Dussé-je encore vivre mille ans, qu’amour serait à jamais le nom du poids si léger de Thérèse entre mes bras, avant qu’elle ne glisse au milieu des vagues. Et destin serait le nom de cet océan mer, infini et superbe.
Seul le mécanisme sans fin de la mer continue de révéler le silence par l’explosion cyclique des ondes nocturnes, souvenances lointaines de tempêtes somnambules et de naufrages rêvés.
On peut dire qu’à chaque kilomètre de route il y comprenait un kilomètre de moins.
Ce sont des choses qui arrivent. Tu as des rêves, une chose à toi, intime, mais la vie en fait, elle ne veut pas jouer à ça, et elle te les démonte, un instant, une phrase, et tout se défait.
C'est une belle manière de se perdre, que de se perdre dans les bras l'un de l'autre.
L'avenir. Le mien est déjà tout entier ici, et maintenant. Le mien sera la quiétude d'un temps immobile, qui collectionnera des instants à poser les uns sur les autres, comme s'ils étaient un seul et unique instant, rien d'autre.
Rouvrir les blessures du souvenir est une souffrance.
Tous deux venus des points les plus extrêmes de la vie, c'est ça qui est stupéfiant, et dire qu'ils ne se seraient jamais frôlés sauf en traversant l'univers de bout en bout, et qu'ils n'avaient même pas eu besoin de se chercher, c'est ça qui est incroyable, le plus difficile n'avait été que de se reconnaître, se reconnaître, l'espace d'un instant, le premier regard et déjà ils savaient, c'est ça qui est merveilleux.
C'était ça l'important. Une sensation merveilleuse. Quand le destin finalement s'entrouvre, et devient chemin visible, trace indéniable de l'approche. Ce moment où l'on accoste. On voudrait qu'il ne finisse jamais. Le geste de s'en remettre au destin. C'est une émotion, ça. Plus de dilemmes, plus de mensonges. Savoir où. Et y aller. Quel qu'il soit, ce destin.
Un type s'invente des grandes histoires, en fait, et il peut continuer pendant des années à y croire, peu importe si elles sont folles, et invraisemblables, il les a en lui, c'est tout. On peut même être heureux comme ça. Heureux. Et ça pourrait ne jamais finir. Et puis, un jour, voilà que quelque chose se casse, dans le coeur du grand moulin à chimères, cloc, sans raison aucune, tout à coup ça casse, et tu restes là, sans comprendre comment il se fait que toute cette histoire fabuleuse elle n'est plus en toi mais devant, comme si c'était la folie d'un autre, et cet autre-là c'est toi. Cloc. Parfois, il suffit d'un rien. Même juste une question qui pointe le bout de son nez. Il suffit de ça.