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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ryno de Marigny, libertin assumé (tout comme l'auteur), hésite entre la femme fatale, la coriace Vellini sa vieille maîtresse, si perfide et envoûtante qu'elle "faisait rêver jusqu'aux vieillards" et la jeune, belle et vertueuse Hermangarde de Polastron qu'il décide d'épouser.
Ces deux types féminins opposés peuvent sembler bien caricaturaux de nos jours mais le dilemme masculin reste intemporel.
Pour moi qui découvre bien tardivement Jules Barbey d'Aurevilly, je dirais que le point fort du roman réside dans le style époustouflant, dans l'art de la périphrase, dans le choix parfaitement maîtrisé du vocabulaire pour décrire les scènes les plus sujettes à scandale car scandale il y eut à la publication de cette histoire cruelle écrite dans une langue précieuse par un auteur qui se qualifie lui-même de libertin et chrétien.
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Comme vous commencez à le savoir, j'aime bien la littérature française du XIXème siècle, et Barbey d'Aurevilly n'échappe pas à la règle : après son recueil de nouvelles "Les diaboliques" que j'avais lu... bouhhh, il y a très longtemps, je me suis cette fois-ci plongée dans "Une vieille maîtresse", roman qui porte il faut le dire très bien son titre !
Nous sommes à Paris, au temps de la bourgeoisie et des courtisanes, et le beau Ryno de Marigny les fait toutes craquer. Toutes, même la jeune et pure Hermangarde (entre nous, quel drôle de prénom !), petite fille de marquise, immensément belle et terriblement riche. Tendrement conseillée par sa grand-mère, la jeune femme parvient à le faire craquer et à devenir son épouse. Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que son homme est lié depuis plus de 10 ans à la flamboyante Vellini, courtisane andalouse passionnée...
"Une vieille maitresse" est la parfaite illustration de la passion amoureuse, dans tout ce qu'elle a de plus déraisonnable et irrationnelle : Ryno sait que son histoire avec Vellini est sans issue, mais il n'arrive pas à sortir de l'emprise de cette femme malgré tout l'amour qu'il porte sincèrement à la sienne. Comme quoi les sentiments humains ne changent pas, et que ce livre écrit il y a plus de 150 ans est encore terriblement moderne. Par contre un peu ardu quelques fois il faut bien l'avouer !
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La marquise de Flers est aux anges : elle va marier sa petite-fille adorée, la belle Hermangarde de Polastron. Ryno de Marigny, le futur époux, âgé de trente ans, traîne la réputation sulfureuse d'un aventurier séducteur. Les salons ont fait leurs choux gras de l'état dans lequel il a laissé sa dernière victime et maîtresse en date, Mme de Mendoze, qui depuis leur séparation, dépérit, en proie à un chagrin obsessionnel qui a ravagé sa beauté, dorénavant défunte. La grand-mère, sous le charme de cet individu aimable, intelligent et charismatique, ne se préoccupe guère des rumeurs jusqu'à ce que sa très obligeante amie Mme d'Artelles l'instruise d'une soi-disant longue liaison que l'on prête à Ryno avec Vellini, fille illégitime d'une noble malagaise et d'un torero, femme laide, maigrichonne et noiraude, qui semble pourtant exercer sur les hommes un attrait aussi puissant que mystérieux.

Inquiète pour le bonheur de sa chère Hermangarde, elle interroge son futur gendre sur les fondements de cette rumeur. Ryno la rassure, il est profondément épris de sa petite-fille, et il a surtout définitivement quitté Vellini, avec laquelle il vécut, ainsi qu'il le lui rapporte en détail, dix ans d'une passion entamée dans la haine, faite d'orages et d'embrasement des corps. La marquise est convaincue de sa sincérité, et loin de s'offusquer du passé amoureux mouvementé de Marigny, elle se régale de l'honnête récit de cette liaison, en comprend les élans, avec la lucidité tolérante de qui a une longue expérience des passions et de la vie, et déplore l'hypocrite pudibonderie "anglaise" qui a investi l'air du temps...

Sincère, Ryno de Marigny l'est, véritablement. Pour preuve de sa bonne foi, et proscrire tout risque de tentation, le couple quitte Paris dès les noces célébrées pour les rivages normands. Mais les certitudes du jeune marié vacillent lorsque Vellini y fait son apparition...

"Une vieille maîtresse" est l'histoire de la lutte intérieure qui le déchire, opposant l'amour profond et légitime éprouvé pour une femme pure, de noble caractère, "belle à rendre amoureux tous les peintres", et l'attachement quasi surnaturel qui le lie à l'orgueilleuse et extravagante Vellini, qui dément, par son assurance et son extrême indépendance, tous les préjugés sur les femmes. Opposition, aussi, entre une relation gouvernée par la tendresse, la bienséance, le respect, et l'intensité d'une liaison sans tabou ni mensonge, qui permet de laisser s'exprimer tous les désirs, tous les sentiments, y compris les inavouables.

Il ne s'agit pas, entre ces deux femmes, antithèses l'une de l'autre, chacune étant dépeinte comme un symbole de ce qu'elle représente, d'une rivalité. Vellini elle-même prétend ne plus aimer Ryno, mais lui appartenir, comme il lui appartient, persuadée de la dimension ensorcelante -au sens strict du terme- de cette passion hors des convenances, défiant toute logique, mais dont Jules Barbey d'Aurevilly semble, à mots couverts, revendiquer son indulgence, exprimant à plusieurs reprises -notamment par l'intermédiaire de la malicieuse marquise de Flers- la décadence d'une société qui, rompant avec l'esprit caustique, élégant et libertin de l'Ancien Régime, a versé dans un moralisme étriqué.

Il dépeint par ailleurs le dilemme de Ryno, et l'inéluctabilité de sa chute dans les rets de sa mystérieuse et exaltée vieille maîtresse, avec minutie, laissant parfois sa plume verser dans le mélodrame, insistant sur la torture psychologique dont son héros est la proie, de la détresse fièrement tue dans laquelle sombre Hermangarde, ou sur les emballements d'une Vellini qui en acquiert une dimension presque diabolique. Et le lecteur est emporté par ce romanesque qui, s'il peut par moments paraître un peu débridé, n'en n'est pas moins convaincant, notamment lorsqu'il a pour cadre les falaises embrumées d'une côte normande que longe, à l'occasion, quelque spectre vêtu de blanc...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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