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Critique de LeScribouillard


Longueurs, verbosité, oscillation entre le sympathique et l'exaspérant : le prince sans ailes peut séduire les amateurs de lettres, mais il rebutera le reste de l'univers entier. Alors certes, le roman reste intéressent car il parle de l'orgueil, de la rédemption, le tout écrit par un auteur protestant. Il ne s'agit pas du premier à faire de la littérature de divertissement chrétienne : rappelez-vous C. S. Lewis qui posait ce genre de raisonnements dans Narnia. (À noter la nuance : les bonnes oeuvres de cette catégorie visent à faire réfléchir le croyant sur son parcours et comment réagir, pas à faire du prosélytisme. La frontière n'est pas toujours évidente.) Les thèmes abordés par le roman peuvent donc être traités d'une manière convaincante... sauf que tout dérape. Ils ne surgiront vraiment pour finir que dans les derniers chapitres. Pour ce qui est du reste... Eh bien, l'enfer n'est-il pas pavé lui aussi de bonnes intentions ?
Le worldbuilding est ouvertement inspiré de notre monde, un peu trop d'ailleurs : les trois royaumes l'Ellamagne, l'Ygepte et la Sinelande, et même une mention de l'Atlantide. Ça passerait s'il s'agissait de fantasy historique. Malheureusement il n'y a pas grand-chose de ressemblant à notre Histoire et les distances entre civilisations ont une fâcheuse tendance à battre de l'aile. Mais surtout, surlignons avec consternation l'absence de carte qui nous aurait aidés à comprendre plus précisément le récit.
Le magicbuilding... Il n'y en a pas. Et il n'y a pas vraiment de magie, ce qui est plutôt tant mieux car un récit sans vraiment de magie évite 1°) à l'auteur de se planter, 2°) à tout résoudre par une bataille de boules de feu. Sinon, ne vous en faites pas, il y aura tout de même un sacré bestiaire, et même des faits inexplicables... car divins.
Mais en examinant les personnages et le style, c'est là que ça se gâte. Il y en a un peu beaucoup ; pour des gens comme moi, ce n'est pas un problème, d'autant plus qu'Ourania a pensé à faire un Dramatis Personæ. En revanche, tous les chapitres sont racontés à la première personne, changeant sans arrêt de point de vue. le style est très complexe avec ça, plus des figures ampoulées, et surtout une recherche du vocabulaire qui va bien trop loin (vous en connaissez beaucoup, des romans de fantasy médiévale dont un des chapitres s'appelle "Kamikaze anachronique" ?) L'auteur essaye par ce biais d'exploiter la profondeur de ses personnages. Est-ce que ça marche ? Sur certains points clairement oui, sur d'autres clairement non. Les sentiments sont ressentis de manière forte, on plonge droit dans leur psychologie intérieure, avec un brin de poésie et de dérision, mais d'un autre côté l'effet est gâché par cette obsession pour la langue. Et c'est peu dire : j'ai failli éclater de rire en voyant un des antagonistes se faisant traiter de grosse baleine et d'à peu près tous les autres noms d'oiseaux. Dans une scène de viol, c'est problématique.
Du reste, ça se porte tout de même plutôt bien... Belle couverture, format original, chapitres courts, police qui sort elle aussi des sentiers battus (mais beaucoup moins, et je conseillerais plus l'édition de poche de Gregor dans cette catégorie-là), un brin de suspense et d'inattendu... Il n'empêche que si vous voulez lire un livre de ce genre-ci, je vous conseille clairement plutôt Nathania Boschung : c'est déjà nettement moins porté sur le m'as-tu-lu et ça va droit à l'essentiel. N'achetez ce bouquin que si vous avez vraiment tout exploré de la fantasy suisse.
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