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EAN : 9782746714083
170 pages
Autrement (03/03/2010)
3.94/5   16 notes
Résumé :
Alors que la jupe a longtemps été subie et vécue comme l'attribut d'une féminité imposée, elle est aujourd'hui reconquise par les femmes, mais aussi par les hommes. Symbole des stéréotypes de genre pour les uns, symbole d'une libération nouvelle pour les autres. Le Girl Power, Ni putes ni soumises, le Printemps de la jupe et du respect sont autant de manifestations d'une mutation à l'oeuvre : la jupe est-elle forcément le signe de la soumission à l'ordre masculin ? ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre nous apprend que les femmes n'ont jamais brûlé leur soutien-gorge, mais que la violence de cette image "fantasmée" en a fait un symbole des revendications féministes.
Le vêtement est donc plus qu'un bout de tissu, c'est un étendard, ou un cache-corps, ou un cache-sexe, ou un costume de scène, que la scène soit politique, sociale, de spectacle, en public ou dans le ghetto des "tiers-quar".

Christine Bard analyse sous toutes les coutures ce costume devenu indissociable de l'idée de féminité: les jupes, jupons, autrefois appelés cottes, cotillons, devenues de plus en plus mini, pour disparaitre de nos gardes-robes, remplacées par le pantalon, plus ou moins féminisé selon les modes et les tendances.

Qui aujourd'hui veut mettre une jupe? qui peut aller au collège, au boulot, dans le métro, dans la rue, habillée en jupe? Peut-on toujours montrer ses jambes si on n'est pas accompagnée? Les lois doivent-elles réglementer le port des vêtements? le pantalon est-il légitime pour une femme? Est-il légal? est-ce une infraction de porter un voile, un niqab, une mini sans culotte?

La réponse dans "CE QUE SOULEVE LA JUPE"!
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Pour la jupe comme pour le pantalon, la grille de lecture de Christine Bard part du postulat que « les vêtements et leur genre -féminin, masculin, neutre – sont politiques »

L'auteure va donc analyser le port et le choix des vêtements dans l'histoire, les éléments de soumission, esthétisés et érotisé (comme le corset), la minijupe et la révolution des sixties, dont la métamorphose de la morphologie féminine par la mode. Elle souligne que « rien n'est moins naturel que le corps de mode » et que « le vêtement libère qui s'estime libéré(e)s par lui … »

Elle nous rappelle que la jupe était socialement imposée et analyse « la resignification de la féminité au tournant du siècle ». Il est plaisant de lire ses analyses sur les stratégie féminine en politique ou ses réflexions sur l'exposition des parties du corps.

Tout en s'interrogeant « Peut-on défendre la liberté vestimentaire des unes en limitant celle des,autres? » l'auteure souligne les représentations de la sexualité, l'érotisation dans la publicité, les limites entre séduction et provocation, le constat de la banalité des violences sexistes, des insultes et des gestes déplacés, le caractère nominatif et historiquement variable de la « féminité », l'impact de la pornographie de masse, la sécularisation comme condition de l'essor de la mode. « le voile et le dévoilement sont deux formes violences symboliques. Les femmes peuvent en être actrices, il n'en demeure pas moins que toutes, occidentales, Orientales, ne maitriseront pas leur vie aussi longtemps qu'elles ne choisiront pas leurs apparences ». le remodelage permanent entre libération marchande et assignation genrée ne saurait être confondue avec la fin du patriarcat ou de la domination des femmes par les hommes.

Le chapitre trois est consacré à « La jupe au masculin » et à la traversée des genres.

En conclusion, Christine Bard souligne que s'habiller n'est pas anodin. « le vêtement nous marque, nous étiquette » ou « Oui, la jupe est sexuée, sexuelle et sexiste ».

Ce qui n'enlève pas son intérêt à des manifestations comme la journée de la jupe et du respect.

Les dimensions liées à la marchandisation, tout en étant pris en compte « le marché a remplacé les normes » me semble sous-estimées. Il me semble, aussi, que l'auteure surestime les positions et les actions de « Ni putes, ni soumises ».

Quoiqu'il en soit une livre qui interroge l'air du temps sans s'y soumettre et sans oublier que « le genre est relationnel. On oublie trop souvent qu'il ne concerne pas seulement les femmes. Troubler le genre est une tâche qui incombe à tous les sexes » ou que « La dérive du genre n'empêche pas ”la stabilité du sexe” : la domination masculine s'accommode très bien des troubles dans le genre. »

Pour renouer enfin avec les interrogations sur les assignations sexistes, dans les moindres gestes et choix quotidiens (vêtement, comportement corporel, utilisation des produits dit de beauté, etc.) et ne pas oublier que « le problème est la violence qu'entretient la domination masculine et ce que nous faisons (ou ne faisons pas) pour la prévenir, la réprimer d'une manière appropriée et donner à celles et ceux qui en sont victimes, ou risquent de l'être, les moyens de se défendre psychologiquement et physiquement. »
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Après des décennies et des décennies de lutte, les femmes ont réussi à faire accepter dans leur garde-robe le pantalon. Voilà que l'on assiste aujourd'hui au phénomène inverse : refaire accepter dans l'espace publique la jupe. C'est le pantalon, parfois associé au voile, qui est devenu signe signe de décence. Pour autant, toutes les femmes ne veulent pas renoncer à la jupe ni à leur féminité, elles veulent avoir le choix entre ces deux vêtements sans craindre d'agression.
Comme quoi, le code vestimentaire n'a pas fini de faire parler de lui. le corps féminin est toujours à cacher, est toujours problématique. Il faudrait le rendre neutre, c'est-à-dire proche de celui des hommes (encore une inversion !) pour qu'il soit acceptable, mais selon les critères de la mode, de la pub et de l'industrie (point au-dessus de 38 tu n'iras !). Diverses associations et manifestations tentent depuis plusieurs années de conjuguer port de la jupe et respect : la jupe ne fait pas la pute. Ce combat n'est pas encore gagné, d'autant qu'il s'agit là encore de trouver un équilibre : la jupe, oui, mais pas d'imposition de ce vêtement.
Bref, le sort du vêtement féminin n'est pas encore réglé. Et si la solution se trouvait dans la jupe masculine ?
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Petit livre salutaire et bien construit qui mène son lecteur de ce triste constat quand la jupe devient "objet de délit" jusqu'à objet de reconquête de liberté individuelle tant pour les femmes que pour les hommes.
Triste constat en effet de voir ce vêtement conspué des collèges jusqu'aux bancs de la Chambre des Députés. Avant de lire l'ouvrage de Christine Bard, je ne m'attendais pas à autant de découvertes sur notre société. D'accord je suis naïve. D'où l'utilité de cette lecture !
J'ai abordé ce livre avec futilité et le referme avec beaucoup plus de gravité compte tenu des sujets de réflexion qu'il suggère.
Merci Junie, par ta critique de m'avoir...titillé la curiosité !
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Un travail historique sur un objet original, le vêtement. Et pas n'importe lequel, la jupe. En effet, tout est historique, tout est objet d'histoire, mais également tout est politique. le vêtement n'est pas neutre, il est objet de représentations culturelles, variables selon les cultures et les époques. S'habiller n'est donc pas neutre, bien au contraire.
La jupe peut ainsi être étudiée successivement comme symbole féminin, féministe, objet religieux, lié aux genres et à la sexualité. Cette histoire de la jupe est donc construite en parallèle avec celle du pantalon - et des vêtements féminins dans leur ensemble : il est aussi question de dessous, forcément - celui-ci est désormais autorisé, s'est massifié ; la jupe, elle, est devenue au contraire plus difficile à porter, devenant même un objet de reconquête féministe.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"Dans ma bulle, le romantisme a pris une gifle,
Les actrices de film X sont devenues des artistes.
Dans ma bulle on critique les femmes en jupe
Mais t'as pas besoin d'venir d'la ZUP pour te faire traiter de pute.
Dans ma bulle, ça parle cash, ça partage, ça parle mal,
ça part au quart de tour, ça part au chtar,
Dans ma bulle, l'amour est en garde à vue,
Non y'a plus de love dans les rues de ma bulle."

Diam's, Dans ma bulle, 2006
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Enfin, si les symboles de la foi religieuse sont bien identifiés, il est beaucoup plus difficile de reconnaitre ce que nos habits ordinaires peuvent avoir de symbolique. La question est rarement posée, parce qu'elle dévoile une codification sociale subtile que l'on respecte en général sans la commenter, sauf sous l'angle de la réprobation esthétique et morale...(le "mauvais genre", le "mauvais goût").
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Le voile et le dévoilement sont deux formes violences symboliques. Les femmes peuvent en être actrices, il n’en demeure pas moins que toutes, occidentales, Orientales, ne maitriseront pas leur vie aussi longtemps qu’elles ne choisiront pas leurs apparences
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On raconte qu'au Vatican soeur Fiorella, chargée de refouler les minijupes à l'entrée de la basilique Saint-Pierre de Rome, fait en 1974 une dépression nerveuse : elle reconduisait chaque jour plus de 2 000 touristes.
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Le genre est relationnel. On oublie trop souvent qu’il ne concerne pas seulement les femmes. Troubler le genre est une tâche qui incombe à tous les sexes
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Videos de Christine Bard (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christine Bard
8 avr. 2022 Conférence de Christine Bard, Professeure à l’Université d’Angers (Temos), autrice de La révolution féministe et Les garçonnes. Avec la participation de Sabine Lambert et Héloïse Morel, membres du Planning familial. Animation : Louise Fromard.
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