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Ars Obscura tome 1 sur 2
EAN : 9782207165805
496 pages
Denoël (15/03/2023)
  Existe en édition audio
3.97/5   53 notes
Résumé :
1815. Napoléon Ier a conquis l’Europe grâce aux pouvoirs d’Élégast, un sorcier dont nul ne sait rien et qui est le seul capable de pratiquer l’Art Obscur : une forme de magie aussi puissante que terrifiante.

En dépit de la force militaire de la France, la population vit dans la crainte des bulles noires, ces manifestations surnaturelles violentes qui engloutissent les gens et libèrent des hordes de monstres semant la mort dans les campagnes.
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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1815. Contrairement à notre Histoire, Napoléon n'a pas échoué en Russie. Il n'a certes pas vaincu le tsar, mais il est dorénavant à la tête d'un Empire s'étendant des iles britanniques aux frontières de son ennemi de l'est. Pourquoi ? le responsable de ces immenses victoires est Élégast. Il n'est pas un tacticien hors pair (Napoléon se suffit à lui-même), mais un mage exceptionnel, seul capable, semble-t-il, de maîtriser l'Ars Obscura, source incroyable de magie.

Sorcier d'Empire est le premier volume d'une tétralogie en cours de publication. Tétralogie que je compte bien suivre, vu le plaisir que j'ai pris à lire ce tome. Posons le cadre. L'empereur a donc pu l'emporter face à ses nombreux ennemis européens, non grâce à son seul génie tactique, mais, surtout, grâce aux pouvoirs phénoménaux d'un homme. Mais Élégast est-il seulement humain ce mage qui a pris une telle importance dans le gouvernement de la France et son Empire ? Lui qui semble seul à être capable de manier les forces de l'Ars Obscura. Car les autres habitants de ces contrées sont capables de quelques trucs, de concocter et d'utiliser des potions aux pouvoirs impressionnants. Cependant, rien de comparable. Or, la population en aurait bien besoin, de ses capacités. Car depuis plusieurs années, de mystérieuses bulles noires apparaissent ici ou là, sur le territoire. En sortent les résurgions, des monstres atroces et difformes dont la principale caractéristique est la cruauté et la sauvagerie. Ils n'ont, semble-t-il, qu'un but : tuer. Et d'abominable façon. « Ludwig aperçut son premier résurgion ; une vile créature semblable à un charançon de quatre pieds de long, à la tête hérissée de nombreuses piques empoisonnées et pourvue de plusieurs pinces acérées, dont il apprendrait le nom plus tard : un phoboïde. » Et ils peuvent s'extirper de leur enveloppe noire à n'importe quel endroit : en rase campagne comme en pleine ville, sur une place comme dans une maison. Aussi, ils s'en prennent à n'importe qui : femmes, hommes, enfants. Tout le monde est une proie potentielle. Et si vous réchappez à leurs griffes et leurs crocs, mais que vous avez le malheur d'être touchés par ces créatures, votre peau est marquée d'une sombre tâche. Et votre entourage vous regarde de travers en vous traitant de vile-peau. Comme Ludwig, l'un des héros de cette aventure.

Mais il n'est pas le seul, cet homme étrange, chasseur de résurgions, dont on ignore à peu près tout au début du roman. Et dont on découvrira peu à peu les origines et les pouvoirs. Il va rencontrer sur son chemin une jeune femme qui refuse l'idée de magie. Pour elle, toute imprégnée de l'esprit des encyclopédistes et qui rêve de publier un article dans ce prestigieux monument du savoir qu'est l'Encyclopédie, tout est phénomène explicable par la raison. Courageuse posture, d'autant qu'elle est femme dans une nation d'hommes surs de leur force et de leur pouvoir. Mais son tempérament et son savoir lui permettent de se tirer de la plupart des mauvais pas. Pourtant, elle aussi est hantée par son passé.

Tout comme Élégast, le mage de Napoléon, qui cherche, à travers son aide apportée à l'empereur, à atteindre un but inavouable. Mais à quel prix ? Et parmi tous ces hommes d'armes qui entourent le pouvoir, certains finissent par chuchoter de plus en plus fort. Est-il bien normal de laisser autant de pouvoir à un vulgaire sorcier. Qui n'a aucune connaissance militaire. Et qui fait peur, il faut bien l'avouer. Grouille donc toute une troupe de personnages plus ou moins ambitieux, plus ou moins persuadés que le sort du pays est entre leurs mains. Et tout ce beau monde s'associe, réfléchit à voix haute ou basse, complote. Sans compter les femmes et hommes venus de l'étranger. « En France, les espions poussent plus vite que les mauvaises herbes. » Car l'hexagone est devenu le centre de tous les complots, de tous les plans, de toutes les convoitises. Russes, Anglais (surtout eux, dont le pays a été conquis par l'empereur) et d'autres encore tentent de s'unir pour renverser le tyran. Mais sans oublier leurs propres intérêts. Un gigantesque panier de crabes merveilleusement mis en scène par François Baranger.

Car, vous l'aurez compris, la trame est riche et compte de nombreux protagonistes. Il serait donc facile de se perdre dans les lieux, les individus, les quêtes. On ne peut donc que se féliciter que l'homme aux commandes, François Baranger, maitrise la narration avec brio. Cela ne m'étonne pas de l'auteur de Dominium Mundi. Les grandes fresques ne lui font pas peur. Et on le voit bien dans le premier tome de cette tétralogie où les éléments se mettent en place. C'est d'ailleurs ce dernier point qui fait que je ne vous parle de ce roman sorti en mars qu'aujourd'hui. J'en avais commencé la lecture peu après sa parution, mais le démarrage a été un peu lent à mon goût et j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. Mais quand je l'ai repris quelques semaines plus tard, rien de commun. Les premières pages de mise en place étaient passées et l'action a filé à bride abattue. Pour mon plus grand plaisir, puisque je n'ai pas lâché le roman avant de l'avoir terminé.

L'éditeur promet une parution rapprochée des quatre tomes. D'ailleurs, le suivant, Second sorcier, est prévu pour septembre 2023. Et c'est une très agréable façon de faire. Je l'ai appréciée pour le Second Oekumène de John Crossford (Bertrand Passegué). Cela permet de lire d'autres histoires entre-temps sans perdre le fil du récit. Et tant mieux, car Ars Obscura s'annonce comme une saga riche et entraînante, pleine de surprises et de coups fourrés. Tout ce que j'aime !
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« Ars obscura » est le premier tome d'une nouvelle série signée François Baranger, bien connu dans le petit monde de l'imaginaire français, autant pour ses précédents romans (notamment le diptyque « Dominum Mundi ») que pour ses nombreuses illustrations de couverture. Son roman se déroule au début du XIXe et relève de l'uchronie puisque nous sommes en 1815 et que la Restauration n'a pas eu lieu, Napoléon Bonaparte restant maître d'une bonne partie de l'Europe. Cette déviation par rapport à notre histoire s'explique essentiellement par l'irruption à la fin du XVIIIe d'Elegast, un sorcier doté de puissants pouvoirs qu'il a choisi de mettre au service du futur empereur, alors seulement général conduisant une campagne décisive en Égypte à la demande du Directoire. Alliée à son génie militaire, la magie fournie par cet allié inespéré a complètement renversé l'ordre du monde et permis à Napoléon d'étendre son influence sur des territoires jusqu'à présent préservés de son ambition, à commencer par l'Angleterre, désormais soumise au joug français. L'arrivée de celui que l'on nomme désormais avec crainte le « Sorcier d'Empire » s'est toutefois accompagnée de l'apparition de « bulles noires » un peu partout sur le territoire : des sortes de portails livrant passage à des résurgions, des créatures toutes plus monstrueuses et mortelles les unes que les autres et qui font régner un climat de terreur permanente dans les campagnes. C'est dans ce contexte que nous faisons la connaissance de plusieurs personnages dont les destins vont se croiser pour le meilleur comme pour le pire. Parmi eux, on trouve, pêle-mêle, Ludwig, un chasseur de résurgions ayant perdu sa famille de façon tragique ; Hélade, un officier appartenant à la très décriée troupe placée sous l'autorité directe du Sorcier d'Empire ; Ethelinde, une jeune naturaliste amatrice d'art obscure justement pourchassée par les sbires d'Elegast ; mais aussi Irénion, un soldat chargé du maintien de l'ordre, Jonas, un espion anglais, ou encore Nicolas, le frère du tsar de Russie qui se livre à de curieuses expérimentations.

Le roman comprend donc beaucoup de personnages que l'on va suivre à tour de rôle, chaque chapitre portant le nom de l'un d'entre eux et se focalisant sur son point de vue. Un procédé qui permet de rendre la lecture plus dynamique mais qui a pour revers de perdre le lecteur dès lors que ces points de vues se multiplient. Et c'est un peu le cas ici puisque, si on suit globalement avec intérêt l'ensemble des protagonistes évoqués plus haut, il faut admettre que changer constamment de personnage au début d'un roman rend l'immersion plus compliquée, d'autant que les liens qu'ils entretiennent les uns avec les autres n'apparaissent que tardivement. Les cent premières pages ont ainsi un petit côté brouillon, puis les différentes trames narratives se rejoignent enfin et permettent au roman de gagner en fluidité et en rythme. On peut alors pleinement profiter du cadre offert par l'auteur qui puise ici son inspiration dans une période historique rarement utilisée en fantasy : le XIXe siècle. La reconstitution de l'époque est convaincante, d'autant que l'auteur ne limite pas son décor aux lieux de pouvoirs comme c'est généralement le cas mais nous entraîne sur les routes et dans les campagnes. L'immersion n'en est que plus forte tandis que le va-et-vient entre différentes ambiances permet d'avoir un aperçu complet du contexte de l'époque, l'auteur insistant aussi bien sur la montée du sentiment d'insécurité dans les campagnes ou sur la façon dont les gens se protègent et se déplacent que sur les manigances auxquelles se livrent les hommes les plus puissants de l'empire afin de limiter l'influence du sorcier. Les informations distillées par l'auteur à propos de ce dernier sont pour le moment très parcellaires et devraient sans doute s'étoffer dans les tomes à venir. de même, on ignore pour le moment presque tout de cet art obscure et de la façon dont il fonctionne, ce qui peut s'avérer légèrement frustrant compte tenu de la place qu'occupe cette étrange magie dans l'intrigue.

En dépit de ses qualités le roman souffre de quelques maladresses qui, sans être rédhibitoires, n'en demeurent pas moins problématiques. Parmi ces bémols on peut mentionner la place accordée aux personnages féminins qui sont bien peu nombreux et, pour celles mises sur le devant de la scène, bien trop stéréotypées. On retrouve ainsi le cliché de l'espionne lascive et cruelle, mais aussi celui de la jeune femme bad-ass désireuse d'assouvir une vengeance familiale, ou encore de l'amante idéalisée par son compagnon pour qui elle incarne le bonheur domestique. Ethelinde est la seule à bénéficier d'un traitement un peu plus approfondi qui permet de la rendre sympathique mais il s'agit là d'une exception. L'auteur a de plus tendance à systématiquement tomber dans le même travers dès lors qu'il dépeint un personnage féminin puisque toutes sont définis (évidemment) par leur physique, mais aussi par l'attention qu'elles portent aux hommes. Difficile également par moment de se départir de l'impression d'avoir à faire à une scène de « Witcher » tant les similitudes sautent aux yeux (un chasseur de monstres, des attaques de bêtes plus hideuses les unes que les autres dans la forêt, l'aide d'une magicienne…). Certes, cela donne lieu à de belles scènes d'action, mais la référence est ici un peu trop marquée pour ne pas faire tiquer. On peut également regretter que certains éléments de l'intrigue se révèlent trop prévisibles, certains rebondissements n'en étant pas vraiment dans la mesure où on les voit arriver longtemps à l'avance. Enfin, j'ai trouvé les méchants de l'histoire vraiment très caricaturaux puisque tout ce que l'on sait d'eux est qu'ils n'hésitent pas à utiliser n'importe quel individu comme cobaye ou chair à canon, et ce sans le moindre remord. Seule compte pour eux l'atteinte de leur objectif, et les nombreux actes de cruauté dont ils se rendent coupables les rendent finalement assez peu crédibles.

« Sorcier d'empire » est le premier volet d'une série de François Baranger consacrée à une uchronie se déroulant au début du XIXe et basée sur la survie du Premier Empire et de Napoléon après 1815 grâce à l'aide d'un puissant sorcier capable de manier « l'art obscure ». Immersif et dynamique, ce premier tome permet de poser les bases du contexte et de l'intrigue qui souffre, malgré tout l'intérêt qu'on lui porte, de légères maladresses, notamment en ce qui concerne la représentation des femmes et la capacité à surprendre le lecteur. L'histoire est tout de même alléchante, aussi espérons que ces défauts seront corrigés dans le prochain volume.
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Premier Empire et Fantasy. Rien qu'en entendant ça j'étais conquis. Autant dire que j'avais énormément d'attentes vis à vis de ce cycle.

Points positifs : la période, le roman à plusieurs points de vue, les manifestations démoniaques/inframonde dont on ne connait pas l'origine, celui qu'on peut voir comme le personnage principal Ludwig est très bien présenté (même si c'est un peu l'archétype du héro sombre et taiseux, plus intelligent qu'il n'en a l'air), j'aime bien le type de sorcier qu'est Elégaste qui mêle magie et ingénierie et surtout la France qui domine l'Europe :p

Plusieurs points noirs cependant : c'est essentiellement circonscrit au début du récit (et j'espère franchement que ça restera limité) mais on nous sert les poncifs habituels sur un Napoléon doté d'une "soif inextinguible de conquête", "assassin de la république" et autres raccourcis de mauvaise foi dont est coutumier une certaine partie du spectre politique quand il s'agit d'aborder cette période de l'histoire. Heureusement ça s'atténue au fil des pages (même si le fil narratif avec la compagne d'Irénion qui prendra sans doute plus d'importance dans le tome suivant risque de faire retomber l'auteur dans ses travers selon moi).

Pour rappel : Napoléon n'a déclaré la guerre sans raison qu'une fois (à l'Espagne) et pour les autres conflits a hérité des guerres de la république et subi les déclarations de guerres des puissances coalisées (à l'instigation souvent de l'Angleterre). Quant au supposé assassin de la république, le passage du régime du directoire (corrompu comme rarement) au consulat c'est certes passé via un coup d'état (dont Napoléon n'était que l'outil et non l'instigateur) mais par la suite c'est par un plébiscite qu'il a obtenu le consulat à vie puis le titre d'empereur héréditaire (sans jamais que la République ne soit rayée de la carte, elle existait toujours, seulement sa direction était confiée à un empereur).

Autre erreur, moins gênante cette fois, il est dit au début du livre que lors de la campagne d'Egypte Napoléon portait le titre de consul, c'est faux, puisque c'est à son retour d'Egypte qu'a lieu le coup d'état du 18 brumaire et qu'est mit en place le régime du consulat. Il était seulement général. Ce n'est pas une erreur gênante en soi mais bon vu que j'ai lu que la documentation de l'auteur sur le sujet était béton, je me permet de le relever.


Comme dit plus haut c'est un roman avec énormément de points de vu différent et personnellement j'aime bien ce genre de mise en scène, il y a en revanche un bémol, contrairement au Trône de fer par exemple, on ne se focalise ici pas seulement sur des personnages principaux qu'on revoit régulièrement, ça rend l'immersion compliquée au début et c'est parfois frustrant car certains n'ont droit qu'a un ou deux chapitre dans tout le livre (l'espion anglais par exemple ou bien Joachim dont on n'a le point de vu qu'une seule fois).

La série est présentée comme une série de Dark Fantasy, pour moi ce n'en est pas. Certes l'univers est assez sombre (surtout la partie se passant en Russie), mais les personnages sont bien trop manichéens (pour les perso principaux on a d'un coté les véritables enflures et de l'autre ceux qui ne jurent que par leurs idéaux) pour que ça soit considéré comme de la Dark Fantasy. C'est clairement une déception pour moi qui suis un adepte du genre dont une des principales caractéristiques est la nuance de gris dans laquelle s'inscrivent les personnages.

L'histoire est longue a démarrer (sans doute a cause de la multiplication des points de vue), ce n'est ici pas extrêmement gênant car l'auteur écrit bien et qu'il y a malgré tout des péripéties mais on met un moment avant de savoir quelle est réellement l'histoire qu'on veut nous raconter.

Pour résumer, j'ai passé un bon moment de lecture mais j'attends Béranger au tournant pour le prochain tome qui sera déterminant pour savoir si je poursuit ou non le cycle. En espérant qu'il ne fasse pas la même chose qu'avec Dominium Mundi dont le second tome fut une véritable catastrophe.


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Dévoilé comme une dark fantasy historique et avec un tel visuel, nul doute que ce roman m'a de suite fait de l'oeil et je me suis empressé de me le procurer afin de m'immerger de son alléchante et prometteuse ambiance. Si de ce côté-ci, l'auteur s'en sort avec brio et réussite, tout comme son contexte historique fort pertinent et captivant, j'admets avoir éprouvé quelques difficulté à me laisser porter par la plume de François Baranger.

Pourtant sans être des plus alambiquée et complexe à intégrer, il m'a parfois manqué de fil conducteur et de liens pour parvenir à saisir et détenir tous les tenants et les aboutissants de son intrigante uchronie. J'ai bien souvent eu l'impression de suivre, au détour de nombreux points de vue, de variées et divertissantes péripéties avec certaines jonctions, par moments, assez infimes et minces. C'est donc avec entrain et intérêt que j'ai parcouru les quelques chapitres de ce premier avec une irrégularité me laissant perplexe et songeur. Pour autant, la plume de l'auteur ne manque nullement d'ambition et sa prose dévoile une ambiance remarquable dont je me suis délecté avec plaisir et face à laquelle j'ai adoré m'imprégner malgré une certaine distance. Autant récit politique qu'ésotérique, Ars Obscura se révèle mystique à souhait et c'est d'ailleurs l'orientation face à laquelle j'ai été plus que sensible. du fait de mon appétence pour le domaine de la magie, l'aperçu offert par ce dernier offre une appréciation considérable. Ainsi et sans se révéler pleinement porté sur l'action, ce premier volet se veut assez dynamique et rythmé malgré un manque de fluidité par moments.

Il faut dire que François Baranger dévoile un univers fort ambitieux, se déroulant dans certains coins de France et ce, jusqu'au palais impérial de Russie. Sans s'encombrer de détails et autres descriptions, celui-ci dévoile de nouveaux continents forts convaincants aux conflits encore assez timidement esquissés. Servant avant tout d'introduction, bons nombres d'informations sont alors apportées au lecteur et j'aurais apprécié quelques annotations tant le contexte historique se veut riche et fouillé. J'admets qu'étant donné mes faibles connaissances, je ne suis parvenu à ressentir tout le magistral travail réalisé par l'auteur quant à sa réécriture historique. Pour autant, le rendu est fort convaincant et attrayant et j'attends bien des éclaircissements dans les tomes à venir.

De plus et dans la continuité de son introduction, la romancier dévoile également une galerie de personnages considérable et j'admets que son ambition finirait presque par frôler l'indigestion de mon coté. Comme le reste, les protagonistes sont présentés sans forcément de contextes et cela m'a cruellement manqué. Finalement, seul quelques uns ont réussi à se démarquer et à sortir du lot comme le duo formé de Ludwig et d'Éthelinde qui m'a plus que régalé et intrigué ainsi que le frère du Tzar, Nicolas. Pour le reste, j'ai apprécié suivre les différentes intrigues esquissées quand bien même j'ai vainement tenté de réaliser certains liens et autres alliances entre chaque. Néanmoins et malgré ce manque, j'ai fortement apprécié la pondération dont fait preuve l'auteur afin que chacun ne se dévoile pas tout blanc ou tout noir et certaines destinées sont encore bien floues jusqu'à présent. Avec certitude, François Baranger pourrait aisément me surprendre à l'avenir car je compte bien poursuivre cette singulière mais toutefois intrigante épopée.

C'est pourquoi et quand bien même je ne ressors pas totalement charmé de cette découverte, je reste tout de même satisfait par cette dernière. J'ai pris plaisir à me délecter de l'ambiance mystique de cette intrigue politique aux tenants et aboutissants parfois, certes assez alambiqués, mais captivants grâce au riche contexte historique redessiné. Finalement, il m'a seulement manqué de passion et d'émotions mais je reste confiant quant à l'avenir de cette série.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Blossom Spring Challenge – 2023 : Menu Lapin de Pâques – Catégorie Les oeufs de Fabergé.
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1815, alors que Napoléon est occupé à consolider ses positions en Europe, aidé de son sorcier Élégast qui utilise l'Art Obscur pour lui permettre de triompher lors des batailles, La France, elle, est soumise à la terreur depuis que d'étranges bulles noires apparaissent de nulle part pour engloutir les gens se trouvant malencontreusement au mauvais endroit tout en libérant des hordes de monstres démoniaques. Depuis que sa femme et sa fille ont été englouties par ces anomalies surnaturelles, Ludwig les traque dans l'espoir de trouver le moyen de libérer sa famille qu'il pense toujours en vie, coincée quelque part. Un jour, il croise la route de la naturaliste Éthelinde Ordant qu'il sauve des griffes de soldats chargés, par Élégast en personne, de l'éliminer. En cherchant à en comprendre les raisons, ils vont enquêter sur ce mystérieux sorcier, quitte à se jeter dans la gueule du loup. Pour autant, atteindront-ils le but qu'il se sont fixé ?

Ars Obscura est une uchronie qui nous propulse au temps des guerres napoléoniennes. En effet, 1815 inaugure la période des Cent-Jours qui marquent le retour de Napoléon Bonaparte en France après sa première abdication. Déclaré "hors-la-loi" par le Congrès de Vienne, il espère détruire les forces britanniques et prussiennes présentes en Belgique avant qu'elles ne soient renforcées par les contingents autrichiens et russes. François Baranger insère donc son récit dans la période charnière de la septième coalition où l'empereur va tenter le tout pour le tout. le cadre historique choisi donne au texte une dimension politique et militaire que François Baranger colore de notes ésotériques. Celles-ci se manifestent d'abord par l'Art Obscur dont use le sorcier Élégast pour notamment soutenir les contingents militaires de Napoléon sur le champs de bataille. de cette sombre magie, on ne sait que peu de choses si ce n'est qu'elle trouve son origine à l'ère d'une ancienne civilisation. En effet, François Baranger a l'ingénieuse idée de faire coïncider les expéditions scientifiques qui ont eu cours pendant la campagne d'Egypte avec l'apparition soudaine de ce sorcier aux côtés de l'empereur. Il faut également ajouter la survenue de ces bulles noires qui ravagent les campagnes françaises et sont la hantise des citoyens. Elles demeurent une énigme autant pour les protagonistes que pour les lecteurs. Sujet d'étude pour les uns, source d'effroi pour les autres, leur existence confère au mystique et nourrit le fil narratif de ce roman. Il ne s'agit pas tant de magie mais plutôt de science occulte entre ces lignes qui donne à ce texte une ambiance touchant à l'horrifique, dégageant d'ailleurs quelque chose de lovecraftien.

En outre, François Baranger joue beaucoup sur la géopolitique de l'époque à travers la formation des coalitions européennes pour lutter contre l'hégémonie de la France. Sorcier d'empire est un roman choral qui met en scène aussi bien des patriotes que des ennemis d'Etat. Cela permet à l'auteur de ponctuer son récit de complots politiques rendant l'intrigue éminemment intéressante du point de vue des tractations internes des pouvoirs en place. Ainsi, avec Ars Obscura, François Baranger confronte un univers occulte mystérieux à une situation politique, géopolitique et stratégique sensible. le tout formant un mélange audacieux et réussi qui tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre de ce premier volet.

Enfin, pour rythmer son roman, l'auteur y multiplie les points de vue des personnages. Une pluralité qui va nous permettre de prendre de la hauteur afin de mieux mesurer l'ensemble des enjeux narratifs de ce livre.

De François Baranger, je ne connaissais jusque là que sa merveilleuse patte artistique mais en lisant Sorcier d'empire, j'ai enfin goûté à sa plume incisive et à son imaginaire particulièrement fertile. Alors, vivement la suite !

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critiques presse (2)
Syfantasy
30 octobre 2023
C’est profond, sombre, épique et magique. Une belle réécriture de la légende Napoléonienne, mais pas que…
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Elbakin.net
20 mars 2023
En deux mots, Sorcier d’Empire est un roman volontiers épique qui nous offre du divertissement de qualité. Qui s’en plaindra ? Certainement pas votre serviteur !
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
En France, les espions poussent plus vite que les mauvaises herbes.
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Dans le fond, la magie n’était jamais que l’ensemble des techniques permettant de maitriser l’authentique pouvoir brut. Sans celui-ci, la magie était presque inopérante. Comme un fusil sans poudre : tous les éléments essentiels sont réunis, mais il manque le pouvoir détonnant.
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