AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 7098 notes
Avec ses 336 critiques, je ne pense pas pouvoir apporter beaucoup au lecteur qui voudrait se lancer dans ce roman. Alors ce sera un avis pour moi-même, au cas où, d'ici quelques années, j'aurais oublié cette lecture...
Mais comment l'oublier ?
Barjavel, "le père de la SF en France".
L'inventivité débridée. Et les cocasseries qui vont avec. Des inventions presque avérées depuis, jusqu'aux hallucinations incohérentes, en passant par les idées bloquées par le carcan de l'époque d'écriture.
Barjavel inventeur du livre audio version 0% de chômage.
Barjavel inventeur du cimetière cryogénisé domestique (quid des moments d'habillage et de nettoyage dont il est fait mention et qui nécessitent l'ouverture du caisson ?).
Barjavel inventeur de l'équipement militaire dernier cri (mais avec des antennes^^).
Voilà pour la phase de présentation. Voilà pour Paris, pour les grandes villes, pour cette ambiance un peu folle, ce foisonnement d'imaginaire, ce libre cours laissé à la science fictionnelle et à ses impacts sociétaux.
Mais Barjavel nous propose aussi des personnages d'un autre monde. Des paysans, des ruraux qui n'ont pas connu l'après guerre, l'urbanisation, la mécanisation. Des irréductibles du terroir. C'est donc dans une dystopie complète qu'on se positionne, avec cette France du Sud restée très rurale, et cette France de la capitale à son inverse. Dystopie dans la vision globale du monde et notamment du continent américain. Malheureusement, c'est trop peu développé à mon goût. Je comprends que ça sert de mise en place, que ça permet de relativiser, d'arriver à la fin du roman et de se dire "Bon sang, face aux problèmes auxquels on fait face ici, à quelques centaines de mètres maximum, qu'est-ce qu'on en a à faire de l'évolution d'une situation d'un autre continent qui, pourtant, monopolisait les ondes avant la chute ?" Mais mon petit coeur de lecteur se questionne sur les développements face à ce Roi Noir (j'ai oublié son nom précis) et sa guerre totale menée face aux états-unis.
J'en étais donc à "dystopie".
Rapidement, la mise en place très SF va basculer pour devenir survival post-apo. J'ai moyennement aimé le focus mis sur le couple de protagonistes, même si suivre la troupe à travers les péripéties (et l'imagination de l'auteur) était assez prenant. J'avoue que je ne m'attendais pas à tant de morts, je suis par trop habitué et blasé de voir les protagonistes se tirer des pires situations par des pirouettes ou deus ex machina. Ici, c'était brutal et presque époustouflant.
A côté de ça, le personnage de François m'a paru trop fort, trop intouchable, trop incontesté, trop rustre.
Mais il fallait bien que quelqu'un rebâtisse le monde, un monde nouveau, un monde débarrassé des erreurs du passé.
Après guerre, Barjavel s'est-il mordu les doigts d'avoir prôné les autodafés et écrit que la destruction de tous les livres était l'un des moyens de faire place nette et de purifier l'espèce humaine ? Je reste sceptique face à ce point. Comme je reste déçu de la tournure religieuse que prend la fin du livre. Vouloir créer un monde meilleur et le faire au nom de Dieu, ça ne peut qu'apporter des emmerdes (les mêmes que d'habitude, d'ailleurs)... car c'est un peu réducteur d'imaginer que seul un village français catho a survécu au cataclysme (d'ailleurs, les deux vieux paysans qui n'ont presque pas remarqué qu'il y avait eu une catastrophe confirment mon sentiment).

Je retiens donc :
* une mise en place SF foisonnante, pleine d'idées et d'inventivité
* un glissement post-apo (La Route)
* un récit (presque) sans pitié
* une fin qui se veut utopique mais qui promet encore de grandes guerres de religion ou se base sur une vision étriquée du monde.

En tant que monument de libération de l'imaginaire, ce roman est sans doute une pépite (à remettre dans son contexte).
En tant que roman, il est perfectible par bien des aspects.
Commenter  J’apprécie          252
Mais oui, ce roman a été écrit dans les années 40. A peine croyable quand on constate la clairvoyance sur certains sujets, notamment l'omniprésence de l'électricité et des moyens de communication... Quant aux rapports humains et aux dégâts causés à la planète par la surconsommation, c'est assez glaçant tant c'est bien vu...
Bref, un roman d'anticipation incontournable, qui prédit une coupure totale de l'électricité en 2052, ainsi que la coupure de l'eau, des incendies, des épidémies... Vaste flot de réjouissances auxquelles la bande de François va tenter d'échapper...
Si j'ai adoré ce texte redécouvert suite à une première lecture au collège (j'avais déjà beaucoup aimé à l'époque), la fin m'a laissé un arrière-goût un peu amer quant au nouveau modèle de société proposé (bonjour la place de la femme...).
Une lecture glaçante à tous points de vue, une prouesse et un classique visionnaire !
Commenter  J’apprécie          251
Ce roman d'anticipation, écrit en 1942, nous donne à voir un Paris futuriste, dominé par d'immenses tours aux dimensions surhumaines, survolé par des milliers d'aéronefs, et où tout effort humain est banni par une énergie inépuisable.
Puis, tout à coup, sans que l'on puisse l'expliquer, l'énergie disparaît et le métal tombe en poussière.
Sans électricité, sans armes, la panique s'empare bientôt des habitants et la civilisation s'effondre en l'espace de quelques semaines.
François, un jeune homme issu du monde paysan, va devoir affronter la dure réalité et sauver sa jeune compagne, Blanche.
Accompagné de quelques compagnons de route, il va mener la caravane pour quitter Paris et tenter de rejoindre le Sud où survit le monde rural.
Il est amusant de voir comment le futur était entrevu par un auteur des années 40, et le contexte de l'époque, en particulier la présence d'un pouvoir mis en place par l'ennemi, transpire dans la fin du roman.
On y retrouve les valeurs portées par ce pouvoir dont la devise était "travail, famille, patrie" et où la femme était cantonnée dans son rôle de reproductrice, de mère au foyer et de servante.
Pour autant, ce roman se dévore et présente un rythme soutenu où cohabitent espoir et violence extrême.
Commenter  J’apprécie          250
Roman le plus célèbre de Barjavel, Ravage ne m'a pas déçu. Comme le voyageur Imprudent avec ses hommes-pelles de l'évolution future, il contient des trouvailles étranges et originales, comme cette manière de conserver ses morts dans une posture avantageuse, au milieu d'une vitrine congelée... jusqu'au jour de la panne générale d'électricité !
La suite n'est que sauvagerie et loi du plus fort, maintes fois décrite depuis en cas d'apocalypse. Tuer ou être tué. Une belle réflexion aussi sur le leadership et sur le chef charismatique... sectaire ?
Commenter  J’apprécie          252
RavageRené Barjavel

En 2052, après une catastrophe qui a fait disparaître toute source d'énergie sur la Terre, un petit groupe d'individus conduit par François quitte Paris en flammes et tente de rejoindre le sud de la France.

J'avais lu ce roman il y a bien longtemps et je n'en avais pas beaucoup de souvenirs, mais après avoir lu le « Voyageur imprudent » je m'y suis replongée. Et je n'ai pas été déçue.

Quelle imagination ! le monde de 2052 est fabuleux surtout quand on pense que ce texte a été écrit en 1942.
L'imaginaire de l'auteur est époustouflant et prémonitoire sur certains aspects. On y retrouve vraiment les traits les plus « mauvais » de notre société. le monde urbain complètement coupé de la nature et du monde agricole. le voyage jusqu'en Provence est saisissant de vérité. C'est un roman violent mais vu le contexte c'est normal.
François le héros qui au début semble un gentil mais énergique garçon devient un peu voir carrément tyrannique au fil de l'histoire., il prend tout en main et ne laisse pas beaucoup de place à la démocratie
Quelques idées ont un fort relent de « pétainisme », le retour à la terre, la paysannerie au dessus de tout, la femme qui doit se soumettre à l'homme et repeupler la terre sans broncher, mais bon ce livre a été écrit en pleine occupation, il fallait sûrement se soumettre à certaines contraintes pour être édité.
Et comme dans le Voyageur imprudent certains passages sont carrément misogynes

Mais c'est un très bon roman qu'il faut lire absolument

Challenge le tour du monde
Commenter  J’apprécie          250
Il y a quelques temps j'ai lu avec un grand plaisir : "La nuit des temps."

Ce fut une bien belle découverte, cette uchronie shakespearienne.

Après avoir discuté avec d'autres lecteurs, j'ai eu envie de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur. Me voilà donc engagée dans la lecture de Ravage.

Le début du voyage est plaisant. La description de ce monde futur où l'électricité et l'atome sont partout, où la faim a été éradiquée mais où la puissance et le pouvoir sont encore très présents, est intéressante. Puis arrive la crise majeure. le début de la fin d'un monde. Alors on suit les aventures de François, de son amie d'enfance et de leur horde.

Et là cela se complique. On perçoit le dictateur en puissance de ce François. Pour survivre, pas de pitié. Les scènes d'horreur se suivent. Mais le pire reste la fin avec ce monde recréé où un patriarche (ce fameux François) impose sa loi. Il est bien entendu polygame (il faut repeupler la planète), centenaire et a eu plus de cent enfants dont une seule fille. Ce qui prouve d'autant plus sa virilité / valeur. Il refuse tout modernisme car la machine, c'est le mal.

Bref je conçois que ce roman ait été écrit en 1942 pendant la guerre, à une autre époque. Et que l'époque (tout comme aujourd'hui) soit à la recherche de l'homme fort… mais pourquoi ne pas faire de ce nouveau monde quelque chose de vraiment novateur. Barjavel croyait-il dans la devise de Pétain : la famille, la patrie, l'église, le travail? on peut se le demander. Ou voulait il plaire à Vichy (roman écrit en 1943)

En tout cas, je n'ai pas eu du tout le même coup de coeur que pour "La nuit des temps."
Commenter  J’apprécie          242
Après avoir lu "La nuit des temps" l'année dernière, que j'avais beaucoup aimé, il était temps que je découvre "Ravage", ce Classique de la SF de la littérature française.
À vrai dire j'ignorais complètement de quoi ça allait parler, mais on me l'avait pas mal vendu et j'avoue que je me suis un peu emballée, chose que je n'aurais peut-être pas dû faire...
Effectivement, oui. J'ai été déçue.

Autant j'avais énormément apprécié ma lecture de "La nuit des temps", autant "Ravage" m'a laissé pas mal indifférente. Je n'ai malheureusement pas réussi à vraiment rentrer dans le récit et à aimer cette lecture...
En soi le sujet était intéressant et aurait pu m'intéresser, mais il y a un truc qui m'a bloqué, sans que je ne sache l'expliquer...

J'avoue être un peu déçue du coup. Je m'attendais clairement à davantage aimer ce livre, et je VOULAIS l'aimer ! Mais le but d'une critique Babelio est d'être sincère, peu importe la popularité de l'oeuvre... et hélas, "Ravage" n'aura pas été une lecture marquante pour ma part.

(à relire quelques années plus tard, peut-être !)
Commenter  J’apprécie          240
Que ferait-on si, un jour, toutes les machines s'arrêtaient ? Si tout ce qui fonctionne à l'électricité refusait de démarrer ? Si l'on se retrouvait enfermé dans les sous-sols du métro parisien ou dans un ascenseur au 96ème étage d'une tour nouvelle ? C'est ce qui se passe dans Ravage : un jour, sans raison apparente, plus rien ne fonctionne. Et l'être humain, à l'instar de Jérôme Seita, directeur artistique de Radio 300, se retrouve livré à lui-même. Il se sent « comme un voyageur abandonné nu au milieu du désert ».

Tout au long de ma lecture, j'ai tenté de me mettre à la place des personnages. Je me suis projetée en 2052 à Paris et j'ai suivi François Deschamps, ce monstre de courage et de détermination. J'ai trouvé ce roman particulièrement prenant et angoissant. Prenant parce que je me suis pas ennuyée une seule seconde en le lisant. Angoissant parce que, tout au long de ma lecture, je me suis demandé ce que je ferais à la place de François, à la place des Parisiens qui, en 2052, subissent tous – riches, pauvres, jeunes, vieux – la colère de Dieu contre l'orgueil des hommes, colère qui a pris la forme d'un cataclysme terrifiant. Par ailleurs, je ne m'attendais pas du tout à cela en commençant Ravage : les mots de Barjavel sont crus, durs et on ne ressent aucune sympathie de sa part pour ces victimes qui sont, semble-t-il, les responsables de leur propre perte. Ce sont d'ailleurs ces mots que Barjavel met dans la bouche de François : « Les hommes ont libéré les forces terribles que la nature tenait enfermées avec précaution. Ils ont cru s'en rendre maître. Ils ont nommé cela Le Progrès. C'est un progrès accéléré vers la mort. Ils emploient pendant quelques temps ces forces pour construire, puis un beau jour, parce que les hommes sont des hommes, c'est-à-dire des êtres chez qui le mal domine le bien, parce que le progrès moral de ces hommes est loin d'avoir été aussi rapide que le progrès de leur science, ils tournent celle-ci vers la destruction. » Ce passage est même cité plusieurs fois sur Babelio, c'est dire !

Puis viennent la lutte pour la survie, le « chemin des cendres », les morts-vivants et les pillards et, enfin, le « nouveau monde ». J'ai trouvé l'épopée de François et les siens fascinante. Seul bémol pour moi : je n'ai pas aimé la toute dernière partie du roman intitulée « le patriarche ». le progrès et les machines ont certes mené l'homme de Ravage à une forme de dictature mais je n'ai pas compris l'intérêt de réagir en s'opposant au savoir et de ne réserver les connaissances académiques qu'à une minorité de personnes pour, soi-disant, protéger les survivants et leurs descendants. Et brûler des livres, mais quelle idée ! Dès le début, j'ai trouvé François, malgré ses qualités, un peu dictateur sur les bords. Sur la fin, on dirait un gourou.

Malgré ça, ma lecture de Ravage a été une excellente expérience littéraire. Je n'avais jamais vraiment lu de science-fiction, c'est donc une première pour moi. Et il est certain qu'il y en aura d'autres.
Commenter  J’apprécie          242
Un très bon moment de lecture avec ce roman de science fiction paru sous l'Occupation extrêmement visionnaire. Mieux vaut oublier son éventuel lien avec les idées du retour à la terre prônées à l'époque par le gouvernement de Vichy.
Une gigantesque panne d'électricité en 2052 entraîne une paralysie puis une destruction de la société montrant ainsi la dépendance de l'homme vis à vis de la technologie censée pourtant le libérer. Paris est incendié comme de nombreuses autres villes, peu de gens échappent au cataclysme. François, Blanche et quelques amis fuient en Provence où ils s'efforcent de recréer une société agro-pastorale dépouillée de toute technologie.
Extrêmement visionnaire car l'homme est aujourd'hui de plus en plus dépendant de la technologie de pointe et aurait du mal à survivre sans elle, encore plus qu'il y a 70 ans.
Commenter  J’apprécie          242
Barjavel possède l'indéniable talent de raconter et ce, dès ce premier roman prophétique qui pointe le danger de s'abandonner entièrement à la technologie et la science, lesquelles ne sont jamais à l'abri de disfonctionnements majeurs tandis que nous autres, être organiques, oublions peu à peu ces apprentissages constitutifs de notre évolution en déléguant nos savoir-faire à la machine.
Cependant, Ravage prône la régression, autrement dit un retour à la terre sans autres horizons. L'homme est un découvreur, c'est dans sa nature. L'en priver c'est le ramener à son état primitif. Ecrit pendant l'Occupation, on peut aussi considérer ce texte comme une réponse à l'industrie, alors essentiellement guerrière, donc dévastatrice. de là à opposer une fin de non-recevoir à toute idée de progrès, nécessairement mauvais, il faut toute raison garder !
Le manichéisme de Barjavel sera fort heureusement tempéré dans son second roman : le Voyageur imprudent, remarquable variation sur le voyage dans le temps.
Commenter  J’apprécie          244




Lecteurs (23380) Voir plus



Quiz Voir plus

Ravage

En quelle année fut publié ce roman de Barjavel?

1932
1943
1954
1965

16 questions
981 lecteurs ont répondu
Thème : Ravage de René BarjavelCréer un quiz sur ce livre

{* *}