir certains.
Laure Barachin aborde avec beaucoup de justesse, de tact, d'émotion et même de poésie des sujets cruciaux. Sous forme de fiction elle analyse les impacts et les différentes manières utilisées par « les enfants du mal », ces enfants de pédophiles, d'assassins, de criminels nazis, pour tenter chacun selon sa propre sensibilité et son propre environnement familial ou amical à faire face à ce terrible poids qui pèse sur leurs épaules et surtout dans leur tête.
Capucine est la narratrice et elle offre ce roman, écrit à partir de son journal d'enfant, à sa fille Aurore à qui elle dédie en exergue l'un des poèmes des Contemplations de Victor Hugo : « il fait froid », lui demandant de lui donner le sens et la valeur qu'elle voudra.
Au foyer des lilas, Capucine, cette enfant de 9 ans abandonnée à sa naissance partage sa chambre avec Lucie, 5 ans, qui ne parle pas, ne pleure pas, ne rit pas, à qui le père a imposé des choses qu'il aurait dû réserver à sa femme. Elles seront accueillies par la même famille d'accueil, les Legrand chez qui elles feront connaissance de deux garçons Chris, 14 ans que sa mère a voulu empoisonner et Samuel, 6 ans, petit garçon juif, rieur, nés de parents miraculés qui n'ont pu supporter ce cadeau empoisonné. Bien qu'issus d'horizons très différents, une solide amitié les liera et les aidera pour un temps, dans leur solitude respective, à oublier le manque ou l'absence de leurs parents. Que deviendront-ils ensuite au fil du temps ? Comment se construire lorsqu'on ne connaît pas ses origines et comment les intégrer lorsqu‘elles sont trop perturbantes ? Comment feront-ils face aux défis qui les attendent et à une réalité parfois différente de celle qu'ils pensaient ?
C'est un récit poignant que nous livre Laure Barachin, où l'amitié se révèle extrêmement importante pour ces enfants en manque de repères familiaux mais pourtant parfois insuffisante à réparer certains traumatismes. le point d'orgue étant cette découverte capitale mais ô combien noire et traumatisante pour Capucine, juste au moment où elle pensait, après maintes difficultés, avoir trouvé l'amour et la sérénité ! La vérité sur ses origines apporte-t-elle toujours le bonheur ?
J'ai beaucoup apprécié ce petit roman qui se lit d'une traite. Il nous permet une fois encore de réfléchir à ce vieux débat entre l'inné et l'acquis, notamment à propos du mal.
J'ai été sensible aux différents extraits de poèmes mis en exergue de certains chapitres et toujours en parfaite adéquation avec ceux-ci comme ces vers tirés des Métamorphoses d'Ovide ou encore ceux extraits des Femmes damnées de Baudelaire. de courts passages des Hauts de Hurle-Vents ou du Lys dans la vallée sont aussi présents et rehaussent encore l'écriture de l'auteure.
Ne reste plus qu'à attendre la sortie du deuxième tome de ce diptyque « le Mirage de la justice » !

Une très belle découverte pour laquelle je remercie sincèrement Laure Barachin, une écrivaine qui mérite une audience beaucoup plus large !

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L'adoption, les enfants abandonnés, la quête des origines, des secrets liés à la Seconde Guerre mondiale et la traque des anciens criminels nazis sont au coeur de ce roman.
Il existe un service à Ludwigsburg, en Allemagne, créé en 1958, qui s'est occupé de ce genre d'enquête.

Est-on mauvais de naissance, par l'hérédité ? C'est le vieux débat entre l'inné et l'acquis, qui préserve le libre-arbitre, la volonté individuelle. C'est une réflexion qui me taraude : d'où vient le mal, au sens métaphysique, où commence-t-il et pourquoi ?

Comme j'ai besoin de transformer la réalité en fiction, ces questionnements ont donné naissance à ce livre Les Enfant du mal qui est le récit d'une maman Capucine à sa fille Aurore pour tenter de dire l'indicible mais c'est aussi un message d'amour et d'espoir. Comment se construire quand on ne sait pas d'où l'on vient ? Connaître la vérité sur ses origines rend-il forcément plus heureux ?

Les Enfants du mal est conçu comme un diptyque. le premier tome Les Enfants du mal est consacré à l'histoire de Capucine et de son mari, le deuxième le Mirage de la justice à celle d'Aurore et de Mattia, son époux.

Comment faire face quand on est enfant du mal, d'assassins, de criminels, de pédophiles ? Comment agir pour essayer de résorber l'inégalité de naissance et tenter de sauver, protéger ces enfants ? La notion de justice existe-t-elle seulement, à quels genres de compromis (voire de compromissions) faut-il se résoudre pour parvenir à ses fins ?

C'est le dilemme auquel sera confronté Mattia, le mari d'Aurore, un magistrat idéaliste, qui a une très haute idée de la justice et ne peut se résoudre à voir des enfants souffrir et des criminels impunis.

En ces temps de confinement, je me suis remise à écrire. J'aime raconter des histoires et les offrir à mes proches. Des babélionautes (ils se reconnaîtront) m'ont demandé où j'en étais de mes projets d'écriture, si j'avais en préparation un nouveau roman. J'espère avoir satisfait leur curiosité.

En ce mois de janvier, j'avais envie de vous souhaiter une bonne année pleine de joie, de concrétisation de vos espérances (le rêve d'un monde meilleur, plus juste et fraternel) et d'évoquer avec vous ces livres qui me tiennent à coeur.

Lien : https://laurebarachin.over-b..
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
J'ai gardé en mémoire chaque minute de notre captivité car ce sont les derniers instants que j'ai passés auprès des miens, de tous ceux que j'aimais et ça je ne peux l'oublier. Le 4 mai 1944 , un an et deux mois après le début de notre enfermement, nous avons revu le soleil par une belle matinée de printemps. Les oiseaux chantaient à travers la grille de l'aération quand ils ouvrirent la porte. Ils portaient des uniformes de S.S et hurlaient. Nous étions effrayés. Je serrai Anna et le bébé contre mon coeur pour que personne ne me les prenne. Émilie pleurait, elle n'avait pas un an... Sarah et Samuel ne faisaient qu'un bloc pendant que Jacob tenait fermement Maria et Schlomo par la main.

Un homme grand et blond au regard bleu se détachait de la meute en furie. C'était le chef. Il eut un rictus vicieux en lisant la peur sur nos visages et nous fit évacuer les lieux à coups de matraque. Il fut déçu car nous sûmes garder notre sang-froid, résignés que nous étions, abandonnés de tous, y compris de Dieu qui préférait mettre dans le ciel un beau soleil plutôt que de nous sauver...
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Une lumière au bout du tunnel.
Il est difficile de traduire avec des mots une expérience qui relève de la foi - de l'imagination ou du délire, penseront certains. Cependant beaucoup de choses nous échappent. La vie et la mort ont-elles un sens ou bien le souhaitons-nous si ardemment que nous leur en attribuons un pour satisfaire notre soif d'idéal sans que ce soit fondé ? Il y a autant de réponses à cette question que d'individus sur Terre mais, quant à moi, je suis intimement persuadée qu'un principe qui nous dépasse et que nous ne comprenons pas existe. Dieu ? Le Bien absolu ? Le Mal absolu ? Les deux peut-être ? Ou quelque chose de tout autre.
Toujours est-il que, durant mon état comateux, je me rappelle avoir eu le sentiment de monter, de me détacher de moi alors que j'étais encore moi, de m'élever vers une source de lumière. J'ai senti cette lumière bienveillante à mes côtés et mon instinct me disait que Lucie était là, dans la lumière et que le monde de la lumière était celui de la paix, de la sérénité, du Bonheur... Celui qu'elle n'avait pas eu de son vivant.
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Le foyer des Lilas ! Quel beau nom évocateur du printemps. Comment pourrait-on être mal dans ce lieu paradisiaque ? Et pourtant, je ne m'y sens pas à mon aise, même si je fais des efforts pour m'habituer. Je voudrais que Lucie se remette à parler rien que pour moi, pour me prouver qu'elle m'aime et qu'elle veut être ma petite soeur. Mais là aussi je suis déçue car elle se refuse à prononcer un son. Elle ne parle pas, ne pleure pas et ne rit pas non plus. Malgré tout, je vois que ses yeux sont expressifs. Elle a de beaux yeux bleus dans lesquels je peux lire toute la misère et la détresse qu'elle essaie de crier sans y parvenir. Je voudrais l'aider, ce qui me permettrait par la même occasion d'oublier ma colère envers tout le monde et personne, cependant je suis tout autant impuissante face à ses problèmes que face aux miens.
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J'avais revêtu ma belle robe blanche aux manches longues et dépourvue de décolleté car nous étions au mois de novembre 1965 et la température extérieure n'avoisinait pas les six degrés. Elle avait un col dentelé et une longue traîne, tu la connais, je te l'ai si souvent montrée. Elle avait plus d'éclat à l'époque, elle était moins poussiéreuse que maintenant, enfermée dans le fond d'un placard telle une relique associée à un souvenir inoubliable. Je ne pourrais pas la remettre, j'ai perdu ma taille de jeune fille, elle ne te servira pas : si tu te maries, tu voudras ta robe, et pourtant, je ne peux pas envisager de la jeter. C'est un objet précieux et sacré.
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Onze autre lettres étaient rangées dans la boîte. La dernière datait d'environ un an et demi en arrière. Les premiers temps, Chris avait écrit fréquemment. Une phrase revenait sans cesse, reflet de la peine qu'il avait éprouvée, et qui faisait écho à la mienne : "Pourquoi ne me réponds-tu pas ?" Il me racontait en détail son quotidien. Pendant que je lisais, j'avais l'impression de combler morceau par morceau un vide de six longues années, si cela était possible. Il me semblait que je me rapprochais, bien que lentement et partiellement, de l'ancien compagnon de mon enfance, qui avait été si cher à mes yeux.
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