"Après une analyse du fascisme premier – le fascisme italien qualifié ici de césarisme mussolinien – et de son évolution, l'auteur va décrire, dans leurs similitudes mais également dans leurs différences, les autres régimes qui y sont assimilés : le nationalsocialisme allemand, le régime de Vichy et le franquisme espagnol, assumant leur nécessité historique et leur grandeur, mais aussi leurs erreurs."
Et qu'en est-il de leurs crimes ?
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Car la démocratie est fourbue. Dans son agonie, elle aura des sueurs et des cauchemars : et ces cauchemars seront des tyrannies brutales, hargneuses, désordonnés. Il y aura des fascisme de l'antifascisme. il y aura des "dictateurs de la gauche". Et nous verrons s'élever au nom de la défense des républiques des régimes qui auront pour maxime de refuser la liberté aux "ennemis de la liberté". Nous le savons. Et c'est pourquoi nous savons aussi que c'est mensonge et vanité de définir le fascisme par des caractères extérieurs. La suppression de la liberté, les arrestation arbitraires, les camps de concentration, la torture qu'on prétend rejeter sur le fascisme, sont tout aussi bien et tout aussi souvent le propre des régimes dirigés contre le "danger fasciste".
Reconnaissons mieux encore dans le régime de Nasser des traits déjà sensibles dans le fascisme d’avant-guerre : et, en particulier, ce caractère plusieurs fois signalé du fascisme que l’inspirateur d’un mouvement fasciste porte en lui-même et fait porter à son peuple une certaine image de l’homme qui commande une certaine image du monde. Il y a dans tout fascisme une morale et une esthétique, mais cette morale et cette esthétique sont conquérantes, et par là, tout fascisme est une religion. Cette mystique fasciste, Nasser et ses amis l’ont trouvé dans l’Islam qui est leur passé et qui est aussi, au sens le plus large et le plus complet du mot, leur culture, c’est-à-dire non seulement ce qu’on leur apprend, mais ce qui correspond le mieux à leur nature et à leur instinct.
La révolution nassérienne, ce n’est pas seulement « Égypte, éveille-toi », c’est la loi de Mahomet éveillant l’Égypte à la révolution nassérienne, c’est le Coran en marche. Car la révolte de Nasser, elle ne fut pas seulement contre l’occupation coloniale, mais elle fut aussi contre tout ce que cette occupation apporte, tout ce qu’elle représente : le règne de l’or, l’insolence du riche, le pouvoir des domestiques et des parvenus et toute cette parade du Veau d’Or qu’elle traîne après elle, ses boutiques luxueuses, ses palaces, ses paradis artificiels, son enseigne de courtisane. Car tout cela est condamné dans le Livre, ce sont les idoles de Mammon. Il y a dans le Coran quelque chose de guerrier et de fort, quelque chose de viril, quelque chose de romain pour ainsi dire.
C’est pourquoi Nasser est si bien compris des Arabes : il leur parle la langue que parle leur race au fond d’eux-mêmes. Ce qu’il leur promet, ce n’est pas seulement l’indépendance, c’est une vie selon leur race et selon leur instinct. Aussi intraduisible, aussi inimitable que le germanisme hitlérien, la croisade de Nasser est limitée comme le national-socialisme aux hommes d’un seul peuple. Mais sa position géographique et le moment où elle se produit lui donnent une immense importance. De toutes les mystiques fascistes, elle est peut-être celle qui marquera le plus profondément l’histoire par ses conséquences durables. (pp. 128-130)
Méridien Zéro reçoit Jacques Bardèche (fils de Maurice Bardèche) et Patrick Canet pour évoquer avec eux l'oeuvre et la vie de Maurice Bardèche.