Alessandro Baricco
EAN : 9782070142378
128 pages
Gallimard
(26/02/2015)
3.59/5
308 notesTrois fois dès l'aube
Résumé :
Deux personnages se rencontrent à trois reprises. Un homme commence à parler avec une femme dans le hall de son hôtel et, quand celle-ci a un malaise, il l'héberge dans sa chambre. Leur conversation se poursuit, l'homme s'ouvre à elle mais mal lui en prend. Un portier d'hôtel aide une jeune cliente à s'enfuir afin d'échapper à son compagnon, un individu violent et dangereux.
Plus âgé qu'elle, il lui révèle qu'il a passé treize ans en prison à la suite...
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Le dernier opus d'
Alessandro Baricco est un étrange petit bijou, logé dans un écrin aux tonalités de gris, couleur de l'aube. Un texte très court en trois parties, comme trois nouvelles qui se passent pendant ce moment indéfini, que les somnambules ou les lève- tôt connaissent bien. Ce n'est pas déjà le jour, plus tout à fait la nuit. Nous y découvrons un homme et une femme dans des situations et des temporalités différentes. Les destins vont se mêler à leur insu.
Cette construction originale permet à l'auteur de conter l'impossible, de nous offrir des variations sur le thème de la destinée et des rencontres qui font prendre à la vie une direction nouvelle.
Mystère, étrangeté, sensualité et création littéraire sont au coeur de ce nouveau livre.
Un livre très, trop, vite lu, mais quel bonheur !
L'écriture
Alessandro Baricco est à chaque fois pour moi un éblouissement.
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j'ai trouvé ce petit roman (2012) bien meilleur que
Soie. Il est ludique et émouvant.
En ouverture (voir citation) , on sait déjà et c'est un peu dommage, qu'on aura droit à un petit tour de force littéraire qui abolira le Temps.
Trois fois dès l'aube et en trois chapitres, un homme et une femme se rencontrent à trois âges différents de leur vie. Ils ont en commun d'être blessés par la vie. Les trois rencontres se présentent comme trois huis-clos autonomes. Les deux premiers ont lieu dans un hôtel, le premier est luxueux, le second minable. le troisième se situe dans une voiture. Dans la première histoire l'homme et la femme ont la quarantaine. Dans la seconde, l'homme est plus vieux et la femme toute jeune. Dans le troisième la femme est grosse et va prendre sa retraite. Bien sûr de l'une à l'autre histoire des motifs se répètent. Dans la préface,
Alessandro Barrico a fait référence ouvertement à
Mr Gwyn, un autre de ses romans que je n'ai pas lu. On doit trouver certainement dans celui-ci de petits rappels. On sent en tout cas que l'auteur s'est bien amusé à écrire ce livre où le Temps est aboli et il nous rend complice de sa prouesse littéraire, un peu trop peut-être.
Cependant ce qui rend totalement crédible et belle cette histoire, c'est surtout la vérité des deux personnages. Leurs destins respectifs brisés sur un coup de tête insensé pour lui et une passion totalement folle pour elle. Ils pensent avoir raté leur vie et sont englués dans les remords et la solitude. Pourtant, ils n'ont pas perdu tout espoir. Ils se rencontrent, dialoguent et se comprennent. Ils évoquent la possibilité d'un changement de vie, d'une rédemption, d'une nouvelle aube.
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Il est drôle et émouvant ce petit livre. A l'heure où le soleil se couche je le termine et j'ai pourtant l'impression de me réveiller. Je garde encore les yeux fermés. Quelques minutes. Histoire de ressentir une fois encore cette sensation floue, le moment où le dormeur est proche de l'éveil. Alors que mon rêve paraît encore vivace dans ma tête, des bribes me reviennent. Je ne sais plus si ce sont des rêves, des souvenirs ou un doux mélange des deux. J'ai eu trois flashs. Et comme toujours, les images surgissent avec leur tempo, leur chronologie qui leur appartient. Désordonnée de prime abord. C'est le rêveur qui doit les remettre dans l'ordre. Quand les brumes se dissipent, quand le ciel se détache du sol, quand des rayons percent, le rêveur lâche les cordes qui maintenaient ses trois ballons pour qu'il s'envolent, chacun selon son envie, chacun selon sa direction. C'est un peu ce qui s'est passé avec
Trois fois dès l'aube. C'est toujours à ce moment que les fils se dénouent...
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L'aube entre ombre et lumière retient dans son instant éphémère un temps parallèle.
C'est à ce moment particulier de la lueur du jour que se croisent pour la première fois, dans l'anonymat d'un hôtel lugubre, un homme et une femme. La femme aux yeux gris de louve veut séduire Malcolm Webster, un homme sur la défensive et aux aguêts. Il doit partir, elle l'en empêche. Il est d'abord en colère, puis se détend et étrangement finit par se confier.Tous les deux avouent un passé encombré de culpabilité, d'abandon et de défaite. Ils auraient pu suivre ensemble un chemin plus doux si le destin en avait décidé autrement.
Pourtant, ces deux personnages se retrouvent à rebours deux fois encore mais à des âges opposés et sans se reconnaître. Des rencontres fugitives où ils peuvent s'offrir mutuellement dans un échange librement consenti de la douceur et de la compassion à ce qui est déjà écrit.
J'ai beaucoup aimé ce court roman très théâtral par ses dialogues et sa mise en scène comme j'avais adoré Novecento. J'ai été séduite par son univers teinté d'alchimie où les aiguilles du temps peuvent s'inverser mais reviennent inévitablement au même endroit.
C'est un très beau coup de coeur !
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Trois histoires qui commencent la nuit, dans un hôtel plutôt miteux où se rencontrent deux personnages, et qui se terminent à l'aube.
On dirait trois nouvelles. Il s'agit bien pourtant d'un roman car tout se recoupe et on arrive à la fin en ayant tout reconstitué.
J'ai furieusement envie de lire
Mr Gwyn, «
Trois fois dès l'aube » étant le titre d'un roman imaginaire lu par le personnage.
J'adore la manière d'écrire d'
Alessandro Baricco. Quel style et quelle intelligence dans la construction de ses histoires.
Il a vraiment un talent particulier.
L'ambiance de ces rencontres dans trois hôtels est captivante.
Un excellent moment de lecture.
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critiques presse (5)
Trois récits très touchants qui ont indiscutablement triplé notre plaisir de lecture.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Il existe des courtes sonates plus subtiles que de grandes symphonies. Alessandro Baricco le démontre avec "Trois fois dès l’aube".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Ça pourrait être du théâtre. Trois actes légers et graves à la fois, apparemment réalistes, en fait totalement fous, mais semblant respecter une certaine unité de temps : les premières lueurs de l'aube.
Lire la critique sur le site : Telerama
Ce court roman est un délicieux concentré de Baricco.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Au-delà de la virtuosité de ce « présent-passé-futur » recomposé, on est saisi par l’humanité à vif des personnages, par la lumineuse poésie des descriptions, par le récit de ces deux vies qui se jouent en trois coups, entre chien et loup...
Lire la critique sur le site : LesEchos
Ces pages racontent une histoire vraisemblable qui, toutefois, ne pourrait jamais se produire dans la réalité. Elles décrivent en effet deux personnages qui se rencontrent à trois reprises, mais chaque rencontre est à la fois l'unique, la première et la dernière. Ils peuvent le faire parce qu'ils vivent dans un Temps anormal qu'il serait vain de chercher dans l'expérience quotidienne. Un temps qui existe parfois dans les récits, et c'est là un de leurs privilèges.
( ouverture)
L'homme réfléchit un peu. Puis il dit qu'il faut faire attention quand on est jeune parce que la lumière dans laquelle on vit, jeune, est la lumière qui nous suivra toujours, et ce pour une raison qu'il n'avait jamais comprise. Mais il savait que c'était comme ça. Il dit que beaucoup de gens sont mélancoliques, dans leur jeunesse, et qu'en fin de compte ils le restent toujours. Ou alors, qu'ils ont grandi dans la pénombre, et que la pénombre les poursuit toute leur vie. Ainsi il fallait se méfier de la méchanceté qui semble être un luxe qu'on peut se permettre, quand on est jeune, car la vérité est tout autre ; la méchanceté est une lumière froide dans laquelle les choses perdent leurs couleurs, et ce définitivement. Il ajouta que lui, par exemple, avait grandi dans la violence et la tragédie, et que par une série de circonstances il devait admettre qu'il n'avait plus jamais réussi à sortir de cette lumière, même si d'une manière générale il pouvait affirmer avoir bien agi tout au long de sa vie, avec la seule intention de remettre les choses en ordre, et en parvenant à le faire au fond, mais indiscutablement dans une lumière qui n'avait été que tragique et violente, avec de rares moments de beauté, qu'il n'oublierait jamais du reste.
C’était un hôtel, d'un charme un peu suranné qui avait su probablement, par le passé, tenir certaines promesses de luxe et de raffinement. Par exemple, il avait une belle porte a tambour en bois, un détail toujours propice aux fantasmes.
C'est par la qu'une femme entra, a cette heure étrange de la nuit, apparemment perdue dans ses pensées, a peine descendue d'un taxi. Elle portait juste une robe du soir jaune, plutôt décolletée, sans l'ombre d'un châle sur les épaules : cela lui donnait l'air intriguant de ceux a qui il est arrivé quelque chose. Il y avait une élégance dans ces mouvements, mais on aurait dit aussi une comédienne regagnant les coulisses, libérée de la contrainte du jeu et renouant avec une partie d'elle même, plus sincère. Ainsi elle avait une manière précise de poser ses pas, un peu fatiguée, et de tenir son minuscule sac a main, prête a le lâcher. Elle n’était plus très jeune, mais ça lui allait bien, c'est le cas parfois des femmes qui n'ont jamais douté de leur beauté.
Ces pages racontent une histoire vraisemblable qui, toutefois, ne pourrait jamais se produire dans la réalité. Elles décrivent en effet deux personnages qui se rencontrent à trois reprises, mais chaque rencontre est à la fois l'unique, la première et la dernière. Ils peuvent le faire parce qu'ils vivent dans un Temps anormal qu'il serait vain de chercher dans l'expérience quotidienne. Un temps qui existe parfois dans les récits, et c'est là un de leurs privilèges.
Ce qu'elle avait compris, avec une certitude absolue, était que vivre sans lui serait, à jamais, sa tâche fondamentale, et que dès lors les choses se couvriraient systématiquement d'une ombre, pour elle, une ombre supplémentaire, même dans le noir. Elle se demanda si cela pouvait convenir pour expliquer ce que signifie être fou de quelqu'un, mais en levant le regard vers l'homme debout face à la fenêtre, sa petite valise à la main, elle le vit si élémentaire et déterminé qu'il lui sembla totalement insensé de se lancer dans cette explication.
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […]
[…] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […]
Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […]
[…] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
0:00 - Titre
0:06 - Trieste
1:29 - le faubourg
5:27 - Lieu cher
5:57 - Une nuit
6:32 - Variations sur la rose
7:15 - Épigraphe
7:30 - Générique
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INTRODUCTION À LA POÉSIE : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rtiqkMjM0D1L-33¤££¤76LES FILS DE LA LOUVE77¤££¤
AUTEURS DU MONDE (P-T) : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8pPO4gzs6¤££¤39LES FILS DE LA LOUVE75¤££¤8
PÈLERINS DANS LA NUIT SOMBRE : https://youtu.be/yfv8JJcgOVM
Référence bibliographique :
Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration :
https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation
Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site :
https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
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