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Jean-Daniel Brèque (Traducteur)
EAN : 9782226055880
638 pages
Albin Michel (30/11/-1)
3.86/5   99 notes
Résumé :
Avec leurs armées de rêves et de cauchemars, le Bon Fletcher et Jaffe le Maléfique mènent dans les rues de Palomo Grove la guerre la plus barbare et la plus baroque qui ait jamais eu lieu. Combat de Titans, où la lumière affronte l'obscurité et l'occultisme, dans un déchaînement de violence et de férocité. Car tous veulent l'Art, la clé de Quiddity, l'océan aux rivages du rêve.
Vous connaissez Quiddity. Vous l'avez visité le jour de votre naissance, peut-être... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Cet article porte sur la réédition 2019 de la bande dessinée, publiée par Akileos. Ce tome contient l'adaptation en bandes dessinées (en 12 épisodes parus en 2006/2007) du livre Clive Barker Secret show. L'adaptation en scénario est réalisée par Chris Ryall, l'histoire est illustrée par Gabriel Rodriguez (le dessinateur de la série Locke & Key).

Randolph Jaffe (un célibataire tassé et peu avenant) est affecté dans un bureau de poste qui traite tous les courriers égarés de la poste américaine, dans la ville d'Omaha, dans l'état du Nebraska. Au fil de ses journées passées à ouvrir des lettres et des colis perdus, dans une pièce en sous-sol, il finit par subodorer l'existence d'une forme de pratique magique dénommée Art. Il est fasciné par ce concept et il déniche Kissoon, l'un des derniers pratiquants de cet Art. Malheureusement la rencontre ne débouche pas sur une entente. Il décide alors de faire équipe avec un chercheur scientifique peu conventionnel : Richard Wesley Fletcher. Ce dernier a mis au point une substance liquide appelée Nuncio qui permet de faciliter l'accès à cet Art. L'objectif de Jaffe est d'accéder à une mer appelée Quiddity. Cette quête va se poursuivre avec la génération suivante, en particulier les jumeaux Jo-Beth et Tommy Ray, et Howard Katz, dans la ville de Palomo Grove en Californie.

Adapter un livre en bande dessinée est un pari risqué. le scénariste doit trouver le bon équilibre entre la fidélité au texte et l'obligation de convertir les scènes en utilisant les codes narratifs spécifiques à la bande dessinée. le dessinateur doit donner une apparence aux descriptions du romancier, avec le risque de choisir des visuels très éloignés de la représentation mentale des lecteurs du roman. La scène d'ouverture est remarquable de justesse. Rodriguez donne une apparence mémorable et légèrement dérangeante à Randolph Jaffe. Il dessine une pièce des lettres perdues crédible, sans être stéréotypée. Il arrive à faire passer le caractère obsessionnel et compulsif de Jaffe. Ryall choisit le bon dosage de texte pour compléter les dialogues par quelques phrases densifiant le niveau d'informations, sans que le lecteur ait l'impression de lire des extraits du livre. Puis arrive la rencontre avec Kissoon. La première page montre comment Jaffe dérive légèrement de la réalité traditionnelle pour se retrouver devant Jaffe : même dextérité des auteurs à transcrire la sensation décrite par Barker, et à ne conserver que le strict nécessaire en termes de prose. Arrive le dialogue entre Jaffe et Kissoon, et là les auteurs perdent le bon dosage. La mise en scène est plate, les dialogues ne font qu'énoncer les informations, sans sentiments ou empathie.

Le roman initial de Clive Barker compte plus de 600 pages, et en fait il s'avère difficile de faire tenir tout le roman en seulement 265 pages de bande dessinée. Donc parfois, Ryall et Rodriguez doivent gaver quelques scènes d'un maximum d'informations pour pouvoir tout raconter, ou plutôt pour pouvoir caser toutes les informations nécessaires à la compréhension de l'intrigue. Contrairement à une bande dessinée originale, les 2 auteurs n'ont pas toujours la latitude concevoir et d'organiser chaque scène en fonction du médium dans lequel ils racontent leur histoire. Cela ne veut pas dire que le résultat est médiocre, ou même mauvais ; cela veut dire que certains passages sont 100% dédiés à fourguer les informations au lecteur de manière artificielle. Malgré ce défaut, Ryall parvient à transposer les concepts inventés par Barker, sans les dénaturer, que ce soit Quiddity, le culte Shoal, le Cosm et le Métacosm, etc. L'histoire se déroule de façon logique, la majeure partie des personnages dispose d'une épaisseur suffisante. Mais le lecteur sent bien que certaines choses ont dû être sacrifiées. Par exemple le personnage d'Howard Katz semble bien falot. Il est vraisemblable que Ryall a dû élaguer les scènes où il apparaît jusqu'à le réduire à un dispositif narratif, plus qu'un individu pleinement développé.

Le travail de Gabriel Rodriguez est tout aussi délicat. le lecteur de "Locke & Key" reconnaîtra aisément son style, avec quelques maladresses qui ont disparu par la suite. Il a tendance à utiliser les yeux agrandis de manière un peu trop systématiques, et sa mise en scène des dialogues est terriblement figée. de même la première manifestation de l'Art pendant le premier combat entre Jaffe et Fletcher donne l'impression d'assister à des décharges d'énergie entre superhéros et supercriminel, plutôt qu'à la manifestation physique d'une énergie extradimensionnelle. de la même manière, le passage sur Ephemeris sent le manque d'inspiration pour transcrire la qualité magique du lieu. Enfin, les dessins de Rodriguez deviennent peu crédibles quand l'influence des mangas ou de J. Scott Campbell est trop présente (le passage des souvenirs sur Ephemeris).

Par contre, il dispose déjà d'un sens inné pour donner une apparence mémorable aux personnages. le faciès de Randolph Jaffe est inoubliable. Il porte à la fois la marque de son manque d'empathie pour son prochain, mais aussi une forme d'ambiguïté qui correspond à ses actions tout au long du récit. Il n'est pas possible de le détester complètement (et pourtant...). Avec la même dextérité, Rodriguez donne vie à Raul, une créature simiesque doté d'une conscience limitée. Dans le deuxième épisode, plusieurs jeunes femmes se livrent à un jeu de la séduction assez particulier, fort bien rendu qui transcrit à la fois leur charme et l'obscénité de leur démarche. À plusieurs reprises, Rodriguez montre une inventivité maîtrisée pour donner une forme visuelle aux créations ébouriffantes de Clive Barker. Par opposition aux décharges d'énergie magique trop conventionnelles, il trouve une solution graphique discrète et efficace pour le Nuncio, ou pour l'incroyable demeure du comique Buddy Vance. Il crée plusieurs décors remarquables (mais qui disparaissent parfois pendant plusieurs pages).

Cette adaptation en bande dessinée d'un roman de Clive Barker est divertissante d'un bout à l'autre et elle transcrit fidèlement plusieurs des concepts du roman. Ryall a l'art et la manière d'extraire la substantifique moelle de l'histoire, et Rodriguez sait imaginer des visuels mémorables qui capturent l'ambiance du roman. Mais ces capacités trouvent leur limite face au volume d'informations à inclure, et les scènes d'exposition souffrent parfois de leur nature trop unilatérale, de même que les personnages souffrent parfois de coupes sombres qui les réduisent à une esquisse.
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C'était l'endroit ou finissaient toutes les lettres non distribués. Les lettres mortes, des millions, des millions dont la poste n'avait pu retrouver les destinataires …
Et le travail de Jaffe consistait à les ouvrir, à les trier, à récupérer ce qui pouvait avoir quelque valeur. A brûler le reste.
Mais il se mit à les lire. A reconnaître du premier coup d'oeil un certain type de lettre. Une sur cent, une sur mille. Lettres de fous, d'illuminés, messages codés, allusions voilées à un vaste complot.
Toutes disaient la même chose. Et il commença à se dire qu'elles contenaient peut-être un fond de vérité …
Une atmosphère sombre, épaisse, un rythme haletant et une imagination débordante.
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Un excellent départ, une fin poussive

Ce roman, qui décrit le combat de plusieurs entités pour accéder de force, sans passer par la case des mystiques purifiés ultra-happy-few, à une forme de « paradis » onirique au centre de la réalité, derrière les voiles d'illusion du quotidien, se révèle prenant sur trois de ses sept parties, avant de succomber à un trop plein de personnages, de sous-intrigues et à de nettes longueurs. Il propose aussi une sévère critique de nos sociétés occidentales, de leur égoïsme, de leur superficialité, et donne un vicieux coup de canif aux vedettes en tout genre, parfois jusqu'à l'absurde (Buddy et sa collection, les Hallucigenias). Malgré tout, et particulièrement dans la seconde des sept parties, Barker fait mouche, proposant des passages incroyablement glauques, fantastiques, noirs, immersifs, à la plume virtuose. Dommage qu'un tel niveau ne soit pas maintenu pendant les 600 pages de Secret Show, qui sans ça aurait été digne des meilleurs livres de l'auteur, peut-être.

Malgré tout, ce roman a atteint son but : me donner envie de découvrir les meilleurs ouvrages signés Barker.

Retrouvez l'argumentaire détaillé sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Où vont toutes les lettres qui n'ont jamais été reçues par leurs destinataires, soit qu'ils n'ont pas été trouvés, soit que la lettre s'est égarée, soit... tout est possible, mais que leur arrive-t-il ?
Eh bien, il existe un mouroir pour ces missives oubliées, et pour s'en occuper, Randolph Jaffe, seul à décider de leur sort. Il les trie, essaie de déterminer leur intérêt et s'il ne trouve rien, il les brûle. Mais pour leur trouver de l'intérêt, il faudrait qu'il les ouvre et les lise, ce qu'il se résout à faire un jour.
Un peu gêné au début, il en ouvre une, puis deux, puis d'autres... et leur découvre des similitudes plus que troublantes. de messages codés en menaces ou textes sibyllins, non il ne rêve pas, ce ne peut être une coïncidence, ces courriers semblent lui être adressés à lui, et il serait apparemment le seul à pouvoir les décrypter.
Un roman qui fait froid dans le dos. Encore un grand moment en compagnie de Clive Barker.
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Pour bien appréhender Secret Show, il faut d'abord s'y perdre... En tout cas, cette adaptation bd d'un roman de l'écrivain Clive Barker, fabuleuse icone de la littérature fantastico-horrifique (Helleraiser), ne cherche aucunement à clarifier la situation et offre une entrée en matière plutôt abstraite...
C'est peu dire de vous dire que j'ai été assez perplexe durant une bonne partie de ce comics. Mais finalement la lecture tient le coup et c'est avec un intéret grandissant que l'on finit par s'attacher aux divers personnages de cette aventure cauchemardesque. Magnifié par une aura lovecraftienne, ce Secret Show s'avère très prenant pour peu que l'on ne s'égare pas en chemin.
Cette intrigue adaptée possède continuellement une ambiance abstraite dans laquelle il ne faut pas chercher à tout comprendre et , selon moi, c'est justement ce qui fait la force de ce titre. Nous perdre tout en nous rattrapant de justesse pour nous piéger dans ce pavé hypnotique . Je ne connais pas le travail de Clive Barker mais ce titre m'a bien donné envie de découvrir cette Trilogie de l'Art dont Secret Show est l'adaptation du premier tome.
Chris Ryall écrit cette adaptation avec un certain panache multipliant les divers points de vue à coups de multiples voix-off et d'une voie narratrice plus que bienvenue. On devine que le scénariste tente de canaliser l'oeuvre originale et il y parvint au prix d'un peu de confusion qui ajoute un certain charme au titre.
Je me disais bien que j'avais déjà vu le travail de Gabriel Rodriguez quelque part puisqu'il a été le dessinateur de la série Locke and Key scénarisée par Joe Hill, le fils de Stephen King. C'est donc un habitué du comics fantastique. Il livre un excellent travail. L'environnement est perpétuellement assombrie, le design des humains et des créatures est assez réussi avec une mention spéciale pour le Jaff, personnage dont la malignité est plutôt bien exprimée. Gabriel Rodriguez s'approprie cet univers avec une bonne aisance.

Secret Show est donc un comics de genre séduisant et hypnotique qu'il faut d'abord apprivoiser pour mieux apprécier. Certes, je ne conseillerais pas ce titre à celles et ceux qui recherchent un titre horrifique plus simple façon série B. Quand aux autres , je vous souhaite un agréable séjour à Palomo Grove sur la route du cauchemar.
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critiques presse (3)
BulledEncre
23 avril 2019
Une histoire magistrale du maître de l’horreur servie par deux artistes exceptionnels. A dévorer au plus vite dans un voyage alchimique.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Lexpress
02 août 2016
Un roman d'horreur qui pourrait bien vous priver de sommeil. Pour les amateurs du genre, un livre à ne pas rater.
Lire la critique sur le site : Lexpress
ActuaBD
31 août 2011
Quand un responsable éditorial d’une dynamique maison d’édition BD californienne et un talentueux dessinateur chilien adaptent le maître de l’horreur Clive Barker, la magie opère…
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
C'étaient rarement les fait bruts qui révélaient la vie derrière la vie. C'étaient les rumeurs, les graffitis, les bandes dessinées et les chansons d'amour. C'étaient les conversations des ivrognes et les confidences des amants, c'étaient les messages griffonnés dans les toilettes publiques.
L'art souterrain, telles les formes qu'il avait aperçues dans le geyser, montant vers le monde pour le transformer.
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Il avait découvert l'origine de ce sourire lors de ses lectures. Un anthropologue avait avancé la théorie suivant laquelle le sourire était la réaction sophistiquée du singe aux membres indésirables de sa tribu : les animaux faibles ou déséquilibrés. Il disait en substance : "Tu n'es pas indispensable. Fous-moi le camp !" De cette condamnation en forme de rictus était né le rire, acte par lequel l'homme montrait ses dents aux imbéciles professionnels. Le rire était également une manifestation de mépris. Il proclamait que son objet n'avait, lui non plus, rien d'indispensable : un homme dont les grimaces étaient conçues pour le tenir à l'écart.
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- La plupart des rêves ne sont que des numéros de jongleurs. Des gens qui ramassent leurs souvenirs et qui essaient de les mettre en ordre. Mais il existe un rêve d'un autre genre, Tommy-Ray. Un rêve qui t'apprend ce que c'est que de naître, de tomber amoureux et de mourir. Un rêve qui explique ce que c'est que "l'être". Je sais que c'est confus...
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C'est ainsi qu'il avait créé les Lix : en éjaculant sur ses propres excréments. Les invocations séminales avaient toujours été ses préférées.

Tandis que les bêtes le besognaient, il laissa ses pensées retourner aux Lix gisant sur le carrelage, permettant aux ondes de sensation de grimper le long de son périnée jusqu'à ses couilles, afin de propulser son intention vers l'endroit où reposaient ses créatures.

Il leur suffisait d'un peu de vie pour dispenser un peu de mort...
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Il se dirigea vers l'étagère où étaient rangées les trois fioles. Dieu dans trois bouteilles, un bleu laiteux comme un ciel de Piero della Francesca.
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