Cicatrices adolescentes
Les seins de Chelsea « c'est les jardins de Babylone »- Bouboule est secrètement amoureux de Crapaud et a failli perdre sa virilité- Prononcer le nom de Cédrik Eberstark est aussi douloureux que de plonger sa langue dans sa bouche « théâtre de trop d'affaires inattendues »- Quant à Hugo, il joue au martyre parce qu'il n'a pas de rayures dans le dos, parce qu'il est connecté à Dieu le père et parce qu'il aime Fanny.
Bienvenue à Saint Sauvignac au Québec ! Une ville (trop) tranquille, où les adolescents comme tous ceux du monde entier se cherchent dans le groupe, se construisent à travers le groupe et dont l'ennui quotidien va être bousculé par une improbable histoire de clou sur la gigantesque glissade d'eau du nouveau et très attendu parc aquatique.
Saint Sauvignac, contre toute attente, prend alors des allures de West Side story où deux clans s'affrontent à la vie, à la mort- Les cicatrisés et les intacts.
La ville devient alors le théâtre de ces jeunes en quête d'amour et de sexe au cours de quatre saisons.
Quatre saisons comme quatre actes racontant les cicatrices qui traversent les vies adolescentes.
C'est drôle souvent et profond à la fois, c'est a priori innocent, mais a priori seulement. C'est rythmé comme une pièce sans temps mort. C'est polyphonique et écrit à huit mains par quatre auteurs différents qui s'amusent , on le sent, à l'écriture de cette histoire d'adolescents qui leur ressemblent, qui nous ressemblent, avec un sens du drama aigu, des esprits bouillonnant face à la complexité de l'a vie et l'affrontement aux adultes, des sentiments torturés et exacerbés toujours. Car chacun porte sa cicatrice en soi, sur soi- sa souffrance, sa douleur- parfois visible comme celle laissée par un stupide clou- parfois ténue ou bien cachée, souvent enfouie… mais toujours là, incarnée et qui fait qu'on se sent un autre, différent de ceux de l'autre clan…
Alors c'est loufoque, parfois insensé ou détraqué, souvent désinvolte, toujours décomplexé mais jamais ennuyeux. C'est une littérature qui écorche un peu (au sens propre comme au sens figuré). C'est intense et vivant, ça se lit comme du beurre avec rythme et avec l'accent québécois.
Ca s'appelle
Les Cicatrisés de Saint Sauvignac dans le collection 109 (« Sang neuf ») , publié en France par les éditions Bouclard (déjà publié au Québec en 2016 aux éditions de Ta mère- ça ne s'invente pas !).
Une lecture que j'ose qualifier de jouissive, tant elle m'a surprise et séduite.