Quelle idiote je fais. Ce garçon n'est pas un preux chevalier, c'est un Pur.
On ne perd jamais ceux qu'on aime. Ils sont là, au fond de nous. Notre force de caractère c'est eux qui nous l'ont donné.
Réfléchis par toi-même. Juge par toi-même. Fais-toi ta propre opinion. [...] Juge avec ta tête et avec ton cœur et tu ne risquerais jamais de prendre la mauvaise direction.
- Tu crois que les choses changeront un jour ?
Sa réponse est ferme et immédiate :
- Oui. Si on continue d'y croire. Si on n'abandonne pas l'espoir. Si on reste unis. Alors oui, elles changerons. Regarde là-haut, lance-t-elle.
Elle tend l'index vers un point au dessus de la ville, sur l'horizon lointain. Une lueur rose pâle éclaire la nuit.
- Un nouveau jour se lève.
À mes pieds, les spectateurs versatiles jubilent. Il y a quelques secondes, ils étaient prêts à m'arracher bras et jambes, et maintenant, je suis à nouveau leur championne. Une pluie de roses blanches s'abat sur la piste tandis qu'ils scandent mon nom : Le chat, le chat, le chat.
Si je regarde mon enfance, mon passé, toute ma vie même, je m’aperçois qu’ils sont souillés, qu’ils ont pris un goût amer.
Le talent artistique ne suffit pas à satisfaire le public. Peu importe la qualité de nos numéros, ce n'est pas pour eux que les Purs se bousculent à nos représentations. Ils veulent du danger. Ils veulent voir la peur sur nos visages. Ils veulent nous voir mourir.
Ce soir, tous les souvenirs, la douleur et la peur refusent de s’effacer. Furieux d’être tenus à distance, ils s’infiltrent dans les fissures des murs que j’ai construits pour me protéger et viennent me tourmenter.
Je me sens plus loin d'eux que je l'ai jamais été, comme si je les observais à travers une vitre. Comme s'ils n'étaient pas ma famille, mais des fauves, eux aussi.
Quand le spectacle a le goût du sang