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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il s'agit d'un roman de Barbusse, le moins connu aujourd'hui (moins connu que son fameux livre "Le feu") mais qui lui a valu une certaine notoriété et reconnaissance à sa publication. Ce roman vient après des essais poétiques intéressants.

"L'enfer" de Barbusse n'est pas un roman ordinaire, il est aussi mystérieux qu'innovateur à mon sens. Il est composé de scènes dont le point commun est le lieu ; une chambre d'hôtel assez magique puisqu'elle réunit les situations les plus inédites (pour un hôtel) ; "une chambre double" baudelairienne. Ces scènes sont vues secrètement par le locataire de la chambre d'à côté via une fissure dans le mur. le héros est ainsi témoin de plusieurs événements : la mort, l'amour, l'adultère, la naissance…

Henri Barbusse étale son érudition et démontre son talent dans ce roman. L'auteur s'intéresse à tous les domaines et parle en vrai connaisseur, et l'on se retrouve parfois surpris de trouver tant de richesse dans un roman présenté comme érotique ! de longs dialogues savants et intéressants entre médecins, mêlés à des dialogues passionnées de couple d'amoureux, ainsi que des descriptions poétiques et des pensées philosophiques du personnage principal à la vie monotone et fade et dont le seul plaisir est ce qu'il voit parfois dans le pénombre ou le noir même de cette chambre. Ce personnage (sans qualités) regarde et analyse les tréfonds des autres personnages, les coulisses de leur vie dans son intimité la plus secrète. Et ce n'est point le monde organisé et fardé qu'il rencontre entourant la table des repas. Au contraire, la passion est bouleversante et la déception et la perte ont envahi les coeurs.

C'était vraiment une belle surprise pour moi que ce livre, naturaliste ? décadent ? je ne crois pas vraiment à cette classification, je crois qu'il s'inscrit par sa soif du savoir, par sa poésie, par son pacifisme à cette grande littérature d'Avant-Guerre. Ce livre n'est pas un roman, il réunit tous les genres à la fois (essai, poésie en prose, nouvelle, voire même théâtre) dans un style du XIXe siècle.

Avant "Le feu", l'auteur a choisi un autre titre du même genre infernal "L'enfer". Un titre assez significatif et métaphorique. Après toute cette vérité qu'il a vue, le personnage n'est plus comme avant il vit en enfer comme un damné! il se compare à Prométhée (qui a volé la lumière, alors que lui a volé la vérité). Il a découvert ainsi que tout autour de nous est néant et que la seule grandeur est en nous.
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Henri Barbusse met en scène dans ce livre un jeune provincial venu à Paris pour travailler dans une banque, et à qui par un procédé un peu miraculeux il est permis d'observer la vie de ses voisins de la pension de famille où il loge.
Il verra la servante, deux adolescents qui s'éveillent au désir de devenir amants, le couple adultère et la peur qui les tenaille, il entendra aussi le premier cri du nouveau-né...
L'enfer a reçu à sa sortie en 1908 la consécration de tous les hommes de lettres reconnus, manquant à l'étonnement de tous l'attribution du prix Goncourt.
Il fit connaître le nom de son auteur dans le grand public et dans les milieux cultivés. C'est une formidable "recherche du sens de la vie et du mystère de la mort", un livre puissant.
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Seule dans sa chambre à la pension Lemercier, un trentenaire "monté" à Paris pour travailler dans une banque, mesure la vacuité de sa vie en observant le plein de la vie des autres qu'il pense aussi vide que la sienne.
Un roman sans concession, écrit en 1908, dont l'écriture et la force des mots est une véritable leçon de littérature.
"Je me lève, haussé, poussé par la hâte de voir la sincérité des hommes et des femmes se dévoiler à mes yeux, belle malgré sa laideur, comme un chef-d'oeuvre ; et, de nouveau, rentré chez moi, les bras ouverts, posé sur le mur dans le geste d'embrasser, je regarde la chambre."
Derrière cette honte bue, le désir de jouir de la vie, au sens propre, de vivre l'amour dans sa chair, de se laisser emporter par le souffle des sens.
"Je voudrais de la gloire ! de la gloire mêlée à moi comme une étonnante et merveilleuse blessure que je sentirais et dont tous parleraient ; je voudrais une foule où je serais le premier, acclamé par mon nom comme par un cri nouveau sous la face du ciel."
Quand il observe le comportement des pensionnaires de la maison Lemercier, les écoute échanger des banalités lors des repas, la vie, la mort, les faits divers, le travail, les saisons, ce dont lui est incapable, accaparé par son questionnement, il pense :
"Et j'ai compris, à voir ce regard jaillir d'eux sous le choc de l'idée de la mort, que ces êtres s'aimaient et s'appartenaient au fonds des nuits de la vie."
Lorsqu'il découvre une fissure dans une cloison lui permettant d'observer la chambre mitoyenne dans laquelle réside une femme, il fait de ce spectacle l'activité la plus importante de sa journée.
La servante vient faire la chambre et embrasse une lettre de son amoureux : « (…) en me montrant son baiser nu, n'est-ce pas l'espèce de beauté qui règne, et dont le reflet vous couvre de gloire ? » ; puis vient la locataire « (…) je ne pense à me demander compte du crime que je commets à posséder cette femme des yeux. (…) le bruit de ses jupes est un bruit d'ailes dans mes entrailles. (…) je ne vois pas plus sa figure que sa pensée. »
Pour se rassurer il imagine que chacun porte en soi cette envie frénétique de gloire, d'amour, de sexe, qui leur est dénié mais que lui entend :
« Autour de l'image apparue, autour de ce paroxysme effrayant de nos timides instincts, le silence s'est propagé circulairement, comme un bruit formidable dans les âmes. »

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Je ne peux mettre que cinq étoiles à cet ouvrage, car le style m'a paru d'une modernité incroyable, autour d'un sujet tout à fait étrange. Une écriture contemplative, poétique, avant-gardiste, qui lui donne un cachet rare.
Mon collège à Reims, était situé dans une rue Henri Barbusse : j'ignorais alors, que j'éprouverais une telle admiration pour l'expression française de cet auteur.
Je n'ai lu que cette oeuvre pour le moment, mais elle se distingue de tout ce que j'ai lu jusqu'à présent. J'espère en lire d'avantage.
Je suppose que son engagement auprès des communistes, son erreur à soutenir Staline - le journaliste russe Arkadi Vaksberg accusa Staline d'avoir fait empoisonner Barbusse - lui valent aujourd'hui un certain discrédit. Cependant pour toute personne désirant écrire, ce livre est une source inépuisable d'inspiration.
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Je suis tombée amoureuse du style d'écriture de ce roman ♡,

Lorsque je l'ai lu la première fois, tombant dessus au hasard attirée par la couverture, je lisais comme je lisais tout le temps, légèrement, avec l'esprit un peu libre, un peu distrait, et je ne comprenais pas les phrases, j'ai laissé tomber mais seulement quelques jours après je l'ai rouvert et j'ai lu avec un esprit attentif, et lorsque j'ai compris ces phrases qui m'avaient semblé si énigmatiques de sens, j'ai été profondément charmée.

J'avais 17 ans je n'avais jamais rien lu de tel, je découvre une poésie précieuse aux métaphores ornementales, des phrases où tous les mots m'enchantaient, me surprenaient de beauté, où toutes les images de ces nuits qui montent, de lumières vivantes et ces coeurs qui dissimulent leur vérité, de yeux de velours, de mains qui dérobent dans le silence de la nuit, de femmes divinisées, de femmes déchues, toutes ces images semblaient remplir mon âme de beauté. La sensation que j'éprouvais à cette lecture ne m'était jamais arrivée, c'était exactement les phrases et les mots que j'aimais et attendais, j'étais seulement déçue par l'histoire que je n'ai pas forcément appréciée, je ne lisais que pour les mots
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