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EAN : 9782253070757
448 pages
Le Livre de Poche (01/03/2017)
4.05/5   763 notes
Résumé :
Elle s'appelait Suzanne Meloche et était née en 1926 à Ottawa. Un jour, elle décida, d'une manière radicale, de suivre sa propre voie, abandonnant ses enfants. Afin de remonter le cours l'existence de cette grand-mère qu'elle n'a pas connue, Anaïs Barbeau-Lavalette a engagé une détective privée et écrit à partir des indices dégagés.
Elle nous confie, à travers le portrait d'une femme explosive, restée en marge de l'histoire, une réflexion d'une intensité rar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (121) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 763 notes
Voici un livre fascinant, déchirant, émouvant, beau et cruel qui raconte d'une manière directe, sans fard, à la deuxième personne , à la fois brutale et intime , le destin d'une femme hors norme, explosive, tourmentée .....qui abandonna ses enfants.....pour suivre radicalement sa voie !
Artiste passionnée , à la recherche d'elle même, sensuelle, tactile....fugitive, Suzanne assoiffée de liberté :poète , peintre, amoureuse, militante, Errante, part toujours, ne veut pas prendre racine, n'aime pas ce qui est" fixe,"cherche à aller toujours plus loin, ressent un furieux et sauvage besoin de libération, ne laisse pas de traces........

L'écriture forte, directe, envoûtante, , faite de chapitres courts mais intenses vous happe et vous transporte dans le Québec des années 40 où les artistes muselés respiraient peu au sein du mouvement des Artisans du Refus Global !
C'est aussi l'histoire d'une femme Anais -Barbeau- Lavalette qui parle à sa grand- mère qu'elle n'a pas connue comme si elle voulait effacer la douleur de sa propre mère , blessée à jamais .......
Une oeuvre originale , puissante, remarquable qui revisite avec talent , finesse, subtilité, douleur, les liens familiaux, la création, la liberté, la maternité, l'abandon , la tristesse , le déchirement .....

Un coup de coeur pour un ouvrage qui raconte notre histoire à "nous les femmes" et que chacune pourrait ou devrait lire entre fiction et réalité historique !
Mais je ne suis pas Canadienne !


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La femme aux semelles de vent.

Grâce à ce livre d'Anaïs Barbeau-Lavalette mêlant fiction et éléments biographiques, j'ai fait la connaissance d'une femme fascinante, Suzanne Meloche.
Poétesse et peintre dans la lignée du mouvement automatiste québécois de Paul-Emile Borduas, elle est l'auteure des « Aurores fulminantes », poème saturnien aux couleurs surréalistes .
Suzanne Meloche est aussi une femme mystérieuse et insaisissable, difficile à cerner ayant confié ses deux enfants Mousse et François en bas âge à de la famille par peur de la misère . Un état transitoire qui devient un abandon car Suzanne Meloche refusera jusqu'à sa mort de parler à sa fille et à ses petits enfants malgré leurs tentatives de renouer avec elle.

« Tes poèmes dorment au font de tes poches. Mousse bave dans ton cou .Tu avales la vie des autres et ne sais pas comment construire la tienne ».

Il y a de l'amour pourtant, sûrement. Alors pourquoi ?
Lancinante question que je me suis posée en lisant ce beau texte touchant en forme de lettre adressée par l'auteure à sa grand-mère défunte.

Anaïs Barbeau-Lavallette utilise le tu, va à la rencontre de celle-ci par le biais des documents laissés à sa mort, des photos, des billets de transports (Suzanne voyageait beaucoup entre l'Europe, les Etats-Unis, Montréal et sa terre natale d'Ottawa jusqu'à la Gaspésie) et des témoignages précieux recueillis avec l'aide d'une détective privée.
C'est aussi l'occasion d'approcher l'histoire du Québec des années 1940 jusqu'au début du 21ième siècle, de s'intéresser au manifeste artistique du refus global en 1948 et de ses implications dans la société québécoise.
Les pièces s'assemblent, le portrait d'une femme engagée et insoumise laisse enfin une empreinte, des mots. le texte est la renaissance d'une femme portant sur ses épaules le poids de soumission de la lignée maternelle qui pour s'en échapper ne voyait que la fuite.
Mais ne peut-on pas être libre ensemble ? Conjuguer le je avec le nous, un vaste défi.

J'ai ressenti de l'affection dans les mots dédiés à une grand-mère et une grande empathie envers toutes les femmes qui subissent le poids des aliénations domestiques ou religieuses.

C'est une lettre profondément touchante.
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̈Régler ses comptes et trouver la juste distance pour que le parler vrai reste ouvert,et que puisse s'y inscrire, progressivement , le visage de l'absente et sa part de liberté.

Jusqu'à ce que le "tu" blessé et meurtri devienne un "tu" empathique et fraternel. Et que se renoue au-delà de la mort, le lien fort et fragile de la filiation.

C'est le pari -réussi- d'Anaïs Barbeau-Lavalette qui, dans un roman très documenté, - elle a même mis une détective privée sur ses traces- écrit une longue lettre à la grand'mère qui les a abandonnees, elle et surtout sa mère, retrouvant ou imaginant les étapes de sa vie dans le Quebec rétrograde de Duplessis, secoué par les ruades de " Refus Global" , mouvement automatiste et artistique contestataire où s'illustrèrent Claude Gauvreau le dramaturge, Muriel Guibault la comédienne, Jean- Paul Riopelle et Marcel Barbeau les peintres, et Paul-Emile Borduas, leur maître à tous.

Tout cela sans recourir au pathos de l'autobiographie- tu nous as abandonnées, ma mère et moi, vois nos blessures- , ni aux ficelles usées de la biographie d'une "scandaleuse" - elle abandonne ses enfants et mène une vie dépravée au sein de la bohème artistique quebecquoise puis new yorkaise.

La "femme qui fuit" s'appelle Suzanne Meloche. Elle a été la femme de Marcel Barbeau, en a eu deux enfants, qu'elle abandonne, elle-même abandonnée à Montréal par son compagnon. Elle part tenter sa chance et tente de trouver sa place jusque dans les bus de l'integration affrontant le Ku-Klux-Klan. Elle va peindre, écrire, aimer, des hommes, une femme. Mais jamais trouver le repos ni la reconnaissance.

Plus qu'une fuite, j'ai vu dans ce livre puissant, charnel et intense, une quête inlassable de soi. Souvent âpre, jamais contentée, toujours déchirée. Celle d'une femme en avance sur son temps, lancée dans l'aventure de la liberté comme la petite chèvre de Monsieur Séguin dans la montagne!

La langue de l'auteure a la verdeur, la fraîcheur et l'originalité de bien des romanciers québécois :elle est la digne petite-fille de Suzanne, la poétesse des "Aurores Fulminantes"! Sincère sans être mièvre, poétique sans être empruntée, lumineuse sans être éthérée.

Suzanne et Anaïs ont entre elles plus qu'une filiation: un langage, une entente, et la plus jeune offre à l'autre la place qu'elle a vainement cherchée.

Elle lui permet d'être "libre ensemble", selon sa belle formule.
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À la mort de sa grand-mère, qu'elle n'aura vu que trois fois dans sa vie, Anaïs Barbeau-Lavalette s'interroge sur cette femme insaisissable, inconnue, fuyante, intrigante, presque détestée. En vidant son appartement, elle tombe sur des photos, des lettres, des coupures de journaux. Pour essayer de la rattraper avant que celle-ci ne lui échappe complètement, l'auteure fait appel à une détective privée. Ainsi en apprendra-t-elle davantage sur elle. Sur sa vie, son mari, ses enfants, sa poésie, sa peinture, sa révolte...

Dans une longue lettre qu'elle lui adresse directement, l'auteure tente de dépeindre la vie de sa grand-mère, Suzanne Meloche. En de courts chapitres, Suzanne se dessine peu à peu. Artiste dans l'âme, ayant côtoyé Paul-Émile Borduas (auteur du refus Global), Claude Gauvreau, Jean Paul Riopelle, Muriel Guilbault ou encore Marcel Barbeau (avec qui elle se mariera et aura deux enfants, François et Manon, surnommée Mousse), Suzanne nous apparaît comme une femme libre et libérée, frivole, vivante, rebelle. Désireuse de vivre, penser, agir comme elle l'entend, elle ira jusqu'à abandonner ses deux enfants, quitter le Canada, changer de métier.
L'on peine, malgré tout, à s'attacher à cette femme nous apparaissant finalement peu sympathique et empathique, parfois égoïste malgré sa vie exceptionnelle. Avec ce récit, Anaïs Barbeau-Lavalette ne la juge jamais malgré la douleur infligée à sa propre mère, ne s'apitoie pas. Et ne l'excuse pas pour autant. Ses mots en sont d'autant plus puissants et certainement salutaires.
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Une femme rebelle que cherche à comprendre sa petite-fille, un texte magnifique.

Je me méfie souvent des auteurs dont j'ai beaucoup entendu parler, surtout lorsque comme ici, il sera question de personnages qui ont une certaine célébrité, car enfin, on parle beaucoup dans la presse « pipole » sans que j'aie vraiment envie d'en lire les histoires…

Mais, sceptique, j'ai été confondue, j'ai été totalement conquise par le roman biographique d'Anaïs Barbeau-Lavallette qui parle à sa grand-mère et raconte au « tu » la vie de cette artiste, de cette femme tourmentée qui sacrifie sa famille et ses amours pour être libre.

C'est le Québec des années quarante où la liberté d'expression est soigneusement encadrée par l'état, avec des livres à l'index et des artistes qui perdent leur emploi ou sont exclus des musées pour avoir osé signer un texte qui remettait en question la docilité du peuple.

L'écriture est belle et l'histoire est touchante. Mais l'auteur ne fait pas de cette femme une héroïne, elle nous en montre les faiblesses et les questionnements aussi bien que les moments de génie.

Une triste histoire, celle d'une femme qui n'a jamais su « être libre ensemble… »
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critiques presse (2)
LaPresse
04 octobre 2017
Le roman La femme qui fuit connaît une étonnante carrière en France: 63 000 exemplaires du récit d'Anaïs Barbeau-Lavalette se sont vendus là-bas depuis sa sortie au Livre de poche, en mars.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaPresse
18 avril 2016
À travers la vie réinventée de Suzanne Meloche, Anaïs Barbeau-Lavalette revisite une période charnière, mais pas si lointaine, de notre histoire et de ses protagonistes.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (129) Voir plus Ajouter une citation
Parce que je suis en partie constituée de ton depart. Ton absence fait partie de moi, elle m'a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve mes racines, multiples et profondes.
Ainsi, tu continues d'exister.
Dans ma soif inaltérable d'aimer.
Et dans ce besoin d'être libre, comme une nécessité extrême.
Mais libre avec eux.
Je suis libre ensemble, moi.
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L'autobus ralentit. Marque un arrêt devant le garage d'un petit village, où deux vieillards l'attendent. Ils montent à bord en s'excusant. Ils ont la présence effacée des existences en pointillé. Ils ont traversé la vie sans faire de bruit en se tenant par la main. Ils ont souri quand il fallait. Ils ont pleuré et jamais crié. Ils s'assoient côte à côte comme d'habitude. Leur odeur se confond et ils pensent en choeur à des choses qui ne dérangent personne. Tu ne veux pas mourir comme eux. Ordinaire.
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Parce que je suis en partie constituée de ton départ. Ton absence fait partie de moi, elle m'a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve mes racines, multiples et profondes.
Ainsi, tu continues d'exister.
Dans ma soif inaltérable d'aimer.
Et dans ce besoin d'être libre, comme une nécessité extrême.
Mais libre avec eux.
Je suis libre ensemble, moi.
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Elles fabriquent des armes. Transforment les casseroles en navire de guerre. (...)
Elles ont la prestance des grandes ballerines. L'élégance du geste utile.
Elles sont aussi un stimulus, une récompense. Les hommes qui partent au front se battent aussi pour elles: leur beauté participe à l'effort de guerre. (p. 71)
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Mais Claudia a eu un premier enfant et ne s'est plus jamais assise au piano.
Quand Achille lui demandait de jouer, elle souriait par en dedans. Un sourire de fuite.
Un jour, tout de même , elle lui a dit simplement, elle ne savait plus comment.
Comme Achille restait là à attendre plus et qu'elle ne pouvait lui échapper, elle lui a dit qu'elle ne savait plus comment toucher les notes, parce qu'elle n'avait plus rien à donner.
Qu'elle sentait que les notes allaient heurter les murs et le plafond, puis s'écraser par terre.
Achille, calme, lui avait répondu doucement qu'on aurait qu'à ouvrir les fenêtres.
Claudia l'avait aimé et avait pleuré un peu. Mais jamais elle n'avait pourtant rejoué.
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Videos de Anaïs Barbeau-Lavalette (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anaïs Barbeau-Lavalette
Le duo mère-fille d'artistes Manon Barbeau et Anaïs Barbeau-Lavalette s'est prêté au jeu d'un questions-réponses complice et authentique à l'occasion de l'exposition « Vues du fleuve » présentée à la Grande Bibliothèque par BAnQ et @lotoquebec jusqu'au 4 juin 2023. Rencontre en vidéo.
Plus d'informations sur l'exposition « Vues du fleuve » : https://www.banq.qc.ca/exposition-vues-du-fleuve/
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