Quel roman particulier.... Un roman "d'auteur" comme on parle d'un cinéma d'auteur.... Un grand voyage intérieur à la recherche d'un "moi" profond...
À travers de très courts chapitres,
Jean Barbe nous entraîne dans un univers fascinant, dans un continuel aller-retour entre le réel et l'irréel, sur le bord du fantastique mais en même temps bien ancré à la terre..... On sent pleinement le pays, cette Russie des tsars à la fin du XIXe siècle... On sent la pauvreté, la guerre, les gens qui vivent uniquement pour eux....
Grâce à son invisibilité accidentelle, le héros Andreï traversera le temps et lentement, il laissera ouvrir l'écaille de l'huître dans lequel il s'était enfermé.... Et une jeune femme s'y infiltrera.... Une jeune femme qui incarne la vie, qui donne la vie....
La femme et l'enfant bien visibles devront traverser les affres de cette époque de guerre, mais ils ne seront plus jamais seuls.... Andreï a trouvé un sens à sa vie, deux êtres qui dépendent de lui sans le savoir....
Avec une écriture presque minimaliste qui va à l'essentiel,
Jean Barbe tient son lecteur dans son filet... On se demande toujours où il s'en va..... mais on le suit!....
Roman volontairement exigeant, il devrait provoquer chez les lecteurs une large diversité d'interprétation.... C'est là une de ses grandes richesses.
À lire d'une seule traite (à peine 147 pages) particulièrement parce qu'il y a là création d'un univers dans lequel il faut plonger sans en ressortir avant la dernière ligne.
Un roman qui incruste solidement
Jean Barbe dans la littérature québécoise.
Un lien mental avec une autre oeuvre qui s'est fait dans ma tête après cette lecture : "La petite fille aux allumettes" de
Gaétan Soucy