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Critique de Eric76


Ce livre écrit en 1942 à une vision prophétique et décrit par bien des aspects notre société ou ce qu'on peut s'imaginer de son avenir proche. Il évoque un monde aseptisé où des machines assistent l'homme dans tous ses gestes pour épargner leur peine. La nature est totalement domestiquée et l'alimentation est devenue essentiellement synthétique. Les hommes vivent dans un monde de paraître, de spectacles et de plaisirs. Il y a des mégalopoles et des déserts d'hommes. La planète terre est devenue un gigantesque réseau mondial d'information. Quelques savoureuses exagérations comme la baignoire pliante et le boulanger volant qui dépose les croissants sur les fenêtres m'ont beaucoup faits rire. Même si Barjavel ne parle ni des robots, ni de la conquête spatiale, ses visions m'ont véritablement bluffé car il aborde un grand nombre de thèmes qui font partie de notre actualité brulante.
En revanche, celles concernant l'évolution des moeurs sont très loin d'être aussi éclairées. La femme de 2050 n'a pas d'autre avenir que de rester au foyer ou de devenir frivole. Point barre !

Les deux principaux héros de ce livre, Blanche Rouget et François Deschamps, font partie de ces irréductibles Gaulois qui continuent à vivre comme dans l'ancien temps où l'on se nourrit encore des fruits de la terre, qui "montent" à Paris parce qu'il faut bien vivre, et portent sur la modernité un regard circonspect.
Bien leur en a pris, car ce sont ces individus qui n'ont pas totalement rompus tout contact avec Dame Nature qui survivront à l'effondrement de la civilisation machiniste par la disparition soudaine et imprévisible de l'électricité. Quand on y songe, cette puissante civilisation qui jette dans la rue en une seule nuit des millions d'hommes et de femmes incapables de survivre sans leurs précieuses machines n'est guère plus qu'un tigre de papier !

Dès lors, François, Blanche (surnommée Blanchette par François. Surnom absolument agaçant car il me fait irrésistiblement penser à une chèvre…), entourés d'un petit groupe de survivants, n'ont qu'une idée en tête : rejoindre le petit village de Provence de leur enfance. Ils traverseront un pays en proie au chaos, à la désolation et aux flammes. Impitoyable, la nature se venge cruellement des hommes.

La dernière partie du livre me laisse beaucoup plus réservée. François et sa bande de survivants sont enfin revenus au petit village de Provence. Dès lors François devient une sorte de grand sage, de gourou, à la fois craint et respecté, dont l'autorité s'étend dans tout le sud de la France. Il prône le retour à la terre et aux valeurs paysannes. Les machines sont rejetées, les livres responsables du malheur des hommes autodafés. Seule une élite pourra bénéficier de l'apprentissage de la lecture. La polygamie est installée, et les femmes confinées au rôle de reproductrices…
Certes, le livre a été écrit en 1942, dans des circonstances bien particulières, où la censure se montrait intraitable. Pour pouvoir être publié, il fallait montrer son soutien au régime vichyste, et le retour aux bonne vieilles valeurs ancestrales et l'apparition d'un homme providentiel fleure bon le pétainisme. Et puis, Barjavel a beau être un auteur de science-fiction, il n'en reste pas moins un homme de son temps.
Ce qui me gêne un peu aux entournures, c'est l'aveuglement et l'ardeur sauvage avec laquelle François met en application tous ces principes…
En résumé, un très bon livre, remarquablement bien écrit, prenant du début jusqu'à la fin, et sujet à controverses. Qui dit mieux ?

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