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Critique de SebastienFritsch


Il existe des lieux dont on ne veut pas partir ; des personnes que l'on ne veut pas quitter ; et des livres que l'on ne veut pas fermer.
C'est le cas notamment quand ces livres nous on fait vivre dans de tels lieux et auprès de telles personnes. Des livres qui deviennent des présences, surtout après deux années et quelque 1500 ou 2000 pages passées en leur compagnie.
Autriche, République dominicaine, États-Unis, Israël ; Almah, Wil, Ruth, Gaya, Arturo, Angel : voici quelques uns de ces noms de lieux et de personnages.
Exil, courage, reconstruction, amour, amitié, transmission : voici quelques noms communs à ajouter à ces noms propres pour savoir de quoi sont tissés les 4 volumes de cette saga des Déracinés.
Savoir, mais pas comprendre ; car pour cela, il faut les lire. Suivre, d'un tome à l'autre, ces jeunes expulsés de la ville qu'ils aiment, Vienne, ballottés, débarqués sur une île caraïbe, contraints de réinventer une vie, un métier, une histoire, tout en tentant de rester les mêmes : des juifs chassés par les nazis, des hommes et des femmes d'origines, de convictions, de milieux, de tempéraments très divers, mais tous nés sur une terre germanique et transplantés sous un soleil hispanique.
Ces mélanges, ces croisements, ces métissages sont un fil conducteur de toute la saga. Mais ils semblent prendre encore plus de valeur dans cet "Invincible été".
Alors, bien sûr, Catherine Bardon a rédigé un magnifique hommage aux fondateurs de ce kibboutz tropical, mais au moment où se clôt cette saga, je vois aussi une portée bien plus universelle à cette oeuvre. Juifs et chrétiens, cols blancs urbains et paysans, blancs bien blonds et dominicains mats de peaux, artistes et fermiers, première, deuxième, troisième, quatrième générations : toutes les figures qui peuplent ces 4 romans tracent une voie vers le respect, l'attention à l'autre, qui est là pour servir d'exemple. Et si ce dernier tome donne plus fortement ce sentiment, c'est sans doute parce qu'il couvre une plus longue période (4 décennies) ce qui multiplie les rencontres et les occasions de mesurer l'importance des personnes rencontrées. Sans oublier que le temps, qui impose des déchirures, offre aussi la chance de vieillir et de connaître et aimer de nouveaux arrivants sur la terre qui nous a accueillis.
Pourtant, quelles que soient la valeur de ces messages et l'élégance avec laquelle Catherine Bardon les suggère au fil des pages, ce ne sont pas les seuls points forts de ce roman. J'y ai retrouvé sa belle écriture, sans fioritures mais évocatrice, sensible et immersive, ainsi que son sens de la mise en scène. Événements, décors et dialogues sont délicats, parfois tendres, parfois durs, parfois joyeux, festifs ; toujours réalistes et humains.
Bien sûr, ce réalisme tient aussi au fait que ce texte s'inscrit dans un territoire et une chronologie qui ont existé ou existent. Et c'est aussi une des grandes qualités de ce livre, comme des précédents : ces enseignements, historiques, géographiques, politiques, sociologiques, religieux, littéraires, gastronomiques, musicaux... que l'autrice nous apporte, en les mêlant aux destins de ses personnages.
C'est cette richesse qui fait que la découverte de cette saga est une vraie aventure. Et si j'ai ralenti ma lecture, vers le milieu de ce tome, parce que je refusais de quitter cet univers, je suis heureux d'avoir découvert le destin de la communauté juive de Sosùa, d'avoir appris tant d'autres choses et d'avoir connu Almah et ses proches.
Et maintenant que ce dernier livre est refermé, j'ai compris que l'histoire n'est pas finie : le prochain épisode consistera à poser le pied sur cette terre dominicaine.
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