Ceux-là n'ont d'autre but que d'aviver avec les propres phrases la plaie intérieure de leur sensibilité. La réalité leur est douloureuse. Elle les opprime, elle les blesse. Leur âme ne rencontre pas dans le cercle de circonstances où cette réalité l'emprisonne de quoi satisfaire son appétit d'émotions grandioses et intenses. [...] C'est leur vengeance à la fois et leur affranchissement que la littérature : leur vengeance, car ils attestent ainsi que le sort fut injuste pour eux et qu'ils ont été, comme dit magnifiquement un ancien "humiliés par la vie..."; - leur affranchissement, car ils conquièrent ainsi une excitation qui efface en la dépassant l'empreinte de la haïssable réalité.
Préface aux Memoranda
Il faut s'apprivoiser à un pays pour lui trouver sa physionomie vraie. Quand on se presse de le juger, d'après le soufflet de la première impression (car toute première impression est un soufflet à quelque chose en nous qui ne s'y attendait pas), on ne dit rien d'assuré et d'exact. Il faut faire ses yeux à ce qu'on voit, comme quand on s'éveille. C'est s'éveiller du sommeil de ce qu'on connaît, que de voir un pays nouveau !
Les sentiments ont leur destinée. il en est un contre lequel tout le monde est impitoyable : c’est la vanité. Les moralistes l’ont décriée dans leurs livres, même ceux qui ont le mieux montré quelle large place elle a dans nos âmes. Les gens du monde, qui sont aussi des moralistes à leur façon, puisque vingt fois par jour ils ont à juger la vie, ont répété la sentence portée par les livres contre ce sentiment, çà les entendre, le dernier de tous.
Nous nous sommes saoulé les yeux, sans pouvoir les rassasier, de ce spectacle de la mer, la seule chose physique qui n'ennuie pas et dont l'homme ne puisse se blaser.
Un Dandy peut mettre s'il veut dix heures à sa toilette, mais une fois faite, il l'oublie. Ce sont les autres qui doivent s'apercevoir qu'il est bien mis.
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel !
Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de
George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart,
du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent
s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on
ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la
première fois.
Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont
représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly,
Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor
Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la
Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes
et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes,
hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes
d'affaires...
On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de
l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876,
quelques jours avant sa mort.
Les auteurs :
George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps.
Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses
travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
+ Lire la suite