Elisabeth Barillé est sourde d'une oreille, ceci depuis l'âge de six ans, des suites d'un traitement pour l'infection des poumons. de son handicap, elle en a tiré une force. de sa disgrâce, elle en a fait une grâce sans cesse renouvelée. Sa surdité lui a appris à s'isoler, à se retirer du monde et à s'affranchir de certaines obligations sociales. Elle lui a permis de goûter au silence, à la solitude, et surtout à l'écriture. Elle a découvert que son oreille malade perçoit des sons que la bonne oreille n'entend pas.
Dans ce récit, l'auteure évoque quelques épisodes de son enfance et de son adolescence, qui font écho à sa surdité. Elle relate des rencontres amicales ou amoureuses qui l'ont marquée, telle cette écrivaine, rencontrée lors d'un Salon du livre en Suisse, une femme médium qui l'aborde lors de ce même salon et lui permettra de retrouver un souvenir d'enfance, l'amoureux qui marche au côté de sa bonne oreille, des amants parfois attentifs, ouverts, parfois coléreux, jaloux. Les figures parentales sont très présentes, des parents aimants et attentifs, soucieux de préserver l'enfant en évitant de la considérer comme une handicapée.
A travers ce texte, elle nous fait découvrir des bruits que son oreille malade parvient à déceler : le sifflement de la couleuvre dans l'herbe, l'abeille froissant l'aubépine, l'eau gouttant d'un vieux robinet ….
Elle retrace également le parcours de femmes et d'hommes célèbres, écrivains, musiciens, cinéastes, inventeurs, qui, comme elle, ont connu la surdité. Comment expliquer que des musiciens sourds (Beethoven, Fauré) soient devenus des virtuoses ? Comment expliquer que l'inventeur du phonographe (Tomas Edison) ait été lui aussi atteint de ce mal ?
Elisabeth Barillé nous entraîne dans son univers et nous invite à réfléchir sur les liens entre les bruits et le silence, et sur le sens de l'écoute, car, pour elle, entendre est un choix, une ascèse.
Elle nous apprend qu'on n'entend pas qu'avec l'oreille, mais aussi avec ses sensations, ses émotions, et nous délivre un message « le siège de l'audition, c'est le coeur ».
C'c'est un très beau livre, profond et sensible. L'auteure a tiré une force de son handicap.
C'est une belle leçon de vie.
Une petite critique : le récit quelquefois un peu désordonné.