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Critique de Meygisan


Aujourd'hui je ne regrette pas de m'être plongé dans quelques bouquins de Clive Barker. Mon choix a tout d'abord porté sur des oeuvres adaptées pour le cinéma ( Livres de sang, aujourd'hui Cabale et bientôt Hellraiser) ce qui m'a permis de découvrir cet auteur, que je craignais un peu, les films n'aidant pas à cerner ni le personnage ni son oeuvre ( attention je ne dis pas que les films sus cités sont mauvais, bien que Cabal ( Nightbreeder en vo) ne reflète pas la vision qu'en avait Clive Barker lors de sa conception, d'après ce que j'en ai lu dans la presse spécialisée). Mais adapter en images une oeuvre de Clive Barker n'est elle pas mission impossible même si le maître lui même y participe?
Bref tout ça pour dire qu'aujourd'hui, j'apprécie Clive Barker et son écriture qui fait surgir une espèce de poésie de l'horreur.
Cabale est une allégorie de la monstruosité. Chaque personnage est un monstre à sa manière. Les créatures de Midian sont physiquement des monstres, repoussants, difformes, certains affublés de pouvoirs ou de capacités surhumaines, qui n'appellent que le rejet et le dégoût, voire même la peur et la terreur à leur vue. Decker est également un monstre dans toute sa splendeur. À double visage, il incarne la monstruosité humaine qui jouit de sa position sociale pour assouvir ses plaisirs morbides, et qui se cache derrière un masque. Clive Barker utilise l'image de ce masque pour décrire l'état second, son autre lui maléfique comme étant celui qui le pousse à commettre ses affreux actes. Decker se cache ( et se cherche une excuse, se déresponsabilise) derrière ce masque, pour lequel l'auteur joue sur l'ambiguïté ( est il réellement une entité démoniaque qui influence Decker, ou bien est ce dans sa tête?). Decker n'a d'ailleurs pas besoin du masque pour monter tout un tas de stratagèmes visant à faire accuser Boone de ses meurtres. Boone, victime de ce bourreau, erre entre la vie et la mort. Il ne trouve sa place nulle part. Lui qui est un être sain, et qui n'aspire qu'à entrer en Midian, être accepté par ses semblables, ceux qu'il croit être ses semblables, puisqu'il est convaincu d'avoir assassiné des dizaines de personnes. Boone veut être un monstre pour enfin trouver sa place. Il ne la trouvera bien entendu pas ( tout de suite) puisqu'il sera dans un premier temps rejeté par la communauté des Enfants de la nuit ( = les Midians), ce qui ajoutera encore un peu plus à son désarroi. Et enfin Lori, la future ex future petite amie de Boone, n'est pas un monstre. Elle est au contraire la seule véritable lumière dans toute cette noirceur, et n'aspire qu' à retrouver Boone. Elle est l'incarnation du sacrifice, celle qui n'hésite pas à descendre en enfer pour sauver celle qu'elle aime. Lori est l'incarnation de l'amour, prête à tout, à aller jusqu'au bout, à faire l'impossible et même l'impensable..
On pourrait même citer les habitants de la petite ville près de Midian ( dont je n'ai pas retenu le nom), menés par le chef de la police,qui n'hésitent pas à venir opérer un massacre, à son appel, dans le cimetière qui ouvre sur Midian, tirant sur tout ce qui bouge, massacrant hommes, femmes et enfants, sans distinction. Jusqu'à ce que finalement certains se rendent compte de leur acte monstrueux.
Tout cela pour ne pas en dire trop car il se passe encore bien des choses dans ce bouquin que j'ai avalé en quelques heures sans pause.
Ici aussi, la chair et la métamorphose de la chair sont omniprésentes comme vecteur, étape nécessaire à une transformation. Les Midains étaient tous des êtres vivants, et se sont transformés en autre chose, mi vivants, mi morts, par la chair. Boone et Lori sont l'exemple même de ce changement, ils deviennent autre chose. Decker lui aussi se change dès lors qu'il pose le masque sur son visage. La transformation physique est sans doute source d'évolution chez Barker, et elle va forcément de pair avec celle de l'esprit, indissociable l'une de l'autre et inévitable.
Il n'est pas étonnant que David Cronenberg ait participé Cabale au film ( il y incarne d'ailleurs Decker!), car dans son oeuvre cinématographique, la chair est également omniprésente. Il n'y a qu'à voir des films comme La mouche, Faux semblants, Crash, Existenz, et j'en passe, pour s'en convaincre.
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