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EAN : 9782924670033
Les Éditions de ta mère (24/10/2016)
3.98/5   174 notes
Résumé :
La faculté de droit de l’Université de Montréal est le dépotoir de l’humanité. Tu le sais : t’en es le déchet cardinal. Tu viens de commencer ta première session, mais y a pas une minute à perdre : si tu veux un beau poste en finissant faudra un beau stage au Barreau et si tu veux un beau stage au Barreau faudra une belle moyenne au bacc et si tu veux une belle moyenne au bacc faudra casser des gueules parce qu’ici c’est free-for-all et on s’élève pas au-dessus de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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« On va pas se raconter d'histoires sur l'égalité des chances : t'es blanc, t'es beau, t'es en santé, t'as toujours mangé à ta faim, et t'as des capacités cognitives supérieures à la moyenne (…) »
Le narrateur s'apprête à entrer, avec une confiance gonflée à bloc, à la Faculté de Droit de l'Université de Montréal : un baccalauréat de trois années, une course au stage chez les plus réputés cabinets d'avocats et ultimement, l'admission au Barreau. Autour de lui gravitent sa copine Aurélie, étudiante en médecine, Papa et Maman, tous deux médecins et son ami d'enfance, Fred, en deuxième année de droit, généreux en conseils de tous genres.
L'écriture directe et sans fioritures donne le ton à ce roman psychologique dont le personnage principal est interpellé violemment par un « tu » presque accusateur tout le long du récit. L'anxiété à la performance peut dévorer celui ou celle qui en est atteint et l'auteur en démonte ici tous les ressorts vicieux.
Manuel de la vie sauvage, paru en 2018, adapté depuis en série télévisée fort bien réalisée par Christian Laurence, m'a paru plus abouti que Royal, paru en 2016, lequel ne bénéficie pas des pointes d'humour caustique du premier, d'où cette note de trois étoiles.
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Cynique et caustique cette image que nous présente l'auteur de la course aux stages que se livrent les étudiants en droit de l'université de Montréal. Mais malheureusement sans doute plus près de la vérité qu'on ne le souhaiterait. Aucune bassesse n'est interdite dans cette compétition, les drogues et l'alcool sont des béquilles quasi obligatoires car la pression , que mettent joyeusement les grandes firmes d'avocat, est immense. L'accès à ces stages relève du parcours du combattant, au détriment trop souvent de la santé mentale des étudiants.

Au-delà du propos, j'ai découvert un auteur à la plume incisive dans cette attaque vitriolique contre l'hypocrisie généralisée dans laquelle baigne tout ce beau monde, la supposé élite. La notion de justice est bien loin des préoccupations du système, celui-ci étant axé sur le fric, les apparences et le clinquant. On n'a qu'à voir le mépris affiché envers les étudiants qui visent une carrière dans le communautaire, le syndicalisme ou même les postes de procureurs de la Couronne pour saisir l'ampleur de la ségrégation en place. Bref une lecture décapante, dérangeante par certains aspects, servi par un style direct, agressif même; et ce n'est pas pour me déplaire !
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Pas toujours facile de trouver des romans québécois dans nos librairies ou bibliothèques, alors quand j'ai eu l'occasion de pouvoir écouter ce roman. Je m'y suis tentée et je ne suis pas trop une adepte des audio livres. Mais me voilà lancée et j'ai tout écoutée d'une traite avec ce roman trash.
Ces jours ci, nous fêtons déjà les 30 ans de American Psycho de Bret Easton Ellis, qui était un sacré roman.
Royal y fait penser d'ailleurs : ce texte nous raconte le difficile parcours universitaire du narrateur. Nous sommes à Montréal de nos jours et la bataille est rude, semée d'embûches pour les étudiants en droit. La narration du "tu" nous interpelle et cela convient très bien en audio livre. Nous suivons au plus prés les sentiments, ressentiments, impressions, dégoût du narrateur. Lu à plusieurs voix, nous sommes vraiment dans le texte, que ce soit sur les bancs des cours de droit (un peu hermétique ses analyses de jurisprudence), la description des étudiants (l'Italien, la provinciale sportive, la fille du syndicaliste), dans les soirées d'intégration (oh la bière coule à flots ainsi que certains produits illicites...), dans la chambre du "tu", ses relations avec son amoureuse, son cousin, associé dans un grand cabinet d'avocats.
Ce texte décrit surtout avec un réel cynisme la vie des étudiants, en droit, leur compétition entre eux, rivalités, leur recherche acharnée d'un bon stage pour ensuite rentrer dans un bon cabinet.
Il parle aussi très bien de ce climat de compétition acharné entre étudiants, du mal être de ces étudiants et des moyens qu'ils recherchent pour s'en sortir.. Un constat très cynique, humoristique de cet univers impitoyable des études mais aussi de la compétitions dans les cabinets d'avocat.
Un texte trash à la Bret Easton Ellis et j'ai bien aimé cette lecture audio, qui m'a facilité la lecture de certains termes très québécois, et j'ai enrichi mon vocabulaire un peu vert du français de nos cousins québécois.
Bref une sacrée expérience pour cette écoute d'un livre audio, et aussi aimé les consignes de mettre un casque avant la lecture de certaines scènes "coquines".
Ce texte est en libre accès sur le site de radio Canada, car il a eu le prix des collégiens 2018.
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Chaque fois que je plongeais dans Royal, j'aurais pu lire pendant des heures. La prose de Baril Guérard, très crue, est dotée d'un rythme extraordinaire. Pourtant, certains chapitres très émouvants m'arrêtaient dans ma lecture, car ils suscitaient de profondes réflexions sur la vie, la mort, et tout ce qui s'y rattache. D'autres passages continuaient à me hanter des jours après les avoir lus. D'après moi, c'est le regard extérieur que le personnage porte sur lui-même (le livre est écrit au « tu ») qui rend possible au lecteur cette introspection. Ce point de vue particulier témoigne d'un jeune homme qui ne vit que pour les apparences, donc qui n'arrive pas à ressentir quoi que ce soit au « je ».

Ce qui m'a le plus captivé, dans ce roman, c'est l'évolution psychologique du personnage principal, qui est au cœur du récit. Il passe à travers différents états de détresse : son anxiété de performance cause une dépression nerveuse, qui se transforme en crise existentielle, puis en détachement émotionnel; ensuite, il se défoule par un contrôle sexuel absolu. À la fin, il y a un semblant de retour à la normale, mais teinté d'une apathie résiduelle.

En somme, je suis heureux d'avoir lu ce roman angoissant et poignant alors que je me prépare à entrer à l'université. Je conseillerais Royal à toute personne qui se trouve à une étape semblable de sa vie.
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Dès les premières lignes, le ton et le décor sont plantés.
Assis dans l'amphithéâtre où il entame ses études de droit à l'Université de Montréal, le héros écoute le discours du recteur vantant la nature élitiste et l'excellence de l'assemblée, constituée de deux centaines de jeunes de moins de vingt-cinq ans… Peu dupe, il y oppose in petto un cynisme amusé, conscient qu'au même moment, d'autres recteurs tiennent dans d'autres amphithéâtres le même discours à une jeunesse tout aussi brillante…

Il faut dire que la concurrence est rude, et que c'est à une véritable compétition que se préparent ces futurs professionnels du droit, une compétition nécessitant l'endurance d'un marathonien et la résistance d'un sprinter. C'est même une "Battle Royale", aux règles drastiquement codifiées, des habitudes vestimentaires à l'attitude qu'il convient tacitement d'adopter pour impressionner ses "concurrents", ainsi qu'on le découvre en suivant l'itinéraire de notre étudiant. Il s'agit d'observer l'autre pour juger de sa dangerosité tout en dissimulant le fait qu'on le considère comme un rival, d'avoir l'air plus concentré que lui tout en affectant une nonchalance destinée à prouver qu'on n'est pas dépassé même lorsqu'on est à bout de nerfs. Bref, l'apparence d'étudier est finalement aussi importante que d'étudier, et demande presque autant d'énergie…

Et puis il y a le stage de six mois en milieu professionnel, facteur déterminant de la réussite, indispensable pour passer son barreau avec succès. Sauf qu'il y a bien plus de places au barreau que de stages, et que tous les stages ne se valent pas… il faut donc aussi se livrer à la course au stage, consistant à faire en sorte que l'on sera celui que repérera l'un des prestigieux cabinets que tout le monde convoite. Il convient de "semer des graines", en se créant des contacts, en faisant du bénévolat, bref se montrer, et sous son meilleur jour, même s'il est factice. Réorienter sa vie, ses centres d'intérêt, sa posture, en vue d'être l'élu, tout en ayant les meilleures notes possibles. Être rat de bibliothèque et écumer les cocktails, oeuvrer dans le social et continuer le sport (car l'apparence, c'est très important), sans jamais laisser soupçonner que l'on est débordé, quitte à se faire aider par quelque médicamentation plus ou moins légale.

Ce parcours est décrit au fil d'une narration portée par un "tu" qui s'adresse au personnage principal, en un martèlement subtil mais permanent qui en exprime la dimension frénétique, et crée la distance dans laquelle peut s'insérer le regard sarcastique que porte le héros sur lui-même aussi bien que sur les autres.

Issu d'un milieu aisé, il est pourtant de ceux qui, excellant dans tout, considèrent la réussite comme un acquis. Il assume l'absence de vocation présidant à ses ambitions, déterminées par l'argent, pour lequel il est prêt, comme tous ses pairs, à "toutes les putasseries". Endurant, il a aussi une certaine prestance. Il se donne à fond, alternant journées d'études, constitution d'un réseau relationnel et nuits débridées au cours desquelles il s'adonne à tous les excès, y compris sexuels.

Sauf que… à la fin de la première session, ses résultats ne sont pas à la hauteur de son objectif. le monde s'écroule. Il sombre dans une sorte de nihilisme existentiel, analysant sa dépression comme le reste, avec rigueur et acuité… Mais ce passage à vide, qui nous rendrait presque sympathique cet arrogant jeune homme, ne dure pas… le conditionnement culturel et social l'emportent, il rattrape la course…

"Royal" est un roman à la forme originale, sur un sujet pour lequel j'ai a priori peu d'appétence. Mais au-delà du microcosme universitaire que décrit Jean-Philippe Baril Guérard, il faut y voir la critique virulente d'une société où tout est question de pouvoir et d'intérêt, d'un monde d'accointances et de corporations tacites, où règne l'iniquité, ainsi que le souligne, sans pour autant s'en offusquer, le beau, blanc et riche personnage principal. Et puis j'ai été facilement emportée par la dynamique que crée cette narration à la deuxième personne, ainsi que par le ton cynique, le langage parfois cru, la violence qui sourd de certains passages, comme en contrepoint à l'image policée qu'il convient de renvoyer au sein de cet univers hypocrite aux moeurs finalement bien brutales...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"T'as peur des autres parce que t'as peur que le monde soit aussi rat que toi, man. Mais on est pas toutes malades mentaux comme toi. Par contre, je suis vraiment flatté que tu me considères assez menaçant pour que tu penses que j'aie pu te voler tes notes."
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Tu voudrais lui dire l'amour est pas une ressource renouvelable, Aurélie, j'ai foutu le feu à la plateforme de forage, j'ai brûlé tout ce que je pouvais extraire, et j'ai dansé autour du feu de joie sans même me rendre compte que ça m'écorchait la peau, pendant que d'autres investissaient dans ce qui se tarit pas. Tu voudrais lui dire je pense pas que ça arrivera de nouveau, ni avec toi ni avec une autre, je suis pas de ceux qui ont besoin de monter six fois l'Everest, une fois c'est assez, j'ai d'autres chats à fouetter. Tu voudrais lui dire oublie l'amour, Aurélie, il y a des choses qui coûtent moins et qui rapportent plus, dans la vie.
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Je sais que c'est pas nécessairement un party, la vie d'avocat en grand cabinet. Qu'une grosse partie du travail, c'est de chercher, justement, le diable dans les détails. D'être un spécialiste de l'horlogerie du fine print, jusqu'à devenir fou, des fois. Pis je sais que ça peut donner l'impression d'être inutile, comme à peu près tout ce qu'on peut faire dans' vie. Mais des fois, mettre plein d'affaires qui ont l'air inutiles ensemble, ça finit par construire une machine qui fonctionne. Pis quand on est concentré sur l'infiniment petit, la vie prend un genre de sens.
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Vouloir une fille, c'est comme vouloir l'attention d'un recruteur. Ça te soumet. Tu veux pas, tu peux pas être soumis dans toutes les sphères de ta vie. Ça coûte trop cher en énergie et en santé mentale.
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T’es en train de hurler. De frapper ton volant. Les larmes te brouillent le visage. Tu veux te redresser mais t’es pas capable. T’es accroché à ton volant comme à une bouée de sauvetage. Plus aucun tonus. Tu te sens comme si tes intestins allaient te sortir par la gueule. Ça te fait comme une brûlure, du nombril à la gorge. Ta gueule reste ouverte, crispée, et ça secoue de spasmes tous les muscles de ton visage. Quand t’arrêtes de hurler, tu penses que ça y est, que t’as plus d’énergie, et plus de pleurs à pleurer. Puis tu te mets à hyperventiler. Ton diaphragme vacille rapidement de haut en bas. Plus aucun contrôle. Puis ça recommence : la grimace, un début de sanglot, puis un hurlement.
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Videos de Jean-Philippe Baril Guérard (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Philippe Baril Guérard
Les auteur·rice·s con­tem­po­rains sont de cette généra­tion ayant gran­di avec Inter­net et l'arrivée des réseaux soci­aux. Ils abor­dent la cul­ture pop avec intel­li­gence, et par­fois avec autodéri­sion, dans leur tra­vail lit­téraire. Dans le cadre de cette dis­cus­sion ani­mée par San­drine Galand, nous deman­dons donc à quelques prin­ci­paux intéressés (Frédérique Côté, Fanie Demeule et Jean-Philippe Bar­il Guérard) de définir la cul­ture pop à tra­vers le prisme de leurs oeuvres. Nous pour­rons mieux explor­er notre rap­port à la cul­ture pop ou à la cul­ture de l'instantané et com­pren­dre où cha­cun se situe par rap­port aux cul­tures dites sérieuses.
Avec: Fanie Demeule, Auteur·rice Frédérique Côté, Auteur·rice Jean-Philippe Baril Guérard, Auteur·rice Sandrine Galand, Animateurrice
Livres: Filibuste Haute démolition Mukbang
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