J'ai acheté ce livre après avoir lu de nombreuses chroniques le vantant mais comme il s'agit d'un "pavé" je l'avais gardé pour une envie de lecture d'un roman avec immersion totale sur plusieurs jours. La période de confinement que nous vivons était le moment idéal mais au lieu de m'immerger je me suis un peu noyée.....
"Nous sommes encore assez jeunes pour prendre vraiment racine dans ce pays. Car sans racines, on n'est qu'une ombre. (p632)"
Je vais encore une fois être à contre-courant des avis sur cette lecture dont je sais que nombre d'entre vous avez été enthousiasmés mais je vous rassure tout n'est pas négatif et je vais tenter de "disséquer" mon ressenti.
J'ai trouvé la première moitié du roman particulièrement longue, je veux parler de toute la partie de la rencontre entre Wilhelm (le principal narrateur) et Almah, leur vie à Vienne avec les prémices et le début de la guerre ainsi que les premières exactions envers les juifs. Ayant déjà lu beaucoup sur cette période ce ne fut pas une découverte. J'ai eu le sentiment que cela tournait un peu en rond, des répétitions surtout dans les sentiments de Wilhelm vis-à-vis d'Almah mais vous le savez le côté romance dans certains récits me "fatiguent" assez vite et celui-ci en avait toutes les caractéristiques qui me hérissent le poil. Je me suis accrochée malgré tout car toutes les éloges lues me laissaient entrevoir une possibilité d'intérêt dans la suite.
A partir de leur fuite vers la République Dominicaine, leur périple pour y arriver et leur installation dans l'île, le contexte politique du pays à l'époque, le récit est plus intéressant, j'ai eu un peu moins le sentiment de longueurs, les personnages étaient un peu plus étoffés, certains apparaissaient mais trop fugacement, l'action se concentrant uniquement sur le couple formé par Wil et Almah, cette dernière se révélant un peu plus en s'affirmant sur les choix de vie.
La narration est faite de plusieurs manières : Wilhelm est le narrateur principal mais l'auteure y mêle des pages de son journal personnel, reprenant parfois ce qui avait été écrit précédemment mais avec également une narration "off" pour situer le contexte d'ensemble, les attitudes de chacun etc.... Des pages et des pages qui parfois n'apportent rien.
J'ai été agacée par la fin de certains des "courts" chapitres annonçant le devenir de chacun dans le futur, annonçant ainsi, avant de le découvrir, ce qu'il allait advenir. Et puis Wilheilm (Wil) était parfois dégoulinant d'amour pour sa belle, une écriture comparable à ce que l'on peut trouver dans les romans sentimentaux. L'évocation de Stephan Sweig, modèle absolu du narrateur, dans presque toutes les pages du début, me donnait l'impression qu'il n'y avait rien d'autres à écrire ou alors voulait donner une sorte de crédibilité culturelle au personnage. Mais Wil n'est pas Stefan.
Il y a un gros travail de documentation de la part de l'auteure et j'ai découvert à la fois un pays, la République Dominicaine sous la présidence de Rafaël Trujillo, homme d'état des plus douteux, mais aussi appris l'installation de réfugiés juifs durant la seconde guerre mondiale dans ce pays, à la manière de kibboutz. J'ai parfois eu la sensation d'une énumération des événements qu'il fallait glisser dans la narration, souvent en total décalage de ton avec le sentimentalisme de l'ensemble.
Toute la partie historique aurait été intéressante si elle n'avait pas été noyée dans une littérature romanesque qui n'apporte rien et à mon avis nuit à l'ensemble. Je n'ai pas eu d'empathie pour les personnages, je les suivais sans rien ressentir émotionnellement.
Ce type de littérature a son public, il en faut pour tous les goûts, cette chronique n'étant qu'un ressenti personnel de lecture je ne lui porte pas préjudice car il a déjà remporté beaucoup de succès et continuera à plaire. Il est simplement la confirmation d'un type de romans qui n'entrent pas dans ma zone de prédilection. Une histoire d'amour sur un fond historique et qui comporte tous les ressorts du genre.
Je l'ai malgré tout lu jusqu'au point final, je n'ai sauté aucune page, jamais lu en diagonale et quand j'ai tourné la dernière page j'ai pensé : "Ça y est ! Je l'ai fini".
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