Quand
Henri Barbusse écrit une biographie de
Zola sur commande, il faut accepter le fait qu'on va lire un point de vue très marqué et magnifiquement mis en valeur par l'écriture de Barbusse.
Le coeur de cet ouvrage, c'est le mouvement littéraire naturaliste dont
Zola a été le chef de file et le plus célèbre représentant. Depuis les premières réunions d'un groupe littéraire jusqu'à l'affaire Dreyfus et un engagement politique qui
lui coutera sa tranquillité bourgeoise et peut-être la vie,
Zola sert de fil conducteur aux digressions passionnantes de Barbusse sur la vie littéraire et les auteurs de la fin XIXè siècle, des plus célèbres comme
Maupassant jusqu'à des écrivains plus obscurs - mais qui avaient surement une certaine notoriété à l'époque. Barbusse nous livre un véritable point de vue personnel indépendant de toute influence de mode. Par forcément indépendant de toute influence politique puisqu'en 1932, date de parution de cet ouvrage, il est membre depuis 10 ans du Parti Communiste, admirateur assumé de l'URSS et même stalinien béat dans la biographie qu'il a sortie en 1930. Il regrette d'ailleurs l'absence de prise de position sur le terrain politique de Zoal à qui il reproche de se contenter de décrire le prolétariat urbain et ouvrier sans participer à ses luttes, dans un confort et
une vie bourgeoise aux antipodes du monde qu'il a choisi pour son Oeuvre sociale. On sait qu'avec l'affaire Dreyfus,
Zola sortira de sa réserve avec les conséquences logiques de son acte courageux - la thèse d'un acte criminel sur ordre de la Ligue des patriotes a été prononcée par les descendantes de
Zola.
On le comprend, Barbusse n'a pas livré ici une biographie standard de
Zola et c'est tant mieux ! Très recommandé pour l'exposition de la vie littéraire de l'époque.