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Critique de Zakuro


La femme aux semelles de vent.

Grâce à ce livre d'Anaïs Barbeau-Lavalette mêlant fiction et éléments biographiques, j'ai fait la connaissance d'une femme fascinante, Suzanne Meloche.
Poétesse et peintre dans la lignée du mouvement automatiste québécois de Paul-Emile Borduas, elle est l'auteure des « Aurores fulminantes », poème saturnien aux couleurs surréalistes .
Suzanne Meloche est aussi une femme mystérieuse et insaisissable, difficile à cerner ayant confié ses deux enfants Mousse et François en bas âge à de la famille par peur de la misère . Un état transitoire qui devient un abandon car Suzanne Meloche refusera jusqu'à sa mort de parler à sa fille et à ses petits enfants malgré leurs tentatives de renouer avec elle.

« Tes poèmes dorment au font de tes poches. Mousse bave dans ton cou .Tu avales la vie des autres et ne sais pas comment construire la tienne ».

Il y a de l'amour pourtant, sûrement. Alors pourquoi ?
Lancinante question que je me suis posée en lisant ce beau texte touchant en forme de lettre adressée par l'auteure à sa grand-mère défunte.

Anaïs Barbeau-Lavallette utilise le tu, va à la rencontre de celle-ci par le biais des documents laissés à sa mort, des photos, des billets de transports (Suzanne voyageait beaucoup entre l'Europe, les Etats-Unis, Montréal et sa terre natale d'Ottawa jusqu'à la Gaspésie) et des témoignages précieux recueillis avec l'aide d'une détective privée.
C'est aussi l'occasion d'approcher l'histoire du Québec des années 1940 jusqu'au début du 21ième siècle, de s'intéresser au manifeste artistique du refus global en 1948 et de ses implications dans la société québécoise.
Les pièces s'assemblent, le portrait d'une femme engagée et insoumise laisse enfin une empreinte, des mots. le texte est la renaissance d'une femme portant sur ses épaules le poids de soumission de la lignée maternelle qui pour s'en échapper ne voyait que la fuite.
Mais ne peut-on pas être libre ensemble ? Conjuguer le je avec le nous, un vaste défi.

J'ai ressenti de l'affection dans les mots dédiés à une grand-mère et une grande empathie envers toutes les femmes qui subissent le poids des aliénations domestiques ou religieuses.

C'est une lettre profondément touchante.
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