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Citations sur L'Américaine (55)

A l’aube d’écrire page de ma vie, j’avais besoin de ce lent arrachement à ma terre natale, et surtout, je m’étais mis en tête de refaire à l’envers le voyage qui avait amené Wilhelm et Almah Rosenheck, mes parents, sur cette île, plus de vingt ans auparavant. Ils comptaient au nombre de cette poignée d’« immigrants involontaires », comme on avait cyniquement baptisé à l’époque ces laissés pour compte, qui avaient échoué là à cause des cahots de l’Histoire, faute d’Amérique ou d’une meilleure terre d’asile.
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— Vous pleurez mademoiselle?
Perdue dans mes pensées, je n’avais pas senti que des larmes ruisselaient sur mes joues. Ni que quelqu’un se tenait à mes côtés. J’étais prise en flagrant délit de sensiblerie. Je foudroyai du regard l’importun avant de me raviser. Il avait vingt ans tout au plus, un grand corps dégingandé poussé trop vite. Un air gentil et sincèrement préoccupé se lisait sur son visage poupin encadré de boucles brunes. S’il pensait que son costume et ses grosses lunettes en écaille lui donnaient un air viril et mature, il se trompait. Je pouvais être rassurée sur un point, je n’étais pas la victime d’un coureur de jupons. Ou alors très maladroit et vraiment pas sûr de lui. Je secouai la tête en essuyant mes joues d’un revers de la main et lui lançai un sourire crâne.
— Ce n’est rien! Juste l’émotion du départ!
Il approuva en hochant la tête avec conviction.
— Moi aussi, je suis bouleversé de quitter mon pays. C’est un endroit magnifique, vous savez!
Comme si je ne le savais pas ! Son pays était aussi le mien. Même si je n’avais pas l’air d’être ce que j’étais : une Dominicaine. À cause de mes cheveux blonds et de mes yeux clairs qui trahissaient mes origines européennes. Je décidai de lui clouer le bec et lui lançai avec mon meilleur accent du Cibao, histoire de mettre les choses au point :
— Claro, nuestro país es mágico!
Il répondit, la voix étonnée et l’air désarçonné :
— Vous êtes dominicaine? Ça alors, à vous voir on ne dirait pas!
Je me retins de répliquer vertement qu’il devait apprendre à se défier des apparences et à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de s’exprimer. Je lui répondis par un haussement d’épaules désabusé comme s’il s’agissait d’une évidence, puis je tournai le dos à mon jeune compatriote, pour couper court à toute tentative de conversation.
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Le bonheur, on doit le fabriquer de ses propres mains.
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C'était une manière de faire mes adieux à mon enfance à laquelle je tournais définitivement le dos. En fermant les yeux, je voyais une longue plage blonde où le bonheur n'en finissait pas de couler. Si j'avais peu de certitudes, une seule était totalement inébranlable : peu d'enfants avaient vécu une enfance aussi libre et heureuse que la nôtre, un long fleuve d'insouciance.
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- Il ne faut pas pleurer, ma chèrie, pas le jour de tes vingt et un ans. Ce cadeau, c'est un symbole, il te revient, il faut que tu l'acceptes avec joie. Tu ne peux rien changer à notre histoire, ma Ruthie. Tu vas devoir apprendre à vivre avec, comme moi, comme ta mère, comme nous tous. Dis-toi que tes grands-parents t'auraient adoré; ils auraient été fiers de toi. Dis-toi que ce que tu vis, ce bonheur que nous partageons, c'est en partie grâce à eux.
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On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes.
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Il y avait deux camps, celui des étudiants légitimes, issus des collèges new-yorkais huppés et celui des pièces rapportées, les étudiants venus d’autres états ou pire de pays étrangers comme Déborah et moi. Un esprit d’élitisme et une hiérarchie tacites régnaient qui distinguaient ces deux castes et régissaient les activités et les clubs. Impossible d’échapper à cette immuable étiquette qui réglait également le diapason des amitiés, des inimitiés, et des rivalités. On appartenait à l’un ou l’autre camp, mais il était inenvisageable d’en changer, et il devenait clair que ce ne seraient ni mes efforts de sociabilité ni mes résultats académiques qui me permettraient d’intégrer la caste des Wasp.
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Et puis, un jour la tristesse desserra son étau. C'était un jour comme les autres, il n'y avait pas eu de signe avant-coureur.
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Ce que Ruth ne disait pas dans sa lettre, c'était à quel point elle était bouleversée au plus profond de son être car, à nouveau, elle avait l'impression de mettre ses pas dans ceux de ses parents.
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“On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes“
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