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EAN : 9782253070757
448 pages
Le Livre de Poche (01/03/2017)
4.04/5   638 notes
Résumé :
Elle s'appelait Suzanne Meloche et était née en 1926 à Ottawa. Un jour, elle décida, d'une manière radicale, de suivre sa propre voie, abandonnant ses enfants. Afin de remonter le cours l'existence de cette grand-mère qu'elle n'a pas connue, Anaïs Barbeau-Lavalette a engagé une détective privée et écrit à partir des indices dégagés.
Elle nous confie, à travers le portrait d'une femme explosive, restée en marge de l'histoire, une réflexion d'une intensité rar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (116) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 638 notes
Voici un livre fascinant, déchirant, émouvant, beau et cruel qui raconte d'une manière directe, sans fard, à la deuxième personne , à la fois brutale et intime , le destin d'une femme hors norme, explosive, tourmentée .....qui abandonna ses enfants.....pour suivre radicalement sa voie !
Artiste passionnée , à la recherche d'elle même, sensuelle, tactile....fugitive, Suzanne assoiffée de liberté :poète , peintre, amoureuse, militante, Errante, part toujours, ne veut pas prendre racine, n'aime pas ce qui est" fixe,"cherche à aller toujours plus loin, ressent un furieux et sauvage besoin de libération, ne laisse pas de traces........

L'écriture forte, directe, envoûtante, , faite de chapitres courts mais intenses vous happe et vous transporte dans le Québec des années 40 où les artistes muselés respiraient peu au sein du mouvement des Artisans du Refus Global !
C'est aussi l'histoire d'une femme Anais -Barbeau- Lavalette qui parle à sa grand- mère qu'elle n'a pas connue comme si elle voulait effacer la douleur de sa propre mère , blessée à jamais .......
Une oeuvre originale , puissante, remarquable qui revisite avec talent , finesse, subtilité, douleur, les liens familiaux, la création, la liberté, la maternité, l'abandon , la tristesse , le déchirement .....

Un coup de coeur pour un ouvrage qui raconte notre histoire à "nous les femmes" et que chacune pourrait ou devrait lire entre fiction et réalité historique !
Mais je ne suis pas Canadienne !


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La femme aux semelles de vent.

Grâce à ce livre d'Anaïs Barbeau-Lavalette mêlant fiction et éléments biographiques, j'ai fait la connaissance d'une femme fascinante, Suzanne Meloche.
Poétesse et peintre dans la lignée du mouvement automatiste québécois de Paul-Emile Borduas, elle est l'auteure des « Aurores fulminantes », poème saturnien aux couleurs surréalistes .
Suzanne Meloche est aussi une femme mystérieuse et insaisissable, difficile à cerner ayant confié ses deux enfants Mousse et François en bas âge à de la famille par peur de la misère . Un état transitoire qui devient un abandon car Suzanne Meloche refusera jusqu'à sa mort de parler à sa fille et à ses petits enfants malgré leurs tentatives de renouer avec elle.

« Tes poèmes dorment au font de tes poches. Mousse bave dans ton cou .Tu avales la vie des autres et ne sais pas comment construire la tienne ».

Il y a de l'amour pourtant, sûrement. Alors pourquoi ?
Lancinante question que je me suis posée en lisant ce beau texte touchant en forme de lettre adressée par l'auteure à sa grand-mère défunte.

Anaïs Barbeau-Lavallette utilise le tu, va à la rencontre de celle-ci par le biais des documents laissés à sa mort, des photos, des billets de transports (Suzanne voyageait beaucoup entre l'Europe, les Etats-Unis, Montréal et sa terre natale d'Ottawa jusqu'à la Gaspésie) et des témoignages précieux recueillis avec l'aide d'une détective privée.
C'est aussi l'occasion d'approcher l'histoire du Québec des années 1940 jusqu'au début du 21ième siècle, de s'intéresser au manifeste artistique du refus global en 1948 et de ses implications dans la société québécoise.
Les pièces s'assemblent, le portrait d'une femme engagée et insoumise laisse enfin une empreinte, des mots. le texte est la renaissance d'une femme portant sur ses épaules le poids de soumission de la lignée maternelle qui pour s'en échapper ne voyait que la fuite.
Mais ne peut-on pas être libre ensemble ? Conjuguer le je avec le nous, un vaste défi.

J'ai ressenti de l'affection dans les mots dédiés à une grand-mère et une grande empathie envers toutes les femmes qui subissent le poids des aliénations domestiques ou religieuses.

C'est une lettre profondément touchante.
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̈Régler ses comptes et trouver la juste distance pour que le parler vrai reste ouvert,et que puisse s'y inscrire, progressivement , le visage de l'absente et sa part de liberté.

Jusqu'à ce que le "tu" blessé et meurtri devienne un "tu" empathique et fraternel. Et que se renoue au-delà de la mort, le lien fort et fragile de la filiation.

C'est le pari -réussi- d'Anaïs Barbeau-Lavalette qui, dans un roman très documenté, - elle a même mis une détective privée sur ses traces- écrit une longue lettre à la grand'mère qui les a abandonnees, elle et surtout sa mère, retrouvant ou imaginant les étapes de sa vie dans le Quebec rétrograde de Duplessis, secoué par les ruades de " Refus Global" , mouvement automatiste et artistique contestataire où s'illustrèrent Claude Gauvreau le dramaturge, Muriel Guibault la comédienne, Jean- Paul Riopelle et Marcel Barbeau les peintres, et Paul-Emile Borduas, leur maître à tous.

Tout cela sans recourir au pathos de l'autobiographie- tu nous as abandonnées, ma mère et moi, vois nos blessures- , ni aux ficelles usées de la biographie d'une "scandaleuse" - elle abandonne ses enfants et mène une vie dépravée au sein de la bohème artistique quebecquoise puis new yorkaise.

La "femme qui fuit" s'appelle Suzanne Meloche. Elle a été la femme de Marcel Barbeau, en a eu deux enfants, qu'elle abandonne, elle-même abandonnée à Montréal par son compagnon. Elle part tenter sa chance et tente de trouver sa place jusque dans les bus de l'integration affrontant le Ku-Klux-Klan. Elle va peindre, écrire, aimer, des hommes, une femme. Mais jamais trouver le repos ni la reconnaissance.

Plus qu'une fuite, j'ai vu dans ce livre puissant, charnel et intense, une quête inlassable de soi. Souvent âpre, jamais contentée, toujours déchirée. Celle d'une femme en avance sur son temps, lancée dans l'aventure de la liberté comme la petite chèvre de Monsieur Séguin dans la montagne!

La langue de l'auteure a la verdeur, la fraîcheur et l'originalité de bien des romanciers québécois :elle est la digne petite-fille de Suzanne, la poétesse des "Aurores Fulminantes"! Sincère sans être mièvre, poétique sans être empruntée, lumineuse sans être éthérée.

Suzanne et Anaïs ont entre elles plus qu'une filiation: un langage, une entente, et la plus jeune offre à l'autre la place qu'elle a vainement cherchée.

Elle lui permet d'être "libre ensemble", selon sa belle formule.
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Une femme rebelle que cherche à comprendre sa petite-fille, un texte magnifique.

Je me méfie souvent des auteurs dont j'ai beaucoup entendu parler, surtout lorsque comme ici, il sera question de personnages qui ont une certaine célébrité, car enfin, on parle beaucoup dans la presse « pipole » sans que j'aie vraiment envie d'en lire les histoires…

Mais, sceptique, j'ai été confondue, j'ai été totalement conquise par le roman biographique d'Anaïs Barbeau-Lavallette qui parle à sa grand-mère et raconte au « tu » la vie de cette artiste, de cette femme tourmentée qui sacrifie sa famille et ses amours pour être libre.

C'est le Québec des années quarante où la liberté d'expression est soigneusement encadrée par l'état, avec des livres à l'index et des artistes qui perdent leur emploi ou sont exclus des musées pour avoir osé signer un texte qui remettait en question la docilité du peuple.

L'écriture est belle et l'histoire est touchante. Mais l'auteur ne fait pas de cette femme une héroïne, elle nous en montre les faiblesses et les questionnements aussi bien que les moments de génie.

Une triste histoire, celle d'une femme qui n'a jamais su « être libre ensemble… »
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"Tu désertes encore. À couper ainsi les liens, tu te saigneras vivante."

"La femme qui fuit" m'a fait pleurer. C'est l'histoire troublante et vraie de Suzanne Meloche, née en Ontario en 1926, puis racontée à la deuxième personne par sa petite-fille (l'auteure), elle qui a rencontré sa grand-mère tout au plus trois fois dans sa vie. Anaïs, perturbée par la douleur d'un abandon précoce subie par sa propre mère Mousse, tente de comprendre comment un individu peut préférer une vie de bohème à une solide vie de famille. Comment une mère peut-elle simplement faire le choix d'abondonner ses enfants pour se réaliser ?

"Tu entres sans t'excuser d'être là. le pas sûr. Même si ça fait 27 ans que tu n'as pas vu ma mère.
Même s'il y a 27 ans, tu t'es sauvée. La laissant là, en équilibre sur ses trois ans, le souvenir de tes jupes accroché au bout de ses doigts.
Tu t'avances d'un pas posé. Ma mère a les joues rouges. Elle est la plus belle du monde.
Comment as-tu pu t'en passer ?
Comment as-tu fait pour ne pas mourir à l'idée de rater ses comptines, ses menteries de petite fille, ses dents qui branlent, ses fautes d'orthographe, ses lacets attachés toute seule, puis ses vertiges amoureux, ses ongles vernis, puis rongés, ses premiers rhums and coke ?
Où est-ce que tu t'es cachée pour ne pas y penser ?"

Dès l'enfance, Suzanne a tout un caractère. Issue d'une famille nombreuse et dévote, elle grandit pourtant en marge, avec des idéaux bien à elle. À la fois poétesse et peintre dans l'âme, c'est à Montréal qu'elle fera la rencontre de Paul-Émile Borduas, des Riopelle, de Marcel Barbeau et co., cercle d'artistes, auteurs et libres penseurs. C'est avec eux qu'elle s'épanouira vraiment et tracera son chemin. À travers l'histoire de Suzanne, on y découvre des tranches de celle du Québec; questions politiques, religieuses, linguistiques et artistiques des années 1945 à 1970.

Émancipée bien avant son temps, Suzanne refuse toute forme de conformisme et n'aspire qu'à la liberté. C'est une femme bouillonnante, effrontée, talentueuse, qui croque la vie à belles dents et suit ses instincts, ses passions les plus folles, peu importe où ceux-ci la mènent, du moment qu'elle avance. C'est une femme qui a soif d'être vue, entendue, d'attirer l'attention, de déstabiliser, de sortir du lot. Incapable de s'ancrer quelque part ni de s'attacher à quelqu'un bien longtemps, elle fait ce qu'elle veut, quand elle le veut, tirant profit du meilleur, se laissant porter au gré du vent, quitte à tout sacrifier. C'est une rêveuse, une militante, pour qui la routine n'est pas une option. Terrifiée à l'idée de s'engluer dans la normalité, s'asphyxier dans sa propre vie, Suzanne, à qui répugne tout ce qui est ordinaire, fait le choix de fuir...

"La femme qui fuit" raconte beaucoup en peu de mots. Les phrases et chapitres courts suffisent à faire passer le message. le style est péremptoire et pourrait rebuter dans un autre contexte mais ici cela colle parfaitement aux sentiments qui se dégagent du texte. le ton de l'histoire, racontée au "tu", s'entend parfois accusateur, souvent amer (et on peut le comprendre !); parfois il ne fait que relater avec distance comment Suzanne a vécu - selon les recherches approfondies menées par une détective privée. Dès le départ j'ai été ensorcelée par la magnifique cascade de mots, une poésie parfois sans pitié mais tellement poignante.

C'est un livre que j'ai adoré parce qu'il m'a remuée au plus profond de moi-même. L'abandon d'enfants n'est certes pas un sujet facile ni plaisant à aborder et j'ai eu beaucoup de peine pour ceux de Suzanne, marqués à jamais.

Je ne peux que recommander "La femme qui fuit", femme qui aura malgré tout laissé des traces positives, malheureusement peut-être pas assez avec les personnes qu'il aurait fallu...

CHALLENGE PLUMES FÉMININES
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critiques presse (2)
LaPresse
04 octobre 2017
Le roman La femme qui fuit connaît une étonnante carrière en France: 63 000 exemplaires du récit d'Anaïs Barbeau-Lavalette se sont vendus là-bas depuis sa sortie au Livre de poche, en mars.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaPresse
18 avril 2016
À travers la vie réinventée de Suzanne Meloche, Anaïs Barbeau-Lavalette revisite une période charnière, mais pas si lointaine, de notre histoire et de ses protagonistes.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
Parce que je suis en partie constituée de ton depart. Ton absence fait partie de moi, elle m'a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve mes racines, multiples et profondes.
Ainsi, tu continues d'exister.
Dans ma soif inaltérable d'aimer.
Et dans ce besoin d'être libre, comme une nécessité extrême.
Mais libre avec eux.
Je suis libre ensemble, moi.
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Parce que je suis en partie constituée de ton départ. Ton absence fait partie de moi, elle m'a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve mes racines, multiples et profondes.
Ainsi, tu continues d'exister.
Dans ma soif inaltérable d'aimer.
Et dans ce besoin d'être libre, comme une nécessité extrême.
Mais libre avec eux.
Je suis libre ensemble, moi.
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L'autobus ralentit. Marque un arrêt devant le garage d'un petit village, où deux vieillards l'attendent. Ils montent à bord en s'excusant. Ils ont la présence effacée des existences en pointillé. Ils ont traversé la vie sans faire de bruit en se tenant par la main. Ils ont souri quand il fallait. Ils ont pleuré et jamais crié. Ils s'assoient côte à côte comme d'habitude. Leur odeur se confond et ils pensent en choeur à des choses qui ne dérangent personne. Tu ne veux pas mourir comme eux. Ordinaire.
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Elles fabriquent des armes. Transforment les casseroles en navire de guerre. (...)
Elles ont la prestance des grandes ballerines. L'élégance du geste utile.
Elles sont aussi un stimulus, une récompense. Les hommes qui partent au front se battent aussi pour elles: leur beauté participe à l'effort de guerre. (p. 71)
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Mais Claudia a eu un premier enfant et ne s'est plus jamais assise au piano.
Quand Achille lui demandait de jouer, elle souriait par en dedans. Un sourire de fuite.
Un jour, tout de même , elle lui a dit simplement, elle ne savait plus comment.
Comme Achille restait là à attendre plus et qu'elle ne pouvait lui échapper, elle lui a dit qu'elle ne savait plus comment toucher les notes, parce qu'elle n'avait plus rien à donner.
Qu'elle sentait que les notes allaient heurter les murs et le plafond, puis s'écraser par terre.
Achille, calme, lui avait répondu doucement qu'on aurait qu'à ouvrir les fenêtres.
Claudia l'avait aimé et avait pleuré un peu. Mais jamais elle n'avait pourtant rejoué.
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Videos de Anaïs Barbeau-Lavalette (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anaïs Barbeau-Lavalette
Le duo mère-fille d'artistes Manon Barbeau et Anaïs Barbeau-Lavalette s'est prêté au jeu d'un questions-réponses complice et authentique à l'occasion de l'exposition « Vues du fleuve » présentée à la Grande Bibliothèque par BAnQ et @lotoquebec jusqu'au 4 juin 2023. Rencontre en vidéo.
Plus d'informations sur l'exposition « Vues du fleuve » : https://www.banq.qc.ca/exposition-vues-du-fleuve/
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