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Citations sur Le coup du fou (21)

"La prédiction est un exercice très compliqué,
spécialement quand elle concerne le futur."
Niels Bohr
Épigraphe du Chapitre onze.
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Pourquoi Bobby Fischer se donnerait-il la peine de transiger, de faire des compromis pour jouer aux échecs ? « Et à quoi ça sert, les compromis, aux échecs ? Il y a toi, il y a moi, ça c'est un échiquier, jouons. De quoi d'autre on devrait parler ? Viens dans ma tête. » Le fait est que cette fois, l'adversaire est le monde, Bobby. La seule chose que toi, dans ta tête, tu ne veux vraiment pas faire entrer.
Ce n'est pas l'homme des compromis, lui, c'est un guerrier, pas un stratège. Il est Achille et non Ulysse. Il tue, il ne pense pas à vous tendre un piège. Il vous broie tout cru, il ne pense pas à la façon de vous faire cuire à petit feu. Lui, la ville ennemie, il n'y entrera jamais caché dans un cheval en vue de tuer ses habitants de nuit, en profitant de leur sommeil pour les égorger. Ivres de joie parce que convaincus que l'assiégeant a abandonné. Lui, ses ennemis, il les transperce de sa lance, il les regarde dans les yeux pendant qu'ils meurent, il n'a aucune idée de ce que sont un compromis, une stratégie, une médiation. Une fiction. Un mensonge.
Toutes choses qui appartiennent à Ulysse. Oui, elles appartiennent à Spassky.
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Les échecs sont une merveille qui prévoit l’extase d’un grand triomphe. Et donc aussi la ruine d’une défaite.
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Parfois, la vie est une danse qu'on interprète mieux en endossant les vêtements fluides d'Ulysse, plutôt que l'implacable et rigide armure du divin Achille. C'est la voie humaine du compromis. De la survie. Elle ne fait pas de vaincus car elle ne fait pas de vainqueurs.
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Bobby Fischer : né à Chicago le 9 mars 1943, mort à Reykjavík le 17 janvier 2008.
J’ai passé les vingt-trois derniers mois de ma vie comme un cheval : en le portant sur ma croupe. Je me levais le matin et il était là, je prenais mon petit déjeuner et il me regardait, j’allais aux toilettes et il me suivait.
« Bonne nuit Bobby » était la dernière chose que je disais le soir en fermant les yeux. Pour les rouvrir le lendemain matin en expliquant à tout le monde que « non, aujourd’hui je ne peux pas venir ; excusez-moi, je dois rester avec Bobby ».
Je n’ai fait que ça : l’emmener à mon bureau et m’enfermer avec lui. Seul mais en compagnie des dizaines de biographies qui me parlaient de lui, des romans, essais critiques, documentaires, reportages, photographies achetées à prix d’or sur Internet, vidéos sur YouTube, entretiens… et de son hallucinant manuel de jeu, lu et relu. Je n’y ai jamais compris que dalle.
D’après certains, il a été dans les années soixante-dix l’homme le plus célèbre au monde. Je le crois volontiers. Pourtant, la façon dont il a réussi à devenir si célèbre en ne faisant que jouer aux échecs me paraît l’aspect le moins intéressant de sa vie.
Quoi qu’il en soit, j’ai fini par me convaincre que cette histoire ne pouvait pas commencer autrement, que c’est ça qui lui plairait, à lui aussi : trouver son nom tout de suite, avant qu’il se passe quoi que ce soit. Et le trouver répété plusieurs fois : Bobby Fischer. Bobby Fischer. Bobby Fischer.
Je me suis mis en tête d’écrire un livre sur lui. Mais c’était peut-être une excuse pour remettre certaines pièces à leur place.

(INCIPIT)
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Et maintenant Ulysse l’a devant lui, Achille.
Et avec lui, coup après coup, il invente une langue que seules cinq ou six personnes au monde, peut-être, comprennent pleinement ; la langue chiffrée des dieux des échecs, élevée au rang du mythe. La mélodie issue de leur lutte harmonique est très douce. Comme le chant des baleines. Le parfum du printemps. L’aurore boréale. Personne ne sait comment ça se produit ; ce sont des choses que personne ne comprend vraiment, mais dont tous peuvent s’émerveiller. Et le monde est stupéfait. Ce à quoi il assiste est une forme d’art et de beauté. Le sublime. Un volcan en éruption. Le rouge qui teinte le ciel. La mer qui paraît de verre. Il en émerge une beauté comme ça : des codes de géométries esthétiques. Pendant vingt-huit coups.
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Ainsi, Ulysse part. Comme Spassky. Tous deux ont tenté de l’éviter, tous deux ont été happés. En fin de compte, par le même tourbillon : une partie d’échecs.
Eh oui, car voici le plus beau. De Palamède, en dehors de cet épisode où il berne Ulysse, on ne sait rien. Sinon la chose la plus importante pour nous : il a inventé un jeu. À jouer à deux, l’un contre l’autre. Assis à une table. Un jeu où l’habileté, la stratégie et la capacité à prévoir les coups de l’adversaire sont fondamentales. Les Anciens l’appelaient petteia.
L’ancêtre des échecs.
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Si l’histoire de Bobby Fischer peut sembler bizarre, incohérente, illogique, incompréhensible, c’est parce que ce n’est pas une histoire : c’est un mythe. Et les mythes sont chaos, merveille, métamorphose ; ils n’ont rien à voir avec la logique. Et ils entraînent même dans ce tourbillon magmatique un jeu fait de logique pure, comme les échecs. Et le seul moyen de tenter de la comprendre, l’histoire de Bobby Fischer, c’est de la traiter comme ce qu’elle est en réalité : le mythe d’Achille.
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j'étais coincé dans les embouteillages, il dit.
En Islande. En 1972. Il doit y avoir deux cents voitures dans toute l’île. Et l’hôtel est tout près du palais des sports. S'il y avait eu même un seul cycliste au milieu de la route, la CIA l'aurait pulvérisé au lance-flammes pour te laisser passer, Bobby ! Mais c'est quoi cette excuse.
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Il y a une chose qu'on disait à propos des excitantes parties d'échecs avec Bobby Fischer. « Quand vous jouez avec Bobby, le problème, ce n'est pas de gagner ou de perdre. Le problème, c'est de survivre. »
Et qui disait ça ?
Boris Spassky. (p. 37)
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