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Horreurs de guerres africaines, un roman très dur.

Il y a, par exemple, cette bourgade qui vit en paix jusqu'à ce que des militaires viennent voir le chef pour lui annoncer qu'on va lui donner des armes pour aller attaquer le village voisin. Et s'il refuse, c'est son village qui sera réduit en cendres…

Il y a aussi des jeunes gens enrôlés de force, un gouvernement qui fait le commerce des esclaves ou qui engage des mercenaires étrangers pour lutter contre ses propres citoyens.

Il y aura ce personnage de Messie qui arrivera cependant assez tard dans le roman.

Un genre de lecture qu'il est difficile de dire qu'on aime, car il parle d'une réalité très dure. Mais il permet d'ouvrir les yeux sur des environnements qui nous sont inconnus.
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Un petit livre d'une grande densité, d'un auteur soudanais, exilé et interdit dans son pays , vivant actuellement en Autriche. Abdelaziz Baraka Sakin évoque dans ce court roman la guerre du Darfour. Il ne faut pas s'attendre à un récit fortement structuré et linéaire : nous suivons quelques personnages dans leurs chemins chaotiques et heurtés, comme ceux que la guerre provoque. Comme celui d'Ibrahim Khidir, enrôlé de force du jour au lendemain, dans un conflit dont il ne voit pas le sens et qui évolue entre les différents camps, au hasard.

L'auteur met en cause les versions officielles de ce conflit. Il ne s'agit pas pour lui le moins du monde d'un conflit ethnique : cette notion n'a pour lui aucun sens dans une population de toute façon très mêlée. La division entre les Noirs et les Arabes, les anciens esclaves et les anciens maîtres, n'a plus de sens : ils sont tous plus ou moins issus des mêmes ancêtres, dans des proportions qui peuvent juste varier un peu. La distinction est artificielle, créée pour des besoins politiques de faire la guerre, de manipuler la population. Les plus féroces, les sans scrupules, prennent les armes et massacrent, pillent et violent, juste pour le plaisir de la violence et de la domination. Il y a des passages, terribles et magnifiques à la fois, de tout ce déchaînement de violence, une ironie impitoyables vis-à-vis de ceux qui sont à son origine, et qui en profitent.

Et il y a cette figure christique du Messie, quelque peu étonnante, dans un contexte musulman, et surtout en décalage par le message prôné, un message de paix et d'amour. Comme un espoir de quelque chose d'autre, le refus total de la haine et de violence, qui n'est pas la solution.

C'est un livre déconcertant, mais indéniablement très puissant, d'une écriture forte et personnelle. Une belle expérience, même si tout n'est pas toujours évident, d'autant plus si on ne connaît pas bien le contexte.
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Titre : le messie du Darfour
Année : 2016
Auteur : Abdelaziz Baraka Sakin
Editeur : Zulma
Résumé : le destin et les sanglantes pérégrinations d'Abderahman, de tante Kharifiyya et d'Ibrahim Khidir dans un pays rongé par la guerre; une région où sévissent des mercenaires Janjawid massacrant à tour de bras tous les habitants non-musulmans de la région du Darfour. Une histoire de violence et de vengeance mais aussi d'espoir dans une région ravagée par la guerre.
Mon humble avis : Il est des livres que l'on a envie d'aimer. Un auteur soudanais éxilé politique fuyant la barbarie, des textes interdits qui circulent sous le manteau, des avis dithyrambiques, une thématique particulièrement intéressante, un éditeur passionnant, bref j'étais très motivé à l'idée de lire ce messie du Darfour. Je me procurais donc l'ouvrage et me lançais dans cette lecture avec une curiosité et une envie rare. Si les premières pages me confirmait le réel talent de conteur de Sakin je dus assez rapidement revenir en arrière pour ne pas perdre le fil de cette histoire mêlant personnages et époques différentes. Ce sera malheureusement le cas jusqu'au bout de ces 200 pages que je finissais avec l'impression pénible que l'auteur est définitivement passé à côté d'un grand roman. Ceci n'est que mon humble avis mais si certaines pages sont sublimes, marquantes et nimbés d'une poésie et d'un étrangeté rare, la construction du roman, son rythme et les pistes à peine esquissées puis abandonnées donnent à l'ensemble un aspect inabouti qui, s'il est volontaire, m'aura en tout cas gâché le plaisir de lecture que j'étais censé y trouver. La dénonciation du conflit Soudanais est ici exposée de la façon la plus crue et cela m'aura au moins permis de m'intéresser de plus près à ce conflit. Un livre sans doute important sur le fond mais je ne peux qu'émettre de sérieuses réserves sur la forme et c'est bien dommage.
J'achète ? : Avis mitigé tu l'auras compris, je te laisse seul juge de ton choix cette fois ci.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Darfour, un mot qui depuis des décennies évoque des conflits. Ce livre ne fait malheureusement pas exception à la règle. A ceci près qu'il est écrit par un enfant du pays. Son propos donne une grille de lecture bien plus complexe et loin des raccourcis de bailleurs ou reporters internationaux.
Alors oui, cela ne change rien aux horreurs subies par les victimes mais se rapprocher de la réalité est une marque de considération pour leur Histoire, entre espérance et humanité.
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♫ Pour vouloir la belle musique ♪ Soudan mon Soudan ♫ Pour un air démocratique ♪ On t'casse les dents ♫

À la lecture de ce roman, on comprend que l'auteur ait dit l'avoir écrit afin d'expulser sa peur de la guerre…

Cette lecture, je la dois à ma copinaute Rachel. Désirant découvrir l'auteur avant notre LC, j'ai tenté le coup avec ce roman inclassable et bizarre. Résultat, ça a matché entre nous.

Pourtant, ce n'était pas gagné ! Déjà, il y a peu de dialogues, l'auteur écrivant les paroles des personnages en les intégrant dans le récit. Habituellement, je déteste ça, ça me pompe l'air.

Là, il m'a fallu un certain temps avant de me rendre compte que les dialogues étaient quasi inexistants. Un bon point si je ne l'ai pas remarqué de suite, cela veut dire qu'ils étaient bien intégrés au texte.

Le récit semble suivre une ligne bien à lui, pas vraiment de fil rouge entre les récits, si ce n'est qu'ils sont arrivés à des personnages du récit, à des époques différentes et qu'ils permettent d'éclairer la situation politique du Soudan, ainsi que les années de guerre, les massacres, les exactions des rebelles, les différentes ethnies, la situation géopolitique du pays, l'antagonisme entre les Noirs et les Arabes, le racisme, l'esclavagisme…

Le Darfour est complexe, il ne faut pas croire que vous comprendrez tout de cette région après avoir lu le roman, mais cela vous éclairera un peu. Sachez que cet auteur s'est exilé et que ses écrits sont interdits au Soudan. Là-bas, ils circulaient sous le manteau.

Dans ce roman, il n'y a pas de choses joyeuses, certains passages sont assez durs, violents et l'on donnerait bien n'importe quoi pour que jamais cela ne nous arrive. Malgré la dureté de ces scènes, l'auteur évite le voyeurisme et le pathos.

L'écriture de l'auteur est belle, c'est un excellent conteur, même si, de temps en temps, on ne sait pas trop où il va nous conduire, ni ce que cache la partie avec le messie. Cette partie-là est un peu plus mystique. Plus déroutante.

Mon bémol sera que ce roman donne l'impression que l'auteur n'est pas allé au fond des choses, qu'il a lancé beaucoup de pistes, sans jamais aller les terminer, ou les explorer un peu plus.

Cela donne une impression d'avoir survolé les choses, les faits, l'Histoire du Soudan et que le tout n'a pas été achevé… Dommage, il y avait tant à nous apprendre.

Bizarrement, malgré ce bémol, j'ai apprécié ma lecture (oui je sais, ne cherchez pas docteur) et que je compte bien découvrir l'autre roman de cet auteur.

À vous de voir si vous l'ajouterez à votre wish ou si vous passerez votre chemin.

Pour ma part, je ne suis pas mécontente d'avoir ajouté un auteur soudanais à mon planisphère.

J'ai trop peu d'auteurs africains dans mes biblios et je tente de corriger cela, lentement, mais sûrement.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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" Elle lui expliqua alors qu'elle avait attendu d'avoir un homme, un soldat courageux, qui la vengerait en tuant au moins dix janjawids, tandis qu'elle mangerait le foie cru de chacun d'entre eux. [...] Elle répondit qu'elle savait tout de la guerre, absolument tout, et répéta que ceux qui avaient tué ses parents et viola ses soeurs jusqu'à ce que mort s'ensuive n'étaient pas des soldats de l'armée régulière mais bien des janjawids elle savait faire la différence. "

Cette histoire, c'est celle d'Abderahman, cette jeune fille mystérieuse retrouvée sous des cadavres qui cherche à se venger de ceux qui lui ont tout pris d'une manière des plus barbares qui soit. C'est ce qu'indiquait le résumé de la 4ème de couverture. Ç'aurait pu être un conte macabre qui narrerait la quête de cette amazone darfourienne parmi les personnes déplacées dans un pays pas si lointain et dans une époque pas imaginaire, mais bien dans la réalité des affrontements ethniques en Afrique.
C'est ce que j'attendais, mais ce n'est pas le point central du roman ! le fameux messie du Darfour ne l'est pas davantage.

En réalité, Abdelaziz Baraka Sakin dresse plusieurs portraits des acteurs de cette mauvaise pièce jouée par entre les gouvernements locaux et les Nations Unies dont les populations sont des dégâts collatéraux dont on se souci peu.
Ce roman commence comme une rumeur angoissante, avec un ton de conteur africain, on sent le tragique venir entre les mercenaires ignares qui participent à une vaste machine qu'ils comprennent assez peu. Leur mission : tuer, peu importe qui et peu importe la raison. Il faut verser du sang, et c'est sans état d'âmes.

Le sujet est bien sûr terrible - pour peu qu'on est quelques notions d'histoires et d'actualités - et décrit sans fard une réalité bien loin de nous. La réalité où le viol est une arme de guerre pour anéantir mentalement et physiquement les femmes , mais pas seulement. Pour preuve le commentaire cynique de ce mercenaire après ses crimes :
" La mort lui donnerait du répit, laisse-la vivre, elle finira au camp de Kima entre la vie et la mort, sans mari ni enfants, sans père ni mère, sans village et sans honneur".

On le voit à la télé, mais c'est vrai. C'est incompréhensible, et ça dépasse la fiction. Mais c'est vrai.

Et tous les personnages décrits, qui gravitent plus ou moins autour d'Abderahman (de près ou d'assez loin) voient une promesse de renouveau avec ce messie dont tout le monde parle. C'est là qu'intervient le côté animiste du récit. Est-ce un faux prophète ou est-ce vrai ? Après tout, qu'importe.
Cet homme incarne pour tous ces êtres brisés et anéantis la seule chose qui leur reste d'humain : un espoir de paix, de retour à un temps où les tribus Arabes et Noires vivaient en bonne intelligence, et où ils ne sont pas menacés par des armés de rebelles et un gouvernement corrompu qui ne sert que ses intérêts et soumets les observateurs internationaux fantoches.

J'ai eu du mal à rentrer dans ce récit, et c'était loin d'être ce à quoi je m'attendais. Toutefois une chose est sûr, c'est un roman très percutant et qui interpelle et donne à réfléchir.
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Au travers des histoires d'Abderahman , de tante Kharifiyya et d'Ibrahim Khidir, Abdelaziz Baraka Sakin critique le régime de son pays qui pousse les mercenaires janjawid à opérer une épuration ethnique en les laissant massacrer les soudanais non musulmans du Darfour . Il dénonce la barbarie de ces mercenaires prêts à toutes les horreurs pour prendre la terre qu'ils souhaitent occuper. Leur portrait est vraiment effrayant et donne toute la mesure de l'horrible violence qui secoue le Darfour depuis 2003 et qui continue encore.
J'ai eu quelques difficultés à lire ce roman que j'ai trouvé assez complexe. Pour le comprendre, j'ai du interrompre ma lecture, que j'ai bien cru ne pas pouvoir reprendre, pour rechercher des informations sur le Soudan et le Darfour et surtout sur le pourquoi et le comment de cette guerre dont je ne savais pas grand chose. Une découverte passionnante mais que j'ai eu un peu de mal à digérer tant j'ai été surprise...
Un grand merci à Babelio et aux éditions Zulma pour cette pépite qui m'a été offerte dans le cadre d'une opération masse critique.
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La guerre au Darfour.
C'est une information dont on entend parler depuis des années, noyée parmi des milliers d'autres.
Oui, mais voilà qu'un écrivain ose en parler.
Et quel écrivain !
Abdelaziz Baraka Sakin, soudanais, diplômé en gestion, conseiller à l'ONU, exilé politique, interdit de publication dans son propre pays, ne cache rien.
Rien de cette guerre terrible, massacre des populations, viols des femmes et fillettes, émasculation des hommes et des jeunes garçons, enrôlement d'office des enfants comme enfants-soldats, utilisation des fillettes comme esclaves sexuelles, vente d'hommes et de femmes à des marchands d'esclaves qui pullulent encore dans ces régions.
A travers l'histoire de d'Aderhaman jeune fille violée et torturée laissée pour morte dans son village entièrement pillé et incendié après le massacre de tous les villageois par les troupes rebelles, de Shikiri jeune homme enrôlé de force qu'elle épousera, et d'Ibrahim l'ami de ce dernier, l'auteur nous conte l'histoire de son pays le Soudan entièrement dévasté par cette guerre qui a déjà fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés depuis bientôt 20 ans qu'elle dure dans l'indifférence totale de l'occident.
Un livre dur mais nécessaire après la lecture duquel on ne peut plus dire : je ne savais pas.
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Découvrir l'Histoire du Soudan bien en sécurité sur son lit, quoi de mieux ? La guerre, la religion, les us et coutumes locales, un bon dépaysement ! le ton est satyrique mais le propos est bien réel et c'est ce qui m'a tout de suite plu dans ce livre, l'auteur aborde des sujets aussi vastes que l'inutilité de l'ONU dans ce conflit, les viols en temps de guerre… de génocide plutôt, les massacres sur les civils, le racisme est un point important également, les camps de réfugiés qui ressemblent plus à des camps de concentration et je pèse mes mots.
Je souligne aussi la belle plume de l'auteur qui a su m'emporter dans les horreurs de la guerre, comme si j'y étais. Un roman horrible par son sujet mais tellement bien écrit qu'il est impossible de passer à côté.
Ce n'est pas un plaisir à lire car, comme vous vous en doutez, le récit est dur mais quelle joie de découvrir un roman aussi bon ! Les personnages sont bons, vrais et travaillés, toutefois il me manquait quelques clés pour bien comprendre les enjeux, aussi je vous recommande un double épisode du Dessous des cartes sur le Soudan pour bien appréhender le texte.
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Le Messie du Darfour est un livre qui décrit la vie au Darfour durant la guerre, ses massacres (plus que la guerre en elle-même), le déplacement des populations, l'organisation de la rébellion (qu'on a envie d'appeler la résistance), la résilience aussi des habitants qui continuent de vivre et ne perdent pas espoir.
Sans jamais tomber dans la violence gratuite, la plume de l'auteur nous fait découvrir toute la complexité du conflit soudanais au Darfour (il n'évoque que très peu le conflit entre le nord et le sud) et toute la beauté des habitants du pays. Un livre à lire pour être initié au terrible drame du Darfour (je me suis rendue compte que je ne le connaissais que de nom et j'ai envie d'en découvrir plus sur les tenants - aboutissants et surtout sur la situation actuelle).
Arabe contre noir, musulmans arabes contre noirs chrétiens ? Non. L'auteur décrit un génocide des populations du Darfour : populations noirs et arabes musulmanes, l'auteur appuie plusieurs fois en disant qu'on ne peut pas les distinguer, que des tribus arabes vivent ici depuis des siècles, en bonne intelligence, que l'organisation de la société est la même pour des tribus « arabes » ou « noires » (terme qu'il n'emploie d'ailleurs jamais) et qu'elles partagent le même destin tragique dans ce conflit. L'auteur décrit un massacre orchestré par le gouvernement, dont le but serait le déplacement de 90% des populations du Darfour (arabes et noirs confondus) pour que les terres soient redistribuées aux populations de Janjawid, plus proches du pouvoir (?).
L'auteur prend clairement partie et les janjawids sont décrits comme des monstres sans conscience et sans motivation pour les massacres commis, les observateurs internationaux comme des fantoches refusant de prendre partie et la moindre aide qu'ils pourraient apporter et les rebelles comme une résistance éclairée.
Le roman n'est pas linéaire. On rencontre une foule de personnages, liés les uns aux autres, anéantis par le chaos ambiant. La narration fait très bien d'ailleurs passer cette impression d'incompréhension de ce qui se passe par l'entremêlement des histoires, les flashbacks… : on passe d'un personnage à l'autre, d'un lieu à l'autre et d'une époque à une autre. La figure du Messie, très mystique, fait planer une atmosphère de “merveilleux” (on accepte tout ce qui se passe sans question même si on ne comprend pas ou si c'est incroyable). le tout donne une impression de confusion (voulue, j'en suis persuadée) qui amène un peu de poésie dans ce monde devenu inhumain et qui décrit le sentiment d'hébétude ressenti face aux drames qui se jouent.
J'ai eu du mal à rentrer dans ce récit, et c'était loin d'être ce à quoi je m'attendais. Toutefois une chose est sûr, c'est un roman très percutant, qui interpelle, donne à réfléchir et je pense gagne à être relu.
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