Ce livre est paru en 1998. L'aurai-je lu à sa parution ? Non. Je ne me souviens même plus de ce que je lisais cette année-là.
Si, des années après sa parution, je suis allée jusqu'au bout de ma lecture, je dois dire que je ne l'ai pas apprécié. Je serai pourtant tentée de me lancer dans des circonvolutions littéraires, dire que le style est ceci, cela, qu'il est intéressant de découvrir ce qui se passe dans une journée complète, au temps de ce qui n'était pas encore une canicule estivale. Je pourrai dire que ce récit simple change de ce que l'on peut lire habituellement, que ce n'est pas un « roman de l'été ». Ce ne serait que des effets de style.
Je me suis passablement ennuyée à cette lecture. Je me suis ennuyée face à tout ce que ce récit comportait de conventionnel, et en même temps d'un autre temps. L'on ne trouve plus, en 2023, une file de femmes qui achètent leur viande chez le boucher du village. Elles vont au supermarché, ou se font livrer, voire ne mangent quasiment plus de viande. L'on ne trouve plus, du moins je l'espère, une belle brochette de mère énervée qui, face à l'agitation de leurs enfants respectifs, ne voient qu'une solution : la fessée ! Juste pour passer leurs nerfs, parce qu'elles ne supportent plus l'énervement de leurs enfants, et de mettre cela sur le dos de la chaleur. Elles n'attendent d'ailleurs qu'une chose, que ceux-ci retournent à l'école ! Nous sommes l'été, et pourtant, elles ne prennent pas le temps de se poser, de parler, voire de jouer avec leurs enfants. Non, ces mères-là, qui, comme la mère de la toute jeune héroïne, Bénédicte, n'ont pas la vie qu'elles voulaient, qui font le plus souvent des choses qu'elles n'ont pas envie de faire, veulent donc que leur enfant fasse des choses qui ne lui convienne pas, parce qu'elles en ont décidé ainsi. Répéter que le foie est bon pour la santé ne rendra jamais le foie bon à manger – oui, je donne mon avis, puisqu'un narrateur omniscient précise bien que le fait que l'enfant pleure sur le foie ne nuira pas au bon goût de la viande.
Nous sommes en 1998, et l'on téléphone encore d'une cabine téléphonique, l'on a encore un téléphone fixe dont on se sert, garçons et filles ne jouent pas ensemble, mais sont bêtement opposés les uns aux autres, les garçons en voulant aux filles. Une autrice que j'aurai découverte, mais que je n'ai pas très envie de relire. J'ajoute qu'en lisant le quatrième de couverture, je me dis que celui qui l'a écrit et moi n'avons pas lu le même livre : je trouve les hommes absents, fuyants de ce récit, pour ne prendre que cet exemple.
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Impression, soleil couchant
Dans une province immobile et assoupie, les ombres s'allongent, les fleurs exhalent leurs parfums, l'odeur de la terre mouillée submerge les sens.
Dans ce moment de vide et d'attente, les enfants jouent, les vieilles dames se remémorent et les mères voudraient être plus que mères.
La tristesse du crépuscule, quelque chose de l'ordre du renoncement ou de la douceur du regret, la mélancolie troublante de chagrins vagues.
Un roman entre chien et loup.
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Le changement fut à peine perceptible ; il ne toucha que ceux qui étaient attentifs, ceux qui au fond du cœur l'appréhendaient, les personnes un peu trop sensibles.Ce changement avait trait à la lumière,peut-être à peine plus soutenue, à peine plus consistante, orientée plus nettement vers le bas.
(....)
C'était une chaleur violente, de plein été.Elle frappait la terre dés les premières heures de la matinée. A une heure quand les commerces baissaient leurs rideaux , les ombres étaient minces, étroites comme des couteaux . Les lames chauffées à blanc des murs auraient pu aveugler Michel Strogoff. Cette lumière évoquait toutes sortes de violences atroces, des tortures lentes, les moucharabiebs des harems, la poix bouillante jetée sur les guerriers, les hommes changés en statue de sel. Cette lumière évoquait l'attente. Les mouches , dans les coins des maisons, faisaient le petit bruit ordinaire et discontinu qui rappelle à l'esprit engourdi la présence des choses muettes; une poussière d'herbe, extrêmement dense, tournait dans les rais de soleil. Les volets rabattus ne laissaient filtrer, à l'intérieur, que des lames aiguës et dorées qui détaillaient silencieusement les tiroirs à moulures des épais meubles de province.
Les hortensias séchés de la grande-rue avaient perdu leur bleu-violet. La couleur en était passée comme celle des vieilles robes.
Un homme d'ailleurs, un jour, lui avait dit:
- Vous êtes..... tu es ....trop sensible....
(Est-ce qu'il la tutoyait ?) Et elle s'était sentie vraiment comprise pour la première fois de sa vie.(Mais ne pas penser à cet homme, c'était préférable .) Combien de sentiments ainsi , qui avaient existé en pure perte, des sentiments pour rien, un épouvantable gâchis ? Car il fallait regarder les choses en face. Il était bien possible qu'on l'eût aimé moins qu'elle n'avait aimé elle-même; il était bien possible que cette balance-là n'eût pas été exacte . Elle touchait un point délicat.
Très émue soudain , elle aussi , elle tourna une page , entama un nouveau chapitre.
Dominique Barbéris a reçu le Grand Prix du roman de l'Académie française pour son 11e roman "Une façon d'aimer", paru chez Gallimard. L'autrice embarque les lecteurs dans la France coloniale des années 50 et déroule l'histoire à travers les souvenirs reconstitués de Madeleine, jeune femme simple et sans histoire jusqu'à ce que....
Photos, coupons de journaux, vêtements, la narratrice remonte le fil de cette vie à la fois discrète et mélancolique. Elle est l'invitée de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
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