Citations sur Le Designer (10)
... l'avantage du 22, c'est que la balle entre mais ne ressort pas. Elle ricoche à l'intérieur de ton crâne et met ton cerveau en bouillie. Tu veux un muffin à la confiture? Un café?
Me faire cogner était devenu une routine à laquelle je m'étais habitué en espérant que ces deux dégénérés finiraient par se lasser de l'objet de leur addiction.
L’avantage des temps couverts est qu’ils me bloquent dans le présent. Un avenir vide, sans projet ou attente joyeuse, tourne à la dépression, voire au suicide sous un soleil radieux. Cette deuxième matinée, désaturée et détrempée par une fine pluie d’automne, m’aide à ne pas étaler la misère de ma condition au-delà de la minute suivante.
Difficile de ne pas croire que la joie qui émane de toi est la conséquence de ma présence chez toi. Ton sourire irrépressible allume dans tes yeux tout l’amour que tu portes sur le monde, et sur moi ai-je l’impertinence de croire.
Pensons-nous la même chose au même moment ? Éprouvons-nous les mêmes sentiments au même moment ? Oui, j’en suis persuadé. Une aventure fantasmée, platonique, jamais révélée, a elle aussi sa magie, ses crises, ses ruptures, ses retrouvailles.
Le Designer ne fait rien au hasard, sinon on l’aurait identifié depuis longtemps. Un huissier saisit vos biens, il prend ce qui vous appartient. Son message sonne davantage à mon instinct comme un avertissement, mais un avertissement destiné à qui ? Sa prochaine victime ? Les enquêteurs ? L’un de ses proches ?
Avant d’être profileur, j’étais consultant en recrutement pour diverses boîtes qui connaissaient mon talent pour l’analyse de la gestuelle. Déceler chez l’autre ce qui le trahit est un exercice passionnant. En revanche, appliquer mon expertise sur des listes de candidats à l’embauche avait fini par profondément m’ennuyer. J’ai pris alors la décision de me spécialiser dans le profilage. Tous les sombres événements qui ont marqué mon enfance avaient coulé les fondations de ce métier que j’ai pris soin d’éviter pendant des années. Je suis passé de l’analyse des gestes à celui des actes, mais mon ancien talent me sert dans les rapports humains et notamment la séduction, je l’avoue. Ça permet d’éviter de perdre un temps fou à savoir si je plais ou non en soûlant de questions les amis, les amis d’amis ou je ne sais quel oracle susceptible de me sortir de la confusion.
Madame Atkins avait une personnalité limpide, généreuse. Ses sentiments, lorsqu’ils animaient son visage, étaient sans filtre ni effets spéciaux. Quand elle aimait, elle aimait absolument, sans règlement. Si elle voyait dans mes yeux le souhait d’une balade, d’un animal à caresser, d’un dessert à savourer, elle l’exauçait dans les jours qui suivaient. De temps en temps, la tristesse glissait des larmes dans son regard doux. Elle ne s’en cachait pas, elle ne dissimulait rien. Je faisais alors toutes les pitreries possibles pour la faire rire, ce qui prenait en général une dizaine de secondes.
Je ne trouvais rien dans mon quotidien qui m’égayait ni personne pour m’apprendre à le sublimer. La morosité et la crainte semblaient inhérentes à la vie et j’imaginais que c’était là un fait accompli qui déterminait la condition même du genre humain.
Le monde révélait à mon jeune âge toute son hostilité et mes parents, que je trouvais jusque-là rassurants, sont devenus étranges du jour au lendemain. Agressifs plus exactement. Ils se disputaient pour des raisons d’adultes qui m’étaient incompréhensibles. Le moment était mal choisi, j’étais incapable d’affronter seul la rudesse extérieure et encore moins leurs cris qui montaient jusqu’à l’étage et forçaient le placard, pourtant fermé et calfeutré, dans lequel je me cachais.