Bleu guitare

C'est l'histoire d'une résurrection, d'un « réveil après une longue nuit », de la fin de sept années d'une douloureuse parenthèse en mode zombie.

Le rêve américain avait pourtant plutôt bien démarré pour ce p'tit gars du parc de la Tête d'Or devenu musicien : parti avec ses potes tenter sa chance à L.A., ça commençait à rigoler pour eux et les concerts se succédaient.

Jusqu'à ce soir-là. Peu après l'achat de la guitare bleue, dans cette ruelle derrière ce bar du Strip où l'inconnu aux tiags lui fracasse une bouteille de whiskey sur la tête et lui mutile les mains. le plongeant dans le néant.

« Arrête. Tu n'as rien gâché. On t'a pris.
Ce que tu avais de plus précieux.
Qui tu étais.
Ta putain de raison de vivre. »

Depuis, il dort le jour et erre la nuit, tentant d'oublier à défaut de se souvenir.
« Plus jamais, plus jamais, plus jamais. Mais alors quoi ? Qu'est-ce qu'il me restait ?
La nuit.
Attendre la nuit. »

Jusqu'à ce que des bribes reviennent et qu'il commence à les coucher sur un cahier : des coupures de presse, des rencontres, l'actrice… La nuit s'éclaircit, les rythmes s'inversent, le jour renaît. Doucement.

Bleu guitare de Simon Baril est un roman noir atypique, au rythme lent comme cette nuit qui ne veut pas finir. Une errance dans la cité des anges côté sombre et bars à strip, plutôt que côté paillettes et projos, dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler celles de Lynch, nébuleuses où du rêve à la réalité, il n'y a pas loin.

Une atmosphère singulière qui pourra surprendre. Ou séduire, ceux qui, comme moi, s'y laisseront glisser et emporter dans la trame ouatée de Baril, confirmant qu'un traducteur est aussi, et avant tout, un auteur. Comme si on pouvait encore en douter…

Le projet d'écriture est intéressant : alors qu'il a les mains en charpie depuis l'agression qu'il a subie 7 ans plus tôt à la sortie de son concert, cet ex-guitariste rock achète un cahier et commence son journal. Note surtout le vide de sa vie, sa mise entre parenthèses du monde, ses cauchemars diurnes et ses longues marches nocturnes dans les rues de Los Angeles. Petit à petit il reconstitue les faits au gré de sa mémoire qu'il sollicite.
L'écriture heurtée, souvent orale se met au service de ses déambulations et sursauts de vie. Un début prometteur mais une fin un peu précipitée.

Le personnage principal est un guitariste d'un groupe de rock français ayant tenté sa chance aux us. Ça marche plutôt bien mais voilà qu'un soir il se fait agresser à la sortie d'un concert. Ses mains sont broyées, il ne pourra plus jamais jouer.

A quoi bon vivre ? S'en suit 7 ans de mort sociale. Il vit la nuit, dort le jour et fuit tout contact avec un être humain.

Jusqu'à ce qu'il décide de rassembler ses souvenirs en les notant dans un cahier et ainsi commencer sa résurrection.

J'ai bien aimé cette histoire, le style, et les failles du personnage. Les personnages secondaires sont aussi très intéressants.

Los Angeles - septembre (?) 2006 - le petit Frenchie, réveillé en plein après-midi par des cris, émerge de son sommeil comateux et entreprend de raconter son histoire sur un cahier : sa vie foutue depuis 9 ans, son incapacité à côtoyer les gens, à vivre dans la lumière du jour, d'où ses nuits sans sommeil à marcher sur les boulevards déserts et ses journées, endormi dans son studio miteux. Il vivote grâce à des droits d'auteur qui s'amenuisent chaque année.
Ce réveil inopportun va déclencher en lui un curieux phénomène de réflexion, de mémorisation, de force pour affronter sa réalité.
J'ai aimé ses déambulations dans L.A., dans les nuits bleu électrique sans être tout à fait embarquée.