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EAN : 9782848102276
100 pages
Emmanuel Proust (05/03/2009)
3.69/5   44 notes
Résumé :
Femme altière se prostituant dans les rues de Paris ou joueuse de whist au regard lointain, les héroïnes méphistophéliques de ces deux nouvelles sont aussi malfaisantes qu’envoûtantes. "Le tuer, pour tout cela? Non! c’était trop doux et trop rapide! Il fallait quelque chose de plus lent et de plus cruel…"
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les souvenirs sont trompeurs : j'ai soutenu crânement que cette nouvelle des Diaboliques n'était pas sanglante… avant de la relire, et qu'elle me saute au coeur, puisque de coeur il est question.
L'entrée en matière de Barbey d'Aurevilly est un constat : la littérature, enfermée dans un « bégueulisme », n'est pas du tout morale, elle est pétrie de peur et d'hypocrisie : elle ne parle pas de l'inceste, par exemple, et en cela n'exprime pas la société où il est si répandu.
Pourtant, la nouvelle « La vengeance d'une femme » ne parle pas d'inceste, mais d'une autre sorte de « crimes de l'extrême civilisation, plus atroces que ceux de l'extrême barbarie, par le fait de leur raffinement, de la corruption qu'ils supposent et de leur degré supérieur d'intellectualité. »
Barbey décrit un libertin, un viveur, un « dégustateur de femmes » revenant d'Orient, c'est tout dire, dont la vue est happée par le tortillement d'une femme en jaune. Il la suit, elle l'invite, elle se dénude et le foudroie par sa beauté.
Des pages absolument sublimes suivent : « elle était bien plus indécente, bien plus révoltamment indécente que si elle était franchement nue. ».
D'une panthère (encore)elle a la souplesse, les bonds, les égratignures et les morsures. Elle se donne, elle s'enroule, elle se perd dans le plaisir.
« Positivement, elle lui soutira son âme, à lui, dans son corps, à elle. », car « il y a dans ce qu'on appelle le plaisir, avec trop de mépris peut-être, des abîmes aussi profonds que dans l'amour. »
Sauf qu'elle regarde un portrait accroché à son bras, alors qu'ils sont au comble de l'extase, il est jaloux, froissé dans sa vanité et voilà : elle est mariée à un grand d'Espagne, elle-même fait partie de la haute aristocratie, ce fut un mariage sans sentiment et… elle le hait.
Le récit est alors repris par la duchesse d'Arcos, elle qui a été élevée dans la plus stricte étiquette qui comprime les coeurs comme dans un corset.
Son coeur, elle découvre qu'elle en a un lorsqu'elle rencontre Esteban, marquis de Vasconcelos, portugais.
Suit le récit d'un amour brûlant et chaste, presque mystique, transcendance de l'amour, sentiment de ne faire qu'un, de n'avoir qu'un seul coeur…
Aux pages décrivant le plaisir, suit donc l'hymne de l'amour, en des pages inoubliables elles aussi.
Sa vengeance ? descendre si bas dans la société, en se prostituant, et en cherchant les maladies inévitables des filles de sa condition, que son nom, celui de son mari, en sera entaché pour toujours.
Le grand d'Espagne qui a le privilège rare de ne pas se découvrir devant le Roi, devient le cocu d'une putain.
Pourquoi cette vengeance ? parce que (scène que ma mémoire un peu bégueule sans doute, avait éliminé, scène rappelée par Patsales, qu'elle en soit remerciée) le mari fait étrangler l'amant, lui fait arracher le coeur, le donne aux chiens, alors qu'elle voudrait, puisque c'est son coeur à elle, le manger.
Diabolique nouvelle, en la terminant je me suis dit qu'il n'était pas besoin de thriller, Barbey suffit amplement.

PS : Je suis obligée de « faire comme si »il s'agissait d'une BD, mais c'est bien de la nouvelle qu'il est question.
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Pour une vengeance noire, une BD en noir et blanc fait vraiment l'affaire, avec des scènes érotiques, on voit cette femme comme une assoiffée de la chair plutôt comme une vengeresse de la chair...en tout cas, l'atmosphère dans la BD est moins sombre que dans la nouvelle originale de Jules Barbey d'Aurevilly bien que les images soient en noir et blanc
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Une critique uniquement sur la nouvelle "La Vengeance d'une femme".
Ce court texte montre les tréfonds de l'âme humaine... Les premières pages sont une théorie sur la littérature et la vérité : non, les écrivains n'inventent pas quand ils présentent des horreurs immorales, crimes, incestes, viols... Tout est déjà dans la société, les monstres littéraires ne sont que des copies de Messaline, Lucrèce Borgia...
Et ici, c'est une femme le monstre - mais l'est-elle vraiment ? Surtout par rapport à ce que lui ont fait les hommes, ses proches comme ceux qu'elle rencontre. Sa vengeance se fait après tout sans verser le sang, et elle souffre autant que celui qu'elle hait. Je ne vais pas l'expliquer, mais la force du texte vient du contraste entre la vanité et la futilité du dandy qui nous est d'abord présenté face à la force d'âme héroïque de la femme décrite. Autre contraste qui sert le texte, la différence entre la sensualité voire l'érotisme du début, et la violence glauque du récit de l'héroïne.
Un court texte donc, mais marquant.
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J'ai bien aimé la vengeance d'une femme par le moyen non conventionnel utilisé pour arriver à ses fins. J'avoue avoir été intrigué par la phrase suivante au dos: "en libertinage, le mauvais goût est une puissance"...

La couverture est très suggestive. Pourtant, il ne sera point question de scènes vraiment osées dans le corps de l'histoire entre ce jeune aristocrate et cette belle prostituée. C'est un peu dommage car cela risque de faire fuir le lecteur timide ou de décevoir un lectorat plus téméraire.

L'esthétique de l'objet m'a tout de suite attiré. Les cases sont immenses et l'histoire se lit avec aisance. le graphisme avec cette imagerie très XIXème siècle colle parfaitement à l'atmosphère de cette histoire tragique. C'est noir, mélancolique et sombre. Tout ce que j'aime dans le romantisme !
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La Vengeance d'une femme est à l'origine une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly, extraite du recueil Les Diaboliques paru en 1874. Elle est ici adaptée en BD par le dessinateur Lilao, la parution datant de 2009.

Un soir, dans le quartier mal fâmé de la rue Basse-du-Rempart à Paris, durant le règne de Louis-Philippe (début XIXe, pour ceux qui ont du mal avec les dates) se promène un dandy du nom de Robert de Tressignies. Il suit une jeune prostituée dont le visage lui rappelle celui d'une autre femme aperçue quelques années plus tôt. La suivant dans ses appartements, il est totalement ébloui par la grâce et l'entrain qu'elle met aux choses de l'amour. Mais très vite, il remarque qu'elle est absorbée par le bracelet qu'elle porte au poignet, un médaillon avec le portrait d'un homme. Questionnée sur celui-ci, , elle lui confie alors son identité : elle est la duchesse d'Archos de Sierra Leone, épouse d'un grand seigneur espagnol.

Quelques années plus tôt, elle vivait en souveraine, comme une jeune et docile demoiselle de son temps, malheureuse dans son mariage, mais pieuse et soumise. Jusqu'à sa rencontre avec le cousin du duc, dont elle tomba éperdumment amoureuse. Cet amour réciproque et chaste rendit fou de rage son mari, qui tua son amant. Elle entreprit donc de se prostituer à Paris, afin de se venger, souillant à jamais la réputation de celui qui causa sa perte et son chagrin.

Les dessins, tous en noir et blanc, sont d'une grande qualité. L'insertion du texte est admirablement faite, et on peut le retrouver dans sa totalité à la fin, permettant ainsi de mieux saisir le travail d'adaptation effectué par Lilao. L'atmosphère à la fois libertine et vengeresse se ressent très bien, et malgré les nombreuses planches de nus, je n'y ai trouvé aucune vulgarité. Les émotions des personnages sont mises en valeur par la finesse et la précision des traits. J'ai été totalement conquise !

http://manoulivres.canalblog.com/archives/2013/06/27/27512174.html
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Demandez à tous les confesseurs le nombre d’incestes (par exemple) enterrés dans les familles les plus fières et les plus élevées, et voyez si la littérature, qu’on accuse tant d’immorale hardiesse, a osé jamais les raconter… Je ne sache pas de livre où l’inceste, si commun dans nos mœurs, … ait jamais fait le sujet d’un récit qui pourrait tirer de ce sujet des effets d’une moralité vraiment tragique.
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J’ai souvent entendu parler de la hardiesse de la littérature moderne ; mais je n’ai, pour mon compte, jamais cru à cette hardiesse-là. Ce reproche n’est qu’une forfanterie… de moralité. La littérature, qu’on a dit si longtemps l’expression de la société, ne l’exprime pas du tout, – au contraire ; et, quand quelqu’un de plus crâne que les autres a tenté d’être plus hardi, Dieu sait quels cris il a fait pousser ! Certainement, si on veut bien y regarder, la littérature n’exprime pas la moitié des crimes que la société commet mystérieusement et impunément tous les jours, avec une fréquence et une facilité charmantes.
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Positivement, elle lui soutira son âme, à lui, dans son corps, à elle... Elle lui enivra jusqu'au délire des sens difficiles à griser. Elle le combla enfin de telles voluptés, qu'il arriva un moment où l'athée à l'amour, le sceptique à tout, eut la pensée folle d'une fantaisie éclose tout à coup dans cette femme, qui faisait marchandise de son corps...
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Et nulle autre différence que celles-ci : c’est que l’un (le Roman) met ses moeurs sous le couvert de personnages d’invention, et que l’autre (l’Histoire) donne les noms et les adresses. Seulement, le Roman creuse bien plus avant que l’Histoire. Il a un idéal, et l’Histoire n’en a pas : elle est bridée par la réalité.
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La victoire, pour moi, n'est rien sans la vengeance.
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Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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